Journal de bord

mardi 3 juin 2008

De l’opinion publique

L’opinion publique? Chassez-la, cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche! C’est elle qui, au pied du Golgotha, tendait les clous aux bourreaux, c’est elle qui applaudissait aux massacres de septembre et, un siècle plus tard, crevait du bout de son ombrelle les yeux des communards blessés…

[Attribué à l’avocat Vincent de Moro Giafferi.]

Il semblerait aujourd’hui que notre Garde des Sceaux, Rachida Dati, agisse sous l’emprise d’une prostituée… Nul ne pensera que la justice y gagne.

1. Le 3 juin 2008,
JP

ben oui, lorsque quelque chose la touche, l’opinion publique est prompte à insulter et stigmatiser, au lieu d’analyser calmement.

Vincent de Moro Giafferi fonctionne-t-il si différemment de l’opinion publique?

2. Le 3 juin 2008,
koz

Non, c’est trop facile de tomber encore une fois sur Rachida Dati. Si on veut se payer du sarkozyste, payez-vous Devedjian, payez-vous Paillé, payez-vous Lefebvre. Sans oublier qu’à gauche, les réactions ont été aussi unilatérales. Mais Rachida Dati a eu la seule réaction sobre et juste. Aujourd’hui quoi ? Le Parquet fait appel ? So what ? Si on se pique de juridisme, on notera que cela ne préjuge pas de la décision rendue, surtout si l’on a affaire à des magistrats exaspérés par l’ingérence politique.

Politiquement, alors que 99% de l’échiquier politique s’est prononcée contre elle (à l’exception notable de Christine Boutin mais ne la mentionnons pas), qu’elle a été mollement défendue, que sous l’influence des medias et des politiques, l’opinion publique s’est effectivement scandalisée, pouvait-elle ne rien faire ?

Encore une fois, cette décision ne préjuge de rien. Elle n’interdit pas une confirmation en appel, ni en cassation.

3. Le 3 juin 2008,
Ploum, ploum

Je n’avais pourtant jamais pensé que la République était une de ces prudes jeunes filles. Renaud chantait même en son temps que son maquereau était le pharmacien.

4. Le 3 juin 2008,
Vancho’Nul

Les professionnels de la profession, par essence conservateurs, aiment à expliquer la profondeur de la complexité du Droit, sa “technicité” et par là même démontrer l’ignorence des “indignés” et du bon peuple.

Les professionnels de la profession oublient bien souvent qu’il ne sont que des marionnettes ayant appris leur textes par coeur dans des “écoles-moules” pensées et structurées pour être au service du bon peuple ignare et des “indignés”.

Ce n’est pas un hasard si on ne laisse pas ces clowns tristes habillés en noir (mais qu’ils sont rigolos dedans !) indépendants de toute tutelle. Le Ministère est là pour être les yeux et les oreilles de la Justice vers l’extérieur, légitimé, LUI, par les urnes (oui monsieur !) et qui sans lui serait une machine “pleine de vices”(©Trust) tournant sur elle même…

5. Le 3 juin 2008,
Rubin

Je ne serais pas trop dur avec Rachida Dati dans cette affaire. C’était l’une des rares personnalités politiques a avoir un avis lucide sur le jugement, et il me semble surtout qu’on l’a forcée à manger son chapeau.

6. Le 3 juin 2008,
Gus

L’avocat de l’intéressée laisse la presse dire que sa cliente aurait été victime de pressions internes au cercle familial. Sauf erreur de ma part, la justice peut difficilement ignorer l’existence d’une telle affirmation, surtout rendue publique, et probablement nouvelle, à moins d’imaginer que la Cour n’ait annulé le mariage en pleine connaissance de l’existence de ces pressions.

7. Le 3 juin 2008,
narvic

@ Koz

L’opinion “sous l’influence des medias”… Il faudrait parvenir à sortir de ce lieu commun qui n’est qu’une paresse de la pensé.

Les médias sont un épouvantail commode. Cette simplification abusive aboutit à faire des médias un grand manipulateur, totalement abstrait, désincarné, purement fantasmé. Et ça conduit à mal interpréter ce que l’on a sous les yeux.

La réalité c’est que les rapports entre les médias et l’opinion fonctionne généralement de manière inverse de ce que voudrait croire et faire croire les tenants cette théorie de “l’influence des médias”.

Les médias de masse sont à la remorque de leur audience et pas l’inverse. Les médias de masse n’ont pas d’objectif politique. Ils ne cherchent qu’à séduire leur audience, à lui tendre un miroir dans lequel elle se reconnaît. Ils sont en permanence à l’écoute de leur audience, pour tenter de deviner et devancer ses attentes.

Les médias s’écoutent aussi beaucoup les uns les autres, pour ne pas se faire distancer par un concurrent qui aurait saisi une tendance de l’air du temps avant les autres.

Bien sûr ce miroir est déformant, ce qui pose des problèmes. C’est un miroir grossissant et focalisant. C’est un miroir simplificateur, qui à toujours tendance à faire ressortir des formes et des couleurs constantes, quitte à faire entrer de force la réalité dans ce cadre a priori.

Quoiqu’il en soit, les médias ne cherchent pas à influencer, ils cherchent à plaire.

8. Le 3 juin 2008,
JP

Ah oui, on l’a bien vu lors du TCE, les médias ont servi à l’opinion uniquement ce qu’elle avait envie d’entendre. Aucune tentative d’influence.

Enfin, presque…

Autre exemple: la tentative de renversement du premier ministre lors de Clearstream 2, organisée par les usual suspects, libé, lemonde, lobs, lepoint, lexpress, à partir de conneries montées en épingle.

Ce n’est pas parceque bien des médias ne sont que des caisses de résonnances, qu’il n’y a jamais d’entreprises manipulatoires de la part de quelques uns. Au contraire, cela rend leur organisation plus facile.

Sinon, eolas semble en rade (son serveur, je veux dire)

9. Le 3 juin 2008,
Damien B

@narvic #7

Il faudrait parvenir à sortir de ce lieu commun qui n’est qu’une paresse de la pensé. […] La réalité c’est que les rapports entre les médias et l’opinion fonctionne généralement de manière inverse de ce que voudraient croire et faire croire les tenants cette théorie de “l’influence des médias”. […] Quoiqu’il en soit, les médias ne cherchent pas à influencer, ils cherchent à plaire.

Serge Dassault se voit ici reconnu dans sa facette narcissique. Ce qui me choque dans ce raisonnement (et dans ceux que vous avez exposés dans les posts précédents), c’est qu’à chaque fois, vous escamotez le cas particulier auquel on à affaire, et imposez un cas général comme seule vérité, sans montrer dans votre raisonnement en quoi ce cas particulier cadre avec le cas général.

En suivant votre conclusion, cela revient à dire que Laurent Joffrin dans son éditorial ne cherche pas à influencer mais à plaire : ça me laisse dubitatif.

Et dans le cas particulier de cette affaire, tout est parti de l’article de Libé (une pleine page), écrit par Charlotte Rotman. Charlotte Rotman ne cherche pas à convaincre, elle cherche à plaire c’est bien connu. Il n’y a qu’à voir les articles qu’elle signe : son but, c’est d’anticiper les désirs du lectorat, ça se sent, c’est évident, parce que c’est le cas général, donc c’est sûr et certain. Mais laissons cette journaliste de côté, ce n’est que la source, et elle n’a pas participé de manière visible à l’amplification de l’affaire.

Enchaînement dans les médias, au 13h de France 2, ils choisissent de donner la parole à Elisabeth Badinter (deuxième actionnaire de Publicis et présidente du comité de surveillance, encore une personne tout à fait neutre qui ne cherche pas à influencer). C’est le choix de la rédaction de donner une tribune à quelqu’un qui n’est pas neutre, et (sa position est connue avant l’interview) qui va d’emblée partir sur la piste du consentement sous contrainte (ie qui est réglé par une autre partie de l’article 180) :

On peut donner un accord quand on est libre de le donner ou de ne pas le donner. Mais dans le cas de cette jeune fille, nous pouvons très facilement comprendre, qu’elle ne pouvait pas dire à sa famille, et encore moins à son futur mari qu’elle n’était pas vierge. Et c’est la raison pour laquelle nous voyons aujourd’hui tant de jeunes filles musulmanes qui sont obligées de recourir à une chirurgie pour se faire refaire l’hymen. Parce que sinon c’est le drame pour elles, mais un drame épouvantable et le déshonneur de la famille. […] Elle a menti sur la marchandise, je suis en train de vous expliquer qu’elle n’avait pas la liberté de ne pas mentir, c’est ça que je suis en train de vous dire. Et que par conséquent ça veut dire à quel point les jeunes filles, et certaines jeunes filles qui sont d’origine musulmane, elles supportent des pressions insupportables. Elle n’avait pas la liberté de dire qu’elle avait une vie sexuelle, libre comme toutes les française. Et dès lors que vous n’avez pas la liberté de vous exprimer, est-ce que l’on peut vous accuser de mensonge ? Elle ne pouvait pas faire autrement. Est-ce que je dois vous rappeler que certaines filles qui ont eu des relations sexuelles hors du mariage dans ce genre de familles ont été l’objet de violences, ont même été pour certaines l’objet de crimes d’honneur, est-ce que je dois vous rappeler ça ? Alors si on peut penser qu’elle a menti sciemment, pour tromper son mari… non, elle a menti pour sa propre défense à elle.

Je découvre ce qu’a dit Elisabeth Badinter en retranscrivant le journal… Et ce qui me frappe c’est de voir que tous les arguments que j’ai vu ici reposent sur la même hagiographie de l’histoire de cette jeune femme. Quand on se réclame de la réflexion, c’est impressionant de voir toutes ces voix qui promulguent l’évangile selon Badinter. Son intervention télévisuelle continue, je continue la retranscription :

L’article [180] renvoie à d’autres situations que la virginité. Ce qui nous semble aberrant c’est qu’aujourd’hui on puisse invoquer la virginité, qui appartient à l’intimité et à la liberté d’une femme pour casser un mariage. Et au fond je vais vous dire monsieur, tant mieux pour elle si ce mariage a été cassé, parce que rentrer dans une famille pareille aurait-été pour elle une source de grand malheur.

Quelques remarques sur la fin de l’intervention. Un mariage, c’est la création d’une nouvelle entité, le couple, qui s’ajoute aux deux individus qui le forment. Cette nouvelle entité va avoir sa liberté et son intimité propre, qui va naître des intimités et des libertés de ses constituantes. Donc l’argument que l’intime ne doit pas être utilisé pour casser un mariage, qui est la forme institutionnalisé de mise en commun des intimes, me paraît un peu faible. Et qui est ce nous dans lequel elle nous englobe de force ?

Pour en revenir au début de ce commentaire, qui est pire qu’une digression talonienne, Koz disait :

Politiquement, alors que 99% de l’échiquier politique s’est prononcée contre elle […], qu’elle a été mollement défendue, que sous l’influence des medias et des politiques, l’opinion publique s’est effectivement scandalisée, pouvait-elle ne rien faire ?

Narvic répond :

La réalité c’est que les rapports entre les médias et l’opinion fonctionne généralement de manière inverse de ce que voudrait croire et faire croire les tenants cette théorie de “l’influence des médias”. Les médias de masse sont à la remorque de leur audience et pas l’inverse.

Je ne suis pas sûr qu’en l’espèce on puisse nier l’effet de la parole d’Elisabet Badinter mise en avant par les médias, qui se situe chronologiquement avant la scandalisation de l’opinion publique. Que d’une manière générale, les médias soient à la traine, soit. Qu’ils le soient systématiquement, ça me semble absurde.

Une dernière remarque, Laurent disait en #96 de “La menteuse déflorée” :

Enfin, pour terminer, cessez de considérer cette femme comme totalement privée de son libre arbitre, parce que vous ne faites que supputer au gré de préjugés racistes.

Tout était dans l’intervention d’Elisabeth Badinter.

10. Le 3 juin 2008,
e-cedric

M’est avis que l’on va tout droit vers la simple disparition de la mention de la virginité, ainsi l’opinion sera contente, les politiques auront donné l’impression qu’ils entendent, les éditorialistes seront confortés dans leur positionnement, l’honneur du pays des droits de l’homme sain et sauf, les gueulard(e)s satisfaits d’avoir conformément à la fonction qu’ils se sont assignés gueulé (voire éructé), et la justice n’aura qu’à bien se tenir la prochaine fois cette biatch, qui s’entête à vouloir écrire noir sur blanc les faits.
Que c’est beau un pays qui s’entête à maintenir intacte l’image (d’Epinal) qu’il a de lui-même, et tant pis pour la réalité.
Une France pure ma bonne dame, une France virginale.

Mais la réalité est têtue. La question vaguement posée reste celle du vivre ensemble, quand nous sommes plus de 60 millions, réunis par hasard dans le même Etat-Nation laïc.
Faut-il définir les totems et tabous acceptables pour tous et toutes, issus de familles différentes ? Et si oui qui doit le faire ? Et qui le fait quoi que l’on réponde de façon légitime ?
Je ne suis pas certain que ce débat aura lieu.

Que les institutions, républicaines ou auto-proclamées, profitent d’un tel fait divers pour du branding, quitte à surjouer et/ou singer ce qu’elles sont/étaient (Libé, pathétique), idéologie et business as usual.

Mais au-delà du fait que l’on va purger le jugement de la mention qui fâche, sans rien changer d’autre, il serait de bon ton que les politiques ne s’engouffrent pas dans la brèche en souhaitant légiférer et définir une norme. On peut me rétorquer qu’il ne s’agit que de la virginité, certes, mais le pied sera dans la porte, et symboliquement le coup de canif sera clair.
Tout ce qui serait à un moment donné jugé trop déviant par l’opinion pourrait être rappelé à l’ordre par la loi. En attendant les barbares …

11. Le 3 juin 2008,
narvic

@ Damien-B

  • L’attitude de Joffrin : clairement tentative de séduction, oui, certainement ! Après le divorce enregistré par le journal Libération avec son audience traditionnelle (perte d’un lecteur sur cinq en cinq ans sous les dernières années de July), un phénomène assez exceptionnel dans les médias, l’action de Joffrin est clairement aujourd’hui de tenter de reconquérir une légitimité vis à vis de ce lectorat perdu. Si ça ne justifie pas, ça explique bien des démagogies de ses prises de positions. Alors oui, Joffrin est tout à fait dans une stratégie de séduction et pas d’influence..

  • La reprise rapide de la position d’Elizabeth Badinter : la philosophe a montré qu’elle avait clairement senti avant les autres le caractère choquant de ce jugement pour une bonne partie de l’opinion publique, et ceux qui l’ont relayée ont joué ce pari que la mettre en avant leur permettait de prendre un coup d’avance sur les autres médias.

Les faits leur ont donné raison. Ils avaient bien vu venir le coup ! C’est comme ça que se passe.

  • C’est sûrement plus confortable intellectuellement d’imaginer que l’opinion publique serait aussi facile à manipuler. La réalité, c’est que l’opinion publique est très difficile à contrôler, et qu’il faut des moyens de propagande gigantesques pour espérer avoir un tout petit peu de résultat en la matière. Voir à ce sujet, l’ampleur des moyens mis en oeuvre par les publicitaires pour tenter d’influencer l’opinion : plusieurs fois le budget de l’ensemble des médias réunis, et avec des résultats incertains…

  • Quant à Dassault : il a bien tenté de mettre Le Figaro au service de son usage personnel (cf. des pressions pour faire publier des infos sur la ville dont il est élu). Il a rapidement réalisé, que c’est Beytou qui avait raison et qu’il était en train de tuer son propre investissement. Il laisse désormais le Figaro jouer son propre jeu: tenter d’être le miroir de son propre lectorat, le séduire et lui plaire, exactement comme le fait Joffrin à Libération (et comme font tous les autres sans exception : même le Canard enchaîné est dans ce rapport avec son lectorat).

@ Laurent

Sur le titre : “de l’opinion publique”… Rappelons-nous que les juges sont censés rendre la justice “au nom du peuple français”. Les Français ont peut-être quelque légitimité à s’exprimer quand il ne sont pas satisfaits de ce que la Justice dit en leur nom.

Ou alors, admettons la victoire de la technocratie et confions le pouvoir aux experts. Platon, ce vieux réac, n’appelait-il pas cela… l’aristocratie ?

12. Le 3 juin 2008,
narvic

@ Laurent

Intéressante analyse de jurisprudence de Malakine sur une autre affaire (cour d’appel d’Agen, le 4 juillet 2006 ):

Une jurisprudence récente semble d’ailleurs ouvrir d’ailleurs la voie à une telle solution de compromis. La cour d’appel d’Agen a ainsi jugé le 4 juillet 2006 à propos d’une demande d’annulation pour fait de séropositivité, que l’annulation ne pouvait être prononcé que « lorsque la maladie ruine véritablement le couple. En l’espèce, la séropositivité de l’épouse oblige à des précautions, mais n’interdit pas les relations sexuelles »

On est ici dans un cas typique de vice du consentement. L’homme n’avait manifestement aucune intention de se marier avec une séropositive. Or la Cour d’Appel a refusé de faire application d’une logique purement subjective compte tenu de la signification désastreuse que cette décision aurait eue en matière de discrimination des personnes séropositives. On l’a comprend.

Une telle solution n’est-elle pas envisageable dans le cas de Lille ?

13. Le 4 juin 2008,
Anne Onyme

“La réalité, c’est que l’opinion publique est très difficile à contrôler, et qu’il faut des moyens de propagande gigantesques pour espérer avoir un tout petit peu de résultat en la matière. “

Narvik, la réalité c’est que vous défendez une monstrueuse contre-vérité, étayée sur un argument insensé, le faible rendement de la publicité. Vous ne faites au fond rien de plas qu’une analogie avec la publicité. Mais une analogie n’a jamais rien démontré, et la votre n’est même pas correcte, le faible impact de la publicité ne résulte de rien d’autre que de la loi des rendements décroissants.

Juste pour mettre en exergue la fausseté de votre raisonnement, je vous propose d’imaginer un monde dans lequel un petit cartel d’entreprises détiendrait le monopole de la publicité. De toute l’année, le consommateur ne verrait qu’une ou deux campagnes publicitaires. Le rendement de la publicité serait très bon, vous en conviendrez. La publicité peut efficacement influencer lorsqu’il n’y a aucune saturation de la cible. Et imaginez en plus qu’il ya aurait dans cet univers chaque jour 30 Badinter fabriquant trente sujets d’indignation différents. L’impact serait bien faible. L’influence médiatique n’a pas d’impact lorsque la cible est saturée (sarko ne semble pas l’ignorer, lui qui crée des sujets d’indignation en quantité telle que l’on n’y réagit pas autant que l’on devrait). Mais il s’y trouverait bien quelque sophiste au service du cartel publicitaire pour user d’une analogie aussi incorrecte que la votre, et prétendre qu’ici la publicité ne pourrait influencer, puisque les médias polémistes ne le peuvent pas.

Sinon, faudrait un peu vous renseigner: le “yellow journalism” existe depuis un peu plus d’un siècle. Et vous pourriez au moins ne pas oublier l’histoire récente: l’Irak et la manipulation de l’opinion américaine.

14. Le 4 juin 2008,
JP

(je suis l’anonymous précédent)

re @narvik

Selon votre logique, si libé avait choisi de ne pas publier le papier initial, ca n’aurait rien changé au résultat final? (je sens que vous répondrez à coté)

Selon votre logique, les médias doivent nécessairement faire du tam tam sur l’absence de référendum pour le traité de Lisbonne, puisque 70% de l’opinion ne trouve pas cela normal. Expliquez donc pourquoi les médias sont inertes sur ce sujet.

La théorie que vous défendez ne vous permetra pas de répondre avec cohérence à ces deux questions à la fois.

15. Le 4 juin 2008,
Damien B

@Narvic #11

l’action de Joffrin est clairement aujourd’hui de tenter de reconquérir une légitimité vis à vis de ce lectorat perdu. […] Alors oui, Joffrin est tout à fait dans une stratégie de séduction et pas d’influence..

Dans mon esprit, la légitimité ne sert pas à grand chose dans une stratégie de séduction, dont le propre est justement de gommer l’aspect “légitime” du sujet abordé.

Sur Elisabeth Badinter, l’hypothèse “senti avant les autres le caractère choquant de ce jugement pour une bonne partie de l’opinion publique” ne peut être évaluée que si l’opinion publique se fait indépendamment de l’intervention de madame Badinter. Or, à la vue des arguments, et en particulier de l’argument de pression, martelé par Badinter, mais qui ne sert pas à grand-chose (cf. Art 180 alinéa 1) dans l’affaire en cours, on ne peut pas raisonnablement estimer qu’en l’absence de la diffusion de masse de sa thèse majeure sans opinion contradictoire, le résultat aurait été le même. Car si on enlève cet argument massu (le jeu des pressions) de côté (parce que traité à part dans le même article 180 et l’avocat de la femme a jugé préférable de partir sur l’option “mensonge” plutôt que sur l’option “pression” cf. interview du Figaro), alors la rhétorique de Badinter perd complètement de sa puissance et de son impact sur l’opinion (si on estime que l’opinion publique n’était pas encore complètement formée avant son intervention, ce qui est mon cas).

Dassault :

il a bien tenté de mettre Le Figaro au service de son usage personnel (cf. des pressions pour faire publier des infos sur la ville dont il est élu). Il a rapidement réalisé, que c’est Beytou qui avait raison et qu’il était en train de tuer son propre investissement. Il laisse désormais le Figaro jouer son propre jeu.

On était sur la dialectique séduction / influence, et je ne pense pas que restreinte l’”influence” à la mise en avant de ses actions publiques soit suffisante. Il laisse le Figaro jouer son propre jeu, tant que le jeu lui convient : il n’a pas non plus acheté un canard qui allait à l’encontre de ses théories économique, industrielle et politique. Et ensuite vous allez dans mon sens, en disant que oui, il y a des médias qui souhaitent influencer, même si ça n’est que ponctuel.

Pour Joffrin, je suppose que son livre avec Delanoë c’est principalement pour séduire les delanoïstes ? Ca ne veut pas dire que des articles ne surfent pas sur la vague, comme ce magnifique Tous unis pour les marier de force sur Libé, du même auteur que l’article initial. Mais à mon interrogation sur son éditorial, votre réponse est : “clairement tentative de séduction, oui, certainement”. Mais ce n’est pas parce que Joffrin à pour volonté prinicipale de séduire qu’il n’influencera pas l’opinion (et plus il séduit, plus ses idées sont diffusées, plus son influence potentielle augmente).

C’est sûrement plus confortable intellectuellement d’imaginer que l’opinion publique serait aussi facile à manipuler.

Pourquoi est-ce que vous mettez systématiquement les avis des autres sur le compte de la paresse intellectuelle ?

La réalité, c’est que l’opinion publique est très difficile à contrôler, et qu’il faut des moyens de propagande gigantesques pour espérer avoir un tout petit peu de résultat en la matière. Voir à ce sujet, l’ampleur des moyens mis en oeuvre par les publicitaires pour tenter d’influencer l’opinion : plusieurs fois le budget de l’ensemble des médias réunis, et avec des résultats incertains…

Il y a une énorme différence entre essayer de convaincre la population de dépenser leur argent pour changer durablement de marque de lessive (“accessoire” et payant), et provoquer l’indignation de la population (“fondamental” et gratuit). Et tant qu’à faire dans le nauséabond, je ne prendrais qu’un seul exemple, qui ne sera pas l’excision ou l’étoile jaune pour changer : Marie-Léonie Leblanc.

Blah ? Touitter !

Médiévisme

Il est difficile de placer des concepts politiques essentiels sur la pensée de SR. D’après ce que Zorglub comprend des sources, il s’agissait essentiellement de refonder la religion du royaume et la nation, en organisant de grandes cérémonies communes appelées « États Généraux ». De transes mystiques réalisées à l’occasion de ces grandes messes devaient sortir des prophéties montrant le chemin. Plutôt qu’une politique, SR offrait un mode de vie, une morale : il fallait être « utile », « serein » ; on se devait de « désirer l’avenir » ; on doit sourire en toute occasion, même en cas de défaite. D’où tirait-elle ces règles de vie ? Une hypothèse a été émise par le doyen Ubarg Gargl, qui pense que les terres poitevines, d’où venait le baron UMP Jean-Pierre Raffarin, avaient été traversées par un courant culturel et religieux nommé la « positive attitude ». En s’emparant des terres de Raffarin, SR avait sans doute repris à son compte l’œuvre des intellectuels ayant conçu ce courant. On a souhaité, semble-t-il, transmettre au bas peuple ces perles de la pensée française, en chargeant les chansonniers qui divertissaient les foules de répéter ce mot d’ordre. D’après Trâbg d’Ufol la Première, SR aurait même rédigé une règle monastique. Mais Zorglub pense que le « Pacte présidentiel » qu’elle aurait écrit était plus probablement une charte octroyée à ses partisans : de même que les français se cachaient à eux-mêmes qu’ils n’étaient plus une nation, et que leur république était un royaume, ils n’auraient jamais reconnus clairement que leur politique tenait plutôt du culte.

[Raveline : “Histoire du royaume de France dans l’antiquité terrienne, par Zorglub d’Ufol la Troisième (4)”.]

J’aime bien Raveline, on dirait du Stanislas Lem.

Ginistisme

Au MoDem, il y a des dizaines de milliers de militants. Et puis il y en a une poignée, enfin à peine, qui s’épanchent publiquement sur leurs états d’âme. Ils sont très peu nombreux et très peu représentatifs mais l’effet blogosphère les rend très bruyants et ils croient avec une naïveté confondante que le bruit qu’ils génèrent est proportionnel à leur importance. Ils appartiennent à trois groupes : les dramaturges, les suffisants et les dépressifs. [Christophe Ginisty.]

Christophe Ginisty doit avoir un talent de cumulard, puisque je le percois parfois comme dramaturge, suffisant et dépressif. Blague à part, au Modem, comme ailleurs, il y a la ligne du parti… Un esprit libre peut-il s’exprimer sans censure dans le cadre d’un parti politique…

Être encarté, c’est un peu être serf.

1. Le 3 juin 2008,
Lancelot

Je suis encarté au modem, et auparavant au PS, et je ne me suis jamais senti cerf. Certes ce n’est pas facile tous les jours de ne pas être un “bisounours” mais il faut faire fi de quelques béniouiouistes des partis.

Mais je suis fondamentalement dépressif (mais ça ne se voit pas tous les jours, encore heureux), énormément dramaturge (j’aime me mettre en scène) et quelque peu suffisant (le narcissisme a un prix !)

2. Le 3 juin 2008,
Yogi

@Lancelot : Avec les bois, ça doit pas être facile de passer les portes ;-) !

3. Le 3 juin 2008,
Ploum, ploum

Et il n’est pire serf que Pierre

Le serf Pierre, ha, ha, ha…

4. Le 3 juin 2008,
pas perdus

Pas du tout d’accord avec ta conclusion très café du commerce… J’ai connu des sympathisants UDF durant la dernière présidentielle, qui en sont revenus d’ailleurs, qui étaient bien plus sectaires que les militants… et qui semble-t-il avaient perdu toute libre critique envers F. Bayrou

Les sympathisants sont parfois bien plus bornés que les militants pour deux raisons : ils n’ont pas la carte du parti (mais brulent de l’avoir) et ils ne savent rien de ce qui se passe dans les cuisines.

Après c’est une question de personnalité. Le militant n’est pas un béni oui oui. A l’extérieur, il suit la ligne du parti… A l’intérieur, il peut discuter, proposer, critiquer le parti… Bref, le militant peut avoir sa liberté, à lui de se la donner.

5. Le 3 juin 2008,
Nick Carraway

Ginisty a tendance à jouer les mères supérieures. Moi le pro du web, moi le pro du web mais déférent, moi le pro du web mais déférent et donc meilleur que vous.

Il y aura toujours des militants qui échapperont à son contrôle (rappelons qu’il est, aux dernières nouvelles, le Grand Horloger de la blogonetsphère MoDem, chargé par Bayrou d’organiser et de canaliser ladite blogonetsphère).

Le MoDem a visiblement des problèmes avec la notion d’indépendance. Giscard parlait de “changement dans la continuité”, le MoDem pose maintenant le principe de l’indépendance dans l’obéissance. Et ron et ron…

6. Le 3 juin 2008,
Mry

quand je dis que le Modem est comme le FN, mais en pire… car il y a l’hypocrisie en plus.

7. Le 4 juin 2008,
romu

crevons l oeil de bayrou :)

Blah ? Touitter !

Hi, I’m Adam

Une publicité néerlandaise pour la compagnie d’assurance Centraal Beheer.

[Merci Fabrice.]

1. Le 4 juin 2008,
MQ

Ok, c’est drôle (je sais, Adam fait un peu cliché, mais les clichés c’est drôle… enfin parfois).

Mais je ne vois pas le rapport avec les assurances.

2. Le 4 juin 2008,
padawan

@ MQ : il vendent peut-être une assurance pour couvrir un défaut sur les qualités essentielles du conjoint.

Blah ? Touitter !

Nettoyer son agrégateur

J’avais organisé ma grille de sélection des blogs à dégager selon 6 principes :

  • Proposition 0 : Moins de quantitatif, plus de qualitatif
  • Proposition 1 : Virer les blogs que l’on ne lit pas pour leur contenu mais parce qu’on a peur de rater ou de perdre quelque chose si l’on est pas “connecté” à leur auteur.
  • Proposition 3 : Virer les blogs auxquels on est abonnés parce que ça fait bien mais dont on marque systématiquement toutes les notes comme lues sans les regarder.
  • Proposition 4 : Garder les blogs vraiment divertissants mais virer ceux qu’on lit par habitude alors qu’ils ne font que reprendre de l’info déjà lue ailleurs ou qu’on ne lit pas parce qu’ils postent trop de trucs inintéressants.
  • Proposition 5 : Ne pas lire un blog juste parce que son auteur sait se placer dans les buzz, les soirées blogo-jetset ou parce qu’il est dans un classement. Lire mieux et notamment ceux qu’on trouve vraiment adéquats.

[Yannick Lejeune : “Les 100 blogs inutiles que je lisais…”]

1. Le 3 juin 2008,
xave

Ah, la proposition 0, elle est fait pour virer Embruns, non ?

2. Le 3 juin 2008,
Lousia

Bientôt sur vos écrans et autres Twitter : J’ai viré tous les blogs 2.0 et de fiiilles de mon agrégateur à cause de M. Laurent Propre.

3. Le 3 juin 2008,
Laurent Gloaguen

@xave : pffff…

4. Le 3 juin 2008,
Olivier

“Il reste encore 600 blogs vachement bien dans mon feeddemon”

Et il prétend encore lire quelque chose ?

5. Le 3 juin 2008,
Persé

Ce qu’il ignore encore, c’est qu’il y retournera très probablement, consulter ces blogs qu’il a évincé. Pour vérifier.

6. Le 3 juin 2008,
Nick Carraway

C’est moi où y’a pas de proposition 2 ?

7. Le 3 juin 2008,
Maxime

Proposition 2 : arrêter de poste des commentaires idiots depuis le boulot pour avoir le temps de lire plus de blogs depuis le même endroit.

8. Le 3 juin 2008,
Vicnent

non Xave, la vérité est là :

2) Les blogostars oubliables. (40 de dégagés)

Alors ceux-là, j’avoue c’est les cas les plus compliqués. Il y a dans la blogosphère quelques personnages qui, au final, sont avant tout des blogueurs. Cela ne les empêche pas d’être sympathiques, d’être courtois, gentils, serviables, drôles et extrêmement agréables. Il y en a même que j’apprécie au point de me réjouir de les croiser dans les diverses soirées “blogs”. […..]

Parmi ceux-là :

ceux qui ont des blogs sur les blogs dans lesquels ils reprennent l’actualité des blogs qu’on retrouve chez tous les autres sans apporter plus à l’édifice que le fait de la recopier en un point central.

[…]

ça c’est embruns.

Ce que YLJ ne dis pas, c’est qu’en lisant Embruns, tu lis le meilleurs de 200 blogs tous les jours.

9. Le 3 juin 2008,
GreG

“Les 100 blogs inutiles que je lisais” : C’est très vendeur comme titre (…), moi j’appelle ça du “fellow fighting”, c’est de plus en plus à la mode (cf la note d’Emery sur la rémunération des blogueuses). Même (ma chère) Lousia avec son GDL s’est très vite faite une réputation à l’époque en tapant sur la blogo, et notamment sur toi Laurent. Comme quoi, vaut mieux passer pour un connard sans pitié qu’un bouffon mielleux..

Bon sinon, il faut quand même être maso pour (se forcer) à lire 100 blogs que l’on juge comme “inutiles”. Si encore il avait viré ceux qu’il ne lisait pas ou plus du tout, j’comprendrais…

Et enfin :

“Virer les blogs auxquels on est abonnés parce que ça fait bien” Heu.. là faut m’expliquer, il parle de sa blogroll mise en ligne (à la vue de tous) ? ou bien de l’agregateur RSS que lui seul voit sur son écran d’ordi ?

10. Le 3 juin 2008,
LOmiG

très bonne liste, je fonce lire le reste de l’article. la problématique du tri des flux dans l’aggrégateur devient rapidement un problème important pour les blogueurs….

Un moment je classais en trois catégories (dans google reader) : super, à lire, phase terminale….

au premier billet pourri, je plaçais le flux dans “phase terminale”…et un flux dans le dossier phase terminale, produisant un article chiant ou inutile :> désabonnement. Pas trop mal, mais je me suis laissé déborder. Maintenant, je fais le ménage une fois par mois…

et vous ?

11. Le 3 juin 2008,
GreG

@ LOmiG :

”(…) au premier billet pourri, je plaçais le flux dans “phase terminale”…et un flux dans le dossier phase terminale, produisant un article chiant ou inutile :> désabonnement.”

Hé hé, avec toi c’est marche ou crève on dirait. Ca me fait penser à ces mecs qui tirent une nana parce qu’ils n’y voient qu’un trou et une paire de miches (désolé pour la vulgarité mais c’est de circonstance), et qui les jettent ensuite parce qu’elles ne les ont pas bien sucés, ou inversement parce que ça vaut aussi pour certaines femmes. Bref, je trouve bizarre de voir un blog uniquement comme une succession de billets, et d’oublier l’auteur(e) qui est derrière.

Il est vrai que beaucoup relaient des articles dont on parle déjà ailleurs, mais à moins d’être un diariste qui ne parle que de sa vie personnelle, je ne vois comment il peut en être autrement. Aussi je pense que si l’on s’attache à un blog, c’est aussi, voire même surtout pour la personnalité de l’auteur(e), soit grâce à son humour, ses qualités d’analyses ou que sais-je encore, mais aussi pour la façon dont il tient son blog, dont ils amènent les discussions, etc… aussi le lectorat ou du moins les commentateurs contribuent énormément dans la qualité d’un blog et de l’ambiance qu’il y règne.

Si j’avais du virer Embruns.net au premier ou deuxième billet qui ne me plaisait pas, il y a longtemps que je l’aurais fait. Seulement, rien ni personne n’est parfait, et ce n’est pas cela qui compte. Si un article ne m’intéresse pas, je zappe, si je ne suis pas d’accord avec l’auteur, idem ou alors je le lui dis, mais la qualité d’un blog tient dans l’interactivité qui se jouent, de ce qu’il apporte à l’auteur, et aux lecteurs (un simple sourire, une discussion riche ou intéressante, une info, un tuyau de qualité…). En ce sens, il n’y a pas de blogs “inutiles”, c’est comme la beauté, elle n’existe que dans les yeux de celui qui la voit.

12. Le 3 juin 2008,
romu

bon bah je vais regarder “le droit de savoir “

13. Le 3 juin 2008,
Le Hibou

J’avais fait ça, il n’y a pas si longtemps, nettoyer mon agrégateur en public.

Sauf qu’en plus je donnais les noms. Mais en fait, je manquais réellement de temps.

J’ai fini par me virer moi-même…

14. Le 5 juin 2008,
palpatine

Ah tiens, mon ancien prof de technologie ouèbe… Pour vider mon aggrégateur, j’ai eu une super méthode : plantage assez violent pour flinguer le file system au niveau des fichiers en cours de modification, et notamment le fichier contenant la blogroll (étrangement, la sauvegarde dudit fichier a aussi merdé simultanément). Résultat : perte sèche de quasiment tout le monde, et comme c’est trop long à restaurer à la main (faudrait faire une moulinette qui récupère les adresses dans les archives), et qu’on n’a pas de temps, bein on laisse comme ça…

Blah ? Touitter !

Scaring people with Flash

Bunnyhero dev: “Scaring people with fullScreen”.

[Via John Gruber, Padawan.]

(Incidemment, je découvre que non seulement j’ai en commun avec François, alias Padawan, l’année de naissance, mais aussi le mois de début de blogage…)

Plainte d’un commentateur assidu

Reçu aujourd’hui :

Je crois qu’il faut que je me désabonne de ton blog, ça me prend un temps monstrueux en ce moment (et le temps pris, ça touche à l’intime et à ma liberté individuelle donc c’est proprement inacceptable donc je devrais te poursuivre pour ça).

Et pendant ce temps, mon blog se meurt.

X

Je crois que je vais rajouter à ma page de mentions diverses :

Je décline toute responsabilité pour quelconque assuétude morbide à ce site. Vous reconnaissez visiter ce site de votre plein gré en connaissant les risques éventuels. Toute réclamation pour baisse de productivité, perte d’activité sexuelle, disparition de vie sociale, etc. ne saurait être prise en considération.

1. Le 3 juin 2008,
Geabulek

A quand un club des commentateurs anonymes ?

”- Bonjour, je m’appelle Geabulek et ça fait 3 heures que je n’ai pas posté de commentaires” (et m… ça recommence !) ;-)

2. Le 3 juin 2008,
xave

Oh ben non, c’est pas difficile : il suffit de rester abonné au blog et de se désabonner des commentaires. Ça devrait libérer un peu de temps libre. :p

3. Le 3 juin 2008,
Damien B

Et si un jour le mariage de personnes de même sexe est reconnu, et qu’une telle union est annulée parce que le conjoint aura été défloré par un RudeBoy, faudra-t-il rétablir la peine de mort ?

4. Le 3 juin 2008,
Damien B

(sous-entendu : pour mener Laurent au bûcher évidemment)

5. Le 3 juin 2008,
romu

trop de commentaires a lire je me casse :)

Blah ? Touitter !

Union effacée et islamophobie

[…] Lui est un Français né au Maroc, à Fez, âgé d’une trentaine d’années. Ingénieur, il est bien intégré professionnellement, tout comme son frère, qui occupe un poste de direction dans une société. Elle, aussi d’origine marocaine, est née en 1983 dans le nord de la France où elle poursuit des études d’infirmière. Tous deux sont de confession musulmane et une petite dizaine d’années les sépare. Avant de s’unir, Aïcha et Nouredine ont pris le temps d’apprendre à se connaître. Leur attachement a grandi sous le regard bienveillant de leurs proches pendant près de deux ans. Mais Aïcha, qui n’avait sans doute pas parlé à sa famille d’une précédente relation, n’a pas la force d’expliquer qu’elle n’est pas vierge.

L’échéance de l’union approchant, la jeune femme aurait songé à faire appel à la chirurgie pour reconstituer son hymen. Opération imparfaite ou non effectuée ? Quoi qu’il en soit, le soir même des noces, le scandale éclate. Vers quatre heures du matin, le marié annonce la nouvelle aux invités qui partageaient le dernier thé à la menthe. Accusée d’avoir humilié son époux et leurs deux familles, Aïcha aurait été reconduite chez ses parents dans la foulée. Pour Nouredine, la procédure de nullité de l’union de venait la seule façon de laver son honneur. Une annulation qu’il demande non pas au nom d’un « droit à la virginité » mais du mensonge de sa future épouse.

[…] Effrayée de voir l’affaire se prolonger pendant des années, la jeune femme accepte alors d’entamer la procédure. « Il ne s’agit pas d’une soumission, souligne Maître Mau­ger. Son acquiescement lui permettait de sortir techniquement d’une procédure. Le juge l’a compris et a entériné cet acquiescement. Ma cliente était malgré tout très contente, car cette décision lui a permis de retrouver sa liberté. C’est un soulagement. » C’est ainsi que l’union d’Aïcha et de Nouredine a été « effacée ».

[Le Figaro, Agnès Leclair : “Mariage annulé, l’épouse a cédé aux pressions”.]

Kinder Surprise.

Et pourtant. Les médias s’emparent de cette affaire. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de musulmans ? Parce qu’il est question de virginité ?

Encore une polémique qui stigmatise la religion musulmane alors que le problème n’est pas là à mon avis.

[…] Une jurisprudence de 2004 avait décidé sur ce même fondement d’annuler un mariage parce que l’un des époux n’avait pas fait mention d’une union antérieure et donc d’un divorce. Une décision révélant elle aussi une vision archaïque des relations homme-femme mais qui, elle, n’a pas fait couler d’encre. Pour moi, dans l’affaire récente, c’est cette médiatisation qui est discriminatoire et renforce encore plus l’islamophobie qui sévit dans notre pays.

[…] La lutte pourrait par exemple passer par une interdiction pure et simple de délivrer des certificats de virginité. Je sais que parfois les familles brandissent fièrement le certificat de virginité de leurs filles avant le mariage. Pour certains, c’est un «diplôme» plus important que le bac. Il existe des médecins qui refusent catégoriquement de délivrer ces certificats ou d’autres qui le délivrent en fermant les yeux sur la jeune fille souvent apeurée. La mise en place d’un numéro vert spécialement pour celles qui auraient peur de subir un mariage forcé ou arrangé pourrait être aussi une solution. Cela pourrait par exemple aboutir à une médiation avec les membres de la famille…

[Nadera M., Jours tranquilles à Clichy-sous-Bois : “Like a virgin”.]

Pendant ce temps là, Rachida Dati pète un câble à l’Assemblée. L’annulation, elle sait ce que c’est.

Pour le dire très vite : un jour, j’ai accepté de me marier. Je me suis mariée avec un homme avec lequel je n’avais rien à partager. Une connaissance, en Algérie, avait fait une demande officielle, pendant des vacances. Ce n’était pas un mariage forcé. […] J’étais adulte, je vivais à Paris et nul ne me forçait à rien. Mais je l’ai décidé sans le vouloir. Je l’avais fait par abandon, […] pour faire plaisir à ma famille. […] Il n’y avait pas d’amour, pas de vrai choix… C’était impossible. L’homme que j’épousais n’y était pour rien. […] Je me suis mariée et aussitôt, j’ai voulu effacer cela. J’ai demandé l’annulation du mariage. […] Aujourd’hui, juridiquement, c’est comme si je ne m’étais jamais mariée. […] Je sais ce que cela représente pour une femme d’être submergée au point de céder sur le plus précieux : l’intégrité. J’y ai échappé, mais on ne reste pas indemne quand on a frôlé cela.» [Rachida Dati.]

[Dessin Mélody Denturck pour Jours tranquilles à Clichy-sous-Bois.]

1. Le 3 juin 2008,
Eolas

Il faudrait annuler tous les procès où une partie a subi des pressions de l’autre, comme une assignation en justice. C’est intolérable dans notre République.

2. Le 3 juin 2008,
Mry

Joli dessin… Sinon comme son altesse Maître Eolas bordel de queue !

3. Le 3 juin 2008,
samantdi

Vivement demain : je viens d’entendre sur France-Culture l’annonce d’une émission sur le sujet avec Maître Eolas et Caroline Forest, plus d’autres intervenant-e-s !

(on peut en savoir plus ? ça commencera à quelle heure ?)

4. Le 3 juin 2008,
Rubin

@Eolas : mieux, interdire l’acquiescement pour les parties personnes physique. Forcer les gens à se défendre bec et ongles, pour ne pas “déranger la collectivité nationale”.

5. Le 3 juin 2008,
Damien B

plus d’autres intervenant-e-s

Ha bon ? Mais qu’est-ce-que les hermaphrodites ont à voir avec le sujet ?

6. Le 3 juin 2008,
Damien B

la jeune femme aurait songé à faire appel à la chirurgie pour reconstituer son hymen. Opération imparfaite ou non effectuée ? Quoi qu’il en soit

Traduction :

J’ai eu ouï-dire que la jeune femme avait pensé à la reconstitution de l’hymen. Mais de toute façon, je ne l’ai pas vue et je ne lui ai pas parlé. Bref, on s’en fout

Ailleurs dans l’article :

Mais Aïcha, qui n’avait sans doute pas parlé à sa famille d’une précédente relation […] Accusée d’avoir humilié son époux et leurs deux familles, Aïcha aurait été reconduite chez ses parents dans la foulée.

Ca valait le coup d’envoyer quelqu’un à Lille pour avoir encore des interrogations là-dessus.

Et sinon il y a quelque chose qui m’interpelle dans ce que dit l’avocat de la jeune femme :

«J’ai fait savoir à ma cliente qu’un juge ne pourrait jamais aller dans le sens d’une de­mande en nullité pour une telle motivation si ce n’était pas son ­souhait, et elle a repris confiance. »

Elle a repris confiance dans le fait que cette demande d’annulation pourrait être acceptée ? Je ne suis pas sûr de l’interprétation.

7. Le 3 juin 2008,
Rubin

Oui, elle a repris confiance en quoi exactement ? En plus, il me semble que la jurisprudence montre bien qu’il s’est déjà trouvé des juges pour “aller dans le sens d’une demande en nullité pour une telle motivation” hors l’acquiescement d’une des parties.

8. Le 3 juin 2008,
LOmiG

merci pour ces extraits. Je trouve que la citation de Rachida Dati est très intéressante. On y voit ce qu’est un mariage “traditionnel”, pas forcé, mais pas libre non plus. Est-ce cela, la liberté que nous voulons en France pour les femmes. Je réponds clairement non ! Cette fausse liberté, contrainte par les traditions, et faussées par le poids de la famille, me semblent aller à l’encontre du plus élémentaire respect de la liberté individuelle. Ceux qui défendent cela au nom du droit à la différence, ou à la tolérance, ou je ne sais quoi d’autre, rentrent dans un jeu bien dangereux…

à bientôt !

9. Le 3 juin 2008,
Rubin

Je suis d’accord avec LOmiG : il faut interdir de demande en annulation les gens qui ont une famille ou suivent une tradition.

Ensemble, créons l’Homme nouveau, libéré de ses chaînes et de ses pairs !

10. Le 3 juin 2008,
samantdi

Damien, je vois que vous faites partie de ceux qui souhaitent que le masculin l’emporte grammaticalement sur le féminin même si, comme dans la chanson de Zebda (vous savez, Zebda, les Motivé-e-s, Toulouse, tout ça…) : * 100 garçons avaient peur de 3 filles* !

C’est fou le stress que génère cette affaire chez le commentateur assidu, non ? On se croirait revenu-e-s au temps du réferendum !

11. Le 3 juin 2008,
Jujupiter

On peut comprendre qu’on soit choque par ce mariage qui aurait ete force par les familles. Par contre, si on est choque par une tradition, c’est autre chose. Mais ou commence les droits des femmes et ou commence la tradition? Ou commence la defense d’une victime et ou commence l’intolerance?

Quel bordel cette histoire! Comme si l’annulation du mariage n’etait pas assez polemique, voila que la Ministre de la Justice en rajoute une couche!

12. Le 3 juin 2008,
Damien B

@LOmiG #8

On y voit ce qu’est un mariage “traditionnel”, pas forcé, mais pas libre non plus. Est-ce cela, la liberté que nous voulons en France pour les femmes. Je réponds clairement non !

Ce n’est pas la question dans ce cas précis. Le mariage pas forcé mais pas libre non plus est aussi couvert par l’article 180 :

L’exercice d’une contrainte sur les époux ou l’un d’eux, y compris par crainte révérencielle envers un ascendant, constitue un cas de nullité du mariage.

@samantdi

Damien, je vois que vous faites partie de ceux qui souhaitent que le masculin l’emporte grammaticalement sur le féminin

Non, ce n’est pas un souhait de ma part, à moins que vous n’incluiez le Bescherelles dans le recueil “Les 1001 nuits”.

vous savez, Zebda, les Motivé-e-s, Toulouse, tout ça…

Aaaaah, c’était donc ça, l’accent du sud transcrit. Moi qui croyait que c’était un combat pour combrattre la brièveté dans l’écriture introduite par les SMS. Ben je m’étais trompé.

13. Le 3 juin 2008,
GreG

Il me vient une question sur cette affaire qui j’espère ne sera pas prise comme une provocation :

Imaginons que cette femme ait été réellement vierge mais que son mari aurait fait annuler le mariage à posteriori pour une tout autre raison, genre il ne l’aime plus et la balance parce qu’elle boit l’apéro régulièrement (l’alcool étant interdit chez les musulmans), aurait-elle eu la possibilité de se retourner contre lui pour “dépucelage abusif” ?

J’imagine bien sûr que non, aussi devant cette inégalité devant la loi républicaine, je comprends toujours la décision de la juge (qui n’a fait que son devoir j’oserais dire) mais je pense à présent que ce genre de demande d’annulation devrait être irrecevable.

Bon attendez j’me relis… heu ouais, bon bah on verra bien hein.

14. Le 3 juin 2008,
GreG

… heu désolé, je parlais bien de cette histoire d’annulation de mariage pour non-virginité.

15. Le 4 juin 2008,
Maxime

Vous pouvez pas leur foutre la paix ?

Qui parmis ceux qui ont l’air choqués de l’annulation connait quelque chose au sujet des relations amoureuses et du mariage chez les français issus de l’émigration maghrébine ? Ce n’est absolument pas un sujet simple. Sauf avec le prisme déformant de la peur de l’islamisation, ou d’une bonne dose de mauvaise foi féministe (rendant l’homme coupable de tous les maux), mais aussi d’un abus de lecture et d’interprétation du Coran.

Foutez-leur donc la paix. Mon expérience me montre que le libéralisme occidental des moeurs s’introduit chez les jeunes maghrébins. Aussi bien en France qu’au “bled”. Sauf que ça ne se fait pas du jour au lendemain.

Non, moi la seule réaction que j’aurais à priori ce serait plutôt : “c’est vraiment triste que certains attendent de se marier avant d’avoir des relations sexuelles”. Vivement qu’on interdise la pratique d’une religion, et tout ces vieux tabous disparaitront. Si ton Dieu t’as équipé d’une drogue que tu as toujours sur toi, tu crois pas que c’est pour que tu t’en serves ?

16. Le 4 juin 2008,
Gus

Il y a quand même des moments où l’on se demande si le plus offensé du lot est bien le mari et non pas la justice meurtrie à l’idée qu’on puisse se faire une opinion de son travail, et, pire encore, oser se ridiculiser en l’exprimant.

17. Le 4 juin 2008,
Maxime
18. Le 4 juin 2008,
Damien B

@Maxime #17

Excellent !

@Greg #13

Imaginons que cette femme ait été réellement vierge mais que son mari aurait fait annuler le mariage à posteriori pour une tout autre raison, genre il ne l’aime plus et la balance parce qu’elle boit l’apéro régulièrement, aurait-elle eu la possibilité de se retourner contre lui pour “dépucelage abusif” ?

Elle peut se retourner contre lui pour viol (Art 222-23 du code pénal) si elle n’était pas consentante, mariée ou pas. Et pour les autres raisons : “il ne l’aime plus” => avec une formulation basée sur lui-même, aucune chance d’annulation, “elle boit l’apéro régulièrement” => il s’en serait aperçu avant, et si ça a commencé après le mariage, ça montre bien que ça n’était pas une qualité de la personne. D’ailleurs la foule intelligente dit “c’est parce qu’elle n’est plus vierge”, mais ça n’est pas une qualité (i.e. quelque chose qui caractérise), la qualité en question étant “qui est resté (volontairement ou non) vierge jusqu’à son mariage”. La première formulation est temporelle, pas la seconde. Et avec toutes ces raisons, avec pour sous-entendu qu’il s’est servi d’elle si je comprends bien la question, si l’épouse se sent flouer, elle ne va pas consentir à l’annulation, et le juge aura un gros travail de justification à faire pour que sa passe… mais bon : trop gros, passera pas.

Blah ? Touitter !