Journal de bord

jeudi 8 mai 2003

Télé réalité

Ou l’effet de la nouveauté.

Je dois l’avouer, j’avais été captivé par le Loft Story 1, à la grande consternation de mon lapin, de ma mère, de mes collègues de travail et sans doute de mes lecteurs si j’avais eu un blogue à l’époque, brefs de tous les gens qui avaient une haute estime de ma personne.

C’était si nouveau, si incroyable, si révélateur sociologiquement et si satisfaisant pour nos inavouables instincts voyeurs… De plus, je découvrais ce qu’était un “jeune” et je trouvais cela à la fois consternant et fascinant (je n’ai aucun souvenir d’avoir été jeune un jour). Je suivais l’activité de ce bocal et de ses cobayes en direct de la Plaine Saint-Denis, non pas à la télé, mais via les newsgroups dédiés où des compulsifs obsessionnels, disposant du câble, notaient minute par minute les phrases dignes d’intérêt : “C’est qui qui a pété ?”, discutaient des rumeurs les plus extravagantes ou révélaient parfois les dessous miteux de la production. L’impact sur la société était considérable, qui ne connaissait pas les noms et quelques détails biographiques de David, Delphine, Aziz, Kenza, Steevy, Julie et les autres ? Pas un seul magazine, pas un seul quotidien, ne s’est épargné le devoir de relater, de gloser, de commenter, d’interpréter, ou de philosopher sur Loft Story 1.

(Et que ceux qui n’en sont encore qu’à Star Académie ne désespèrent pas, le Loft débarquera tôt ou tard dans la Belle province…).

J’ai regardé le début de Loft Story 2. Mais la magie n’était plus là, plus d’effet de nouveauté et le nouveau casting me paraissait plus fade. Je suivais quand même, mais plus avec la même ferveur. J’ai même manqué la fin au profit d’un voyage transatlantique sur un voilier, sans radio, sans télé, sans Internet, bref loin de tout et loin du Loft. Je ne sais même plus qui a gagné et je peine à me souvenir des noms des protagonistes.

TF1, qui trouvait en son temps l’émission de M6 dégradante et avilissante, tout en jalousant ses taux d’audience, a racheté depuis le concept et nous le ressort cette année avec un nouveau nom : Nice People.

Et, comme d’autres, beaucoup d’autres, je ne regarde pas du tout Nice People. À la place, je lis des blogues… (L’effet blogues sera-t-il plus pérenne que l’effet Loft Story ?).

Les concepts de télé réalité sont à usage unique.