Les yeux morts

J’ai fait de mon mieux
J’arrive en bout de course
Comme en fin de journée
Et j’ai marché, usé
Le souffle nécessaire
Mais rien ne peut y faire :
À présent trop d’été
Submerge trop de temps
Puis le temps va fraîchir
Avec la marée
Et rouler sur son lit
Les arbres feuille à feuille
Il flotte dans ses bras
Des reflets de nuages
Qui couleront sans heurt
Jusqu’aux berges du ciel
La nuit semble un orage
Soudain chargé d’odeur
Qui répand sur tout l’ouest
Et parfume de suie
L’ombre grise et les beiges
Je n’ai plus tant l’envie
Et si peu le désir
Au seuil du sommeil
Je retarde la vie,
J’appréhende les draps
Depuis toujours humides,
Le repli de mon corps
Et la mort de mes yeux.

Été 1982.