Les mains

Rien n’amuse plus
De ce qui amusait
Comme par hasard
Volumes et formes
Ont épousé des creux
Et engendrent le vide
Qui déroute nos pensées.

Rien n’étonne plus
De ce qui étonnait
Comme par mégarde
De nos faits, de nos gestes
Secrets bien partagés
Révélés à ce jour
Par nos yeux fatigués.

Rien n’est plus cher
Qu’avant l’on cédait pour rien
Comme par habitude
Le regard détaché
Du regard à l’évidence
Se surprend vagabond
Pauvre d’esprit et simple de cœur.

C’est que dans nos mains
S’inscrit le ciel
La pluie et ses mots nuageux
D’y porter le visage
Soulage du tourment
Mais nous rend étrangère
La seule certitude.

Hiver 1982.