Journal de bord

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Le on-dit-que-sur-Twitter

Les réseaux sociaux, et Twitter en particulier, sont devenus la facilité incontournable du mauvais journalisme (et particulièrement du journalisme de remplissage).

Pire encore, ils permettent à certains journalistes de passer leur propre opinion, ou leur propre vision pré-conçue, dissimulée sous le « on-dit », en étant parfaitement sélectif sur le soi-disant signal envoyé par les réseaux sociaux, qu’on prend très rarement le soin de quantifier. Les réseaux sociaux sont une masse confuse, indistincte, qui dit tout et n’importe quoi, et où la pêche est toujours bonne.

Dès qu’un article parle du « on-dit-que-sur-Twitter », nous savons que nous sommes dans la médiocrité, dans la généralisation hâtive, dans l’analyse café-du-commerce. Démonstration : « D’ailleurs, les critiques à l’égard des journalistes sont sévères sur Twitter et les réseaux sociaux où leur incompétence est régulièrement mise en lumière. »

Et quand on veut remplir l’espace à peu de frais, les copies d’écran sont bien pratiques :

Les journalistes

[P.S. Il est vrai quand même qu’Internet n’est pas tendre avec la corporation ; un exemple tout frais : “La NASA de l’apocalypse”.]

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Statistiques pure players 2013

[Source.]

Pas super frais, mais la situation n’a certainement pas changé depuis six mois :

[…] La plupart des sites d’infos généralistes recherchent le clic car les revenus publicitaires dépendent de cela. LE CLIC ET LES CHIFFRES, LES CHIFFRES, LES CHIFFRES. Or la pub est à des prix tellement bas sur internet que la plupart de ces sites ne sont même pas à l’équilibre. Mediapart s’est distingué en mettant en place des abonnements, le New York Times a créé un « mur payant » (une limite de papiers après laquelle il faut payer) et Buzzfeed, le modèle qui a notamment inspiré Melty et Minutebuzz, aide les marques à « parler le langage du web » pour gagner de l’argent.

[…] Un journaliste web d’un site d’info généraliste traite et enrichit de la dépêche, et publie entre 1 et 7 papiers par jour : il est là pour produire toujours plus de contenus. Seulement, laissez-moi vous dire qu’après avoir édité quatre dépêches, rédigé trois articles à partir de liens ( « vigies », « lu, vu, entendu », « vus sur le web ») et torché un papier en deux heures, on a pas toujours le sentiment d’apporter une information originale au lecteur. Surtout quand tous les concurrents ont la MÊME info. Les rédactions où l’on vous donne le temps d’enquêter sont de plus en plus rares : Mediapart le fait, Rue89 a mis en place un pôle investigation, Le Monde a les moyens pour laisser travailler les journalistes et les effectifs grandissants permettent de partir en reportage.

Mais du point de vue d’un lecteur qui ne saurait pas comment fonctionne un média en ligne, il est possible qu’il ait régulièrement l’impression de lire le même papier s’il se rend sur L’Express.fr, LeMonde.fr, le Nouvelobs.com, le Figaro.fr ou 20minutes.fr (…), pour la simple et bonne raison que beaucoup de sites (Le Point, 20minutes.fr, le Nouvelobs.com) publient les dépêches des principales agences de presse brutes, sans editing et signées par l’AFP ou Reuters.

Ces agences alimentent la plupart des sites pour les infos les plus chaudes. Chaque site se dote ensuite d’éditeurs et de « Front page editor » pour enrichir et éventuellement valoriser en une ces dépêches. Ces journalistes hyper-réactifs éditent plus vite que leur ombre, apprennent aussi à faire du copier-coller comme personne, font de la veille, traitent et relisent de l’info à toute allure. À se demander si les journalistes qui sont le plus publiés sur le web ne sont pas au fond les agenciers.

Google a changé le journalisme sur Internet : les sites dépendent pour beaucoup du trafic et savent que la plus grande part de leur audience vient du moteur de recherche. L’important est ainsi de titrer un papier avec les bons mots-clés, de publier des articles qui sont susceptibles d’être référencés par Google, et d’être repéré par l’algorithme qui mettra un article dans la page Google actualités (et le plus haut possible sur la page).

Le fonds de commerce des fermes de contenu ? La production de titres avec des contenus pauvres derrière. Cela fait baver les rédacs-chef qui ont des contraintes de résultats chiffrés. Paradoxalement, les éditeurs continuent quand même à demander de l’argent à Google alors qu’il font tout pour draguer ses robots qui référencent leurs papiers habilement titrés.

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« Il faut que les journalistes arrêtent de s’accrocher à leur carte de presse. Il n’y a pas qu’eux qui pourraient faire ce qu’ils font », n’hésite donc pas à lancer un directeur de médias si un journaliste a le malheur de la ramener et de souligner ce fonctionnement aliénant : « Dans la vie, je suis éditeur de dépêche de journalistes à l’AFP, créateur de liens hypertexte et d’url magiques du genre kristen-stewart-seins-nus-consulte-son-iphone-5-qui-merde-à-cause-de-Free.html » (CLIC, CLIC, CLIC, CLIC).

La ligne éditoriale est directement modifiée par Google, faut pas déconner : certains articles n’existeraient pas sans l’injonction de ces mots qu’il faut avoir à tout prix sur son site. Et il est de plus en plus fréquent que les personnes du service marketing suggèrent des « idées » aux rédacteurs en chef. Si vous avez déjà fait 12 papiers sur un sujet qui clique, le lendemain on va vous demander d’en faire un 13e même s’il n’y a qu’une ligne d’info à ajouter. Mais il faut un titre.

Et c’est assumé dans les rédacs : vous « écrivez pour être lu ». (C’est vrai que mon but dans la vie était de n’être lu que par ma mère. No shit sherlock). L’accès aux statistiques du site est donné aux journalistes. Surveiller sans cesse l’article le plus lu sur le site à la minute près est encouragé, via des outils comme Xiti ou Chartbeat. Plutôt que d’être félicité par un rédac-chef parce que mon papier a été beaucoup lu (des gens lisent tous les jours, merci chef), je préfèrerais plutôt être félicité parce que j’ai bien enquêté (sans que les deux ne soient incompatibles).

Le modèle économique semble donc tellement difficile à trouver qu’on se demande où les sites de presse vont s’arrêter avant de devenir des fermes de contenus. Certains de ces rédac-chefs lorgnent sur Melty, un site qui est tout sauf journalistique, mais qui draine un trafic important. Newsring, site de débats lancé fin 2011, évolue clairement dans ce sens, en sollicitant les internautes pour les faire réagir sur des sujets d’actualité. Ce témoignage d’une pigiste est assez édifiant quant au nombre de réactions demandées. Le problème, c’est que les lecteurs ne sont pas forcément intéressés par ce que les autres internautes ont à dire sur des sujets tels que : « Palestiniens, Israéliens, qui a raison ? »

[…] La revue de web – comme la revue de presse avant elle – est aujourd’hui le format facile employé par certaines rédactions pour évoquer des sujets qu’elles ne savent pas vraiment comment traiter. Car le bon journaliste web est celui qui sait repérer un bon buzz qui monte. C’est celui qui mettra moins de temps que les autres à publier un papier de 500 signes, en insérant trois tweets et une capture plus vite que ses confrères. Quatre heures plus tard, tout le monde a fait le même papier avec les mêmes tweets… […]

Slate.fr s’est distingué des autres en prenant le parti dès le début de faire du long avec des angles originaux, différents de ceux de ses concurrents : l’affaire Bettencourt via le faux facebook d’Eric Woerth n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pendant les campagnes présidentielles française et américaine, ils multiplient pourtant les lives et les brèves et se rapprochent de ce que fait la concurrence.

[…] Et, pour motiver les troupes qui s’éclatent au quotidien, les contrats sont toujours plus précaires et les stagiaires occupent parfois des postes qui devraient faire l’objet de CDD ou CDI. C’est bien utile dans les rédactions web qui publient de plus en plus d’articles et qui ont besoin de petites mains.

[…] La logique cynique du clic et de la production de contenu ne s’arrête pas là. Pour multiplier les articles et donc le contenu, et donc le clic (LES CHIFFRES), le journalisme citoyen ou participatif a bien aidé les rédactions. Sous couvert d’une ouverture des rédactions aux lecteurs, aux internautes, les médias ont compris que laisser la parole aux internautes permet d’apporter toujours plus de contenus : commentaires, photos, vidéos, billets de blogs, contributions. Un internaute qui commente est un internaute qui revient et donc qui clique. Un journaliste, un expert pourront aussi contribuer ponctuellement et gratuitement, on leur dira que « c’est bon pour leur visibilité » (et LES CHIFFRES du site aussi). Newsring a les ambitions d’audience de sites comme PurePeople (ils font tous les deux partie du groupe Webedia). Le Plus, et feu Le Post avant lui, sont lancés pour aider un média existant en traitant des sujets plus buzz que LeMonde.fr et Le Nouvelobs.com.

Jusqu’au dérapage : le jour où Jean Dujardin meurt (mais en fait non) selon Le Post.fr (en non vérifié). Et Le Plus publie un billet à propos d’une publicité évoquant « cette grosse qui remue me révulse » après une campagne très débattue sur le web. Deux articles, parmi d’autres, qui seront supprimés après publication.

[…]

Anonyme, 10 janvier 2012 : “Je n’avais pas signé pour ce journalisme web”.

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[Photo GuysWithiPhone.]

TVA, le sérieux des nouvelles

TVA Nouvelles

[TVA Nouvelles] La tentative de battre un record du monde s’est terminée dans le drame alors qu’un jeune homme de 20 ans qui tentait de rester pendant un an sans respirer est finalement mort au bout d’une minute et vingt secondes.

Dick Paulson souhaitait battre le record du danois Stig Severinsen qui était resté 22 minutes sous l’eau sans remonter à la surface.

Il s’était entraîné pendant plus de trois mois pour réaliser son exploit et se disait même au top de sa forme.

Sur les lieux, un juge était là pour valider la performance. Ses proches étaient aussi présents pour l’encourager.

Il s’installe dans un caisson spécial pour commencer son défir. Rapidement après le début, il se met à se tordre et à gesticuler.

«On a cru qu’il bougeait dans tous les sens pour se détendre, que c’était un genre de technique de relaxation, un truc comme du Yoga. On aurait dû réagir plus vite» raconte Barry White, juge officiel des Records Guiness.

Ce n’est finalement qu’au bout de sept heures que les proches du jeune homme ont commencé à avoir des doutes.

«Il avait définitivement arrêté de gesticuler à peu près 1min20 après le top départ. Ça faisait donc un petit moment qu’il ne donnait plus aucun signe de vie. On a tapé à la porte du caisson pour voir s’il dormait, mais comme il ne réagissait pas on a décidé d’arrêter le record et d’intervenir», relate Jenny, la sœur aînée de Dick.

La mort de Dick aura toutefois su inspirer son plus jeune frère, Dan, qui souhaite battre le record en mémoire de son frère.

TVA Nouvelles: “Vivre un an sans respirer; il meurt après une minute.”

Je ne suis pas sûr qu’il y ait chez TVA Nouvelles de vrais journalistes, du genre qui vérifient les infos, tsé… Ni même, au minimum, des gens avec un cerveau fonctionnel, du genre qui jugent de la crédibilité d’une histoire. Par contre, des spécialistes de la réécriture, ils ont. Il eût été élégant (autant qu’édifiant pour le lecteur de TVA) de créditer la source de cette information volée.

(Au moins, au Congo, où se trouve le seul autre média d’information du monde à reprendre la nouvelle Gorafi, ils donnent crédit…)

TVA, bozos des nouvelles.

[Via @Pascal Henrard.]

Rappel à l’ordre

For all reporters and writers:

1. Read The Globe and Mail’s code of conduct:

This is what it says on the matter:

Excerpts from other people’s prose must be attributed so as to avoid even a suspicion of copying. Although it is sometimes reasonable to adopt a few words without attribution (in a technical definition, for example), careful judgment is required. When in doubt, consult a senior editor.

Any extensive unacknowledged use of another’s words, structure or ideas may constitute plagiarism. Exception: Background from previously published Globe staff and news-service items may be recycled, verbatim or otherwise, without credit, although it is best to avoid borrowing someone’s distinctive prose style in doing so. News services must always be given credit for fresh information.

2. Reconsider your writing habits:

Don’t ever cut and paste someone else’s words and work over or around them. Only cut and paste something you intend to directly quote and attribute.

Don’t tweak or rewrite someone else’s thoughts without saying she/he said or noted.

Keep your notes straight on dates, attribution, direct quotes, etc. Write down every source you read or used in your notes (electronic or paper) on each story so your editor can discuss it with you.

If you want to explain someone else’s work, credit them first and early in the story.

Unlike online, which is more forgiving of using someone else’s idea and then linking to it, the print world isn’t and you have to credit right from the top.

You always want to be transparent with the reader on what your thoughts are and where you got other information from.

The Globe and Mail, Sylvia Stead: “Public editor: What we need to do better.”

Media Culpa.

Online media suckers

[…] In 1833, Benjamin Day launched the New York Sun as a “cash and carry” paper—employing hundreds of newsboys to hawk his product every morning on the street corners—and changed the newspaper business forever. Almost immediately, it ended the dominance of the subscriber-based party press and ushered in the era of Bennett, Pulitzer, and Hearst with their sensational, vicious, and rapid-fire “yellow papers.”

One small change in distribution changed everything, including how and what the newspapers wrote. Because newspapers were now sold on a per-issue basis each morning, the headlines of each paper went head to head for a finite share of attention. The most exciting, not the most accurate, won. In my book, I call this the One-off Problem.

The One-off Problem dominated the newspaper industry for decades, and ultimately was—according to many—responsible for everything from mob violence to the Spanish-American war. Its dominance lasted until the re-emergence of news-by-subscription, pushed by Adolph Ochs at The New York Times. As a result, thankfully, for the last three quarters of a century news has been governed by this stabilizer: Consumers pay by subscribing, and publishers protect subscriptions by delivering a quality, valuable product.

But blogs [When I say “blogs,” I’m referring specifically to online sites from Gawker to Business Insider to The Huffington Post. But I also don’t think it’s a stretch to include everything from Twitter accounts to major newspaper websites, web videos to group blogs with hundreds of writers in this indictment.] have brought the One-off Problem back.

Audiences don’t consume blogs like by subscription, they consume them just like they consumed yellow papers—whichever one catches their attention at that moment. A quick look at the traffic sources for blogs confirms this: Referral sources like Google, Facebook, Twitter, and other aggregators combine to dwarf the direct traffic that sites get. RSS is dead. The Huffington Post doesn’t arrive on your doorstep, you read it when people email you links (and then later you click the most titillating headlines and the “Most Read” and “Related” articles that come along with them).

Blogs compete on a per-article basis, and so here we are in 2011, on our fancy Macbooks and high-speed broadband, stuck with the same bogus headlines they had in the 19th century.

From today: Naked Lady Gaga Talks Drugs and Celibacy; Hugh Hefner: I Am Not a Sex Slave Rapist in a Palace of Poop; The Top Nine Videos of Babies Farting and/or Laughing with Kittens; How Justin Bieber Caught a Contagious Syphilis Rumor; Little Girl Slaps Mom with Piece of Pizza, Saves Life

Compare those with some classic headlines from the late 19th and early 20th centuries: War Will Be Declared In Fifteen Minutes; Couldn’t Sell His Ear, Old Man Shoots Himself; Owl Frightens Woman To Death In Hospital; Bulldog Tries To Kill Young Girl He Hates; Cat Gave Tenants Nightly ‘Creeps’

[…] For a publisher, an ideal blog post strikes several nerves: It’s provocative, it has a simple hook, it generates links and traffic, and it leaves enough out for follow-ups. In other words, it is overstated, polarizing, and incomplete. And it must fulfill these conditions cheaply and at the lightning speed of the web. The divergence of interests is clear: what is good for online publishers is bad for their readers and, cumulatively, for culture itself.

[…] Unfortunately, they worship a single god: traffic. The central question for the Internet is not, “Is this entertaining?” but “Will this get attention?” “Will it spread?” And it happens that almost everything that blogs do to get traffic, keep traffic, and profit from traffic puts them at odds with the truth, good journalism, and serving their readers. […]

Columbia Journalism Review, Behind the News, Ryan Holiday: “Our gullible press.”

Corrigé

La police a arrêté un homme en lien avec une fusillade en plein jour survenue cette semaine dans la petite Italie de Toronto. Les autorités ont indiqué que Dean Wiwchar, 26 ans, a été arrêté sans résistance jeudi, et qu’il comparaîtra en cour vendredi pour faire face à une accusation de meurtre prémédité.

Elles ont affirmé que l’homme est un résident de la Colombie-Britannique ayant des contacts à Toronto, et qu’il avait sur lui des pièces d’identification sous différents noms.

La police de Toronto n’en dit pas beaucoup plus sur cette affaire, alors qu’une « enquête élargie » impliquant d’autres corps policiers, incluant la Gendarmerie royale du Canada (GRC), est toujours en cours.

La police a indiqué que la fusillade de lundi était une attaque ciblée contre John Raposo, qui est mort d’une balle dans la tête.

Un autre homme, qui n’est pas identifié, a été blessé dans l’échange de tirs, mais la police a dit croire qu’il n’était pas visé par l’attaque. Il devrait survivre à ses blessures.

John Raposo, 35 ans, était connu des policiers, mais les autorités n’ont pas donné davantage de détails. Des informations circulant dans les médias laissent croire qu’il aurait pu avoir des liens avec le crime organisé, mais sans appartenir à un groupe en particulier.

La fusillade survenue lundi à l’extérieur du Sicilian Sidewalk Cafe a eu lieu alors que des dizaines de partisans de soccer s’étaient réunis dans une boutique de douceurs glacées pour regarder une joute du championnat de l’Euro.

À ce moment, le tireur portait un chapeau blanc et un masque blanc et une veste de sécurité orange avec un « X » vert fluorescent à l’avant et à l’arrière.

Radio Canada, agence La Presse Canadienne : “Fusillade dans la petite Italie de Toronto : un homme est arrêté”.

Notes :

Une “fusillade” désigne la décharge simultanée d’armes à feu individuelles. Son emploi est donc ici une impropriété, une seule arme ne peut faire une fusillade. Dans les faits, le tireur aurait tiré cinq fois. Par ailleurs, il n’y a pas “d’échange de tirs” quand il y a un seul tireur.

L’expression “une boutique de douceurs glacées” pour désigner un glacier est surprenante dans un contexte journalistique autre que celui d’une chronique gastronomique. (J’ai vérifié, le Sicilian Sidewalk Cafe est bel et bien un glacier italien, “Sicilian’s is an Authentic Italian Gelateria, the oldest one in the City” [source]).

Une veste est un vêtement avec manches. En anglais, “a vest” est une veste sans manches : “a close-fitting waist-length garment, typically having no sleeves or collar and buttoning down the front”. En français, “a safety vest” est donc un gilet de sécurité.

“Un chapeau blanc et un masque blanc”. Après vérification avec d’autres sources, le tireur, habillé en tenue d’ouvrier de la construction, portait un casque de chantier blanc et un masque de protection respiratoire de même couleur.

Corrigé rapide :

La police a arrêté un homme suspecté du meurtre survenu lundi dernier en plein après-midi dans le quartier de la Petite Italie à Toronto. L’auteur présumé des tirs, Dean W., 26 ans, a été arrêté sans résistance jeudi selon les autorités. Il devra comparaître en cour ce vendredi et être accusé de meurtre prémédité.

Toujours selon les autorités, l’homme est résident de Colombie-Britannique, a des contacts à Toronto et était en possession de pièces d’identité à différents noms.

La police de Toronto n’apporte pas d’autres précisions sur cette affaire. L’enquête se poursuit avec la collaboration d’autres corps policiers, dont la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

John Raposo, 35 ans, victime du tireur, a été tué d’une balle dans la tête. Sans livrer plus de détails, la police indique qu’il était connu de ses services. Certains médias évoquent des liens entre la victime et le crime organisé, mais l’homme n’appartiendrait toutefois pas à un groupe criminel.

L’attaque s’est produite sur la terrasse du glacier italien Sicilian Sidewalk Cafe où des dizaines d’amateurs de soccer s’étaient réunis pour regarder une rencontre du championnat Euro 2012.

Le tireur portait un casque de chantier blanc et un masque respiratoire, blanc également, ainsi qu’un gilet de sécurité orange à bandes réfléchissantes.

Un autre client a été blessé par balle dans l’attaque, mais n’était pas ciblé par le tueur selon la police. Il devrait survivre à ses blessures.

Dérive éditocratique

Pour le professeur Normand Landry, spécialiste des questions de liberté d’expression et enseignant-chercheur à la Téluq, « le virage des journaux quotidiens vers un modèle beaucoup plus magazine, où on donne un espace considérable à des chroniqueurs vedettes, crée une confusion chez beaucoup de gens ». « Ils associent les journaux, non plus à des plateformes d’information, mais à des organes de propagande, surtout quand un média à une ligne éditoriale très claire sur un enjeu controversé. »

« Quand on donne deux ou trois pages à des chroniqueurs qui martèlent les mêmes arguments et que de l’autre côté on a des journalistes extrêmement compétents qui font un travail de terrain fabuleux, mais auxquels on donne un espace plus limité, moins intéressant dans le journal, ça n’aide pas à changer la perception du public, explique-t-il. C’est difficile dans ce contexte de leur montrer que le journal n’est pas là pour prendre part au conflit et l’orienter, mais pour les aider à le comprendre. »

Mais, plus fondamentalement, le chercheur estime que la vocation commerciale des entreprises de presse interfère avec leur rôle d’information. « C’est beaucoup plus payant d’avoir quelques chroniqueurs vedettes qui assurent un grand lectorat qu’une armée de journalistes qui font un travail d’analyse objectif sur le terrain », note-t-il. « Je pense qu’il y a du grand journalisme qui se fait au Québec en ce moment, y compris sur la crise. Le problème ne vient pas des journalistes, il vient des institutions médiatiques. Des institutions qui ont la propension à vendre de la copie plus qu’à faire de l’information. »

Projet J, Anne Caroline Desplanques, 25 mai : “L’opinion nuit au journalisme”.

Également : Acrimed, Jean Pérès, 11 juin : “Mobilisation sociale et critique des médias au Québec”.

Et mon héros du jour s’appelle Max, il a 13 ans et aurait apostrophé Richard Martineau dans la rue avec un “Va chier, Martineau !” bien senti. Il ne faut jamais désespérer de la jeunesse.

En parlant de couleur éditoriale, j’ai pris la liste complète des chroniqueurs du Journal de Montréal (le plus gros tirage au Québec) et je les ai classés selon la couleur politique (dans un traditionnel clivage gauche-droite) qui semble émaner à la lecture de leurs dernières chroniques (assez rapide et subjectif pour ceux que je connais moins bien, mais je ne pense pas faire de très grosse erreur — sûrement pas de communiste caché…) :

Je ferai ultérieurement le même exercice pour La Presse qui me paraît un peu plus gauchiste… (Ce qui ne semble pas très difficile…)

La révolution CUTV

La grande révolution médiatique du moment au Québec, c’est vraiment l’irruption dans le paysage de Concordia University Television. Tous les médias d’information télévisuels vont devoir repenser leurs moyens et modes de travail pour couvrir ce genre d’événements. Premier signe de vacillement, on a vu à plusieurs reprises RDI, la chaîne d’information continue de Radio Canada, reprendre le flux CUTV en direct pour peupler son écran, ses moyens lourds via satellite étant empêtrés dans le chaos de la ville (en remplaçant toutefois le son de CUTV par des invités plateau ou des journalistes par téléphone).

Cette séquence de la dernière nuit illustre le travail de CUTV, la web-télé étudiante (et illustre par ailleurs le travail de la police…) :

La plupart des journalistes professionnels et les observateurs des médias, bien que soulignant les risques de l’immersion permanente, le manque de recul, et la vocation militante clairement affichée de la webtélé, saluent l’innovation et le travail opiniâtre de l’équipe de CUTV.

[…] Biased and proud

The crew has become a minor celebrity of sorts amongst protesters and it’s not uncommon for them to be greeted with cheers of “CUTV! CUTV! CUTV!” when they arrive, gear in hand, at a protest site. (The Quebecor-owned TVA occasionally gets the less friendly, “Fuck TVA! Fuck TVA!”)

There’s no mystery to their popularity amongst protesters, many of whom feel unfairly represented by mainstream media outlets. The station is fervent defender of the student movement. In fact, they have been criticized by many who say their editorial stance goes too far.

Since the introduction of Bill 78, their reporters have referred repeatedly to being in a “police state” and living under “martial law.”

On the other hand, CUTV often skirts over instances of vandalism, or when bottles and rocks are lobbed at police. Some people online have said the coverage is best watched with the sound off.

But Marouf makes no apologies. He readily admits the station favours the striking students and their supporters.

“We’re not under any illusion that we are balanced,” he said. “We tell everybody that we are biased and we wear that bias proudly on our sleeve.”

Marouf said this approach is in keeping with the station’s mandate under the CRTC, which is to represent the student community. CUTV is now considering the possibility of livestreaming other events, such as the Charbonneau inquiry, which is examining allegations of corruption in the province’s construction industry and possible links with political parties.

If people want “the voice of the premier and the police and the university rector amplified a million times,” they can watch corporate media, he said.

“Our job is to give the other side,” he said. “There’s no shame in that.”

OpenFile, Benjamin Shingler: “How CUTV has become must-see TV during Quebec’s student strike.”

Lesbienne pas belle

Tweets de Thomas Gerbet dans la nuit du 16 au 17 mai.

Témoignage de Thomas Gerbet, journaliste à Radio-Canada :

Aux alentours d’une heure du matin, alors que la foule était dispersée et que les agents procédaient à des arrestations massives, Bruno Maltais et moi-même nous sommes postés à quelques mètres des événements pour prendre des photos. Nous étions à une distance raisonnable, environ une dizaine de mètres. Un policier nous a demandé de nous écarter en pensant certainement que nous étions des manifestants. Nous avons présenté notre carte de presse, mais il a dit que ça n’avait pas d’importance.

Alors que nous ne bougions pas pour finir de prendre des photos, le ton est monté, il nous a crié dessus. Il a avancé sur nous avec sa matraque tenue à deux mains. Nous nous sommes écartés sur le trottoir d’en face, mais ça ne semblait pas être suffisant pour d’autres de ses collègues qui nous ont écartés plus loin en nous poussant avec leur matraque tenue à deux mains devant eux.

Quelques minutes plus tard, j’ai été témoin d’un policier qui a insulté une manifestante de “lesbienne” puis de “pas belle”. Je ne sais pas ce qu’il s’était passé auparavant. Je me suis donc arrêté pour observer la scène. Bruno a tenté de filmer. Le policier nous a crié de “dégager”. Nous avons alors spécifié que nous étions journalistes.

Il est venu très proche de mon visage et m’a demandé ma carte de presse de manière insistante et intimidante. Il a dit que nous ne sommes pas des journalistes, car nous utilisons des “iPhone” comme les autres manifestants. On a essayé de lui expliquer que ce sont les nouveaux outils de travail, mais il a dit qu’on n’a rien à faire derrière leur dos, qu’on les dérange. Il semblait visiblement à bout et aussi contrarié qu’on ait assisté à la scène de l’insulte. L’agent a répété que, pour lui, nous ne sommes pas des journalistes.

Le ton est un peu monté et j’ai demandé son matricule (qui n’était pas affiché). Il n’a pas voulu le donner et a été voir son responsable avec nos cartes de presse. Ce dernier nous a traités comme des moins que rien en nous faisant la leçon sur ce que l’on doit faire et ne pas faire comme reporter, qu’on est toujours dans leurs pattes, qu’on ne comprend pas leur travail, etc. J’ai de nouveau exigé le matricule du premier agent. Il m’a dit: “tu te comportes comme eux, les manifestants, qui demandent nos matricules”.

Je me suis senti intimidé et brimé dans mon travail.

Via Projet J, observatoire du Journalisme.

Autosatisfaction à l’AFP

On ne peut que sourire à lire ce monument d’autocongratulation sous la plume de Roland de Courson, une glorification de l’agence, la tension dramatique en prime :

flash-afp-2012.jpg

La tension est à son comble au service politique de l’AFP, dimanche 6 mai. Le journaliste Vincent Drouin (assis, au centre) et la chef du service politique Sylvie Maligorne (à sa droite) se préparent à envoyer le “flash” qui annoncera aux clients de l’AFP la victoire de François Hollande. Sentiraient-ils comme une certaine pression sur leurs épaules ? Dans leur dos, les principaux responsables de l’agence n’en ratent pas une miette : la rédactrice en chef centrale Florence Biedermann (debout, au centre), le directeur de l’information Philippe Massonnet (debout, au premier plan) et le PDG Emmanuel Hoog (debout, tout à droite)… et même un étudiant en sociologie qui est là pour étudier l’événement d’un point de vue anthropologique. Moment historique

Le résultat du second tour d’une élection présidentielle en France est un des moments les plus forts dans la vie de l’AFP. Etre celui ou celle qui appuie sur le bouton pour envoyer le “flash” - un format de dépêche réservé aux événements capitaux, du genre de ceux qui font s’interrompre les programmes à la radio dans le monde entier pour un bulletin spécial - est un privilège rarissime.

Au cours de toutes les élections présidentielles dans le passé, l’AFP a sagement attendu 20h00 pour envoyer son flash. La loi électorale française impose en effet aux médias le silence radio jusqu’à l’heure de la fermeture des derniers bureaux de vote. Et ce alors même que la plupart des rédactions disposent généralement, dès 18h30 environ, d’estimations suffisamment fiables pour connaître à coup sûr le résultat final.

Mais pour cette présidentielle 2012, le tabou tombe. Dimanche 6 mai, l’AFP annonce à ses abonnés l’élection de Hollande à 18h53, après leur avoir bien précisé que “la diffusion de ces informations auprès du grand public est de (leur) seule responsabilité”. Elle avait fait de même lors du premier tour : l’information donnant Hollande en tête devant Nicolas Sarkozy était passée sur les fils à 18h46. C’était la première fois de son histoire que l’AFP brisait le silence avant 20h00.

Pourquoi une telle décision ? Parce que dès 18h30, ce dimanche 6 mai, plusieurs médias belges et suisses ont publié des estimations du résultat du second tour. L’information s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Quiconque, en France, possède une connexion internet peut connaître le résultat de la présidentielle en quelques secondes, en consultant Twitter ou en regardant la télévision belge, alors même que tous les médias français sont obligés de rester muets. Face à cette situation, l’AFP, qui dispose d’estimations concordantes, basées sur les premiers dépouillements et fournies par ses propres sources, doit-elle rester silencieuse ? L’agence, qui dispose de 3.500 clients à l’étranger, restera-t-elle crédible si, au moment le plus fort de la vie politique française, elle se fait doubler par les agences concurrentes anglo-saxonnes comme ce fut le cas en 2007 ?

A 18h53, la décision est donc prise de diffuser le flash donnant Hollande président. Sylvie Maligorne prend sa respiration et appuie sur le bouton

Un petit brouhaha s’en suit. Des applaudissements pour fêter l’envoi du flash. Quelques sourires modestes, quelques cris de satisfaction, et puis chacun retourne à son travail.

Agence France Presse, Making-Of, Roland de Courson : “FLASH ! A 18h53, Hollande président”.

Je veux bien que ce soit un “moment historique” en interne pour l’agence, mais quand tu diffuses une info qui a déjà fait plusieurs fois le tour de la planète…

Journalisme génétiquement modifié

La machine médiatique à se recopier les uns les autres se met à fonctionner à plein régime. Le billet de Christina Agapakis est publié le 14 février dernier et, dans les jours qui suivent, des dizaines d’articles et de billets paraissent un peu partout… avec un effet “téléphone arabe”. Très vite, on prend l’information pour argent comptant et un journal aussi sérieux que Business Week s’y laisse prendre en titrant, le 16 février : “Recette pour faire un yaourt antidépresseur en cinq jours”. Très vite encore, Tuur Van Balen est lui aussi génétiquement modifié : il change de métier et, de designer, devient “bio-ingénieur” ou bien spécialiste de biologie synthétique, ce qui fait tout de même plus sérieux pour ce genre d’expérience.

Tout cela pourrait être comique si cela ne traduisait pas à la fois un fonctionnement pour le moins fainéant de la presse en ligne (on recopie ou on paraphrase à la va-vite l’article du concurrent, parce qu’il fait du “buzz” et que l’on veut récupérer une partie de cette audience) et une grande inculture scientifique dans les rédactions qui ont gobé comme un seul homme cette histoire de yaourt génétiquement modifié fabriqué dans un coin de cuisine.

Pierre Barthélémy : “Du Prozac dans le yaourt ?”.

Sloppy Journalism Warning Labels

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It seems a bit strange to me that the media carefully warn about and label any content that involves sex, violence or strong language — but there’s no similar labelling system for, say, sloppy journalism and other questionable content.

I figured it was time to fix that, so I made some stickers. I’ve been putting them on copies of the free papers that I find on the London Underground. You might want to as well.

Tom Scott: “Journalism Warning Labels”.

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Journalistes bien dans leur niche

Il n’empêche que cette niche fiscale laisse un sale goût dans la bouche des journalistes. Tout le monde comprend bien l’injustice de la mesure et le souci éthique qui se pose. Dans ce débat, les journalistes sont juge et partie puisqu’ils ont le pouvoir de mobiliser ou non l’opinion publique. Ce n’est pas plus glorieux que les parlementaires qui votent eux-même leur rémunération.

Slate.fr, Vincent Glad : “Pourquoi les journalistes payent moins d'impôt”.

Régulation du journalisme

Quebec’s Culture Minister, Christine St-Pierre, announced this week that she is pushing forward with a plan to create “a new model of regulation of Quebec media.” Public consultations on the project will be held across Quebec this fall.

Key to the plan would be legislation establishing the “status of professional journalist” in order to distinguish those committed to “serving the public interest” from “amateur bloggers.” It is proposed that state-recognized professional journalists would enjoy unspecified “advantages or privileges” not available to the great unwashed.

La Presse reported that one of the privileges Ms. St-Pierre has in mind is “better access to government sources.” A consultation document published Monday asks: “Should the status of professional journalist be accompanied by privileges for the journalists as well as the companies that hire them? If yes, which [privileges]?”

The government says it does not want to prevent anyone from practicing journalism. But it would create a separate class of journalists, who in exchange for their new privileges would have to respect certain criteria, yet to be defined. The new status would not be awarded directly by the state but by organizations representing journalists.

National Post, Graeme Hamilton: “Quebec seeks special status for select journalists”.

Courriel du jour

Je tiens à vous faire part de mon profond désaccord avec le traitement réservé à Mitterrand dans le Monde. Cet article immonde, à charge, digne d’un brûlot d’extrême droite est une honte qui n’aurait jamais dû être publiée. Il rappelle le temps de Plenel/Gattegno et de la “chambre du président’”. Je le prends en outre comme un acte anti-Bergé pour marquer l’indépendance du journal vis-à-vis d’un actionnaire.

Je regrette de m’être embarqué dans cette aventure. Payer sans avoir de pouvoirs est une drôle de formule à laquelle j’aurais du réfléchir ! Je considère que contrairement à ce que j’ai VOULU et à ce qu’ils prétendent, les journalistes du Monde ne sont pas libres mais prisonniers de leurs idéologies, de leurs règlements de compte, et de leur mauvaise foi.

Tout cela est très grave.

Attentivement.

Pierre.

[Via Electron Libre.]

Journalisme radioactif

Le drame du Japon, ce n’est pas l’exposition aux radiations, c’est l’exposition au mauvais journalisme, aux informations approximatives et bidonnées, aux conneries sensationnalistes. Ca n’est pas anodin. À cause de ça, des familles s’inquiètent inutilement, des entreprises se retirent du Japon sans raison. À cause de ça, partout dans le monde, des gens font des stocks de bouffe et assiègent les pharmacies pour avoir des pilules d’iode. À cause de ça, au lieu d’avoir un débat intelligent sur le nucléaire, on va avoir des hystériques jouant à « c’est à bâbord qu’on gueule le plus fort »…

Ad Virgilium : “Nucléaire (1)”.

Voir aussi xkcd radiation chart.

Bad Journalism Wall of Shame

So I decided to start a wiki Bad Journalism Wall of Shame and invite some of the other people who were frustrated with some of the shoddy, alarmist, and shocking wrong journalism we’ve seen since last Friday’s Tohoku quake.

I take everything I read with a grain of salt these days, and have for many years. When I read an article or see a television report that makes sensational claims, I try to fact check on my own, because I no longer trust most journalists to have done it for me. There are several major areas that journalists particularly suck at:

  • Science reporting. I have a degree in fine arts, and I could write better science articles than most science writers could. Any journalist who suggested that Fukushima could be “another Chernobyl” should be made to retake his 9th grade science class and then have his journalist license revoked. Oh wait…
  • Reporting on Japan. JAPAN IS SOOO WEIRD! JAPANESE PEOPLE HAVE NO EMOTION! If everything you think you know about Japan was learned from the movies Gung Ho and Mr. Baseball, then maybe you’re not qualified to write an article about Japan. Also, spending a few days, hell, even a month in Japan (probably in a hotel or furnished apartment, or otherwise isolated location) does not make you an expert on the place. Nor does interviewing someone who has lived here for a few months (or even year, if living in one of the many gaijin bubbles).
  • Disaster reporting. Two and a half words: Exaggeration and fear-mongering.

A perfect lover has no memory, Andrew Woolner: “Why Bad Journalism Has Driven Me To Desperate End”.

L’idée de contrôler l’activité journalistique par du “fact-checking” sur un wiki est assez séduisante. On pourrait faire un classement des journalistes et médias les plus fiables.

Il faudra faire le bilan de ce tsunami hystérico-politico-mediatique…

News piece after news piece full of inaccuracies, misinterpretations, and just plain lies. (My favourites are the photos, shown out-of-context. For instance, showing a photo of a girl in a surgical-style mask and implying that she was wearing it due to radiation, while the reality is that we’re in allergy season here and many people wear masks to keep pollen at bay.) Ibid.

“The only exposure we’re worried about is exposure to sensationalist bullshit printed in the foreign press that is worrying our families and causing panic.”

HEZO Magazine, Sophie Knight: “This is not Chernobyl – Response to Skewed Media Coverage of Fukushima Nuclear Plant Incident”.

Bon grain, ivraie, etc.

[Page 64] Si la création d’un statut professionnel est primordiale pour régler les ques- tions liées aux aides publiques, celui-ci pourrait aussi s’avérer fort utile pour contribuer à régler d’autres problèmes. Il permettrait notamment de faire la distinction entre les journalistes professionnels, qui respectent les règles de déontologie des entreprises de presse ou des organisations professionnelles, et les autres « journalistes » dits citoyens ou amateurs.

Un groupe de travail sur le journalisme et l’avenir de l’information au Québec a remis son rapport au ministre de la Culture et des Communications.

Bazar, charité, etc.

Et que lit-on, sous la plume du visionnaire patron du groupe Nouvel Obs ? Ça :

“En théorie, [Internet] c’est l’univers de la liberté. Dans la réalité, c’est celui des citations et rumeurs infondées. Aucune éthique, aucun contrôle, aucun moyen de démentir la fausse nouvelle. C’est pire encore que l’absence de régulation financière.” [Claude Perdriel.]

Des rumeurs infondées ? Comme celle-là, par exemple ?

krstv - low blogging : “Internet Bullshit Award 2010 : Perdriel grand favori”.

Généraliste versus spécialiste

Bien sûr. Quand j’évoque les journalistes, je veux parler des généralistes qui débarquent quelque part, ne connaissent pas le contexte, et ne cherchent pas à le connaître, ce qui entraine un effet moutonnier et fabrique des emballements médiatiques comme celui auquel on a assisté à Outreau. Le chroniqueur judiciaire sait conserver ses distances, il apprend à douter mais aussi à relativiser à force d’observer tous les jours le fonctionnement de la justice, ce qui n’est pas le cas des journalistes non spécialisés qui débarquent pour un seul dossier. Ceux-là ont des avis à l’emporte-pièce sur tout, la main de Thierry Henry, l’innocence de Florence Cassez. Ils cherchent surtout la photo sur les marches du palais et ne s’intéressent à rien d’autre. L’essentiel dans ce métier, c’est le terrain, il faut y aller, et faire l’effort de le connaître et de le comprendre. Or, j’ai peur que ce soit de moins en moins le cas aujourd’hui.

La Plume d’Aliocha : “Profession : chroniqueur judiciaire”.

Un entretien riche et passionnant à lire intégralement.

Accélérateur de particules

[…] Il fut néanmoins proprement stupéfiant de voir, lundi en fin d’après-midi, la quasi-totalité des sites des médias les plus sérieux, reprendre sans le moindre conditionnel la thèse de la tentative de suicide, propagée par TF1. Une fois de plus, l’exemple montre comment une rumeur peut prendre corps dans un groupe humain (et le groupe humain des journalistes des dits sites n’est pas différent, finalement, de celui des braves bourgeois d’Orléans, qui crurent fermement, dans les années soixante, que les cabines d’essayage de certains magasins de prêt-à-porter de la ville amenaient directement certaines clientes à des bordels du Maghreb). […]

Ces phénomènes sont éternels. Qu’y change le Web ? À première vue, il en accélère la propagation, et… le dégonflement. Dans les années 80, la rumeur selon laquelle Isabelle Adjani aurait été atteinte du SIDA avait circulé souterrainement, des semaines durant, avant que Adjani ne vienne la tuer sur le plateau du 20 heures. S’agissant de Laura Smet, il n’aura fallu que quelques heures pour que la version officielle ne vienne concurrencer, environ à égalité, la thèse de la tentative de suicide. Au total, on peut considérer qu’on a gagné du temps.

Arrêt sur Images, Daniel Schneidermann : “Laura Smet, la rumeur acceléré”.