Journal de bord

vendredi 9 mai 2003

Le Martineau nouveau est arrivé

Madame Henri, une québécoise de New-York, m’écrit à propos du dernier article de l’inénarrable Monsieur Martineau : “Encore personne n’a répondu à l’éditorial. Tous paralysés par ce chef-d’oeuvre d’idiotie, ou tout simplement, tous cons de base?”. Que Madame Henri se rassure, les réponses vont arriver, tôt ou tard… Et Madame Henri n’a pas été la première à m’inviter avec insistance à lire cette dernière livraison de Voir.ca : déjà ce matin, au pied du lit, j’étais à peine réveillé que mon Monsieur Lapin sautillait dans la chambre : “Il faut que tu lises le Martineau !”.

Quel est donc l’objet de toute cette agitation, qui va jusqu’à troubler mon sacro-saint petit-déjeuner ? Il me fallait donc me résoudre à lire dans les plus brefs délais ce que, je subodorai, allait me mettre dans quelque état de fâcherie.

Bingo !

Le papier en cause : Vérités et mensonges.

Première mise-au-point, Michael Moore n’est pas un journaliste, c’est un satiriste engagé et je ne pense pas que le principal intéressé prétende le contraire.

Mais laissons un peu la parole à Monsieur Martineau :

Autre exemple de mensonge : dans son documentaire, Moore raconte la triste histoire d’un garçon du Michigan qui a tué une jeune fille en utilisant une arme à feu appartenant à son oncle. Selon Moore, il s’agissait d’un garçon sympathique, qui avait grandi dans une famille normale. Rien ne laissait présager un tel drame. Or, en vérité, ce garçon était un dangereux délinquant, qui avait été renvoyé de l’école parce qu’il avait poignardé un étudiant.
[Richard Martineau].

Un dangereux délinquant ? M. Martineau, vous n’avez pas vu ce film (ou il y a longtemps et vous avez oublié) et vous avez lu en diagonale vos sources (ou peut-être encore maîtrisez-vous mal l’usage de l’Internet et de la langue de Shakespeare). Mais à vrai dire, M. Martineau, je pense que vous êtes malhonnête pour écrire un texte aussi biaisé.

Restituons les faits que vous omettez au privilège de la plus pure désinformation :

1. Votre “dangereux délinquant” était âgé de 6 ans au moment des faits.
2. Votre “étudiant”, la victime, s’appelle Kayla Rolland et était une écolière également âgée de 6 ans.

(Étudiant : Personne qui poursuit des études supérieures, qui fréquente une université. Étudiant en beaux-arts. Étudiant sérieux. [Québec] [Par extension] Élève du niveau secondaire, collégial ou universitaire. M. Martineau, la traduction de l’américain student n’est pas toujours étudiant en français…).

La véritable histoire, par un vrai journaliste :

Police say the boy, who has not been named because of his age, went to Buell Elementary School with the .32-caliber pistol tucked into his pants. As most of his classmates went to the library — just five children were in the room at the time of the incident, with the teacher standing in the doorway — the boy pulled the gun out and aimed it at a student.
Then, he turned and pointed it at Kayla Rolland, also 6, and shot her in the neck, police say. She was pronounced dead at a hospital about 30 minutes later.
Asked about discrepancies in witness accounts, Police Chief Eric King said, “Let’s keep in mind that our witnesses for the most part are young, underaged children who are mostly under 6 years of age”
(…) The boy’s father, who is serving time in the county jail, told the county sheriff that his son had been suspended from school for fighting and for stabbing a girl with a pencil.
[ABC News]

Vous êtes un menteur, M. Martineau. Vous opérerez par distorsions de la réalité au profit unique de vos “idées”. Finalement, vous avez peut-être un point commun avec Michael Moore. La seule différence, c’est que vous, vous vous trompez toujours de cible avec votre idéologie libertarienne mal digérée.

Et pour tout crédit à votre “travail journalistique”, vous renvoyez à la rubrique “Anti-Michael Moore” de l’annuaire Yahoo avec des références internationalement reconnues comme Fox News.

Honnêtement, pensez-vous que des virulents sites d’extrême-droite (l’essentiel de la liste proposée), proches de la NRA, pour qui Michael Moore est l’épouvantail du gauchisme, soient des sources d’information fiables et dignes de confiance ? Je n’ai pas ma carte de presse, mais je suis pourtant plus porté à la modération dans le choix de mes sources.

Il y a sans doute un critique légitime à apporter au travail du polémiste Michael Moore, je n’en disconviens nullement. Mais pas avec vos techniques, vos arguments et vos sources à sens unique. De fait, les critiques de mensonges et de manipulation que vous adressez à M. Michael Moore s’appliquent en premier lieu à vous-même. La fameuse parabole de la paille et la poutre…

Encore une foi, Monsieur Martineau, vous êtes un dégoûtant personnage. Et la rhétorique et le style de votre article me dégoûtent profondément. À vous lire, et plus d’une fois, j’ai le sentiment que vos écrits entrent en résonance avec les pamphlétaires poussiéreux d’un Crapouillot. Je ne vous accuse pas d’être d’extrême-droite, je vous accuse d’être complaisant, démagogue, ignare et dangereux.

Vous sentez le moisi M. Martineau. Vous vous croyez fin et subtil, mais vous n’êtes qu’un “gros épais”.

Vous concluez “Comme si les mensonges, lorsque proférés par la gauche, étaient plus pardonnables…”. Comme si les mensonges, lorsque proférés par des cons, étaient plus pardonnables.

Je n’ai même pas envie de m’étendre plus sur le sujet, tant de stupidité sournoise me laisse accablé.

Post-scriptum : inutile de m’écrire que je suis qu’une “ostie de con qui se trompe d’orifice quand il parle”, ce genre de missive me fait trop plaisir…

Post-scriptum bis : M. Martineau s’est principalement basé sur cette page Truth about Bowling for Columbine pour écrire son article dont il reprend les arguments. Il se trouve que M. David T. Hardy est un juriste de l’Arizona qui soutient avec ardeur le fameux second amendement (“The right of the people to keep and bear arms”) et est même contre toute législation de contrôle (“The Gun Control Act of 1968”). Sûr qu’il n’a pas apprécié le vitriol de M. Moore…

Post-scriptum ter :

Richard a des amis !

Trouvé dans les commentaires (tant attendus par Madame Henri) de l’article :

Et voyez comme la réputation des documentaires, jointe au discours de Moore l’ont servi: je n’ai pas douté une seconde, alors là pas une seconde, qu’il disait la vérité. J’ai même refusé de croire vos allégations monsieur Martineau, mais voyant la liste qui est affichée sur le site donné en référence, j’ai dû me l’avouer: j’ai été floué.
Merci, monsieur Martineau, de m’avoir ouvert les yeux.
Frédéric Malouin.

Ça fait déjà quelque temps que nous savons que ce pseudo documentaire n’en est pas un, mais ça n’affectera d’aucune façon les gauchistes puisque, du moment que ça tend vers la gauche et que de surcroit les États-Unis y sont dépeints de façon négative, ca répond amplement à leur critère de crédibilité.
Jacques Sabourin.

En ce qui me concerne, j’ai compris depuis longtemps que la gauche carburait surtout à l’irrationnel. Être “de gauche” tient plus de la religion que de la politique. Il n’y a rien de plus dogmatique qu’un gauchiste. Modifier à dessein un discours comme le fait monsieur Moore n’a aucune importance puisque ça sert la cause sacrée, laquelle ne peut faire l’objet de dissension.
C’est donc la preuve hors de tout doute que la gauche ne se soucie aucunement de la vérité. Au contraire, elle s’autorise de la manipulation et du mensonge pour parvenir à ses fins.
Pierre Bouchard.

Billets liés :
Monsieur Richard Martineau
Voir.ca, à voir…

1. Le 9 mai 2003,
Québécoise à New York

Toujours pas de réponse à l’édito….on devrait peut-être s’y mettre…

2. Le 9 mai 2003,
antoine doinel

Etant membre,j’ai repondu au “papier” de martineau mais je ne sais pas si je serais publier car ma réponse a pour titre……..”Kill all the gauchistes” LOL….Martineau est le nouveau Réac par excellence,c’est peut la consequence de son eternel discour sur “l’auto flagellation de l’homme moderne et blessé”qui semble etre son sujet favori tout juste devant “exterminons la vermine rouge”.

PS:Je me suis permis d’utiliser certaine de tes ecrits pour pourfendre la betise humaine….desoler mais je suis pret a toutes les “basseses”pour combattre la doctrine Bush.

Salam/Shalom/peace

3. Le 11 mai 2003,
Qu’on se le dise !

Martineau ne réfléchit pas, il dit le contraire.

Quel gentillesse de lui consacrer autant d’espace… je ne suis pas sûr qu’il le mérite.

4. Le 11 mai 2003,
Anne Onyme

“Richard Martineau est au journalisme ce que son homonyme latin (Ricky Martin) est à la musique” Stanley Péan (La Presse)

5. Le 7 octobre 2006,
Frédéric Malouin

Quand en Googlant mon nom je me suis vu cité ici comme si je m’inclinais devant le Dieu Martineau, j’ai pris panique.

Enfin quoi, c’est vrai : je n’ai que dit qu’il m’avait ouvert les yeux. Pas qu’il m’avait inoculé la vérité ou quelque chose du genre. Ouvrir les yeux, c’est un signe d’attention et d’écoute. Là où j’avais avalé les couleuvres de Michael Moore sans me méfier, probablement dans une colère anti-américaine, l’édito de Martineau m’est apparu comme une des rares critiques publiques contre Michael Moore.

Cette critique a-t-elle été bien menée ? Non. L’article de Martineau est-il véridique ? Non. Il reste une chose cependant : les sources qu’il a citées, je les ai consultées. J’ai contre-vérifié les informations présentées sur ces sites avec d’autres sites, de la gauche entre autres, et souvent les deux concordent.

En d’autres mots, la note de Richard Martineau n’était pas un élixir de vérité. Je ne l’ai d’ailleurs jamais affirmé. Mais le documentaire de Michael Moore n’est pas ce précieux élixir non plus, pas plus que son site web tendancieux. La gauche (que je supporte fièrement) ne brillera jamais en contrant les mensonges de la droite par d’autres mensonges. Comme le disait René Lévesque, on ne règle pas une injustice en en provoquant une autre.

Voilà, c’est ce que je voulais dire. Désolé d’émettre mon opinion avec un aussi grand retard : je n’ai pas l’habitude de Googler mon nom…

Blah ? Touitter !

Google News

Google News en français ? Heu, pas tout à fait mais presque.

P.S. Toujours au sujet de Google, mais plus particulièrement de la blogosphère :
Google cherche à donner une identité aux blogs : laquelle ?
Les blogues bientôt exclus de l’index général de Google ?

Merci Karl

Merci Karl.

C’est un sujet qui passionne Laurent, c’est un sujet que j’aime, car lorsque l’on passe du papier au Web, on change à la fois de médium (papier à l’écran), de contexte (internationalisation) et d’échelle sociale (population aux besoins différents). Il ne s’agit pas dans cette aventure de faire exactement ce que faisait le papier mais de comprendre les modifications engendrées par le Web, de savoir ce qui est à créer, ce qui est à garder, ce qui est à oublier.

Vaste questionnement… Mon seul souhait est que l’internationalisation et le changement de support (medium) ne se fasse pas au détriment des cultures, ne se fasse pas par appauvrissements mutuels (plus petit dénominateur commun). Chaque langue a ses usages typographiques, et pour moi qui suis plus de l’écrit, je dirais même qu’ils sont concomitants à la langue. Je me méfie de la normalisation quand on aborde des sujets qui relèvent aussi de l’Art.

Citation du jour

Tiens, l’idée que si mon blog avait son clône quelque part, je ne le lirais peut être pas, vient de me traverser l’esprit… Marrant.
Meriadoc.

1. Le 9 mai 2003,
tehu

Welcome on the other side of the mirror

http://pack.soksok.jp/y/.otne/

;-)

2. Le 10 mai 2003,
Laurent

Mais qu’est ce que c’est que ça ??? Il y a quelqu’un qui parle japonais dans la salle ?

Blah ? Touitter !

Bogue

Ais-je encore trop bu  ? (Ah, le petit vin blanc qu’on boit sous la tonnelleuuuuuu…). Je me vois encore en double ! Ou alors je commence un dédoublement de personnalité ? ;-)

PS. Puis j’ai plus mon fil RSS dans le PingPong… Mauvais karma ?

1. Le 9 mai 2003,
grande rousse

Ouais ben tu ne devais pas te voir en double sur mon carnet depuis qu’il a sa nouvelle peau…je viens de m’apercevoir que je t’avais complètement oublié dans la liste de mes fréquentations cybériennes. Je passe par ici pour te signaler que je me flagelle jusqu’au petit linge (comme dirait un certain pas très humble) et que j’ai remédié à cet impardonnable omission.

Une rousse (repentante et) repentie (en vaut deux)

2. Le 10 mai 2003,
Laurent

Je pensais que tu ne m’aimais plus… Alors, je restais digne en silence et cherchais la raison d’une telle répudiation. Avais-je commis quelque offense ? Alors aujourd’hui, c’est comme un rayon de soleil qui carresse mon blogue et ce voile noir d’une imaginaire opprobre sur mon coeur s’est désagrégé pour laisser place à une félicité retrouvée.

3. Le 10 mai 2003,
Laurent

Pour revenir a weblogues.com, ce matin, je ne me vois plus en double sur le blogomat, le www.navire.net a disparu… mais pas pour autant re-comptabilisé sur le navire.net.

4. Le 10 mai 2003,
marc-o

Voilà, le problème est - en partie - résolu sur le blogomat, où seul navire.net apparaît désormais.

En partie seulement, car certains blogues pointent vers www.navire.net (au lieu de navire.net) et weblogues.com, pas encore très doué au jeu des 7 différences, considère que ce sont deux sites distincts. Je suis en train de corriger ce problème…

Le flux RSS est de retour. Je plaide entièrement coupable pour cette disparition. J’avais supprimé la référence à www.navire.net dans la base de données des blogues, mais, ce faisant, avais oublié de rattacher le flux RSS à navire.net. C’est maintenant chose faite ;-)

5. Le 10 mai 2003,
Laurent

Merci ! En fait, je fais chier le monde avec mon URL…

Blah ? Touitter !