Journal de bord

vendredi 14 janvier 2011

La coiffeuse de Tunis

Elle symbolise, mieux que personne, les turpitudes et l’arrogance du régime Ben Ali. Elle est devenue la femme la plus haïe du pays. On l’appelait « la régente ». On spéculait sur ses chances d’accéder un jour à la présidence. Elle était devenue politiquement incontournable, médiatiquement omniprésente, et économiquement hégémonique.

Leïla Trabelsi, l’épouse du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, est d’ores et déjà, et quelle que soit l’issue de la crise qui secoue aujourd’hui le pays du jasmin, l’une des principales « victimes politiques » de l’affaire. Avec le limogeage des inamovibles Abdelawahab Abdallah et Abdelaziz Ben Dhia, deux de ses obligés, intervenu jeudi 13 janvier au palais de Carthage, elle a perdu ceux qui étaient ses meilleurs alliés du sérail.

Elle-même, à en croire la vox populi, aurait déjà fait ses bagages et se serait provisoirement repliée sur Dubaï, une ville où elle a ses habitudes. Une rumeur, insistante mais invérifiable, prétend qu’elle serait partie dès le début des troubles, le 19 décembre, et qu’elle aurait emporté avec elle 1500 lingots d’or extraits des coffres de la banque centrale. L’histoire est sans doute trop belle pour être vraie. Elle montre cependant à quel point « Leïla la coiffeuse devenue présidente » cristallise les fantasmes et les haines.

Dernières Nouvelles d’Algérie : “Du séchoir au pouvoir : Le destin contrarié de Leila Trabelsi Ben Ali”.

Comment voyez-vous la situation évoluer ?

Je ne sais pas. J’espère que le pouvoir comprendra que la solution est d’abord politique. Il y a certes des problèmes économiques et sociaux qui doivent être résolus. Mais il y a d’abord un problème politique de fonds qui est le manque de liberté. La question de la corruption est également importante. Le Premier ministre a annoncé la constitution d’une commission, j’espère que celle-ci n’enterrera pas le problème comme c’est souvent le cas. Elle doit avoir un mandat général et n’épargner personne.

Vous croyez sérieusement qu’une commission puisse en Tunisie enquêter sur la famille Trabelsi ? (Leila Trabelsi est l’épouse du chef de l’Etat, NDLR).

Je reconnais que je suis sceptique…

L’Express : “L’analyse de Moktar Trifi, le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme”.

6 actes

Il faut enfin annoncer six actes forts :

- L’arrestation des malandrins et prédateurs encore présents sur le sol tunisien, notamment Imed et Belhassen Trabelsi.

- La déclaration d’une amnistie générale et du retour des exilés politiques.

- L’allègement des souffrances des pauvres et des victimes de la paupérisation par des mesures concrètes.

- L’autorisation d’entrée en Tunisie à tous les correspondants de la presse étrangère.

- La mise en place d’une caisse d’allocation chômage dont le financement pourrait se faire par la contribution de ceux qui se sont suffisamment enrichi pour donner maintenant aux pauvres et aux chômeurs.

- L’abolition de la peine de mort en Tunisie, que je n’ai pas cessé de vous demander depuis 2000, que vous étiez sur le point de réaliser en 2001 après l’étude que je vous ai remise.

J’ai écouté votre discours émouvant d’hier. Notre bon peuple, qui est suffisamment sage et suffisamment mur pour la démocratie, saura raison garder et l’élite politique tunisienne toutes tendances confondues à l’exception des extrémistes de tout bords, saura saisir cette occasion pour construire, tous ensembles, un avenir à la mesure des aspirations légitimes de notre peuple.

C’est d’ici, de l’Unesco, le temple de l’éducation, de la culture, de la tolérance, de la liberté de pensée et de l’humanisme – toutes ces valeurs pour lesquelles je me suis toute ma vie battu –, que je vous adresse solennellement cette lettre et que je dépose entre vos mains ma démission.

Si vous la refusez, cela signifierai pour moi que, désormais, je servirai un Etat démocratique. Si vous l’acceptez, ce serait pour moi une délivrance et pour vous une déchéance. J’affronte ainsi mon destin, comme vous affrontez le votre et comme notre chère Patrie affronte le sien.

Que la Providence préserve la Tunisie de l’affliction anarchiste et de l’abjection intégriste. Vive le peuple tunisien, Vive la Jeunesse tunisienne, Vive la République laïque.

Le Monde : lettre de démission envoyée par l’ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco, Mezri Haddad.

1. Le 16 janvier 2011,
merriadoc

C’est ce qu’on appelle choisir son moment…

Blah ? Touitter !