Journal de bord

dimanche 9 juin 2013

Vanneste, toujours en vie

Dans la rance France complaisamment exposée par les médias ces derniers mois, Christian Vanneste se sent moins seul. Merci Virginie Merle-Tellenne.

Christian Vanneste

Minute : Votre livre s’intitule M… au lobby gay!. Le M…, c’est pour Merde ou c’est pour Merci ? Car finalement, après toutes vos mésaventures, vous êtes maintenant libre de dire tout ce que vous voulez…

Christian Vanneste : Non, c’est le mot de Cambronne ! C’est le célèbre mot qui vient confirmer, de façon claire et concise, ce que Cambronne venait de déclarer durant la bataille de Waterloo à un général anglais qui avait l’outrecuidance d’insister pour qu’il dépose les armes : « La garde meurt, mais ne se rend pas ! » C’est mon envoi au lobby gay : Vanneste meurt, mais ne se rend pas !

Ce lobby, vous le dénoncez tout au long du livre, mais qu’est-ce exactement que le « lobby gay » ?

Le lobby gay est un mouvement qui trouve ses racines aux États-Unis dans la pensée de Harry Hay, un intellectuel marxiste et homosexuel. Dès la fin des années 1940, Harry Hay a théorisé le mode de développement de ce groupe de pression, en identifiant le groupe homosexuel comme étant un groupe dominé et en en faisant une sorte de prolétariat. Selon sa théorie, le groupe homosexuel devait s’engager dans un processus de libération par rapport à l’idéologie excluante de l’ensemble de la société. La différence avec le marxisme, et l’une des aberrations de son raisonnement est que le prolétariat avait vocation à devenir majoritaire et à constituer la totalité du peuple alors que toute revendication des homosexuels constitués en groupe de pression ne peut être qu’ultra minoritaire !

Sauf à basculer dans une autre dimension, totalement irréelle, et c’est ce qui se passe avec la « théorie du gender », qui, comme le marxisme, est une théorie culturaliste, qui nie l’importance de la nature. On en arrive à dire que l’orientation sexuelle est plus importante que le sexe, ce qui est complètement absurde, car il y a bien évidemment, physiquement, une différence entre les sexes. C’est encore Harry Hay qui, dans les années 1970, a apporté sa caution intellectuelle au mouvement LGBT dont je n’ai jamais compris qu’on ne dénonce pas certaines de ses propositions dans un grand éclat de rire.

Non seulement la théorie a pris, mais elle est passée à un autre stade, celui de la quasi-dénonciation de l’« hétérosexualité », conçue comme un simple mode particulier de sexualité…

Oui, car, après lui, sont arrivés des « identitaires homosexuels », pour qui la sexualité fonde l’identité, et qui ont joué à fond la carte de la victimisation. Leur raisonnement, ou leur tactique, est d’une grande simplicité : si nous sommes exploités, c’est à cause de la culture hétérosexuelle contre laquelle il faut se regrouper et se mobiliser.

Sans réaction ?

Pendant longtemps, il n’y a pas eu de réaction, car on ne mesurait pas à quel point ces revendications farfelues allaient pénétrer la société. Cela semblait impensable qu’elles sortent d’une culture ultra minoritaire pour irriguer un jour jusqu’à l’enseignement dans les écoles ou jusqu’à la modification de la législation et du sens même des mots du dictionnaire ! Il a fallu en arriver là, avec une vitesse de propagation jamais vue en France, pour que la résistance se lève et s’organise.

Vous faites là allusion au mouvement de la Manif pour tous…

A la Manif pour tous, au Printemps français et à tous les mouvements qui sont nés en réaction à la dénaturation du mariage, jusqu’aux Antigones. Les Français ont eu une réaction forte et cohérente, qui pose les bases d’un solide mouvement de reconquête des esprits par ce qui est tout simplement le bon sens.

Pendant longtemps, j’ai eu l’impression d’être seul : seul sur le plan intellectuel et politique, seul à résister à une idéologie dangereuse, absurde et pernicieuse portant at teinte à la liberté d’expression dans la mesure où, maintenant, toute critique de cette idéologie conduit au tribunal en vertu d’une législation qui contraint la parole et même la pensée ! Lorsque j’ai été poursuivi – pour être finalement totalement blanchi, on oublie de le rappeler ! –, je ne l’ai pas été à raison de ce que j’avais dit, mais en fonction de ce qu’on me suspectait de penser au-delà de ce que j’avais dit ! J’ai été la première victime d’un système totalitaire et je crains de ne pas être le dernier.

Ce mot d’« homophobe » est dépourvu de tout sens, mais admettons-le pour répondre à votre question. Il n’y a jamais eu la moindre « homophobie » dans mes propos, c’est-à-dire le moindre appel à la haine ou à la violence envers les personnes homosexuelles. Je me contente de défendre une conception millénaire de la société. Que l’on veuille me bâillonner alors que je ne fais qu’exposer tout ce qui est à la base de la société et qui lui permet de se reproduire de génération en génération est tout simplement extravagant !

Le système totalitaire de contrôle de la pensée, a fortiori quand elle est catholique, comme c’est mon cas, repose sur la pression, les menaces de toute une myriade d’associations qui perçoivent des subventions inversement proportionnelles à leur représentativité et qui se permettent de traîner ceux qui résistent à leurs oukases devant les tribunaux pour un oui ou pour un non. Ces associations ne sont fortes que de la lâcheté de ceux qui, s’ils étaient fidèles à leurs convictions – ou à leurs électeurs – devraient les ignorer.

En fait, ces associations appliquent la méthode qui a fonctionné pour le racisme. C’est la technique du coucou : elles s’installent dans le lit de l’antiracisme et font pareil. Elles auraient tort de se gêner puisque ça fonctionne.

Pourquoi cette lâcheté ?

Parce que les partis politiques ne sont plus que des agences de placement électoral, à commencer par l’UMP. Ce que Stéphane Bern vient de révéler sur Jean-François Copé tenant, en privé, des propos favorables au mariage homosexuel n’est que la divulgation publique de ce que je savais. Bien sûr qu’il était favorable au mariage homo ! Beaucoup l’étaient à l’UMP. Mais comme leurs électeurs – ou leurs anciens électeurs – se sont levés pour dire non, ils sont devenus contre ! Vous noterez au passage que Jean-François Copé dîne avec Stéphane Bern et Marc-Olivier Fogiel ; moi pas.

Si j’ai été flingué, alors que j’étais très proche de Nicolas Sarkozy dans un premier temps, c’est parce que ces gens-là, qui n’ont aucune conviction et qui n’ont aucune formation philosophique, ceci expliquant cela, pensaient utile d’être bien avec le lobby gay qui comprend des associations, mais aussi des gens fortunés.

Il faudra quand même un jour que l’on sache qui finance GayLib et comment ce mouvement est devenu associé à l’UMP !

Ce n’est quand même pas compliqué de comprendre que le mariage des homosexuels constitue un changement anthropologique majeur, il suffit d’avoir lu Claude Lévi-Strauss pour le savoir !

Peut-être Lévi-Strauss n’est-il pas enseigné à l’ENA…

L’ENA est une école d’ignorance et de fatuité. Elle ne produit que des dirigeants inefficaces et très sûrs d’eux.

Quand vous parlez, dans votre livre, d’« invasion de l’UMP par le groupe de pression homosexuel », vous y allez quand même un peu fort !

Vous trouvez ? Il y en a plus qu’on ne le pense. Vous avez ceux qui sont déclarés, ce qui aurait été impossible il y a quelques années, parce qu’ils le sont, mais vous avez surtout ceux qui se sont déclarés pour des raisons électorales, particulièrement en région parisienne.

Et puis, et là on marche sur la tête, vous avez ceux qui ne sont pas homosexuels, mais qui se déclarent « gay friendly », comme on dit, pour avoir les sympathies de la presse!

L’exemple emblématique est Nathalie Kosciusko-Morizet, qui mise sur la bienveillance des médias et le vote des homosexuels à Paris pour être élue.

Au-delà des personnalités, il ne faut pas négliger le poids des apparatchiks.

Je ne peux pas donner de noms, mais, au sein de l’appareil de l’UMP, le groupe de pression homosexuel est extrêmement puissant. Ce cercle de l’ombre, si j’ose dire, pratique une sorte d’autorecrutement et cela finit par peser sur les décisions ou, pire encore, par des anomalies dans le fonctionnement parlementaire comme il a pu s’en produire au Sénat lors du vote sur le mariage des homosexuels.

Mais comment le groupe a-t-il pu renoncer à demander un scrutin public?

C’est joyeux…

C’est la réalité. Moi qui ai commencé en politique à l’UJP, le mouvement des jeunes gaullistes, et étais bien sûr, en Mai 68, contre la « chienlit » et les idées folles que défendaient les révoltés, j’ai fini par m’a percevoir que, dans mon parti, devenu l’UMP, je n’avais plus que des adversaires. Dans le parti auquel j’étais resté fidèle, il n’y avait plus que des Rhinocéros, comme dans la pièce de Ionesco…

Le mouvement suscité par le « mariage pour tous » a dû vous réjouir.

Ce mouvement me donne beaucoup d’espoir en cela qu’il vient du peuple. C’est la levée – la levée en masse si j’ose dire – des gens d’en bas, révoltés non seulement par le fait que notre pays connaît le déclin, mais surtout par le fait qu’il s’enfonce dans la décadence. Les valeurs disparaissent, la seule qui tenait encore à peu près debout, la famille, est attaquée, et ce « vieux peuple », comme disait de Gaulle, se dresse enfin! Oui, l’espoir a changé de camp!

Oui, c’est une réaction de tout un peuple et c’est une réaction de la vie, cette vie qui finit toujours par gagner! J’espère que cela va se traduire par un mouvement politique quasiment révolutionnaire.

Comment le voyez-vous ?

Je ne le vois pas, j’essaye de le faire. Je suis pour l’union des droites, de toutes les droites, mais à une condition: que ce soit des vraies droites, et pas des gens qui font carrière.

Avec le Front national ?

Avec toutes les droites, même si, je dois le dire, les positions économiques de Marine Le Pen me dérangent énormément. En gros, Marine Le Pen est passée à ma gauche…

Être vraiment de droite implique d’être conservateur sur les valeurs sociétales, ancré sur l’idée de nation et pragmatique sur le plan économique, ce qui ne peut se concevoir que lorsqu’on agit à l’intérieur d’un impératif qui est l’impératif libéral, qui est bien différent de la mondialisation.

Il faut aussi dire que la liberté est essentielle, à commencer par la liberté de l’information, absolument essentielle, ce qui est mon point de convergence avec Robert Ménard chez qui mon livre est édité.

Mais sur le plan économique, il faut être conscient que seuls des acteurs économiques qui ont la possibilité d’être libres peuvent donner une économie efficace.

Minute, 5 juin 2013. Propos recueillis par Antoine Vouillazère.

1. Le 9 juin 2013,
blahbah

“En gros, Marine Le Pen est passée à ma gauche”

Comme ça au moins c’est clair.

2. Le 10 juin 2013,
Blah Login
3. Le 10 juin 2013,
Krysalia

“Ce mot d’« homophobe » est dépourvu de tout sens, mais admettons-le pour répondre à votre question. Il n’y a jamais eu la moindre « homophobie » dans mes propos, c’est-à-dire le moindre appel à la haine ou à la violence envers les personnes homosexuelles.”

shorter :

j’affirme que ce mot n’a aucun sens particulier mais je lui inventerai la définition qui m’arrange si on me dit qu’il me correspond :D.

FailLoop
4. Le 10 juin 2013,
Dave

Utiliser Levy-Strauss pour tenter de justifier son homophobie de petit nazillon provincial, c’est quand même assez couillu, si tu me passes l’expression.

5. Le 13 juin 2013,
JMU

Bon, je passe sur la politique, parce que bon, tout le monde a compris, et puis ça pue un peu aussi.

Or donc cependant : “L’ENA est une école d’ignorance et de fatuité. Elle ne produit que des dirigeants inefficaces et très sûrs d’eux.”

Ben voyons. Je passe sur le “très sûr d’eux”, mais “inefficaces”… On dirait qu’il n’a pas compris comment fonctionne la France. Le vrai pouvoir, il est tenu par les hauts fonctionnaires et les cabinets de ministre, et c’est des énarques / polytechniciens. Et non, le pays ne s’est pas encore effondré depuis que ça marche comme ça (ça commence quelque part entre Napoléon et de Gaulle).

Autrement dit, “tous pourris, tous nuls, le Peuple (TM) seul a raison”. Bon choix de journal, somme toute.

Blah ? Touitter !

Toute la mémoire du monde

Alain Resnais, Toute la mémoire du monde. 21 mn. 1956. Musique Maurice Jarre.