Journal de bord

dimanche 5 janvier 2003

Audience

En 1996, date de mon premier site Web personnel, laborieusement édité avec SimpleText, il n’y avait pas encore beaucoup de sites. Pour peu que vous eussiez(*) un peu de contenu original et une présentation agréable, vous n’aviez aucun problème à vous faire inscrire dans des annuaires comme Yahoo et même à être le Pick of the Week. Et vos statistiques affichaient rapidement des centaines de milliers de visiteurs. Vous receviez régulièrement des courriers de lecteurs enthousiastes du monde entier. C’était facile, c’était presque magique.

Aujourd’hui, il y a des centaines de milliers, voir des millions de sites personnels. La plus grande partie est souvent sans grand intérêt. Il faut dire aussi que le site (en HTML 2.0) qui vous aurait fasciné en 1996 vous ferait sans doute sourire aujourd’hui. 1996, à l’échelle du temps Internet, c’est déjà vraiment la préhistoire.

Aujourd’hui, votre site personnel a bien peu de chance (sinon aucune) de se trouver référencé sur Yahoo. Et seule une politique de référencement habile et obstinée peut vous faire apparaître dans les toutes premières pages de résultats de l’incontournable Google. En 1996, vous pouviez écrire n’importe quelle fadaise sur la vacuité de votre inintéressante existence, et des milliers de lecteurs vous lisaient, certains même réagissaient et vous envoyaient des courriers de sympathie. En 2003, vous pouvez écrire les choses les plus intéressantes, les plus profondes, les plus bouleversantes et poignantes, pousser un cri dans l’immensité numérique, et être votre seul et unique lecteur.

Moralité : le Web commence a ressembler à la vraie vie. Vous pouvez crier, pleurer, souffrir, agoniser, personne ne vous entend.

(*) Oui, oui, c’est un imparfait du subjonctif…