Journal de bord

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Savoirs télévisés

J’adore le télévision et sa sérendipité. Ainsi, jusqu’à ce soir, je n’avais pas l’heur de connaître la fistule anale de Louis Le Quatorzième. Merci France 2.

La célèbre fistule de Louis XIV ou Comment la musique de “God save the King” fut composée.

On découvrit en 1686 que le roi Louis XIV souffrait d’une fistule anale, dont l’état était aggravé par les nombreux laxatifs qu’il prenait. On chercha tout d’abord à le guérir par un remède classique.

[…] Le 18 novembre 1686, à sept heures du matin, l’opération eut lieu dans la chambre du roi à Versailles. Les seuls spectateurs étaient Madame de Maintenon, Louvois, ministre de la Guerre, Le père La Chaise, les médecins Daquin, Fagon et Besnières, ainsi que quatre apothicaires dont le rôle était de maîtriser le patient.

[…] Il y eut une suite historique à cette opération. Pendant sa convalescence, Louis visita le cloître de Saint-Cyr. Pour célébrer la visite du roi, les religieuses firent composer une cantate intitulée “Dieu sauve le roi”, composée spécialement pour l’occasion. Dans l’assistance se trouvait un spectateur anglais. Il aima tant les paroles et la musique de cette cantate qu’il les prit en note. De retour en Angleterre, il traduisit le texte, qui est connu depuis sous le titre de “God Save the King…”

Il est en effet loisible de lire sous la plume de la marquise de Créquy (Renée Charlotte Victoire de Froullay de Tessé) le passage suivant :

À peine étions-nous entrés dans la tribune dite des Évêques, que nous vîmes paraître le Roi dans la tribune royale qui se trouvait en face de l’autel. Il était entré son chapeau sur la tête ; c’était un petit tricorne richement galonné, qu’il ôta pour saluer d’abord l’autel, ensuite une lanterne à grillages dorés où était Mme de Maintenon, et finalement pour saluer Mme la Duchesse du Maine avec nous autres, car nous nous trouvions dans la même tribune et sur la même ligne que S.A.S. sans aucun à la différence de son rang. Toute la suite de S.M., ainsi que les Dames et les Gentilshommes de la Princesse sa belle-fille, n’entrèrent pas dans la chapelle de Saint-Cyr, ou du moins ils y furent placés de manière à ce que je ne les aperçus point.

Une de mes impressions les plus ineffaçables est celle de toutes ces belles voix de jeunes filles qui partirent avec un éclat imprévu pour moi, lorsque le Roi parut dans sa tribune, et qui chantèrent à l’unison une sorte de motet, ou plutôt de cantique national et glorieux, dont les paroles étaient de Mme de Brinon et la musique du fameux Lully. En voici les paroles que je me suis procurées long-temps après :

Grand Dieu, sauvez le Roi !
Grand Dieu, vengez le Roi !
Vive le Roi !
Qu’à jamais glorieux,
Louis victorieux
Voye ses ennemis
Toujours soumis !
Grand Dieu, sauvez le Roi !
Grand Dieu, vengez le Roi !
Vive le Roi !

Pour peu que vous en eussiez de la curiosité, vous n’auriez pas de peine à vous en procurer la musique, attendu qu’un Allemand, nommé Handel, s’en est emparé pendant son voyage à Paris, qu’il en a fait hommage au Roi Georges de Hanovre moyennant finance, et que MM. les Anglais ont fini par l’adopter et le produire ouvertement un de leurs air nationaux. En revenant de Saint-Cyr, on me mena faire une longue visite à Mme la Chancelière qui se mourait, et qui n’en avait pas moins toute la cour autour de son lit et dans sa ruelle, où elle nous fit la galanterie de nous faire placer, ma grand’mère et moi.

Que l’hymne des Anglois naquît d’un anus, voilà qui ne cesse de me faire rire sans toutefois un instant me surprendre.