Journal de bord

jeudi 6 février 2003

La vie, la vie : premières impressions

Mon lapin m’a rapporté de Montréal le coffret DVD de la série télévisée La vie, La vie.

De tous les DVD qu’il m’a offerts, c’est celui que nous avons (enfin plutôt moi) choisi de regarder en premier.

J’ai tout de suite commencé par faire mon chialeux de petit français :
Moi - Hey, coudon, y a même pas de sous-titrage français sur c’te DVD. Quel mépris pour les sourds, les malentendants et le ROF (Rest Of the Francophonie) ! [Ce disant, en sachant pertinemment que je serai probablement l’unique français, le premier et le dernier, à regarder les DVD de La vie la vie dans l’Hexagone…]
Lapin - C’est peut-être fait à l’économie…
Moi - Ouais, tu parles, à l’économie ! T’as pas vu les sérigraphies sur les disques et le cartonnage…
Lapin - Y paraît qu’ils ont fait une version doublée en français.
Moi - Tiens donc, diffusée sur TV5 le lundi à 14 heures ? Audience 15 personnes, dont dix petites vieilles assoupies ?
Notre soirée télévisuelle démarrait très fort.

Étant donné que nous n’avons regardé que trois épisodes (enfin 2,5 pour moi), je ne peux livrer que des premières impressions. Déjà, un truc très agaçant : ils ont conservé sur le DVD les coupures publicitaires (!) en les remplaçant par un intertitre. Comme pour les souligner : “Hey, regarde là, hein qu’on est fort au niveau du scénario pis du montage”. En parlant du montage, la série fait un recours excessif aux afféteries des trucages numériques, tout pour donner mal aux yeux et à la tête, et purement gratuitement, sans rien ajouter à la compréhension de l’histoire, “Hey, regarde là, on s’est acheté une couple de plug-ins pour Final Cut Pro, pis nous autres, on sait s’en servir.” Et, comme on est dans le vent, la caméra, faut qu’elle bouge… Quant à l’illustration sonore et musicale, elle est tonitruante, mais pas mal faite (elle accompagne bien l’action). Et la photographie, c’est à l’américaine, bien léchée et sursaturée.

Mis à part cette forme très “mode”, la série est un genre de “Friends” dramatique à la québécoise. On suit un groupe de trentenaires individualistes dont une bonne moitié d’encore-célibataires (le coeur de cible marketing de la série, c’est clairement les trentenaires). Il y a même un genre de Central Perk avec le bar du gai de la gang où les personnages se croisent souvent.

J’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, il n’y en a que deux qui ressortent du lot. En premier lieu, Vincent, le rôle le mieux écrit et très bien joué par Normand Daneau, et Claire (Macha Limonchik), la célibataire gaffeuse. J’ai trouvé pas mal de charme à Julie McClemens qui joue Marie. Les autres personnages sont nettement plus ternes. Et ils sont tous navrants à des degrés divers. Sans doute le reflet d’une génération.

Un gros accent est porté sur le monde du travail, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas montré comme épanouissant. C’est plutôt un asservissement qui se fait au détriment du reste de la vie et du bonheur. J’espère que ce n’est pas que ça au Québec…

Mon lapin est “tombé sous le charme” de la série. Moi, je me suis endormi au milieu du troisième épisode. Mais j’aurais quand même le goût de voir la suite, car on a plus d’une occasion de sourire. Et les premiers épisodes d’une série sont rarement les meilleurs, il faut installer les personnages. Et enfin, peut-être n’étais-je pas dans le mood pour regarder cette affaire-là… Pis faut que je fasse attention avec les téléromans du Québec, mon français, y tourne tout croche…

1. Le 6 février 2003,
Martine

Laurent, tu dis vraiment “coudon” dans la vie de tous les jours? Cool…

C’est difficile pour moi de croire que tu vis avec un québécois et que tu as besoin de sous-titre sur La Vie la Vie.

Je pense que la série est nettement au-dessus des Friends et autres platitudes de ce genre. On s’attache davantage aux personnages, la direction d’acteur est meilleure et la mise en scène beaucoup plus originale. Essaye quelques épisodes de plus (même s’ils ne sont pas tous bons et le réalisateur en a trop fait dans la finale) mais n’en regarde pas plus de 3 à la fois! N’importe quelle émission conçue pour la télé deviendrait moche regardée à ce rythme.

2. Le 6 février 2003,
Laurent

Effectivement Martine, après plusieurs stages linguistiques en immersion totale au Québec, et après avoir importé un specimen d’Homo Quebecus dans ma vie, je n’ai plus vraiment besoin de sous-titrage. Mais la compréhension de ce genre de téléroman me demande souvent un surcroît d’attention. Il me reste d’ailleurs du travail à faire : comprendre La petite vie…

Non, je ne dis pas couramment coudon. Si je le fais, comme de sacrer, c’est pour niaiser. Y-a-t-il plus ridicule qu’un Français qui singe la parlure québécoise ? Par contre, il est vrai que je me suis imprégné de pas mal de vocabulaire et de tournures. Pour faire rager mon lapin, je lui dis que mon beau français est pollué à cause de lui… Enfin, c’est pas pire…

Quant à La vie la vie, je ferai mon bilan quand j’aurai tout vu.

3. Le 6 février 2003,
Martine

Comprendre la P’tite Vie? Même moi, j’en perds des bouts!

4. Le 7 février 2003,
Laurent

Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir d’entendre ça… Je me sens moins seul. Si même une pure laine peut si perdre, cela m’exonère du sentiment d’être un handicapé à vie.

Blah ? Touitter !

Archétypal

Je réagis un peu sur le tard à un billet de Martine à propos du Normand expatrié.

Je suis intrigée par le fait que tu parles des femmes à répétition, mais que dans la vie de tous les jours tu n’as pas du tout un comportement de Don Juan, de français cliché qui accumule les conquêtes.

Mais si Martine, Karl est l’archétype du Français typique : fin, cultivé, esthète, à l’esprit élégant, charmant et charmeur, capable de faire croire à chaque femme qu’elle est unique. Et tu es visiblement tombée sous le charme… ;-)

1. Le 6 février 2003,
Martine

Wo wo wo, Capitaine Bonhomme! (Demande à ton lapin de t’expliquer cette expression).

De un, j’ai bien dit “français cliché”, ce qui veut dire que je ne crois pas tout à fait à cette image. Mais un peu, tout de même. Il y a dans les rapports homme-femme en France des relents de domination/soumission qui se reflètent encore dans la drague. Mais ce Normand expatrié, que je connais en dehors du Web, n’est pas du tout dragueur comme ça, même si à le lire parfois, on pourrait s’y méprendre. Il a juste une manière d’aimer les femmes à la Jean-Pierre Ferland (celle-là aussi, ton lapin peut te l’expliquer) et comme cette façon d’être me fait rire, j’aime bien le taquiner à ce sujet. Je me sens un peu comme une grande soeur qui aime bien et châtie bien.

De deux, j’ai toujours trouvé ça drôle, un homme qui dit “j’aime les femmes”. Même si je sais que ce n’est pas dit avec de mauvaises intentions, ça me fait toujours penser à quelqu’un qui dit “j’aime les chiens” ou “j’aime le chocolat”. Comment peut-on aimer toutes les femmes, comme une race, comme une rangée de produits au super-marché? Moi je ne peux pas dire “j’aime les hommes”, parce que je ne les aime pas comme ça, en vrac, pour ce qu’ils représentent. Malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à trouver de charme à chacun d’entre eux, surtout les machos et les bornés. J’aime certains individus, j’aime aussi parfois certains de leurs traits pour ce qu’ils ont de “typiquement” masculins, parce que ça m’amuse dans certains cas et que ça peut réussir à me charmer.

Et JE suis unique, bon! Pas besoin de tomber sous le charme d’un homme pour m’en convaincre, même si bon, les compliments de mon amoureux sont autant de petites cerises sur le sundae de mon ego! ;-)

2. Le 6 février 2003,
Laurent

Wo wo wo, elle démarre au quart de tour la Martine…

J’aime bien la notion d’une grande soeur qui aime bien et châtie bien. Ça a un petit côté sado-maso, je trouve ;-)

J’imagine que ton sundae, il déborde de cerises :-)

J’attends la réaction de mon lapin sur ma définition de l’archétype du mâle français… Je vois déjà sa binette ! Hehe. N’est-il pas vrai que je suis fin, cultivé, esthète, à l?esprit élégant, charmant et charmeur ? Hein mon lapin ?

3. Le 6 février 2003,
Le lapin

Wo wo wo petite marmotte…

Tu possèdes certaines de ces qualités mais aussi certains petits défauts que tu révéleras sans doute à tes lecteurs au fil de ce blogue. Les plus perspicaces doivent déjà commencer à les déceler.

Et puis tu n’es pas un petit français typique …. ;-) Désolé de te décevoir !

4. Le 7 février 2003,
Laurent

Et oui, je suis unique !

Blah ? Touitter !

Autopromotion

Vu que je commence à avoir quelques visiteurs sur mon blogue carnet web, je vais m’exercer à l’autopromotion la plus vile :

Visitez mon superbe autre site personnel consacré à mon navire préféré !

Messieurs les Américains

Bientôt, de nombreuses victimes civiles innocentes vont s’ajouter à la longue liste des victimes civiles des bombardements anglo-américains de 1943-45 sur la France et d’autres pays.

Rappelez vous les villes martyres : Dunkerque, Brest, Lorient, Saint-Nazaire, Rouen, Caen, Lisieux, Le Havre, et j’en oublie.

Souvenez-vous de Dortmund, Düsseldorf, Hambourg, Hanovre, Nuremberg, Munich, Stuttgart, Darmstadt, Berlin, Kiel, Dresde, Gênes, Turin, Milan, Nagoya, Osaka, Kobe, Yokohama, Nagasaki, Hiroshima, etc.

Il n’y a pas de guerre propre. Il n’y a pas de victoire glorieuse. La guerre, c’est sale.

La guerre, en France, on a connu ! Trois guerres en un siècle, des millions de morts. Messieurs les Américains, cessez de nous jeter à la gueule la Libération de 1944, dont votre seule connaissance historique se résume à un film de Spielberg. Notre libération de la tyrannie, nous l’avons payé cher. Et maintenant, c’est au tour du peuple irakien de payer la sienne. La Seconde guerre mondiale fut une horreur et les atrocités alliées n’ont rien à envier aux allemandes et aux japonaises. J’ai autant de pitié pour la victime brûlée vive à Dresde que pour le GI éviscéré par une grenade sur une plage normande.

Messieurs les Américains, ce qu’il vous manque, c’est une bonne guerre, mais chez vous. Cela vous apprendra ce que c’est. C’est très différent de ce que l’on voit à Fox News ou CNN. Un cadavre, ça pue et c’est pas beau. Et puis non, je ne souhaite de guerre à personne, vraiment personne.

Alors, oui, je suis fier de vivre dans un pays qui n’est désormais plus votre allié.

La solution en Irak ne passe définitivement pas par la guerre. Ceux qui vous la vendent ont d’autres intérêts.

Envie de gerber aujourd’hui.

Brandon, suite

Cf. La navrante et triste histoire de Brandon Carl Vedas.

Richard Vedas, le frère de Brandon, vient de mettre en ligne un site à la mémoire de son frère.

“This site is a reminder that whether in person or online, we as humankind are given the task of looking out for those we care about. While each person will ultimately make their own decisions in life, we all need wise counsel and love to help guide us in the right direction. My hope is that maybe someone reading this will recognize a Brandon in their life, and make an effort to help before it’s too late.” Richard Vedas.