Au soir

J’écris au soir,
Que le monde est bien gai,
Malgré toutes les misères qu’il me fait.

J’écris en noir,
Que je vais me plaindre,
Parce qu’il n’est plus possible de feindre.

Et je demande à voir
Les yeux que je porte.
J’aimerais tant savoir
Ce qui les emporte
Si loin, toujours plus loin,
De moi, du cœur, des miens.

J’entends la peur,
Celle qui marche à grands pas,
Gagner la rue et monter sous les toits.

J’entends les heures,
Celles qui me racontent,
Tuer les secondes qu’elles décomptent.

Et je demande à croire
Les vœux que je porte.
J’aimerais tant avoir
L’espoir qu’ils emportent
Au loin, vers les lointains,
Le ciel et le matin.

Je perds l’envie,
Mais qui ou quoi aimer,
À trop goûter ce qui va s’abîmer.

Je perds la vie,
Mais comment dire ailleurs,
En attendant, rongé, des jours meilleurs…