Journal de bord

lundi 15 mars 2004

Ticket choc

Ca y est, la RATP fait tout pour que ses usagers voyagent la peur au ventre. Stations, couloirs et rames subitement envahis d’affichettes “attentifs, ensemble”, annonces vocales toutes les deux minutes priant sur un ton glacial de dénoncer tout colis suspect… Impossible de voyager sans penser attentat, sans oublier un seul instant que vous pouvez sauter, la RATP s’en assure. Le terrorisme a encore une fois gagné.

Nous sommes également reconnaissants à la RATP d’avoir installé des antennes relais de téléphone portable, dans un premier temps pour casser les oreilles et briser la sérénité des voyageurs, dans un second temps, pour faciliter les attentats télécommandés sur son réseau.

Entre les agressions publicitaires, les téléphones portables et le conditionnement parano, la RATP s’assure que votre voyage soit vraiment éprouvant. Je crois que je vais me remettre à la marche à pied.

1. Le 15 mars 2004,
François

Je me suis mis au vélo !

2. Le 15 mars 2004,
garoo

Le terrorisme aura gagné quand la France aura son Guantanamo.

Je pense que les parisiens sont tout à fait capable d’ignorer les messages de vigilance aussi bien que les SDF.

3. Le 16 mars 2004,
plam

Les secours arriveront plus vite grâce au téléphones portables des rescapés, voilà tout…

Blah ? Touitter !

De l’autre côté du mur

“Il est intelligent, mon homme, confie sa compagne avec malice. Il a compris qu’en Israël mieux valait être juif, car l’Etat hébreu est une démocratie… pour les juifs.” (…) “Nous n’avons rien retenu de l’humanité du judaïsme.” (…) “L’occupation israélienne provoque une régression. L’islam y est de plus en plus présent. Quand je suis arrivée ici, on ne voyait pas une seule femme entièrement voilée à Abou Dis. Maintenant, il y en a, même dans ma famille. Ce n’est pas étonnant : comme la plupart des hommes sont au chômage, ils passent leur journée à la mosquée.” Le témoignage d’une Israélienne parmi les Palestiniens, à lire dans Le Monde.

Racaille

Insultant pour le peuple espagnol et pour la démocratie, la racaille libéralo-libertarienne s’en donne en coeur joie : “si le PSOE a gagné, c’est donc Al Qaeda qui a gagné”. Encore une analyse simpliste pour cervelles de moutons conditionnés par leur idéologie, dictée par une haine maccartiste et aveugle de tout ce qui pourrait être de gauche.

Le peuple espagnol a vidé un menteur qui méprisait la démocratie. Voilà tout.

(J’ai même pu lire sous la plume d’un de ces enfoirés de libertariens : “messieurs les gauchistes espagnols, vous ne méritez que les prisons humides et les garrots que vous infligeait Franco”. Quelle honte.)

1. Le 15 mars 2004,
Lithium

Dans une certaine mesure, c’est vrai. Si une action terroriste est capable de faire infléchir la décision d’un peuple pour les élections, c’est grave de se dire qu’ils ont le pouvoir entre les mains et le ravissent aux gouvernants.

2. Le 15 mars 2004,
garoo

“Le peuple espagnol a vidé un menteur qui méprisait la démocratie.”

Je n’ai pas du tout suivi, mais j’ai entendu d’une oreille qu’Aznar était donné gagnant, avant les attentats.

Quel contexte pour une victoire :/

3. Le 15 mars 2004,
Laurent

Les sondages comme ceux qui avaient prédit Le Pen au second tour des présidentielles ?

4. Le 15 mars 2004,
BabOOn

La démocratie a pleinement fonctionné, dans ces élections (du moins dans sa forme). Le peuple a fait payer à Aznar le choix qu’il lui avait imposé : Entrer en guerre aux côtés des “étatsuniens” et au grand dam de 90% des Espagnols, opposés à cette guerre (Hum, je me délecte de mon zeugma ;-) )

Ceci est évidemment dans l’hypothèse - qui semble de plus en plus avérée - que les attentats ont été perpétrés par les islamistes.

Si, écoutant la voix du peuple, le gouvernement s’était tenu à l’écart de l’invasion irakienne (oui, je sais, mes propos sont truffés de partis-pris, je les assume !), peut-être que ne nous serions pas arrivé aujourd’hui à pareille extrémité ?

Enfin, la sanction tient aussi au fait que le gouvernement a menti aux Espagnols, en voulant faire endosser aux séparatistes, la tragédie du 11 mars… Ca n’a pas pardonné.

5. Le 15 mars 2004,
Morgan

Trackback manuel ;-) :

Laurent fait part de son indignation de voir certains déclarer que le résultat des élections législatives en Espagne est une victoire pour Al-Qaeda. Je partage ce point de vue. Même si une partie des électeurs espagnols semble s’être plus basée sur ce qu’elle a vu/vécu les trois jours précédant les élections que sur le bilan général d’Aznar, elle a fait son choix en sa basant sur le comportement du Partie Populaire vis-à-vis de la crise […]

6. Le 15 mars 2004,
adam pollo

Sans tomber dans l’excès forcément stupide des libertariens on peut quand même dire qu’on a donné aux barbus cinglés d’Al Qaida un peu ce qu’ils voulaient, non? Je veux dire la chute d’Aznar et l’annonce du retrait des troupes espagnoles d’Irak, donc l’influence par un moyen de terreur sur un processus démocratique. Qu’Aznar et son gouvernement aient mentit c’est un point établi, qu’ils aient eu tort de s’allier à Bush c’est discutable, mais maintenant ça veut dire aussi qu’on ne peut plus faire quoique ce soit si ça risque de mécontenter les fanatiques. C’est pas un peu une victoire des terroristes ça? En outre l’opinion publique ça compte mais la démocratie d’opinion c’est aussi la loi de la plus grande gueule ou du plus manipulateur.

7. Le 15 mars 2004,
Laurent

N’est-ce pas un peu naïf que de croire que les groupes terroristes islamistes se réjouissent de la victoire du PSOE et du retrait prochain de 1200 soldat espagnols de l’Irak ? (à mon avis, ils s’en foutent royalement) de penser que l’attentat a été fomenté à dessein ? que les terroristes auraient prévu une seule seconde l’immense bévue médiatique du PP et sa politique de manipulation des médias au profit d’une thèse ETA ? Les terroristes ne sont pas cons, mais il y a une limite à la prescience.

8. Le 15 mars 2004,
albinoal

Je pense aussi que les terroristes se foutent bien de la victoire du PSOE, et que la seule chose qui les interessait c’était de faire le plus grand nombre de morts possible. N’empêche, je me sens assez mal face à “l’influence par un moyen de terreur d’un processus démocratique”. Si la politique extérieure d’un pays doit changer (quelle qu’elle soit), ca ne devrait pas être à cause d’une bombe. Et la, c’est manifestement le cas.

9. Le 15 mars 2004,
adam pollo

OK, mettons qu’ils s’en foutent, j’en suis pas sûr parce que faire péter 13 bombes l’avant veille des élections, bon… Mais mettons! Ce qui est ennuyeux c’est quand même qu’au résultat ça donne l’impression d’avoir cédé à une pression terroriste, et puis… ça peut même leur donner des idées, si ils ne l’avaient pas eu!

10. Le 16 mars 2004,
tehu

Quelques liens dans la presse européenne, qui voyait le PPE repartir pour un nouveau bail.

L’Espagne prête à rempiler à droite - 27/02 http://www.liberation.fr/page.php?Article=181888&AG

Spain’s ruling party slips in polls - 5/03 http://www.guardian.co.uk/international/story/0,3604,1162531,00.html

le Guardian notait que le PPE commençait à perdre des points dans les sondages, mais que ce dernier accusait le PSOE de chercher à pactiser avec l’ETA. (Tentative d’attentat déjouée)

Le Parti populaire, la machine à succès de José Maria Aznar - 13/03 http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-356604,0.html (la veille du scrutin : quelle préscience)

Faut être naïf pour prétendre que Al Qaeda avait tout prévu ? Bin non, mais la date ce sont bien eux qui l’ont choisie pour prendre le gouvernement espagnol de court. Mode opératoire : suraccident (et encore des bombes n’ont pas explosé). Revendications, cassette video prête à diffuser. Pour les Twin Towers, il s’était bien passé une semaine avant que Bin Laden n’apparaisse sur Al Jazeera.

Et pour l’ETA, je ne les considère pas 100% blancs dans cette catastrophe. Ils peuvent très bien être des complices passifs.

11. Le 16 mars 2004,
garoo

Je ne pensais pas plus que ça que la date était choisie, jusqu’à ce que je cherche les motivations. Après les attentats, il y avait deux possibilités : Soit les espagnols votaient à gauche et le nouveau gouvernement se retirait probablement de l’Irak, ce qui représentait une victoire dont Ben Laden va pouvoir se vanter. Soit ils votaient massivement à droite (non, parce que, quand même, ça doit être la première fois qu’on voit l’opinion publique virer à gauche à cause de problèmes de sécurité, ce n’était pas forcément si prévisible), l’Espagne, et potentiellement ses voisins, durcissait ses positions vis-à-vis de l’Irak et entrait en guerre contre Al Qaeda, accroissant encore les tensions entre les occidentaux et le monde arabe. Dans les deux cas, ça profitait à Al Qaeda. C’est un trop beau coup pour que ce soit un hasard.

12. Le 16 mars 2004,
Lithium

Bouh, quelle passion !! Bien évidemment, dire à volée que les terroristes ont gagné les élections, ça ressemble à un discours phalangiste… Mais soyons lucide, renverser la vapeur dans un pays en trois jours, il n’y avait qu’eux pour le faire….

Blah ? Touitter !

Mépris

M. Aznar avait répondu au Monde : “Je ne suis pas de ceux qui se laissent ballotter par les marées de l’opinion, ceux-là sont des girouettes.” Un vrai leader, selon lui, devait adopter des décisions “contre l’opinion publique si il était personnellement convaincu que c’était pour le bien du pays.”
[Le Monde]

Le peuple espagnol a signifié clairement que son opinion comptait.

“La raison de ce bouleversement réside certes dans l’inévitable impression de manipulation et de tromperie que le gouvernement a créé en attribuant la responsabilité des attentats à ETA dans un but électoraliste. Mais peut-être n’est-ce pas encore là la pire erreur de José María Aznar… Ce que les Espagnols ont peut-être sanctionné est le mouvement de fond qui a présidé à ses deux mandats, un mouvement qui correspond à une Espagne traditionnelle dont l’Histoire nous montre quels malheurs elle a pu nous apporter, un mouvement qu’Aznar a incarné dans son intransigeance, sa vision unilatérale des choses, son amour de la pensée unique, sa facilité pour l’insulte, le rejet et l’arrogance.”
[Juan Luis Cebrián, El Païs, via Courrier International.]

Victoire du PSOE = mobilisation inattendue des jeunes ? (deux millions de nouveaux électeurs potentiels pour cette élection).

En su editorial, titulado, ’Vuelco electoral’, El País señala como uno de los factores claves de la victoria del PSOE, “celebradas en un clima de enorme tristeza ciudadana tras los atentados del 11-M”, ha sido la alta participación electoral. Muchos jóvenes abstencionistas han ido a las urnas y han devuelto al PSOE muchos votantes que le habían abandonado”. El diario asegura que “el sistema político y la democracia salen reforzados con estas elecciones”, sobre cuya “legimitidad no puede dudarse”. [Réf.]

La victoria socialista llegó por la movilización de su electorado. El PSOE logró tres millones de votos más que en 2000, mientras el PP sólo se dejó 700.000 votoscon respecto a hace cuatro años. (…) El aumento de la participación es una de las claves que también puede explicar el triunfo socialista: 8,5 puntos superior (77,2%) a la que se registró en las generales de 2000. Además, el voto en blanco batió récords: más de 400.000. [El Mundo.]

Ménage

Le comité d’entreprise de l’agence de presse espagnole EFE demande le licenciement immédiat du directeur de l’information Miguel Platón en raison du régime de censure et de manipulation imposé aux journalistes pour favoriser les intérêts du Parti Populaire. Selon les contestataires, EFE connaissait le matin même des attentats l’existence d’un téléphone portable configuré en arabe, de la fourgonnette abandonnée à Alcalá de Henares et savait que l’un des terroristes figurait sans doute parmi les victimes. “La présence de Miguel Platón est une insulte aux mille employés de l’agence de presse et à ses dizaines de milliers de clients”. [Source : El Mundo/AFP, El Comité de Empresa de EFE denuncia ocultación de datos sobre los atentados del 11-M]

On s’attend à un prochain grand ménage dans de grandes institutions médiatiques espagnoles, et notamment chez TVE (télévision publique) qui a brillé depuis des années pour son information biaisée au service du gouvernement.

PS. IndyMedia Madrid : Historia de una manipulación.
AFP : Indignación sobre el trato de TVE a la jornada de reflexión.
Periodistas extranjeros en Madrid denuncian presiones del Gobierno de Aznar para culpar a ETA.

PS. bis. Chryde : Correctifs espagnols.
Libération : Les manipulations du pouvoir.

Je suis un peu dérangé par vos commentaires, qui pensent tous que les terroristes cherchaient à influer les élections. Je pense que les terroristes se foutent de celles-ci et du résultat que leurs actions peuvent avoir dessus. Je ne pense même pas qu’ils aient cherché à obtenir, avec cet attentat, le retrait des troupes espagnoles en Irak. L’Espagne était en Irak, elle est punie, voilà. La victoire de la gauche, tout comme le retrait d’Irak qui a été décidé peu après, n’est pas une conséquence “calculée” des attentats. Les terroristes n’en ont rien à foutre : ils sont dans la symbolique pure de l’acte, ils veulent que leur attentat fasse la une, qu’il soit vu car ils n’existent que par cela…
[Commentaire de Chryde, auquel je souscris entièrement.]

1. Le 16 mars 2004,
Barijaona

Les terroristes n’ont sans doute pas pensé aux élections espagnoles, mais il reste qu’ils ne doivent pas être mécontents que l’Espagne retire ses troupes d’Irak…

2. Le 16 mars 2004,
lolo

à lire, l’excellente chronique de l’excellent Pierre Marcelle, aujourd’hui dans Libé : http://www.liberation.fr/page.php?Article=186329

Blah ? Touitter !

Asimo

Asimo le robot : video 1 - video 2 (quicktime). (Site US).

1. Le 16 mars 2004,
Philippe

billet cité sur nomaBlog.

2. Le 16 mars 2004,
AlSquire

Rhooo, j’ai bien mieux: http://www.irobotnow.com/ Ils ont disons… hmm, 80 ans d’avance sur Honda.

Blah ? Touitter !