Journal de bord

mercredi 17 septembre 2003

Guignol du libéralisme

Les rares français qui trouvent grâce aux yeux de MIF sont Maurice G. Dantec, Romain Goupil et Alain Madelin. Belle communauté d’esprit et marque de cohérence.

La guérilla contre les socialos, humanistes, globophobes, écolos, égalitaires, intellos, bovésiens, brejnéviens, néo-gauchistes, collectivistes, résistants à la MacDonalisation, censeurs et autres racailles continue malgré les attaques de la vieille garde stalinienne et bien pensante de la blogosphère franchouille, “cette boîte à coucou quelque peu déglinguée, desarçonnée par l’incursion époustouflante de blogs francophones libéraux sur son territoire”.

Faut-il en rire ?

1. Le 17 septembre 2003,
Matoo

OUI !!! Il faut en rire !! :o)

2. Le 17 septembre 2003,
Conrad

Exactement. Environ chaque post de MIF me donne envie de réagir sur le moment tellement c’est souvent a coté de la plaque et haineux, puis je me calme 3 seconde et au final ça me fait rire.

D’ailleurs, on ne se demande plus pq y’a pas les commentaires, là bas.

3. Le 17 septembre 2003,
aqb

Comme le disait Maître Folasse dans les tontons flingueurs on a 2 alternatives: “soit on se déplace, soit on méprise…” :o) Il faut en rire tant c’est énorme!

4. Le 17 septembre 2003,
O.

Dans le genre, tu as fuckfrance.com C’est là où je vais quand j’ai plus goût à rien. :)

5. Le 17 septembre 2003,
Ruxor

Le mieux n’est-il pas simplement de l’ignorer ? Il y a suffisamment de bêtise crasse sur le Web, si on devait consacrer son temps à chacun de ses représentants (que ce soit pour en rire ou en pleurer), on n’en aurait pas fini. S’il s’agit de lire la bonne parole libérale, je préfère largement la recevoir de la part de Faré (François-René Rideau), qui, s’il est à peu près totalement en désaccord avec moi sur tout en politique, et s’il n’hésite pas à afficher ouvertement des opinions qui peuvent choquer, a au moins mérité ma haute estime, prouvé qu’il avait un cerveau et l’usage de celui-ci. C’est-à-dire surtout que quand je lis ce qu’il écrit cela suscite des réflexions en moi, pas quand je lis la bouillie qui sert d’expression à certains.

6. Le 17 septembre 2003,
Laurent

Le problème, c’est que la bouillie a 1600 visiteurs par jour et que c’est, de fait, le blogue n°1 de la francosphère… Qu’elle est liée et citée par nombre de gens, qu’elle a une influence, et qu’elle est difficile à éviter. Alors, politique de l’autruche ou assaut de moulins ?

7. Le 17 septembre 2003,
Klaus

1600 est une moyenne. C’est plutot 2500 ces jours ci avec une moyenne recente qui tourne a 4400.

8. Le 17 septembre 2003,
melodius

Laurent, t’as qu’à inclure tous les gentils libertariens dans ta blogoliste pour faire contre-poids ;-)

Faré, c’est un excellent début !

Si vous voulez lire un blog libéral très à droite, très bien écrit, réellement marrant ET pas trop manichéen (malgré les apparences…) essayez celui-ci.

C’est mon contradicteur libéral préféré !

9. Le 17 septembre 2003,
Doxa

C’est certainement ausi grâce à ce genre de billet qu’il fait autant d’audience. Vous en faite le grand mechant loup, alors ça fascine, les gens veulent voir à quoi il ressemble… Une sorte de Joey Starr Extrême Droite.

Arrête d’en parler de manière obsessionnelle, c’est la meilleure des solutions.

Personnellement je ne le connaissais pas avant que tu en parles et en reparles, au point ou je suis allé lire exactement de quoi il en retournait.

Il est provocateur, et cela marche à 100% sur toi et quelques autres … il doit sourire.

Arrête d’en parler si tu veux faire baisser son taux d’audience.

10. Le 17 septembre 2003,
Laurent

Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi Doxa. La politique de l’ignorance, du dédain, de l’autruche, n’est-ce pas un peu dangereux ? Et il n’a pas besoin de ma pub pour faire déjà une audience considérable.

Faré : Cybernethics

11. Le 17 septembre 2003,
Nicolas

Laurent: tu sais bien que ce n’est pas dangereux la politique de l’autruche, regarde la réaction des socialistes devant les derniers sondages en 2002, ils ont continué à ne pas parler de Le Pen, ça leur a plutôt pas mal réussi…

Doxa: l’important n’est pas de faire baisser son audience mais d’éviter que l’on adhère à ses idées. Je suis pas sûr que le lectorat de Laurent soit du genre à apprécier les idées de MiF. Après, pour les mêmes raisons, il est certainement vain de parler de lui ici mais bon, c’est toujours utile de lire ceux qu’on désapprouve, même s’ils ne le méritent pas.

12. Le 17 septembre 2003,
L’imberbe

Laurent: tu sais bien que ce n’est pas dangereux la politique de l’autruche, regarde la réaction des socialistes devant les derniers sondages en 2002, ils ont continué à ne pas parler de Le Pen, ça leur a plutôt pas mal réussi…

Doxa: l’important n’est pas de faire baisser son audience mais d’éviter que l’on adhère à ses idées. Je suis pas sûr que le lectorat de Laurent soit du genre à apprécier les idées de MiF. Après, pour les mêmes raisons, il est certainement vain de parler de lui ici mais bon, c’est toujours utile de lire ceux qu’on désapprouve, même s’ils ne le méritent pas.

13. Le 17 septembre 2003,
L’imberbe

grmbl, le retour des doublons…

14. Le 18 septembre 2003,
Damien

Melodius, je ne suis pas sûr que tout le monde trouve Zek réellement marrant, ronchon très certainement, donneur de leçon et intolérant aussi sans doute :-) On ne parlera pas non plus de l’amour du pays dans lequel il vit… on s’approche quand même de MiF, avec un style empesé en plus.

15. Le 18 septembre 2003,
Seb

MIF fait plus que Howard Dean ? : http://www.truthlaidbear.com/TrafficRanking.php

16. Le 18 septembre 2003,
Doxa

Je pense que parler de MIF (en bien ou en mal d’ailleurs)lui fait bien plus de publicité que de le mettre en lien. Pourtant je crois que certains (ou certaines je ne sais pas) ont été brûlés sur la blogosphère publique pour l’avoir fait…

Quant aux histoires de “politique de l’autruche”, il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit là qu’une communauté de mecs et de nanas assis sur leur chaise devant un ecran, pas très engageant tout cela. La politique est de toute façon ailleurs et les autruches aussi. Dans la blogosphère on peut entendre des pensées et des experiences par moment, c’est déjà bien. Restons lucides.

17. Le 23 septembre 2003,
Dirigiste-etatiste

En ce qui me concerne, il m’arrive de visiter les blogues de ces gens (je veux dire les “proaméricains”) pour me tenir au courant d’une partie de la vie des idées. Il semble qu’il s’agisse d’une nébuleuse comprenant des libertariens à peu près rigoureux, des personnes motivées par le problème israélo-palestinien, et divers “anti-racailles” (est-ce que j’en oublie ? ). Rajoutons, dans la sphère intellectuelle, Dantec, qui se réclame d’une sorte de christianisme bien baroque. Autant de raisons en théorie assez diverses pour pencher du côté de l’Amérique. Les libertariens critiquent en principe l’irrationalité de la religion (qui doit leur faire moins peur que la “croyance dans l’état”). Les partisans d’une sorte de morale “judéochrétienne” (comme Dantec) reprochent à l’homme européen son “nihilisme”.

Mais est-ce que les gens ne s’intéressent pas à tout ça un peu comme Christophe Bourseiller s’intéresse aux diverses sortes de gauchistes, pour “s’amuser” ?. Il serait divertissant que cette mouvance “atlantiste” se présente aux élections… Qui aurait envie d’acheter leur soupe ? De s’entendre dire que la France (moisie, qui tombe, etc.) est un ramassis de stalino-vichissois, qu’elle aggrave son cas chaque jour en n’allant pas se jeter aux pieds des américains pour implorer que notre châtiment nécessaire (selon Guy Millières) soit un peu plus clément ? Déjà que Madelin, qui se contorsionne pour fourguer “un peu plus de libéralisme” est snobé par l’électorat…

Pendant la décennie qui a suivi la chute du communisme, beaucoup de personnes se sont persuadées que le sens de l’Histoire conduisait vers toujours plus de marché et toujours moins d’état. Le petit ton condescendant des libéraux fait maintenant place à un désarroi rageur. En décembre 1995, la France déjà bien “moisie”, mais surtout “ringarde, archaïque, crispée dans son conservatisme” semblait isolée en Europe et sujet de dérision. Aujourd’hui, on dirait que ses “crispations” font école dans tout le continent et qu’elle était “en avance” (dans l’abjection, certes…) plutôt qu’en retard. finalement, une sorte de krach du libéralisme “dans les têtes” a pris naissance en France et ne demandait qu’à faire tache d’huile, ce qui est bien plus grave que tous les krachs de la sphère financière, car le premier, contrairement aux seconds ne sera pas suivi de rémissions (et rechutes). Que la France ait été pionnière dans l’attitude qui consiste à s’affranchir du rêve américain si peu de temps après la disgrâce du communisme lui vaut aujourd’hui d’être la cible privilégiée du ressentiment des libéraux tant français qu’américains. Naturellement, si le libéralisme s’effondre, cela n’implique pas le triomphe d’un dirigisme ou d’un socialisme raisonnable. Le “n’importe quoi” est aussi possible… Pour autant le rejet croissant du libéralisme par l’humanité est un fait qui s’impose à ceux qui se prétendent en phase avec le réel. Vilipender la France, qui est certes un peu en avance, permet aux inconditionnel de l’Amérique de différer leur confrontation avec ce réel. Mais enfin, lorsque le réel semblait, dans les années 90, complaire au triomphe des idées libérales, je n’étais guère plus stoïque vis-à-vis de l’Amérique que les proaméricains ne le sont aujourd’hui avec la France, il me faut bien l’avouer.

Bonne continuation pour votre blogue.

18. Le 24 septembre 2003,
zek1917

C’est drôle, moi qui croyais que la confrontation avec le réel, c’était les gauchistes bien-pensants qui l’avaient eu un certain 21 Avril 2002. Visiblement ça n’a pas suffit. Peut-être devriez-vous allez dans les “quartiers sensibles” voir comment le Modèle Social-Pluriel Français détrône l’ultralibéralisme Yankee.

Allez-y les gars, continuez de vous masturber sur le déclin de l’Empire américain, et surtout n’allez pas voir là-bas ce qui s’y passe, vous risqueriez d’avoir un grand choc.

Surtout ne levez pas le nez du Monde Diplodocus, vous risqueriez de tomber sur des infos déplaisantes…genre le nombre d’emplois créés aux US dans les quinze dernières années, ou encore le PIB de la Californie (30 000 000) d’habitants, comparé à celui de la France (60 000 000).

Mais c’est sûrement une manipulation des mutinationales apatrides, n’est-ce pas?

Le libéralisme est foutu, c’est moi qui vous le dit, d’ailleurs les Suisses et les Amerloques essayent tous de se barrer à Pyong Yang ou La Havane, ou encore Paris.

Evident!C’est fou comme on est supérieurement intelligent quand on est de gôche.

19. Le 24 septembre 2003,
Dirigiste-etatiste

C’est entendu, cher Zek1917, les Américains travaillent plus et mieux que les Européens et “se prennent moins la tête”. C’est pourquoi ils réussissent davantage. Tout le monde les admire. Les médiocres les jalousent. Et alors ? ça fait pitié lorsqu’un pays, comme la France, est constitué presque entièrement de médiocres. Et en plus ces imbéciles reprochent aux autres leurs propres échecs ! Mais de toutes façons, ils vont tous crever et ça sera réglé. Laissez-les donc à leurs éructations de clochards derrière leur poubelles. Qui est-ce que ça peut bien intéresser ? Pourquoi ai-je l’impression que vous vous sentez quand même un peu trop concerné par tout ça ? Vous ne devriez pas gâcher votre temps à titiller les pauvres types que nous sommes. ça serait bête que les Américains et leurs amis se laissent gagner par ce sentiment très européen qu’est le ressentiment (comme croit l’avoir constaté le philosophe chrétien René Girard). Vous valez mieux que ça ; vous êtes un “doer” !

Mais enfin, puisque vous me parlez du 21 avril 2002… quelle leçon est-on censé en tirer ? Quelle est votre position là-dessus ? C’est un point qui me paraît flou dans le discours “atlantiste”. Pour certains, les français sont des collabos parce qu’ils approuvent Chirac à 90%, ce gauchiste antiaméricain (=antisémite). Mais face à Le Pen, qu’auraient dû faire les gauchistes ? En quoi est-ce que voter davantage pour un “antisémite classique” face à un “néoantisémite” comme Chirac (si on lui applique l’analyse de Finkielkraut, en sollicitant un peu certaines thèses) serait un acte moral ? Bon. Les Français sont coupables d’avoir placé au second tour deux antiaméricains (pour Chirac, on pouvait encore prétendre un peu l’ignorer avant l’Irak). Mais à partir de là, en quoi voter pour l’un à 80% serait “pire” que voter pour lui à, mettons, 60% ? De toutes façons 80%+20% = 60%+40% = 100% de votes collabos antiaméricains antisémites, non ? Or, si l’on écoute un peu certains proaméricains comme Dantec (et d’autres, tels André Bercoff dans un genre moins virulent), on a l’impression que, minables pour minables, les Français se seraient un peu moins compromis en ne plébiscitant pas Chirac au second tour… Peut-être parce que Le Pen serait un peu moins “pro-arabe” malgré son antisémitisme ? Encore un petit effort et ce sera le dernier rempart contre la Bête Immonde ! Au moins, il ne sera pas dit que la pensée antitotalitaire est incapable d’évoluer.

Mon idée sur le vote Le Pen est qu’il provient de gens qui veulent plus d’ordre, moins d’immigration, moins de « tolérance », qui peuvent prêter le flanc au soupçon d’être antiarabes et/ou antisémites (peut-être des arabes qui votent FN pour emmerder les juifs et des juifs qui votent FN pour emmerder les arabes). Il concerne par ailleurs certains petits patrons remontés contre “les privilèges des fonctionnaires”. Donc des bribes d’idées libérales ont fait leur chemin, mais il ne s’agit pas encore d’une insurrection libertarienne. Ce vote provient aussi de prolos qui pensent que Le Pen se soumettra moins à “la mondialisation”. Ce ne sont pas des gens qui disent : “libéralisez ou sinon…!”. Au total, il est difficile de dire que le vote Le Pen soit un message encourageant pour les dirigistes ou pour les libéraux. Beaucoup de gauchistes ont étés secoués par le 21 avril, mais qu’est-ce qu’il aurait fallu qu’ils concluent ? Que “l’ouverture à l’autre”, la “tolérance” ne sont pas des valeurs très gagnantes à l’heure actuelle ? D’accord. Que c’est la sanction pour n’avoir pas “libéré les énergies” en France ? Les gauchistes (de même que les autres dirigistes) ne sont certes pas parvenus à cette conclusion. Ils envisagent même que le vote Le Pen soit un avertissement destiné aux partisans de la mondialisation… C’est bête, hein ?

20. Le 25 septembre 2003,
zek1917

Les gauchistes auraient pu par exemple se renseigner sur la vie quotidienne des Français, chose qui leur est totalement étrangère. Alors ils auraient compris pourquoi leur candidat s’est fait jeter dès le premier tour.

Expliquer à des gens qui se font braquer ou caillasser plusieurs fois par mois, dont les voitures brûlent, qui sont contraints de retirer leurs enfants de l’école publique qu’ils payent avec leurs impôts parce qu’ils s’y font tabasser, qui se font jeter des commissariats où ils vont porter plainte par des flics payés avec leurs impôts parce qu’”on n’est pas en mesure d’assurer leur sécurité” que ce sont eux les sales petits blancs intolérants, que ce qu’ils vivent est une illusion produite par la propagande de droâte, et que pour que la merveilleuse intégration se fasse enfin il suffit de piquer un peu plus d’argent au contribuable pour financer plus de happenings culturels, plus de subventions au milieu associatif, et plus de voyages à Bénidorm pour les petites frappes de banlieues pour qu’elles aillent cramer les voitures des espagnols et non les notres (c’est beau l’Europe de Maastricht), voilà qui dénote un beau lunatisme couplé d’un parfait mépris pour la population qu’on est censé représenter.

Le premier tour de l’élection présidentielle a donc été une salutaire confrontation avec la réalité pour ces grands bourgeois gauchistes.

Quand au second, le comportement moutonniers des reblles en peau de lapin qui ont fait chuter Jospin au premier tour en votant pour des partis totalitaires branchouzes et qui s’alignent en file indienne derrière supermenteur, me laisse songeur. Incohérence, bêtise et irresponsabilité, voilà les trois qualités majeures du fan de laguiller-besancenot-mamère. Parce que si on veut vraiment faire la “révolution communiste”, quelle occasion rêvée que de créer une crise majeure en faisant en sorte que le score de Le Pen soit le plus élevé au second tour; et si on ne veut pas faire la “révolution communiste”, pourquoi voter pour un de ces nazis au premier tour, alors que le risque que jospin se fasse lourder était clair d’après les sondages? Parce que le look tortionnaire du goulag fait fureur dans les milieux tendance?

21. Le 25 septembre 2003,
Adolphos

“Pour autant le rejet croissant du libéralisme par l’humanité est un fait qui s’impose à ceux qui se prétendent en phase avec le réel. “

Le rejet du libéralisme serrai le rejet de la liberté. Ca n’a tout simplement pas de sens. Par contre on peut certes suivre le model 1929 de contraction des échanges. Mais ca n’a pas l’air d’être la priorité des pays en développement, au contraire !

En réalité, la liberté des échanges remets en causes les priviléges de certains, qui profitaient d’une clientéle captive, mais elle est bénéfique pour la France.

Laissont les se plaindre. Déja la SNCF avait fait gréve contre l’abandon des locomotives à vapeurs et charbon…..

Sinon, d’aprés l’Expenssion, 68% des français juge l’effet des 35h globalement négative, et 52% pense que les 35h vont peu à peu disparaitre.

La productivité par tête des francais est aujourd’hui inférieur de 12 points à celle des américains !

Or la seul richesse, c’est la hausse de la productivité.

22. Le 25 septembre 2003,
Adolphos

“Pourquoi ai-je l’impression que vous vous sentez quand même un peu trop concerné par tout ça ?”

J’adore voir mon pays devenir un pays de troisiéme catégorie.

23. Le 26 septembre 2003,
Dirigiste-etatiste

“Le rejet du libéralisme serai le rejet de la liberté. Ca n’a tout simplement pas de sens.”

Vous savez bien que l’idée de liberté n’est pas en ce moment ce qui préoccupe exclusivement les Français, pour le moins. Voyez les hommes politiques qui se sont risqués à agiter ce thème dans leurs programmes (Madelin, Balladur à moment donné).

Bien sûr, tout le monde veut être libre, mais votre idée n’est peut-être pas éloignée de celle de Rothbard pour qui la liberté consiste surtout en devoir de respect absolu de la propriété d’autrui (morale déontologique). Or le besoin impérieux de liberté s’exprime surtout pour soi-même. Disons que, si par mes propres torts (admettons…), je me suis mis en position d’échec, en quoi cela m’aide-t’il de me dire “je n’ai que ce que je mérite”. D’un point de vue moral, je devrai en tirer cette conclusion. Mais d’un point de vue amoral, si je suis un gros nul sans scrupules, il m’est plus avantageux d’arbitrer pour le viol de la liberté d’autrui (vote pour un parti antiliberté, délinquance éventuellement) que d’accepter la compétition loyale avec des gens plus performants. En tant que Européen imbibé de relativisme moral, je pense que lorsque les gens sont en état d’échec (pour raisons héréditaires ou pour mauvaise utilisation de leur libre arbitre, au choix), ils se comportent plutôt comme dans un état de nature hobbésien (amoral : l’homme est un loup pour l’homme) que lockéen (moral : les gens se font éventuellement justice eux-même face aux vauriens minoritaires). L’état de nature hobbésien conduit bien sûr au Léviathan, au maquereau étatique.

Ainsi le libertarianisme rothbardien (dont beaucoup se réclament) s’interdit de prendre en compte ce que je pense être la nature humaine. Peut être les Américains se comportent-ils différemment des Français, mais c’est parce qu’ils sont (encore) extrêmement religieux (leur éthique religieuse majoritaire favorisant “un certain libéralisme”). Leur idée du Bien et du Mal basée sur la transcendance divine resisterait-elle à une sécularisation à l’européenne ? Pourraient-ils remplacer l’impératif moral dicté par une pensée magique (la religion) par une injonction simplement philosophique et séculaire (rothbardienne) à respecter l’indépendance d’autrui ? La pensée liberale, qui prétend se baser sur la raison, n’est-elle pas obligée, pour se traduire dans les faits, de s’appuyer sur des sujets disciplinés par une morale sérieuse que seule une imprégniation religieuse garantit ? Vieille question : si Dieu n’existe pas, tout est-il permis ?

Vous me renverrez peut-être à un libertarianisme plus friedmanien ou hayekien qui, ai-je cru comprendre, fait plus de part à la notion d’intérêt personnel. je vous dirai qu’il ne me semble pas être de mon intérêt de vivre dans un pays où l’on assume jusqu’au bout ses responsabilités (mon intérêt fut-il peu éclairé mais ça me regarde). Quand à savoir si la ligne de plus grande pente empruntée par le réel conduit une majorité de gens à plébisciter toujours davantage la “Liberté” ou plutôt s’accommoder de petites libertés étatiques bidons (de peur d’affronter d’énormes responsabilités), il s’agit déjà d’une démarche «d’ingénieur social» . Est-ce que ceci ou cela “marche” ? Poser la question, c’est déjà adopter un raisonnement conséquentialiste et s’affranchir de la morale déontologique rothbardienne. Car l’on se réserverait la possibilité de dire “Ah ben non, ça ne marche pas finalement”. De toute façon, en tant qu’égoïste je me dis “Qu’est-ce qui marcherait pour moi ?”.

Certains libéraux veulent ainsi me rouler avec des arguments « de bon sens » friedmaniens, c’est-à-dire qu’ils essayent de m’amadouer en me parlant de mon propre intérêt. Or , à mon avis, ils sont dans leur fort intérieur plutôt des rothbardiens qui essayent de faire progresser le respect du principe moral de la liberté et qui s’étranglent d’indignation à l’idée qu’on puisse leur prendre leur biens, mais ça, ce n’est pas mon problème.

Je suis d’accord avec les libéraux/libertariens pour envisager que l’intérêt général (utilitarisme de Bentham : maximisation du bonheur global) soit une fiction. Aujourd’hui, le libéralisme ne se heurte pas tant à l’irrationalité du collectivisme, qu’à une coalition d’égoïsmes : l’individualisme moral (Locke et Rothbard) est davantage menacé par l’égoïsme amoral (Hobbes) que par le collectivisme irrationnel (Marx). Ne vous laissez pas tromper par les gens qui, pour se galvaniser, parlent de “justice sociale”, etc. Cela n’empêche pas que pour m’entendre avec d’autres personnes qui recherchent aussi leur intérêt personnel, je puisse recourir à une vue de l’esprit : “l’intérêt général”. Mais bien sûr, cela “n’existe” pas plus qu’une “personne morale” : c’est seulement une convention. Seul le sujet individuel “existe” vraiment.

Pour simplifier, une majorité de parasites, incapables de s’assumer, s’entendent pour maintenir un Etat afin d’exploiter une minorité de gens productifs épris de Liberté. Lorsque les productifs sont en mesure de faire jouer la concurrence entre les Etats, ils migrent vers le moins “oppressif” (USA). C’est ce qui a tué l’URSS et emmerde pas mal la France. Un étatiste conséquent devrait donc chercher à supprimer la concurrence inter-étatique et à établir un Etat mondial. Ainsi, les Français font-ils tout pour engluer les Etats-Unis dans une sorte de gouvernance mondiale proto-étatique (taxe Tobin, TPI, protocoles divers…). Pour se donner un peu plus de force, on a réussi à embringuer d’autres pays européens dans un machin, l’Union Européenne qui nous permet de rendre plus difficile à appliquer les éventuelles sanctions américaines contre notre attitude. Bien sûr, en retour, la France doit avaler des couleuvres à cause du poids dans l’Union des pays moins dirigistes (respect des critères de Maastricht, éventuelle “adaptation” des 35 heures : tout cela ne suffit guère pour parler de grand soir libéral). Est-ce que ça suffira pour “marginaliser” les USA. On n’en est pas là, il est vrai. Pourtant une majorité de Français craignent de ne pas “pouvoir suivre” dans le cadre d’une vraie concurrence libérale et se disent qu’au pire, affronter les USA (loyalement ou non) ne comportera pas tellement plus d’inconvénient que d’accepter sereinement leur “rayonnement”.

Quant aux pays en développement qui espèrent l’ouverture de nos marchés, ils sont comme nous, ils essayent de gérer au mieux leurs intérêts. Eux, ils sont si fauchés qu’ils sont compétitifs. Leur mercantilisme coïncide parfois avec une approche libérale, parfois non. le gouvernement français, pour sa part, tient compte des exigences de ses électeurs, pas seulement des intérêts du tiers-monde…

Enfin : “J’adore voir mon pays devenir un pays de troisième catégorie.”

Il s’agit d’ironie, n’est-ce pas ? Votre libéralisme se teinte d’un peu de sens de “l’intérêt national”. J’aime assez : ça me fait penser à Nicolas Baverez. On peut avoir “une certaine idée de la France” et penser qu’elle ne prend pas le chemin qu’elle devrait. Mais il faut savoir comment vous articulez votre libéralisme qui est une philosophie de l’individu avec votre sentiment national. Peut-on charger le libéralisme d’une mission qu’il ne revendique pas ? Là ou vous conclurez à une “réussite de la France”, d’autre concluront à un échec, car “la douceur de vivre” aura été sacrifiée. Le concept de “la France” varie selon chaque individu, et je soupçonne que beaucoup amalgament leur idée de la France avec leur intérêt personnel (“ma France”) ou d’autres notions qui leur tiennent à cœur (la liberté, l’égalité, le progrès, le catholicisme, le gallicanisme, la monarchie, la république, la laïcité…).

Pour Zek1917 :

Les gauchistes voulaient faire pression sur Jospin en votant pour des candidats plus à gauche mais en espérant que d’autres se chargeraient du “vote utile”. Ce ne fut pas le cas. Laisser Le Pen avoir plus de voix pour créer une crise propice à une “révolution communiste” ? Non car on leur a appris qu’il ne fallait pas “renvoyer dos à dos” le fascisme et “la droite républicaine” qui est seulement “tentée” par le fascisme. Et comme Chirac s’est révélé être une sorte de socialiste refoulé, ils l’ont eu un peu moins dans l’os que prévu…

Mais enfin, vous, à quoi ça vous aurait avancé que Le Pen fasse plus de voix ? S’il était passé (imaginons), il aurait pas mal bastonné les arabes à l’intérieur de France, mais il n’a pas donné signe de vouloir faire une politique extérieur plus “proaméricaine”. Est-ce que son arrivée aurait favorisé “la liberté” ou “le totalitarisme” ? Quel intérêt de sauter dans la mare “nazie” pour éviter la pluie “communiste”, même s’il s’agit dans tous les cas d’eau “totalitaire” ?

24. Le 26 septembre 2003,
Anne Onyme

A rien et c’est pour ça que je n’ai pas voté pour lui; mais je me suis payé le luxe de mettre un bulletin blanc dans l’enveloppe. Maintenant, on a rarement eu un gouvernement ayant trahi son électorat à ce point.

25. Le 26 septembre 2003,
melodius

Dirigiste-étatiste, je ne suis pas certain que ce blog soit l’endroit le plus indiqué pour commencer une discussion de fond sur le libertarianisme.

Ceci étant, j’adorerais poursuivre.

J’ai deux suggestions à te faire: soit te rendre sur le forum de liberaux.org et y poster ce que tu viens d’écrire, soit m’autoriser à publier ton texte (ou une refonte de celui-ci) sur mon blog afin que je puisse y répondre.

A te lire !

26. Le 27 septembre 2003,
Dirigiste-etatiste

Je t’en prie Melodius : tu peux publier mon texte (ou une adaptation qui en respecte l’esprit) sur ton blog. Et du coup, j’irai le visiter…

Quant à mener une discussion de fond sur le libertarianisme, effectivement, c’est difficile à faire entre la poire et le fromage. L’argumentation que je n’ai pas pu m’empêcher de pondre en bloc ici, je l’ai longtemps ruminée à la suite de conversations sur “pageliberale.org” (avec le pseudo un peu trop provocateur de “dirigisme vaincra”). Le ton des uns et des autres n’était guère caractérisé par la sérénité, alors je me suis laissé gagner moi aussi par l’ambiance excessivement polémique ; ce que j’ai regretté après coup. Je m’étais un peu persuadé de ne plus me lancer dans de grandes dissertations et puis finalement…

A l’époque, je n’étais pas suffisamment au fait de la différence entre les courants rothbardien et friedmanien et je pensais qu’avoir parcouru “Vers une société sans Etat” de D. Friedman m’aurait suffi pour saisir l’esprit du libertarianisme. Mes discussions sur la page libérale se sont donc terminées en eau de boudin… Depuis, à défaut d’avoir lu Rothbard, j’ai regardé mon Que sais-je de Pierre Lemieux sur l’anarcho-capitalisme et j’ai cru comprendre une différence essentielle entre rothbard et Friedman : pour le premier, les règles de droit existent dans l’absolu tandis que pour le second, elles devraient résulter d’un processus de sélection par le marché. Ce n’est pas une mince différence ! Il m’est alors apparu qu’on pouvait essayer de mettre en doute la cohérence d’un libertariannisme « mixte ».

Par exemple : sur ce même forum “pageliberale.org”, on a pu lire une interview d’Henri Lepage qui parlait de son livre et de sa stratégie pour faire avancer les idées libérales. L’intervieweur semblait esquisser ce reproche : “mais avec votre pragmatisme, vous essayez d’expliquer que le libéralisme fonctionne. Ce qui importe avant tout, c’est de respecter inconditionnellement la liberté d’autrui”. Et Henri Lepage de répondre : “oui mais le public que je vise est peu perméable à une approche morale. Il faut bien s’adapter”.

C’est donc bien cet aspect “bicéphale” du libertarianisme (déontologique/pragmatique) qui me parait receler une certaine fragilité : on dit “la morale c’est comme ça, un point c’est tout : respect absolu de la propriété d’autrui.” et ensuite “pourvu que les infirmes moraux finissent par trouver quelqu’intérêt à respecter la liberté des autres !”.

Je ne vais pas développer davantage ici, mais tu as compris que mon scepticisme vis-à-vis du libertarianisme tourne autour de ce genre d’interrogations. Si tu es déjà parvenu à ce type de raisonnement et que tu penses pouvoir lui opposer des contre-arguments, je serai très intéressé de les découvrir sur ton blog.

A te lire sur “melodius.blogspot.com”…

27. Le 29 septembre 2003,
melodius

Peux-tu m’envoyer un mail pour régler tout cela en privé ?

D’avance merci !

Blah ? Touitter !

Un espoir pour l’Irak

C’est officiel, la France participera à l’effort international de reconstruction de l’Irak. Cependant, dans un entretien privé, Jacques Chirac a posé une condition à son homologue George W. Bush : “La France ne mettra pas le pied en Irak tant que les frites servies au Congrès n’auront pas retrouvé leur appellation de French Fries”.

Des observateurs de l’ONU ont été postés à la cafétéria afin de noter tout changement au menu, et de prévenir dans les plus brefs délais les instances internationales du retour des Français à la table des négociations. Le chef cuisinier du Congrès, interrogé par FoxNews, a déclaré qu’il était prêt à servir les frites avec une sauce au camembert si un tel geste pouvait contribuer à l’apaisement de la diplomatie mondiale.

Sheila Jackson Lee (Rép.) a indiqué qu’elle avait déjà supprimé les frites de son régime alimentaire en raison d’une surcharge pondérale, elle ne fera pas donc face au dilemme de manger ou pas des French Fries. Toutefois, dans un moment d’apaisement, elle a concédé qu’il serait symbolique que les menus reprennent leurs noms traditionnels américains, c’est à dire avec des French Toasts et des French Fries.

Plus de développements sur CNN et commentaires chez Damelon.

Merci Yolande

Une charmante Yolande, fonctionnaire dans une collectivité territoriale, vient de remettre à jour un vieux billet de mai dernier (que j’avais oublié) en y postant un commentaire.

C’est étrange, je ne sais pas si j’oserai encore publier des billets aussi acides…