Journal de bord

jeudi 3 juillet 2008

Époux de blogostar

Finalement j’ai rejoint Chéri en grande conversation avec Macsym, Mr Peer et Michel. C’était très sympathique et puis soudain, Versac est apparu magiquement parmi nous et s’est mis à papoter avec Chérichou. Et c’est là que j’ai pris la mesure de ma condition et où j’ai commencé à avoir beaucoup de mal à lutter contre un fou rire grandissant. Car forcément comprenez-vous, je n’ai pas bougé d’un iota pour dire bonjour en bon sclérosé des relations sociales que j’étais ce soir et donc je suis resté un moment à les écouter discuter, vaguement accoudé dans le dos de Chéri… à faire la potiche… C’est une petite blague qui court parmi nos amis depuis quelques temps mais là vous ne pouvez pas savoir à quel point je me suis senti proche de Carla Bruni souriant auprès de son mari de président, un truc terrible. [Colin Ducasse : “La dure vie de Carla Bruni”.]

1. Le 4 juillet 2008,
ELM143

Ca vaut pour tous les domaines : prend une communauté d’intérêt, n’importe laquelle (boulot, famille, potes…) et plonge-z-y une pièce rapportée totalement étrangère, un conjoint de préférence, et il vivra un moment de la si difficile vie de CBS. Si elle n’a que ça comme souci, je ne vais pas m’en relever cette nuit.

Blah ? Touitter !

Rhétorique de la désinvolture

Chez les journalistes autoproclamés, on ne partage pas l’analyse des « blogueurs autoproclamés » (on ne reviendra pas sur le débat oiseux au sujet de l’arlésienne des blogueurs influents). Guy Birenbaum, dont la distance critique est aussi courte que le prénom, livre sur l’excellent Post.fr (ironie inside) une réponse en forme de pamphlet à Embruns. Extraits :

Parce que, justement, rien n’est plus révélateur qu’une séquence comme celle-là et ce, quel que soit l’intéressé. […]

Parce que, justement, la différence entre la communication et l’information suinte uniquement dans ces interstices où la vraie personnalité affleure et se révèle.

Parce que, justement, tout politique et tout journaliste installé(s) sur un plateau sait/savent évidemment que, dix minutes avant l’antenne (et après encore), des caméras tournent, que les micros sont ouverts et qu’on les enregistre en régie… Et que, donc, tout peut sortir. Président ou pas. […]

Parce que Gloaguen, enfin, ne sait absolument rien des devoirs d’un journaliste. Le premier est simplement le devoir d’irrespect… […]

On y vient. Le rôle du journaliste n’est pas d’informer, mais d’emmerder. Chercher la petite bête, mener l’enquête indépendante, investiguer, chercher la vérité derrière la vérité officielle, démonter le complot. Tout cela, par irrespect. Par mission bienfaitrice et charitable. Alors, l’homme politique devient non pas un être respectable, mais un être potentiellement dangereux, manipulateur. Les mots qu’ils prononcent ne sont que des paravents, des écrans de fumée intolérables pour celer la vérité.

Et puis la politique, c’est quoi ? Un miroir aux alouettes ? Un jeu de l’être et du paraître. Procès de l’impuissance de l’action publique, dilution du politique et du diplomatique, asservissement de ceux-ci aux intérêts économiques (Kadhafi et le Tibet). Alors, en bon journaliste citoyen irrespectueux, on a le devoir de mépriser l’action publique, de bousculer les hommes politiques.

C’est cela, la « rhétorique de la désinvolture » qu’a analysée Michel Truffet. Une rhétorique qui naît directement avec la pratique underground du journalisme pendant mai 68 et s’institutionnalise dans les années 70 via la presse satirique de gauche ou d’extrême gauche, dont Hara-Kiri ou Charlie Hebdo. J’en ai parlé ici. Une rhétorique qui avilit l’action publique au moyen d’un ton irrévérencieux, mobilise le doute méthodique de Descartes au rang de principe réflexif, et utilise le mauvais esprit comme une marque de fabrique.

[Nick Carraway : “Off the record et rhétorique de la désinvolture”.]

1. Le 3 juillet 2008,
gasper

“Guy Birenbaum, dont la distance critique est aussi courte que le prénom”: pas impossible que cette formule poursuive GB longtemps…

2. Le 3 juillet 2008,
Nicolas

Alors, l’homme politique devient non pas un être respectable, mais un être potentiellement dangereux, manipulateur.

Il faut reconnaître que peu d’hommes (ou de femmes) politiques ont réussi à inspirer un réel respect ces dernières années. Sans aller à des monstres sacrés de l’envergure de Victor Hugo ou Jean Jaurès, il faut reconnaître que l’on a de quoi être frustré par la qualité du paysage politique français. Cependant ce n’est pas nécessairement une raison pour faire de la critique pour la critique.

Toutefois cela pose une question intéressante: dans le discrédit actuel de la classe politique française, qu’elle est la part de responsabilité des politiques et celle des médias?

3. Le 4 juillet 2008,
Nick Carraway

Je pense que la situation de la presse est assimilable à l’effet cocotte-minute. Faisons un bref historique, à trous.

Dans la presse des années 30, que j’étudie, on assiste à un curieux microcosme. La radio, par exemple, est totalement apolitique. La plupart des émissions sont des émissions de variet’, d’informations locales, etc. Les hommes politiques y vont peu. Seuls deux s’y sont essayés : André Tardieu, qui en a retiré son sobriquet de “l’homme au micro entre les dents”, et Gaston Doumergue, dont l’accent roulant résonne encore dans les bandes de l’INA. La presse écrite est assez diverse. Les journaux modérés sont peu politisés (La Croix, Le Temps, Le Figaro, Le Petit Parisien…), et tranchent très clairement avec des journaux au ton très acerbe (L’Ami du Peuple de François Coty, Gringoire et Je suis partout à partir de 1935-1936, voire l’Humanité). La presse économique et financière entretient quant à elle un commerce louche avec les milieux politiques et boursiers (voir pour cela le livre d’Arthur Raffalovitch, L’Abominable vénalité de la presse, paru en 1930, et cet article de Jean-Noel Jeanneney : http://www.persee.fr/…, et les commissions d’enquête parlementaire qui sont constituées notamment au moment de l’affaire Oustric (1931) révèlent cette corruption endémique.

Pour autant, il y dans l’entre-deux-guerres très peu de distance critique. Pas d’enquête, peu d’éditoriaux. Souvent du factuel et de l’informatif. Les journalistes se contentent d’un récit des événements, récit souvent transmis par les envoyés spéciaux. C’est un journalisme qui ne produit pas lui-même son information mais qui se ravitaille à ce qu’on lui donne, en quelque sorte.

Je connais peu le journalisme des années 50, et je serais curieux de savoir de quelle manière la pratique de la publication clandestine pendant l’Occupation a, si elle a, modifié les pratiques journalistiques.

La période de l’ORTF, avec la pressurisation du monde journalistique et la mainmise de l’Etat sur l’information (remember Alain Peyrefitte) a sans doute mis en mouvement l’effet ressort : on comprime, et quand on lâche, ça jaillit.

Ce n’est donc pas tant parce que les hommes politiques sont plus ou moins “bons” qu’avant (données tellement subjectives qu’elles sont insignifiantes) que les médias sont irrévérencieux, c’est parce que leurs relations se dégradent. C’est une parade amoureuse sans cesse renouvelée. Les hommes politiques draguent la presse parce que la communication politique devient une arme essentielle depuis les années 60 (à peu près depuis JFK) et la presse s’en effarouche, soucieuse de conserver une liberté chèrement acquise. La presse essaie de faire ses choux gras de la vie politique, les hommes politiques réagissent au quart de tour.

Une sorte de “Suis-moi, je te fuis ; fuis-moi, je te suis”…

4. Le 4 juillet 2008,
JP

Est-ce que “devoir d’irrespect” signifie réellement “devoir de mépris”? Je le comprends plutot comme “interdiction du respect”. Le résultat n’est pas le même.

5. Le 4 juillet 2008,
michel v

Ce que j’aime beaucoup, c’est cette idée de “devoir d’irrespect” couplé à une demande de respect envers le récent “travail” de LePost ou de Rue89.

Ça me fait penser aux connards qui emmerdent les gens puis leur crient “hey respect !” quand ils leurs répondent mal…

Ah, Guy Birenbaun et son habitude de ne s’attaquer qu’à l’arbre qui cache la forêt de ses contradicteurs, toujours un bonheur.

Blah ? Touitter !

Blanches colombes

Rue89, avec cette diffusion, gagne des milliers de lecteurs temporaires, qui sont intéressés par ce genre de vidéos, mais dans le même temps, le site ne perd-il pas une partie de sa crédibilité et de ses lecteurs les plus critiques, peut-être les plus à même, justement, de faire devenir ce journal une référence ? De la même manière, Libération va peut-être se faire incendier par ses lecteurs les plus partisans pour avoir démonté ce buzz, mais n’y gagne-t-il pas ici une certaine crédibilité en tant que journal “de référence” ? J’ignore volontairement les cinq pages de publi-rédactionnel pour le disque de Carla Bruni, le but n’étant pas de donner une note à Libé mais de constater les divers impacts des articles.

Pour finir, je constate que les “pure players” ne sont pas les blanches colombes qu’ils prétendent être, et que les médias papiers ont encore de sacrées ressources. La réflexion semble donc devoir se porter directement vers les pratiques journalistiques et la reconscienciation de l’importance du captage des lecteurs les plus difficiles, ceux qui sont psychorigides du sourçage, de l’explication, de la contextualisation, d’une approche réflexive plutôt qu’uniquement factuelle, et de la bonne écriture du français. Embaucher un médiateur et un correcteur me semble à ce titre assez indispensable vu le manque fatal de recul de la plupart des journalistes, et malgré la bonne connaissance pour certains des usages du web.

[Moktaramablog : “Petite analyse comparative du buzz et du journalisme”, via Narvic.]

1. Le 3 juillet 2008,
Le Hibou

Sans oublier qu’avec un papier sur « France 3 menace Rue89 d’un procès… » on se croirait vraiment sur Mediapart. Ça fait mal.

Blah ? Touitter !

La fête aux copains

Dans la blogosphère, on rencontre de tout, et avec le temps, je me rends compte que je n’ai plus l’envie ni le temps de butiner un peu partout et de lire n’importe quoi. Dans la blogosphère, il y a des gens qui me font rire, d’autres qui me font sourire, certains qui me font pleurer, certains dont les recettes me font saliver, et puis ceux qui me font réfléchir. Dans la blogosphère, il y a certaines personnes que j’ai envie de rencontrer parce qu’elles ont l’air sympa, et puis il y a celles qui sont plus que ça, ces personnes de qui je me sens très proche, pour une raison ou pour une autre, ces personnes qui deviennes des ami(e)s de coeur, ces personnes qui, quand on se rencontre “en vrai,” semblent avoir été mes ami(e)s depuis toujours.

[C’est pas moi je l’jure! : “La fête aux copains”.]

(J’ai un peu abusé de la fête aux copains hier soir, j’ai un super mal au crâne…)

1. Le 3 juillet 2008,
Je est un autre

Euh… ? ! t’as mal où ?

Blah ? Touitter !

Immigrant

Visa.

Une avenue ensoleillée. Des drapeaux à feuille d’érable. Un guichet. Un passeport. “Bonne installation !”.

Une avenue ensoleillée. Des larmes.

1. Le 3 juillet 2008,
ghusse.com

Je connais cette emotion… Et quelques annees plus tard, c’est un autre genre d’emotions quand, il y a quelques semaines, de retour pour la premiere fois aux Etats-Unis avec ma carte verte, on ne m’a pas plus pris mes empreintes digitales, ni ma photo et on m’a dit: welcome home.

Cela nous promet donc des billets interessants de la part de Laurent sur ce que signifie reellement l’expression “chez moi”.

2. Le 3 juillet 2008,
Rubin

Félicitations !

3. Le 3 juillet 2008,
Patrick

Bravo et bonne installation, le changement ça fait toujours un peu drôle les premiers jours puis petit à petit on commence à se sentir chez soi…

4. Le 3 juillet 2008,
Jujupiter

Bonne installation! (L’originalite, c’est mon dada.)

5. Le 3 juillet 2008,
Xavier

@Pierre : l’adage “Home is where the heart is” n’a peut-être jamais été aussi vrai pour Laurent :)

Bonne fin de parisianisme, capitaine !

6. Le 3 juillet 2008,
xave

Tu transmettras mes bises à ma petite sœur, tiens.

7. Le 3 juillet 2008,
Guillermito

Bienvenue en Amérique ! C’est quand que vous venez visiter Boston-sur-Mer ?

8. Le 3 juillet 2008,
Eolas

CLAUDE ???

9. Le 3 juillet 2008,
GreG

Moi j’ai deux questions qui me tarot-de-l’esprit :

1 - Quand t’expatritationneras-tu ? (bah quoi ?)

2 - Quand ne reviendras-tu plus ? (bon celle-là tu n’es pas obligé de répondre : toujours laisser à son interlocuteur le sentiment qu’il peut mener le jeu…)

3 - Continueras-tu, turlututu chapeau pointu, à web-loguer ou remplir ton carnet web de Laurent Gloaguen, alias le Capitaine ? Et si non, pourquoi pas oui à défaut d’un peut-être ?

Bon je rammasse la copie au plus tard demain, alors réflechis bien.

Question subsidiaire : As-tu conscience qu’en rejoignant Loïc Le Meur et Vinvin à l’exile, vous nous faites passer pour des cons, cause que les blogs français les plus populaires seront en fait des blogs non métroplitains ?

10. Le 3 juillet 2008,
ELM143

“Putain, c’est haut…” te dirait François. Fais un bon double noeud à ton élastique et saute !

11. Le 3 juillet 2008,
Vic (Victoire )

Ohhhh…. pourvu qu’on puisse te lire encore ! Ya pas de raison , bon… Bonne chance , ça va être super .

12. Le 3 juillet 2008,
N. Holzschuch

“Immigrant”. Le beau mot. Vous avez le droit de rentrer, de rester, vous êtes le bienvenu. C’est ça que ça veut dire, “Immigrant”. Sur un visa. Nettement mieux que “non-resident alien”. Enjoy!

13. Le 3 juillet 2008,
Marc

Bon, ben voilà quoi. Ca y est, tu y es. Bravo.

14. Le 3 juillet 2008,
La mouche du coche

je ne comprends pas les gens qui ne veulent pas habiter à Paris. Je sais qu’il y en a, mais je ne les comprends pas. Enfin.

15. Le 3 juillet 2008,
dagrouik

@eolas: Claude, comme Madame Claude ? tout s’explique, c’est donc là le coté lubrique de Laurent défenseur de la libre entreprise.

16. Le 3 juillet 2008,
Stephane Z

Le fameux autocollant. Je suis retombé dessus avec une certaine nostalgie en allant au consulat de France hier. Cette étape de vie me semble si lointain à présent.

Bon courage, une page se tourne.

17. Le 3 juillet 2008,
MQ

Et dans un peu plus de trois ans, c’est le serment d’allégeance à la reine (ou au roi) d’Angleterre, ainsi qu’à ses descendants.

Bienvenue au Canada :)

18. Le 3 juillet 2008,
Jali

OOOOOOOOOOOOH CAAAANADA ! ….

19. Le 3 juillet 2008,
C’est Raoul

C’est-tu le visa qu’est grand comme un demi-billet de 500 Francs (l’Europe a eu du bon la dessus!)? Genre un poil plus grand qu’une feuille format Legal…

20. Le 3 juillet 2008,
Laurent Gloaguen

@Greg : 1) Fin septembre. 2) ?. 3) Je réfléchis à ça, sans doute bloguer sous une autre forme.

@N. Holzschuch : oui, très beau mot.

@Raoul : non, un peu plus petit qu’une page de passeport.

21. Le 3 juillet 2008,
karl, La Grange

@Holzschuch: pas tout à fait. Sur une période de 5 ans de temps, on a pas le droit de passer plus de 3 ans à l’extérieur du pays sous peine de perdre son statut de résident permanent.

22. Le 4 juillet 2008,
Christophe Ginisty

Félicitations et grande vie dans la belle province.

23. Le 4 juillet 2008,
LeBen

Je frissonne pour vous, mon capitaine.

24. Le 4 juillet 2008,
Damien B

Je frissonne pour vous, mon capitaine.

Il fait donc si froid que ça au Canada ?

25. Le 4 juillet 2008,
Laurent Gloaguen

@Damien B : meuh non, c’est une légende

26. Le 4 juillet 2008,
tehu and his maple wife

Bon Voyage, M. Gloaguen…

27. Le 4 juillet 2008,
Damien B

@Laurent

Oh Mein Gott…

28. Le 4 juillet 2008,
marie-Hélène

Et bien, bonne installation dans la belle province.

Blah ? Touitter !