Journal de bord

dimanche 28 juillet 2013

Levis 501 button fly

Al Parker

Je n’avais pas entendu parler de clones depuis ma jeunesse…

[…] On me demande parfois qui sont les “clones” dont je parle dans tous mes livres. C’est un signe évident que les gays eux-mêmes oublient certains termes qui les ont pourtant définis. Un clone est un homme gay qui revendique son appartenance à un groupe en adoptant une apparence générique, qui le rapproche des siens. Le clone est une copie de l’original. Les clones sont des gays qui se ressemblent : un jean, un T-shirt, des chaussures de chantier, une moustache ou une barbe.

[…] Donc la barbe, la moustache et d’autres signes visuels, sont le symbole de la montée en puissance du look gay à la fin des années 70 et il s’exporte en Europe comme le montrent les photos des premières Gay Pride, le look de certains écrivains influents comme Yves Navarre ou les films datant du début des années 80 comme Taxi Zum Klo en Allemagne et Querelle de Fassbinder. On parle déjà d’une uniformisation américaine, qui est critiquée de ce côté de l’Atlantique mais l’arrivée du sida va y mettre fin d’une manière très violente puisque les clones font partie des groupes les plus touchés par les premières années de l’épidémie. Les années 80 sont celles des visages imberbes et de l’épilation dans les films pornos de Falcon. Le phénomène des kikis et des Red Skins (des skinheads de gauche) se développe en Europe, surtout en France et en Angleterre. Le look militant d’Act Up (jeune, cheveux courts) est presque militaire. Les années 90 sont celles de la réapparition du poil sur le visage avec le bouc qui sera si populaire qu’il deviendra lui aussi une particularité gay. Encore une fois, il provient pourtant d’un détournement urbain du look redneck américain. Mais la fin des années 90 marque l’explosion sans précédent de la métrosexualité qui va naître chez les gays pour devenir une niche commerciale qui s’étendra à toute la société. Les hommes prennent soin de leur peau, les produits et marques se multiplient et s’internationalisent (Kiel’s n’était qu’une toute petite boutique de New York à la fin des années 80 pour devenir une marque internationale depuis), l’épilation refait surface avec des salons spécialisés pour hommes et la mode impose un look androgyne, plus jeune, qui contribue à une redéfinition des genres.

Arrivons au milieu des années 2000. Le look clone de Californie réapparait 25 ans plus tard. Le tatouage se renouvelle et prend de plus en plus une dimension artistique. Les premières barbes apparaissent chez les gays. Le porno surfe sur ce modèle avec des acteurs toujours plus virils et de moins en moins rasés. Le poil devient hirsute. Sébastien Chabal devient une icône. Les hipsters vont arriver. Un air de basculement semble proche.

Etant journaliste, j’ai passé ma vie à vanter le look clone. Il me semblait être de ma responsabilité de faire en sorte que ce look, qui m’a beaucoup influencé au moment de mon identification gay, ne soit pas oublié. J’ai toujours célébré les hommes barbus, poilus, masculins, parce que je les admire vraiment. Finalement, je n’ai pas cessé de faire la promotion du retour de la barbe et de la moustache, surtout chez les jeunes car j’espérais que les cycles de mode reviendraient à la case départ.

Didier Lestrade : “Les gays sont devenus barbus grâce au cinéma américain”.

Freddie Mercury, Queen of The Clones

[Freddie Mercury, Queen of The Clones.]

Toujours chez Lestrade :

[…] Il est connu que dans les années 80, les gays entre eux n’avaient pas une très bonne image de la vie en couple. Le sexe était si nouveau, si présent qu’on soupçonnait les gays en couple de ne pas vouloir jouer le jeu de la liberté sexuelle. Pourquoi s’attacher à quelqu’un quand ont avait attendu de si longues années pour rencontrer tous les mecs possibles ? Aujourd’hui, le sexe est redevenu central chez les gays après les vingt années noires du sida mais le paradoxe est que l’arrivée du mariage gay favorise à nouveau d’idée du couple LGBT. Donc d’un côté, il y a la hook-up culture, on baise sans lendemain, de l’autre il y a la possibilité de devenir un couple face à la société et à l’opposé de tout ça, il y a cette part grandissante de solitude. Où est l’équilibre ? […]

Didier Lestrade : “De la solitude des LGBT”.

So Many Men So Little Time de Miquel Brown, l’énorme tube gay disco Hi-NRG du début des années 80.

So Many Men So Little Time, devenu la devise gay juste avant le sida.

Pour revenir au look Castro clone, c’était celui de la génération avant moi, celui des mecs que je trouvais vieux (genre, 26 ans et plus, quand j’en avais 18). Ma génération se partageait entre New Wave (comme moi peut-être) et Skin.

1. Le 28 juillet 2013,
Maxime

“Les clones sont des gays qui se ressemblent : un jean, un T-shirt, des chaussures de chantier, une moustache ou une barbe.”

C’est marrant, je connais plein de geeks qui se retrouvent avec le look “clone”. Je dois être un peu gay à l’insu de mon plein gré.

2. Le 28 juillet 2013,
padawan

Donc d’un côté, il y a la hook-up culture, on baise sans lendemain, de l’autre il y a la possibilité de devenir un couple face à la société et à l’opposé de tout ça, il y a cette part grandissante de solitude. Où est l’équilibre ?

De toute évidence, pas dans ce manichéisme dont fait preuve Lestrade.

3. Le 2 août 2013,
laurent out of Colombia

je suis passé aux “mots à la bouche” l’autre fois et j’ai la sensation d’avoir été reçu par un Renaud Camus de 25 piges. La moustache ne va pas à tout le monde !

Blah ? Touitter !