Journal de bord

mercredi 20 août 2003

La bêtise endémique au Québec

Neige suggère que mes opinions (#1) et jugements (#2) sur le Sieur Martineau seraient dues au fait que je suis Français et que je suis victime de la barrière culturelle entre Français et Québécois, un fossé qui est beaucoup plus profond qu’entre Québécois et Étasuniens. J’en ai donc déduit qu’il fallait être Nord-Américain pour comprendre et apprécier M. Martineau à sa juste valeur, et qu’il fallait être (maudit) Français pour se permettre de vouer aux gémonies le (mauvais) génie de la presse québécoise.

Cependant, je ne ne pense pas qu’il faille quelque affinité culturelle pour déceler la bêtise. Ou alors ai-je mal compris : la bêtise est un trait culturel québécois et seul un Québécois peut s’y reconnaître.

J’apprécie aussi à sa juste valeur ce discours si répandu au Québec : nous, on a le droit de taper sur nos idoles et icônes du pays, mais vous, vous n’avez pas le droit, vous ne pouvez pas comprendre.

Signé : Capitaine Bonhomme, en maudit (Français) ce matin.

P.S. Si je suis sûr d’une chose, c’est que la bêtise n’a rien de culturel, elle est universelle.

1. Le 20 août 2003,
Martine

La bêtise est un trait culturel planétaire. Je suis québécoise, je trouve que Martineau raconte vraiment n’importe quoi depuis au moins un an ou deux (d’ailleurs, je ne le lis plus, il m’ennuie). Taper verbalement sur quelqu’un avec la force ET la verve dont tu as fait preuve, ça, c’est typiquement français. Nous on ose rarement parler comme ça, du moins en public, même quand on a la même opinion. On ressent toujours le besoin d’être gentil ou du moins poli, même si ce n’est qu’une façade. Les joutes verbales ne sont pas notre point fort. C’est surtout là la différence culturelle entre les français et les québécois, source de bien des malentendus.

2. Le 20 août 2003,
Alex

En effet! J’ignore si c’est seulement Québécois ce réflexe «culturo-patriotique» qui consiste à défendre les artistes venus d’ici même s’ils sont pas très bons. J’imagine que l’on doit retrouver ce sentiment aussi chez les Américains.

Moi, Céline et Linda, je vous les donne et je veux rien en échange! C’est un cadeau! :-)

Pour revenir à Martineau, je concède qu’il a une vision plutôt étroite et que ça reflète sur son discours. Par contre, je le lis toujours car il m’apporte parfois un point de vue que je n’avais pas remarqué sur un sujet. Je mets un filtre à niaiserie et je garde ce qui me semble juste! Et je le trouve bien drôle aux Franc-tireurs à Télé-Québec où il a réalisé d’excellents entrevues selon moi. Oui, il tape souvent sur le même clou mais ça donne parfois des résultats intéressants. L’entrevue avec Gilbert Rozon fût un très bon moment de télévision. Et Raël, c’était excellent!

C’est comme Pierre Falardeau. C’est pas très original son discours et ça sent le réchauffé. Mais je crois qu’il a toujours sa place dans le paysage Québécois tout comme Martineau.

Alp!

3. Le 20 août 2003,
Laurent

Je ne suis pas forcément représentatif du Français moyen. Ici aussi, il y a plein de gens gentils et mièvres et très politiquement corrects. Mais il est vrai que la rhétorique, l’éloquence, le discours et la joute oratoire ont toujours trouvé un terreau fertile ici. Quand un film est trop bavard, mon lapin me dit toujours que ça fait trop français ;-)

Mais, d’un autre côté, en lisant les très nombreux commentaires en réaction aux papiers de Martineau, commentaires qui émanent pour la plupart de personnes aux patronymes bien québécois, on peut se rendre compte, qu’à l’évidence, il y a bien des Québécois qui savent manier avec verve l’ironie, la critique et le verbe. Et si finalement, les Québécois étaient plus Français et latins qu’il ne voudraient bien l’admettre ?

4. Le 20 août 2003,
Jean-Philippe

Bof moi Martineau je ne le lis plus depuis 2 ans pour des raisons diverses mais je regarde son émission les Francs-tireurs assidument. J’adore ce qu’il y fait. Et ses chroniques télé ici et là.

Par ailleurs j’avais un ami qui déstestais souverainement Martineau, pour diverses raisons assez puériles… Trop ci, pas assez ça…

5. Le 20 août 2003,
Matoo

Merci pour Céline et Linda, Alex. Mais on a déjà de quoi faire.

:)))

6. Le 20 août 2003,
neige

Boff.. ce n’est pas une tentative de défendre tel ou tel artiste et pour telle ou telle raison,, qu’il soit du Québec ou d’ailleurs. Mon point est que la pulsion émotive qui fait se monter Laurent sur le Grand Mât de son Navire me parait forcément liée à des mentalités différentes, et donc des perceptions différentes entre Européen et Nord-Américain (Québec compris il va de soit). Dans ce cas-çi, plus précisément les motifs de la guerre en Irak (dans un des billets de Martineau) et la violence et la tolérance concernant le port des armes (dans l’autre bilet de Martineau) (il pourrait y en avoir bien d’autres). C’est une sorte de ’cri primal’ (ou corne de brûme) qui n’a rien à voir nos propres critiques de Martineau (celles faites par des « patronymes bien québécois »).

7. Le 23 août 2003,
Québécoise à New York

Je l’ai déjà écrit ici et je le répète: je me branche sur voir.ca tous les jeudi et je lis, les dents bien serrées, la chronique de Martineau. Juste pour me faire chier. Dans le meilleur des cas il me laisse totalement froide (comme à la lecture du mode d’emploi d’un tube de dentifrice), et dans le pire, j’invoque le nom de Dieu en vain (ainsi que tous ses accessoires de bureau).

Faut-il s’expatrier pour se permettre de critiquer la merde qui se fait au Québec? On y est tellement préoccupé à critiquer le vide culturel qui sévit chez nos voisins du sud (avec raison, dois-je le préciser), qu’on se fait passer les Linda Lemay, Bruno Pelletier et autres bands de cabanes à sucre sans rien dire, et même en tapant du pied. On lit Martineau comme on lisait Laurent Saulnier, quand il sévissait en tant que critique musical dans ce même beau journal culturel du plateau qu’est le Voir, et on ne se demande même pas quel gignol a bien pu signer leur contrat initial.

On a teeellement peur de perdre notre bel héritage, notre langue, qu’on se ferme à toute critique et à toute influence extérieure et on tourne en rond dans notre beau bocal, au son du dernier hamburger musical signé Roger Tabra (ou Luc Plamondon, selon vos goûts). Faudrait surtout pas regarder ce qui se fait ailleurs. On risquerait peut-être de devenir un peu trop critique ou d’encore s’ouvrir quelques nouveaux horizons. Eille, pis din coup on pardrait not’ françâ!

Vous me nommez première ministre du Québec (mais je crois avoir saboté toutes mes chances en attaquant le gentil Bruno), et je donne un billet d’avion ouvert à tous ces Québécois tricotés serrés qui sont satisfaits par une étiquette «produit du Québec», même si ledit produit pue la merde. Go see the world, mes amis. Peut-être qu’on pourrait ainsi monter le niveau de langage de nos chroniqueurs à celui d’un étudiant de CEGEP, et on arrêterait peut-être aussi de composer des belles chansons comme les Américains (qu’on prétend détester) les composaient en 1987.

Et peut-être qu’enfin on pourrait avoir la fierté bien placée.

8. Le 24 août 2003,
neige

une « Québécoise à New York » :: Ah non, pas une autre adepte de Jeff Filion.

9. Le 24 août 2003,
Québécoise à New York

Jeff Filion?

10. Le 24 août 2003,
Québécoise à New York

Ahhh, d’accord, je vois. Je suis allée lire un brin sur le môssieur Filion en question. Alors, si je comprends bien, je ne peux oser critiquer certaine facettes du milieu artistique québécois sans risquer d’être foutue simplement dans le même panier qu’un animateur radio à grande gueule? Me voilà devenue anti-québécois en adoration avec les Américains. Faudrait m’envoyer une liste des artistes à ne pas toucher. Dites-moi au moins que Garou n’est pas sur cette liste.

Dites donc, quand on y pense, on devient comme les Américains: on s’embobine dans nos drapeaux et on ferme la gueule de tous ceux qui osent critiquer.

11. Le 24 août 2003,
neige

Ces mots (et je te cites) : « Faut-il s’expatrier pour se permettre de critiquer la merde qui se fait au Québec? On y est tellement préoccupé à critiquer le vide culturel qui sévit chez nos voisins du sud (avec raison, dois-je le préciser), qu’on se fait passer les Linda Lemay, Bruno Pelletier et autres bands de cabanes à sucre sans rien dire, et même en tapant du pied. On lit Martineau comme on lisait Laurent Saulnier, quand il sévissait en tant que critique musical dans ce même beau journal culturel du plateau qu’est le Voir, et on ne se demande même pas quel gignol a bien pu signer leur contrat initial. » et encore ceux-là : « On a teeellement peur de perdre notre bel héritage, notre langue, qu’on se ferme à toute critique et à toute influence extérieure et on tourne en rond dans notre beau bocal, au son du dernier hamburger musical signé Roger Tabra (ou Luc Plamondon, selon vos goûts). Faudrait surtout pas regarder ce qui se fait ailleurs. On risquerait peut-être de devenir un peu trop critique ou d’encore s’ouvrir quelques nouveaux horizons. Eille, pis din coup on pardrait not’ françâ!… Vous me nommez première ministre du Québec (mais je crois avoir saboté toutes mes chances en attaquant le gentil Bruno), et je donne un billet d’avion ouvert à tous ces Québécois tricotés serrés… »

On les diraient sortis tout droit, exactement mot pour mot, de la bouche de ce réactionaire et provocateur de Filion ou d’un (des fois d’une mais sutout d’un) de ses suiveux, qui, curieux hasard, ne signent jamais leurs écrits.

12. Le 24 août 2003,
Québécoise à New York

Alors si je comprends bien, on ne peut dénoncer la production massive de tartistes québécois sans risquer de se faire accoler l’étiquette de suiveux, de réactionnaire et de provocateur? Je ne retirerai pas mes mots, sous prétexte qu’ils pourraient sortir de la bouche d’un minable animateur de radio FM (qui m’est totalement inconnu, soit dit en passant).

J’habite hors du Québec depuis quelques années et je travaille dans le domaine musical, et je réalise tous les jours que c’est en s’éloignant de ses racines qu’on apprend à mieux les apprécier, et souvent pour de meilleures raisons. Je suis fière de mes racines et le Québec me manque, mais je demeure persuadée qu’à force de s’ériger des forteresses sous prétexte qu’il faille préserver notre héritage, on ne voit plus ce qui nous entoure et on tourne en rond avec nos belles roues réinventées. Je me donne le droit de le crier haut et fort. Et je me donne le droit de sortir de la forteresse en question et de tourner vers elle un oeil critique.

On a peur de se frotter aux autres cultures, de peur de perdre la nôtre, alors que la collision des langues, des gens et des genres produit souvent de bien belles choses. Notre fierté est mal placée, et c’est ce qui nous perdra. On ne perdra pas notre langue et notre héritage parce que nos voisins de pallier parleront anglais ou chinois, mais bien parce qu’on ne se souciera jamais assez de les préserver avec fierté, force, respect et humilité.

Oui, je suis pour la sauvegarde de tout ce qui fait de notre peuple un peuple distinct, mais je ne crois pas que tout ce qui se fait au Québec se trouve sur cette liste. De la merde et des idioties, il s’en fait partout, et la merde québécoise ne sent pas meilleure que celle du voisin. Qu’on me lapide sur la place publique pour avoir osé dénoncer la médiocrité du catalogue d’Éric Lapointe, moi ça ne me dérange pas, mais c’est vous qui allez être pris avec lui après..Et je ne pense pas que lui, comme n’importe quel autre membre du showbizzz précédemment cité, se trouvent un jour en tête de cette fameuse liste de ce qui nous distingue des peuples qui nous entourent.

13. Le 25 août 2003,
Taddeus

Je crois que les peuples se gouvernenent eux-mêmes. Il y a autant de sagesse à vouloir se protéger qu’à aller voir ailleurs. Pour un petit peuple de six millions, il me semble qu’on se débrouille pas mal. La connerie n’a pas de frontière. Le peuple américain est aussi grand qu’il est vil. Le peuple français aussi petit qu’il est grand. Le génie non plus n’a pas de frontière et parfois le génie doit s’expatrier parce que le petit peuple a du mal à le comprendre. Chez un grand peuple, le génie peut se masturber en silence.

14. Le 20 octobre 2003,
hiragi

Merci Taddeus, je vais regarder les génies d’un regard nouveau :S

15. Le 21 octobre 2003,
melodius

En tout cas, on voit les ravages que fait un nationalisme délirant genre celui de neige sur les cervelles québécoises. Le petit Belge soussigné pensait pourtant qu’il était impossible de faire mieux que les Français dans le genre… à tort visiblement.

Blah ? Touitter !

Libérale et Capitaliste

Elle est Française, elle s’appelle Claire. Elle tient un site Web, qui ressemble à un blogue, sous-titré “Dehors, l’État providence !”. Elle annonce fièrement la couleur : “Libérale et capitaliste, et fière de l’être”. Elle est inscrite à l’Anneau des sites libertariens.

Vous connaissiez déjà la blonde et conne qui s’assume. Découvrez maintenant la libérale et capitaliste qui s’assume tout autant.

1. Le 20 août 2003,
madflo

Ceci dit, l’espoir de voir ce site disparaître n’est pas totalement infondé : ” Peut être, je me tate voir si cette page ne va pas disparaitre.. Je vous tiens au courant.”

Cette brave dame devrait jetter un coup d’oeil au monde diplomatique d’août 2003, et à l’article “surveillance totale” d’Ignacio Ramonet pour voir le genre de liberté proposée par le plus libertaire des Etats (et plus loin dans le numéro, une analyse sur les Etats unis et la violence, interessante.).

“Merci pour cette très bonne analyse Pierre-Marcel !”

2. Le 26 août 2003,
Constantin

Madflo, vous accumulez les erreurs :

1°) Claire parle de “libertariens”, pas de libertaires, c’est fort différent. Les libertariens se revendiquent entre autres de Murray Rothbard, David Friedman, Friedrich Hayek et Robert Nozick, et sont aussi appelés “anarcho-capitalistes”, rien à voir avec les libertaires qui sont plutôt à gauche (voire à l’extrême-gauche).

2°) Parler des Etats-Unis comme d’une terre de liberté est une incongruité sans nom. Certes, on y est globalement plus libre qu’en France ou en Belgique, mais nous sommes loin d’un paradis libertarien. Et le système est loin de ce que les libéraux préconisent (lire entre autres Hayek et Revel à ce sujet).

Bien à vous,

Constantin

3. Le 27 août 2003,
melodius

Décidément, la gauche donne dans le sexisme les derniers temps.

Tu es fan de Bertrand Cantat ?

4. Le 27 août 2003,
Hervé

Sympa ce petit commentaire sur Claire.

Quand on a pas grand chose à reprocher, on attaque la personne ?

5. Le 27 août 2003,
Aristophane

Je suis très déçu, voire même choqué, par tes propos. Plein d’insultes sur des libertariens qui ne t’ont rien fait, et pas une seule pour moi ! C’est profondément vexant de ne même pas se faire insulter. Alors, s’il te plait, déchaine-toi sur mon site ! Il est fait pour énerver des gens comme toi…

6. Le 27 août 2003,
Laurent

M. Aristophane, c’est que je n’avais pas le bonheur de vous connaître…

7. Le 30 août 2003,
Ronald Reagan

God bless America !!!

8. Le 31 août 2003,
Pickett

Mon dieu une femme qui fait preuve d’indépendance d’esprit et ose s’affirmer libérale en France. Je vois qu’à gauche l’insulte tient toujours lieu d’arguments… Vous m’aurez convaincu d’aller faire un tour sur son site qui sent le soufre.

9. Le 3 septembre 2003,
Catallaxia

Oh ben tu as l’air intelligent mon gars, pour débiter des conneries pareilles ! Que c’est beau d’attaquer sous la ceinture ! Quel geste grâcieux que de déverser le fiel sur la personne et non sur les idées !

Bravo tu combles un vide(-ordures).

Blah ? Touitter !