Journal de bord

jeudi 10 mars 2005

Bloguer pour ne rien dire

Il n’a pas tout à fait tort, M. François Cardinal, dans son éditorial publié dans La Presse. Le seul reproche que l’on puisse lui faire, c’est de donner une vision bien limitée et orientée du phénomène à un public néophyte.

Come on! C’est vrai que les blogues sont “l’équivalent de la machine à café, c’est-à-dire l’endroit où; les gens discutent de manière informelle de tout et de rien”.

Il y a toutefois une différence importante, c’est la question d’ampleur et de richesse. à la machine à café (ou lors de la pause cigarette) de mon entreprise, je n’ai pas le choix de mes interlocuteurs et ils ne sont pas nombreux. Et les conversations sont toujours les mêmes : élevage des lardons, émissions à la télé, pratiques sexuelles, petites misères de la vie quotidienne, etc. La blogosphère m’offre un choix plus large et une autre qualité de conversations. Ce n’est pas à la machine à café que je discuterais de la valeur sémantique de l’italique, de l’identité juive ou de la “fracture numérique”. La blogosphère, c’est une machine à café mondiale.

Quant à la question mille fois rebattue du blogueur versus le journaliste, je suis fatigué de l’entendre. C’est un faux débat. Et qui plus est, un débat essentiellement étasunien où; le blogue est devenu un instrument de lobbying et de propagande politique. Pour preuve, dans tous les articles francophones qui traitent du sujet, on nous ressort les mêmes (et peu nombreux) exemples exclusivement étasuniens, jusqu’à l’usure. Il y a les journalistes (qui vivent de leur travail et ont un code de déontologie), il y a les blogueurs (qui n’ont aucune nécessité ni obligation), et, marginalement, il y a les journalistes-blogueurs (qui tentent de concilier les deux). Et tout cela continuera à coexister longtemps.

Les blogues, c’est comme les pages “libre opinion” d’un quotidien. C’est juste plus souple, plus rapide, sans choix de la rédaction, sans coupes d’un secrétaire, et ouvert à des conversations instantanées en direct avec les lecteurs. Cela ne remet nullement en cause les journalistes, enfin, pas plus que le courrier des lecteurs d’un magazine qui pointe les erreurs factuelles ou des manques dans un article. Et ce sera toujours le journaliste, et les moyens logistiques et financiers de son média, qui permettra l’envoi sur le terrain. Le blogueur ne fait que commenter l’information livrée par les médias, éventuellement pour la recouper entre médias, rarement pour témoigner d’événements dont il pourrait être l’acteur ou le spectateur (et dans ce cas anecdotique, journalisme ou témoignage ?). Imaginez un blogueur traitant de l’actualité sans fil d’agence, sans AFP, sans Reuters, sans quotidien, sans télévision. Le roi est nu.

Ce que dit M. François Cardinal est assez juste, mais incroyablement limité (ne serait-ce que par la taille de son papier) et superficiel. Il n’y a pas de quoi lui jeter une pierre.

Quant à “bloguer pour ne rien dire”, oui, je revendique ça aussi si cela me chante. Bloguer, c’est un loisir social et intellectuel. Rien de plus. Quoiqu’en disent les pro de la branlette cérébrale et les marchands du temple qui nous jouent une resucée de la “nouvelle économie”.

1. Le 10 mars 2005,
Michel D.

Si je puis me permettre…

Pour bien comprendre le contexte, les lecteurs d’Embruns devraient aussi lire l’introduction à cet éditorial de François Cardinal (À propos de l’éditorial… ) ainsi que sa réplique (Réplique de François Cardinal).

2. Le 10 mars 2005,
Laurent

Je vous en prie, cher Michel, permettez vous… :-)

3. Le 10 mars 2005,
tao

“bloguer pour ne rien dire…”

le genre de phrases qui me rappelle les préchis-préchas productivistes, à croire que tout pratiquant d’une activité “improductive” serait coupable de qqch… ne pas être un agent économique ?

yuk !

4. Le 10 mars 2005,
Thomas

« Bloguer pour ne rien dire », cela peut aussi relever de la branlette cérébrale… Et pourquoi pas ? Après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien !

5. Le 10 mars 2005,
lithium

On fait quoi, alors ? On opte sagement pour le silence ? Dans ce cas, il faut arrêter de publier 90% de la presse papier, 98% des programmes télévisés. Il a raison, c’est mieux le silence, ça évite de se poser trop de questions… et puis de toute façon ma machine à café est en panne.

6. Le 10 mars 2005,
Wendy

Voilà un nouvel éditorialiste qui a bien compris comment faire référencer ses articles sur google. Tous les blogs en parlent. Entre nous soit dit, si les blogs étaient aussi nuls, pourquoi en faire un éditorial ? Vraisemblablement parce que les blogs enquiquinent sérieusement la presse.

Une suggestion, pourquoi ne pas faire une presse en RSS avec une possibilité de commentaires ? Ils seraient vite débordés. compte tenu de l´autocensure à laquelle les journalistes s´astreignent sur les grands problèmes de la société, de la vie publique, politique et économique.

7. Le 10 mars 2005,
Maxime R.

Pas tout a fait d’accord sur le fait que les bloggueurs ne peuvent se passer des grands médias, ou tout au moins des dépêches d’agence. J’ai un contre-exemple où les blogueurs ont été plus rapides que les journalistes, et plus précis : « L’affaire Guillermito ». Certes, le cas est un peu spécial, un blogueur étant en première ligne.

Mais prenons la manif de tout à l’heure. J’y étais (un peu par accident), et je vais publier une note à ce sujet demain matin. Je pourrais donc dans mon blog couvrir ce qu’il s’est passé à la manif (presque) aussi bien que les journalistes présents. Et donc, à mon tour, tenir le rôle de journaliste. Au final, beaucoup d’évenements peuvent être rapportés par des blogueurs devenant ainsi journalistes pour un temps. Mais je ne le ferais pas, puisque je saurais que cette information se trouve ailleurs. Tout au plus vais-je commenter les articles de journaux. Rien que sur la dépêche AFP que j’ai lu, j’aurai des choses à dire…

Donc effectivement, ces médias continuent de jouer un rôle, tous les blogueurs sont bien contents qu’ils existent. Je vois mal Gaymard interviewé par Loïc Le Meur annoncer sa démission sur le blog de ce dernier…

Blog et journaux, coexistance. Ce qui créé une richesse. Du moins pour le moment, il n’y a aucune raison de remettre en doute l’existance de journaux, dès lors qu’ils ne font que relater des faits. Néanmoins, on pourrait remettre en cause la “valeur ajoutée” qu’ils apportent, et obtenir des journaux qui ne feraient plus la moindre analyse des faits, laissant tout aux blogueurs. Mais d’ici là, de l’eau aura coulé sous les ponts. Et puis embruns ne se lit pas aisémment dans les transports.

Blah ? Touitter !

Mercredi cinéma

Hier, je suis allé avec mon lapin à l’Office National du Film canadien, à l’angle de Saint-Laurent et de Maisonneuve, voir un documentaire sensible et plein d’humanité : Le temps des Madelinots, réalisé par Richard Lavoie. L’occasion de découvrir le quotidien des habitants des Îles de la Madeleine (dans le Golfe du Saint-Laurent) et leurs problèmes qui sont ceux de l’insularité, les mêmes problèmes que l’on rencontre, mais avec plus d’acuité encore, dans de petites îles comme Ouessant, Hoëdic ou Houat, pour citer des lieux que je connais bien. Une société distincte, attachante… et quelques moments de grâce dans ce documentaire touchant.

Mais, le dépaysement était aussi dans la salle. Je veux parler du public québécois de cette petite salle de l’ONF, car la chaleur n’était pas que sur l’écran.

Je n’avais jamais vu un public aussi participatif, qui “vivait” le film, notamment ma voisine, qui fut littéralement agitée, tour à tour, par toute une gamme d’émotions, exprimées par des rires, des soupirs, de profondes respirations, des paroles d’assentiment, des petits commentaires à elle-même, des cris de surprise, etc. Et je n’avais jamais ressenti avec autant d’acuité le côté “rituel collectif”, communion, “vivre l’émotion” à l’unisson, d’une séance de cinéma. Oui, les gens “vivaient” le film, ensemble. Les Québécois sont bon public, ceci dit sans dérision aucune. On est bien plus coincé du cul chez nous et il nous manque cette part de naïve empathie, d’entièreté dans l’expression du sentiment, de sincérité. Ici, même le rire n’est pas comme chez nous. Au Québec, on sait mieux rire, on sait laisser son corps aller. Il y a moins de freins, moins de cynisme aussi, pas pincé pour deux sous. Enfin, c’est la sensation que j’ai eu en sortant de l’ONF.

Sinon, il y avait en première partie le court métrage d’animation Ryan, qui vient de gagner un Oscar®. Je l’avais déjà vu en ligne et ce second visionnement fut l’occasion d’affiner mon opinion : c’est laid et c’est ennuyant. Cela ne m’a pas touché une seconde, peut-être ai-je raté quelque chose.

à part de ça, faisait pas mal frette en sortant du cinéma…

1. Le 10 mars 2005,
temps

Bonjour, Je ne pense pas que nous puissions accorder aux français le même caractère. De fait selon les régions, il reste des traditions, mais plus encore nous voyons les choses à travers le verre des lunettes des gens que nous fréquentons. Tout nouveau, tout beau, est-ce un effet du dépaysement ? Cordialement

2. Le 10 mars 2005,
Laurent

Le Québec n’a rien de tout nouveau, tout beau, à mes yeux… pour le meilleur, et pour le pire.

3. Le 10 mars 2005,
C’est Raoul

C’est sur qu’il y a du vrai, le monde laisse plus aller ses émotions, il n’y pas autant l’importance de l’image, etc.

Mais la foule était biaisée! Il devait y avoir plein de Madelinots nostalgiques expatriés qui partent a brailler dès qu’ils voient un bébéphoque ou un bat de baseball…

Blah ? Touitter !

Marabouté

Ça fait peur : Embruns, version grand marabout. [Via Melismes.]

1. Le 10 mars 2005,
Wendy
2. Le 10 mars 2005,
Veuve Tarquine

Il faut d’ailleurs reconnaître un certain don d’interterprétation au grand Marabout… la catégorie « Tarquin et Tarquine » est substituée par « Situations bloquées ». On ne saurait mieux dire…

Blah ? Touitter !

Blogobisbilles

Il semblerait que la mayonnaise monte entre Cyril et Tristan

1. Le 11 mars 2005,
karl

J’ai choisi mon camps.

Blah ? Touitter !

Progrès

France Télékom é vt à la pw1t d la m0dernité : ls Paj j0nes save parlé l sabir 2 jeunes d’ajdi ! j rest s l’ ku.

1. Le 10 mars 2005,
thierry

Ouf, je n’ y comprends rien!:/ Faut croire que je ne suis plus jeune. :P

2. Le 11 mars 2005,
wildmary

vt ? sabir ? ajdi ? pfiou, moi aussi je me fais vieille…

Blah ? Touitter !

To spread democracy

The Associated Press reports that new surveys show a majority of people in Britain, France, Germany, Italy and Spain, Canada, Mexico and South Korea — as well as the U.S. — do not think the U.S. should try to spread democracy. [USA abroad.]

Apple versus ThinkSecret

Reporters Sans Frontières prend position : Apple v. ThinkSecret, confidentiality of sources must be respected.

The judge will therefore have to rule on a key point of press and Internet law, namely, whether a blogger or the editor of a personal website can enjoy the same protection as professional journalists, especially regarding the confidentiality of their sources.

1. Le 14 mars 2005,
K

Il n’y a aucune raison d’autoriser un simple blogueur à bénéficier de la protection de ses sources. Car il n’existe aucune charte déontologique du blogging.

Blah ? Touitter !