Journal de bord

samedi 12 septembre 2009

Cheminement d’une image

2009-fete-kadhafi.jpg

Admirez ce mélange de tradition et modernité… Tellement lybien…

La photographe algéroise Zohra Bensemra a réalisé un reportage, dont cette photographie est extraite, sur le grand spectacle donné pour le 40e anniversaire de la prise de pouvoir de Muammar al-Kadhafi en Lybie, pour le compte de l’agence Reuters.

La légende de Reuters est :

Performers reproduce the scene of a hanging during a ceremony to celebrate the 40th anniversary since Muammar Gaddafi seized power in Libya, at former U.S. base Matega in Tripoli August 31, 2009. Military bands, 400 dancers, aerobatic planes and fireworks are set to electrify a hot and drowsy Tripoli as Muammar Gaddafi throws Libya’s biggest party to mark four decades since taking power. REUTERS/Zohra Bensemra (LIBYA ANNIVERSARY POLITICS)

Cette photo est reprise par le Figaro Magazine avec la légende ambiguë :

La corde au cou sous les lasers blafards et les lumières de boîte de nuit, ces condamnés à mort sont des acteurs du spectacle qui a célébré avec faste, mardi dernier, les quarante ans de pouvoir sans partage du dirigeant libyen Muammar al-Kadhafi. Composé d’une trentaine de tableaux, la « comédie musicale » a enchaîné deux heures de musique, d’illuminations et de danse avec la participation de centaines de danseurs et cavaliers de Libye, de Tunisie, du Maroc, d’Egypte et d’Ukraine. Etaient notamment présents Alain Joyandet, secrétaire d’Etat français à la Coopération, Hugo Chavez, Mahmoud Abbas, l’émir du Koweït et le ministre espagnol des Affaires étrangères (Zohra Bensemra/Reuters)

Ce qui devient chez une blogueuse outrée (sur un blogue que j’apprécie par ailleurs) :

Interrogé sur la question des droits de l’homme, Joyandet assure s’en occuper tout le temps et souligne que la France ne renonce pas à ses valeurs. Et tout de suite, la preuve en images. Voici un exemple d’un des spectacles, d’une des “activités culturelles” auxquelles la France a contribué : [photo.]
Ce que vous voyez ci-dessus, dans une très impressionnante photo publiée par le Figaro Magazine, ce sont des condamnés à mort, acteurs d’une « comédie musicale » ayant enchaîné deux heures de musique, d’illuminations et de danse.

Découvrant cette image frappante chez cette dernière, m’étonnant qu’elle n’ait pas fait plus le tour de la presse, qu’elle n’ait provoqué aucune réaction internationale, et trouvant une telle scénographie avec des condamnés à mort hautement improbable dans ce spectacle ayant, entre autres, pour vocation de redorer l’image internationale de la Lybie, j’ajoute ce commentaire au milieu des “hou, hou, cémal, trop la honte, vilain dictateur” — commentaire resté, je ne sais pourquoi, “en modération” jusqu’à l’heure présente :

Heu, j’ai des doutes sur l’interprétation de la photo. Ne s’agirait-il pas d’une reconstitution d’un événement de l’histoire lybienne ? Comme par exemple la pendaison de l’indépendantiste Omar Mukhtar par les Italiens ? Bref, quelle était la légende du Figaro Magazine accolée à cette photo ?

Je me pose des questions, parce que ça parait un peu gros et que je ne trouve pas de reprises de cette info. Merci de m’éclairer.

Ayant après retrouvé les légendes du Figaro et de Reuters, qui ne sont pas très informatives (ok, une scène de pendaison, je le vois bien, mais pourquoi ?), j’ai enfin trouvé l’explication sous la plume de Ian Black, correspondant du Guardian à Tripoli, ce qui rejoignait ma première intuition :

Large parts of the programme were devoted to Libya’s struggle against Italy, which occupied the country from 1911 until the second world war. One tableau recreated a mass hanging (designed to crush the anti-colonial resistance) complete with wooden gallows and dangling corpses.

The Guardian, Ian Black: “Extravagant celebrations in Libya to mark Gaddafi’s 40 years in power”.

Je n’ai aucune sympathie particulière pour le Guide suprême de la révolution de Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, ou pour M. Alain Joyandet, secrétaire d’État chargé de la coopération et de la francophonie, et là n’est pas le sujet. Mais, ce qu’on peut faire dire à une image me passionne toujours autant, ainsi que l’aptitude à dégainer sans réfléchir (très commune chez les blogueurs et commentateurs, et encore plus chez les Touittereurs).

1. Le 12 septembre 2009,
Quirinus

Dans un trio composé d’un pédé, d’un arabe et d’une meuf, cherchez l’erreur.

2. Le 12 septembre 2009,
gilda

Ce qui est terrible et terriblement intéressant c’est qu’on puisse le croire - au sein d’un spectacle organisé en gloire d’un dictateur, la possibilité de faire “admirer” des exécutions -. C’est à dire que dans un coin d’inconscient on (je pense que la personne qui a écrit sans verifier n’est pas la seule à avoir fait la confusion) accepte à ce point l’impensable et l’inhumanité. Presque aussi flippant que s’ils l’avaient vraiment fait.

3. Le 13 septembre 2009,
L'Arabe

@Quirinus: C’est un quatuor. Vous m’oubliez bien vite…

4. Le 13 septembre 2009,
Eric

@ L’Arabe : «@Quirinus: C’est un quatuor. Vous m’oubliez bien vite…»

Il semblerait plutôt que ce soit le Juif qui a été oublié. Mais j’aurais tendance à penser que l’erreur est ailleurs.

5. Le 13 septembre 2009,
Laurent Gloaguen

En fait, le Juif et l’Arabe doivent être le même, d’où l’erreur de l’Arabe ;-)

6. Le 13 septembre 2009,
La Meuf

Si vous me lisiez correctement, vous réaliseriez que je n’ai jamais prétendu qu’il s’agissait là de véritables exécutions. La légende du Figaro Mag disait qu’il s’agissait d’acteurs et je l’ai dit dans l’article. Je trouve simplement ce genre de spectacles un peu déplacés des années après les faits qu’ils illustrent et dans un pays où la peine de mort n’a évidemment pas été abolie.

@L’Arabe: t’étais bourré ou quoi quand t’as laissé le commentaire?

@Quirinus et Eric: quelle est censée être l’erreur entre un arabe, un pédé et une meuf?

7. Le 13 septembre 2009,
Laurent Gloaguen

Heu, veuillez m’excuser…

Vous avez écrit “ce sont des condamnés à mort, acteurs d’une « comédie musicale »”…

Je crois savoir lire.

Vous avez d’ailleurs repris l’ambiguïté de la légende du Figaro “ces condamnés à mort sont des acteurs du spectacle qui a célébré avec faste…”.

Vous n’avez pas précisé qu’il s’agissait d’une reconstitution de faits fondateurs de la Lybie moderne et du nationalisme arabe, remontant aux années 1930, puisque vous étiez dans l’ignorance de ce sujet :

Merci Laurent pour ces informations supplémentaires. Le Figaro Mag disait simplement qu’il s’agissait de “condamnés à mort acteurs” mais ne disait pas ce que le “tableau” était censé représenter.

De plus, votre argutie sur la légitimité d’une reconstitution de certaines pages de l’occupation coloniale de la Lybie dans un spectacle historique me semble oiseuse.

8. Le 13 septembre 2009,
Laurent Gloaguen

@Quirinus : laissez-moi réfléchir, êtes-vous homophobe, raciste ou misogyne ?

9. Le 13 septembre 2009,
L'Arabe

Non, effectivement, j’étais bourré… ;-)

10. Le 13 septembre 2009,
Eric

@ L’Arabe et La Meuf : je sous-entendais que l’erreur était Quirinus…

Blah ? Touitter !

JLR, un retour en fanfare

Avec 62 000 followers, un record en France, Jean-Luc Raymond fait figure d’expert. Journaliste de formation, aujourd’hui consultant et spécialiste de la “fracture numérique”, il met ses connaissance de l’outil au service des entreprises.

[…] De fait, @jeanlucr suit, en retour, plus de 62 000 personnes. “Je ne peux pas lire l’intégralité des messages, j’ai quelques comptes sélectionnés que je suis avec un lecteur de flux RSS et je me connecte sur le fil principal où je saisis ce qui se dit sur le moment. La beauté de Twitter c’est l’évanescence de ces courts messages.” Il a beau en avoir fait une partie de son activité professionnelle, quand il parle gazouillis, son œil brille.

La popularité de @jeanlucr tient au contenu qu’il propose : une veille sur les réseaux sociaux – un sujet qui intéresse les utilisateurs – très pertinente et diffusée en français et en anglais. “J’ai commencé a twitter en anglais quand j’ai vu que je pouvais connecter avec des gens du Brésil comme d’Australie. Je suis entré en connexion avec des graphistes de Bucarest, si j’allais là-bas, je serais tout à fait accueilli, c’est tout de même surprenant !”

Alors comment faut-il s’y prendre pour être lu ? “Ce qui est le plus retweeté ce sont les éléments de réflexion, il faut bien écrire, avoir un contenu fort et engageant. Et puis ne pas se fier aux effets de mode : c’est sur le long terme qu’on se construit une véritable audience”.

[…] En fait Twitter place l’émetteur dans une situtation de média : ce qui compte c’est le contenu. Plus il est rare et précieux, plus il attire de gens. Jean-Luc Raymond le mesure bien : “Avec 62 000 lecteurs réguliers, j’ai une pression de l’audience. Modestement, je sais qu’en pointant vers un lien cela va avoir des conséquences, cela va être lu”.

Ce phénomène vient heurter les médias traditionnels. Quel titre de presse quotidienne ne rêverait pas d’ajouter 62 000 personnes à son audience ? Car les followers sont un peu plus que de simple lecteurs : des fidèles relais, prêts à rediffuser largement une information. Plus qu’un lectorat, une communauté.

A écouter Jean-Luc Raymond, le phénomène ne fait que commencer. Il prédit : “Twitter est là où étaient les blogs en 2001, ce n’est qu’un frémissement. Mais attendez un peu, l’outil n’est même pas traduit en français. Attendez la généralisation des smartphones, le développement de la mobilité… Ça va exploser.”

Le Monde, Thibaud Vuitton : “La course aux followers”.

Rien qu’à lire le nom de Jean-Luc Raymond, un grand vent de nostalgie s’engouffre.

(Les “néo-blogueurs d’après l’an 0 après LMM” ne peuvent pas comprendre. Désolé.)

1. Le 12 septembre 2009,
Nicolas B.

J’ai joui.

2. Le 12 septembre 2009,
Damien B

Au secours. Et dans la même veine, on aura un nouveau magazine papier Twittizen dans deux ans ?

3. Le 12 septembre 2009,
KMS

Ah ah j’avais vu ça il n’y a pas très longtemps (je suis même passé sur Mediatic pour voir…), c’était comme de voyager dans le temps… je savais bien que tu tomberais dessus un jour ou l’autre.

(je viens de regarder, il dépasse maintenant les 73 000… combien de putes albanaises là dedans? combien de robots chinois? combien de vidéo de Britney en train de sucer? je me pose la question))

4. Le 12 septembre 2009,
Xarro

“Twitter est là où étaient les blogs en 2001, ce n’est qu’un frémissement.”

Purée, le gars prédit et tout. Oo

5. Le 12 septembre 2009,
Karl, La Grange

Et dans ses followers, il y a “Dating4Dummies” et combien d’autres bots ? :)

6. Le 12 septembre 2009,
Olivier

Alors… ça veut dire que @jeanlucr est une vraie personne ? Mince, moi qui croyait que c’était un bot qui twittait tout ce qu’il voyait…

7. Le 12 septembre 2009,
narvic

Hors sujet : “Après, si vous voulez cultiver le troll, libre à vous. Mais ça demande un vivarium et du talent ;-).”

Lu là-bas :http://padawan.info/fr/2009/09/ici-vous-etes-chez-moi.html

Mais il parait que le vivarium, c’est ici. :-)

8. Le 12 septembre 2009,
Laurent Gloaguen

Rhooo, il y a vraiment de mauvaises langues… Des trolls ? Où ça, hein ?

9. Le 13 septembre 2009,
Anne Onyme

C’est qui ce mec ? Sincerement je n’ai jamais entendu parler de lui.

10. Le 14 septembre 2009,
Off Topic

Ben merde alors, JLR qui revient, c’est un peu comme si j’assistais à une épidémie de chaude pisse. De l’improbable réel. Il ne nous reste plus qu’à voir la Rondelle se ré-ouvrir, découvrir une nouvelle Maïa du tweext, se délecter des vannes méchantes d’un Warcel obamé et j’aurai l’impression d’avoir perdu 10 ans d’un coup.

11. Le 15 septembre 2009,
Morgan

Oh mince, j’étais passé complètement à côté de cet article. Nostalgie, quand tu nous tiens… Finalement, on est quelque part dans un éternel retour. Les mêmes personnes, les mêmes attitudes, juste quelques années plus tard. Vivement JLR en Web 3.0 !

Blah ? Touitter !