Journal de bord

mercredi 18 juin 2003

La Françoise

Nous sommes en France souvent prompts à stigmatiser le conservatisme de la société, en nous comparant, par exemple, avec certains pays nordiques.

Mais, à leur rythme, les choses avancent, et plus vite que l’on ne croit. Ainsi, nous avons un maire de Paris ouvertement gay et néanmoins populaire, M. Bertrand Delanoë. Qui aurait pu imaginer cela, ne serait-ce qu’il y a qu’une décennie ?

Malgré cela, Françoise de Panafieu, maire UMP bon chic bon genre du XVIIe arrondissement de Paris, celle-la même qui se voulait l’outsider de la droite et la tueuse de Tibéri lors des dernières élections, a cru bon de déclarer au magazine VSD que : “être élu comporte une responsabilité et, lorsqu’on est maire de Paris, on n’a pas vraiment sa place en tête de la gay pride”.

Et d’enfoncer le clou : “Cela ne me gêne pas. Ce que je demande à un élu, c’est de faire correctement son travail. Mais j’insiste sur le fait que je suis intraitable sur la question du prosélytisme. (…) Pour les Parisiens, cela peut être perçu comme du zèle intempestif, une façon trop directe de soutenir ce mouvement”.

Sans surprise, l’ensemble de la Gauche et des Verts lui sont tombés dessus à bras raccourcis. Mais, la Françoise s’en est aussi pris plein la gueule de la Droite. Frédéric Latour, secrétaire national des jeunes UDF, se déclare “surpris” des propos de Françoise de Panafieu et précise que “ce n’est pas une leader et qu’elle s’est exprimée uniquement à titre personnel”. Et dans une déclaration à l’AFP, Claude Goasguen, président du groupe UMP du Conseil de Paris, “tient à préciser que les propos tenus par Françoise de Panafieu concernant Bertrand Delanoë ne sauraient en aucune manière engager le groupe des conseillers UMP de Paris”. C’est ce qu’on appelle, en politique, un camouflet.

Mais je souhaite revenir sur le terme de prosélytisme employé par La Panafieu (née Missoffe). Le prosélytisme est le zèle ardent déployé pour recruter des adeptes, hors, l’homosexualité ne se fait ni par recrutement ni cooptation. Homo, on l’est, ou on ne l’est pas, mais l’on ne le devient pas. L’homosexualité n’est pas une religion, ni même une “race”. Mais ce terme a forgé sa notoriété parmi les pires homophobes du XXe siècle (souvent antisémites par ailleurs) et son usage n’est en rien anodin.

La Panafieu, qui se veut des airs modernes, tout en se parant de sang bleu, n’est qu’une vielle réactionnaire pitoyable et vulgaire. N’importe quelle catin des boulevards des Maréchaux du XVIIe arrondissement de Paris a sans doute plus de coeur que cette blondasse desséchée.

Madame de Panafieu, je suis fort aise d’avoir mon blogue pour vous dire et confier à la postérité numérique du Web transfrontalier et apatride que vous êtes une idiote.

1. Le 20 juin 2003,
Nausée

Merci pour ces quelques vérités concernant ce véritable réceptacle à gifles.

Merci de mettre en lumière l’évidente schyzophrénie de cette fraction de la droite(vouée, à mon avis, à la marginalisation, car peu encline à s’accorder des dogmes de la démocratie libérale contemporaine), qui prosélyte(justement) de valeurs telles que la modernité/modernisation, reste néanmoins figée sur une multitude d’archaïsme moraux (bon exemple de l’homosexualité).

2. Le 4 juillet 2003,
Phil

Ouais, en attendant on va se goinfrer “l’évidente schyzophrénie de cette fraction de la droite…” jusqu’en 2007 minimum. Quant à la marginalisation, elle n’est pas évidente du tout ! Les derniers évènements de politique intérieure me portent à croire tout le contraire. Malheureusement…

Blah ? Touitter !