“Miscellanées”

actus et opinions

Être juif (II)

Le juif est un homme.

Je m’interrogeais benoîtement vendredi dernier sur le fait d’être juif. Et de savoir si le Juif existait vraiment, hors du regard des racistes qui, eux, savent instinctivement ce qu’est un Juif. Je suspectais aussi qu’il y avait quantité de façons de se sentir juif, peut-être autant qu’il y a de Juifs qui s’affirment comme tels. Mais le Juif existe-t-il ? Le Juif n’est-il pas une fiction ? Comment peut-on être et exister sans avoir de définition précise ? Le Juif n’est-il pas une image façonnée par une histoire de persécutions et d’ostracismes ? Le Juif n’est-il pas une figure de circonstance créée par des actions extérieures au judaïsme ? Plus je creusais la question, plus je me rendais compte qu’il y a comme un mystère à être juif.

Le Juif n’est pas une race, pas vraiment un peuple, pas une religion pour tous, pas une culture unique. Le Juif se définit comme l’objet d’interdits, comme bouc-émissaire, comme victime, il existe par rapport à des actes exogènes constructeurs d’une identité “en négatif”.

Si quelqu’un se définit à moi comme juif, je ne sais rien de lui. Je dois lui demander quel est son pays, quelle est sa langue, quelle est son histoire, son héritage, si sa culture est d’inspiration ashkenaze, sépharade, ou autre encore, s’il est croyant ou pas, quel est son rapport à sa judéité, etc. Car, comme je l’ai expliqué dans mon précédent billet, Juif ne veut pas dire grand chose. Seul l’antisémite ne doute pas un instant.

On reconnaît effectivement l’antisémite au fait qu’il porte des jugements généraux (et négatifs) sur les Juifs. Ainsi, Dieudonné fait de l’antisémitisme quand il dit qu’ils sont partout, qu’ils contrôlent les médias et l’industrie du spectacle. (Mais qui peut douter maintenant du fait que Dieudonné soit un raciste ?) Jean d’Ormesson était aussi antisémite lorsqu’il parlait de Mitterrand et du “lobby juif”.

Je me suis donc documenté un peu sur la question, et j’ai rapidement découvert que ce qu’on nomme “l’être-juif” est un sujet qui a maintes fois déjà été traité, qu’il n’y pas de réponse simple, et que cela traverse les œuvres de tous les intellectuels juifs qui se penchent sur la judéité. L’identité juive est multiforme, insaisissable, absconse. Il existe même un Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Identité Juive. L’identité juive est un objet de recherches et de questionnements.

Réflexions sur la question juive

Le seul livre dont je dispose à la maison sur le sujet est le court essai de Jean-Paul Sartre, publié en 1946, Réflexions sur la question juive. Cet ouvrage a fait l’objet de critiques vives, de la part de certains intellectuels, car Sartre n’y parle que très peu du génocide. Cependant, c’est une description lumineuse des ferments et du fonctionnement de l’antisémitisme, et le livre a eu en son époque un impact énorme dans le monde des idées.

Sartre y écrit :

“Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif : voilà la vérité simple d’où il faut partir. En ce sens, le démocrate a raison contre l’antisémite : c’est l’antisémite qui fait le Juif.”

Voilà donc la fameuse question juive. Vendredi dernier, je croyais tenir un début de pensée originale, et je découvre aujourd’hui que tout avait déjà été écrit en 1946… Comme M. Jourdain faisait de la prose, je faisais du Sartre sans le savoir, en affirmant que la judaité n’avait pas de véritable existence et que seul le raciste faisait le Juif.

Mais si cette “vérité simple” demeure en partie — elle est d’ailleurs toujours indispensable dans le décryptage de l’antisémitisme — elle ne répond pas à la question de l’identité juive, car, il y a quand même la réalité de millions de gens qui se sentent juifs, qui se réclament d’un héritage, d’une culture et de valeurs juives.

Alors, qu’est-ce qu’être juif aujourd’hui ?

J’ai cherché, cherché, et… je n’ai pas trouvé de réponses gravées dans le marbre. Je suis même souvent tombé sur des Juifs qui s’engueulaient…

La seule chose, c’est que l’être-juif est un héritage. Mais une filiation pas toujours simple quand la religion s’en mêle :

Allez voir un rabbin et posez-lui quelques questions prosaïques. Par exemple : « Est-ce qu’un enfant né d’un père juif et d’une mère non juive est juif ? » Ou bien : « Un juif non croyant cesse-t-il d’être juif ? » Ou encore : « Un mariage mixte entre juif et goy est-il possible ? » « Et une conversion au judaïsme en vue d’un mariage ? » Vous verrez alors que chaque rabbin aura sa réponse, qu’un autre rabbin pourra tenir pour nulle. C’est ainsi : des libéraux aux orthodoxes et jusqu’aux Loubavitch, les rabbins font leur loi et lisent, chacun à sa manière, le Livre.

Qu’est-ce qu’être juif ? Une affaire de filiation (par la mère), de religion, de mémoire (à la Shoah), de solidarité (avec Israël) ? Dieu seul - et encore ! - reconnaîtra les siens. Les hommes, eux, se dépatouillent, les uns, religieux, avec les rabbins de leur goût, les autres, laïques, avec leur histoire.

[Michel Richard.]

Dans tout ce que j’ai lu, la réponse qui m’a le plus touché est celle apportée par Marek Halter, l’écrivain d’origine polonaise : “On ne naît pas juif, on le devient”.

Disons d’abord que beaucoup de Juifs sont restés juifs parce qu’il ne voulaient pas, comme Bergson, par exemple, abandonner leur communauté au moment où elle était menacée. Je le comprends, bien sûr, mais je rejette pourtant ce mode d’appartenance purement négatif, parce que lié seulement à l’antisémitisme. La haine que les nazis éprouvaient pour moi est leur problème, à la limite ce n’est en aucun cas le mien, sinon indirectement bien sûr… D’autre part, je ne suis pas religieux, je suis un laïque, et ce n’est donc pas le fait d’avoir maintenu les rites de mes ancêtres qui m’a préservé en tant que juif. Mon identité profonde ne tient en ce sens ni aux persécutions ni à une foi commune…

(…) En un sens, sans doute, on naît juif. C’est évidemment, dans un premier temps, un héritage qu’on ne peut nier, même si on le voulait. Mon ami Jean-Marie Lustiger lui-même ne peut faire abstraction du fait que ses parents étaient juifs, que ses grands-parents étaient juifs et que sa mère est morte à Auschwitz, c’est clair ! On fait avec. Mais, tout en sachant cela, il peut expliquer comment il a rejoint ceux qui croient au Christ, comment il a conservé cette liberté fondamentale de choisir, sans renier. Avant d’arriver en France, j’étais juif de naissance, puis, à un moment donné, j’ai choisi, et j’ai mis presque quarante ans à expliciter ce choix. [Entretien avec Marek Halter.]

Choix que Marek Halter précisera de belle façon dans un entretien publié dans le magazine Historia :

Oui, bien sûr. Je suis né juif, mais je ne suis pas responsable de ma naissance. Adulte, je pouvais choisir un autre chemin que celui de mes ancêtres. C’est ce qu’ont fait, par exemple, le cardinal Jean-Marie Lustiger ou soeur Emmanuelle. Moi, je me suis choisi juif parce que j’ai trouvé dans le judaïsme et dans sa mémoire une tradition qui m’émeut et des valeurs qui me nourrissent. [Réf.]

Mais le choix a ses limites. Il n’est pas donné à tous. Je me serais bien vu crier dans les rues de 68 : “Nous sommes tous des Juifs allemands!” après que Georges Marchais eut traité avec mépris Daniel Cohn-Bendit de Juif allemand. J’aurais bien voulu, moi aussi, être juif. J’étais déjà homo, cela aurait encore ajouté à ma panoplie de victime désignée.

Mais, non, je n’ai pas le choix d’être juif. Au lycée, mes amis s’appelaient Lévy, Taïeb, Cohen, Azoulay, Sarfatti, Habib, Aboulker, Benhamou, Haddad, Touboul… Ils avaient quelque chose que je n’avais pas (mais, j’avais quelque chose qu’ils n’avaient plus, si vous voyez où mon regard porte). Et c’est dans la cour de ce même lycée que j’ai découvert, un jour, que j’étais frappé d’une infamie indélébile (puisqu’on me l’avait lancé sur le ton de l’insulte) : j’étais goy. Et étant goy, il y avait forcément des choses qui échapperaient à ma compréhension, un ineffable dont je serai toujours l’étranger. Et le tragique, c’était que j’étais totalement impuissant contre mon état de goy, parce que j’étais goy comme eux étaient juifs. Je n’avais pas le choix et je le ressentais comme une blessure d’amour-propre, comme un rejet injuste dans une différence dont je n’avais pas conscience jusqu’à ce jour. (I’m a goy gay guy!)

Alors, j’ai redoublé d’efforts, et je suis devenu un Sisyphe de la dégoyïfication. Je ne me suis épargné aucune circoncision, aucune bar-mitzvah de mes camarades, aucune invitation à la synagogue ne fut écartée, je lisais juif, de Marcel Proust à Romain Gary, en passant par Albert Cohen et Kafka, je mangeais juif, mais… rien ne se passait. Je restais goy, et j’en conçu, outre de la tristesse, du ressentiment. Pire, je crois même que j’ai basculé dans le discours pro-palestinien à outrance lors de mon adolescence pour me venger de ma goyitude. Faut dire que la provo facile, ça marchait à merveille avec mes camarades… Mais je m’égare. Car si je rajoute la question goy à la question juive, je sens que je ne vais pas m’en sortir.

Suite à la lecture de mon premier article sur le sujet, Daniel Glazman me laisse un indice sibyllin : “celui qui dit, celui qui est”.

J’y vois le pouvoir des mots, et le pouvoir du choix, de la décision. Donc, sans doute une approche à la Marek Halter. Le libre-arbitre d’être-juif. J’attend son éclairage avec impatience.

Et si finalement on était juif comme moi je suis breton, une affaire de filiation, d’héritage, de patrimoine, de cœur. Un truc qui vous tombe dessus au berceau. On a pas le choix au départ, mais après, on en fait ce qu’on en veut. (Même si je n’échapperai jamais, lorsque j’annonce mon nom, à la question “vous êtes breton ?”.) être juif peut n’être qu’un patronyme, certes parfois lourd à porter dans certaines circonstances, mais rien de plus.

D’ailleurs, c’est encore Marek Halter qui nous dit “être juif, c’est enfin appartenir à un groupe culturel qui se reconnaît dans une mémoire collective. Comme les Bretons, les Alsaciens ou les Occitans.” [Réf.]

Et peut être n’y a-t-il pas de question juive, mais que chaque Juif à sa question juive. À chacun d’y répondre. Même si chacun n’a pas forcément cette liberté de conscience.

En vrac, des citations qui ont retenu mon attention en écrivant ce billet :

Loin d’être immuable, intemporelle, l’identité juive s’est nourrie ainsi des cultures qu’elle a traversées. On est toujours « juif de quelque part », soulignent Benbassa et Attias. Même la religion a varié, selon les lieux et les époques ! Réhabilitant le chatoiement de la diaspora par rapport au puritanisme sioniste, et une certaine joie de vivre méditerranéenne face au tragique ashkénaze, le couple d’historiens refuse absolument d’enfermer l’identité juive dans une équation simpliste : identification à Israël (pays qui, affirment-ils, n’a que peu à voir avec les images pieuses qu’en ont les juifs français) plus religion de la Shoah. (…) Un culte dont, paradoxalement, les desservants les plus zélés sont souvent des séfarades, qui n’ont pas traversé l’épreuve du génocide mais ont acquis ainsi leurs lettres de noblesse en judaïsme, ou bien des non-juifs, dévorés par la culpabilité.
Marchant sur les traces d’Alain Finkielkraut (auteur du « Juif imaginaire ») autant que de Norman G. Finkelstein (« L’industrie de l’Holocauste »), Benbassa et Attias soupçonnent cette « mémoire » omniprésente de combler, chez leurs coreligionnaires, un vide identitaire. Elle marque, selon eux, une complaisance dans la victimisation. Elle favoriserait enfin des instrumentalisations à des fins politiques ou privées (même si, sur ce point, Esther Benbassa se montre moins véhémente que dans une tribune qu’elle a publiée l’an dernier dans Libération). Or le judaïsme vaut infiniment mieux que ce « ressassement » quelque peu mortifère : il doit (re)devenir ce qu’il est, fécondité de l’exil, conscience de l’autre, sens aigu de l’universel, célébration de la vie. « On peut être juif sans les antisémites ! » résume Esther Benbassa, prenant Sartre à contre-pied. « Surtout que les antisémites nous obligent à être juifs d’une manière peu intéressante ! » renchérit Jean-Christophe Attias. [François Dufay, Les juifs ont-ils un avenir ?]

De là l’idée que la judaïté ne tiendrait ni à la confession religieuse, ni à cette pseudo-appartenance biologique à une « race » introuvable, pas davantage à une citoyenneté politique, ni à une histoire de la haine et des persécutions, mais au maintien, tout à la fois hérité et volontaire, par les différentes communautés qui se sont dispersées de par le monde, d’une certaine tradition culturelle centrée sur une civilisation du Livre. C’est là, par exemple, le point de vue développé par Marek Halter. C’est en ce sens qu’il peut déclarer « se choisir » juif… après être né juif. On objectera bien sûr que ce choix opéré après coup n’est pas tout à fait libre, qu’il laisse ouverte la question de savoir ce que signifie « naître juif », avoir des « parents juifs », porter un « nom juif », etc. Et c’est là, sans doute, que Sartre marque un point. Car c’est évidemment d’Histoire qu’il s’agit, et non de biologie, de tradition et non de nature, d’héritage invisible et non de transmission charnelle. En quoi, d’ailleurs, la judaïté entre aujourd’hui dans le lot commun : notre appartenance nationale elle-même, cela qui nous fait être citoyens d’une République française, n’est pas d’une autre nature : un composé mixte de passé et de choix, de patrimoine imposé et de décision libre. [Luc Ferry.]

Certes, les Juifs assument-ils une certaine différence mais celle-ci n’est pas du même ordre que celle des Musulmans : ils sont un élément constitutif, structurel d’un grand nombre de sociétés ; pour faire image, les Juifs font partie de l’organicité du monde, ils en sont un rouage essentiel, et ils ont également joué un rôle essentiel dans le monde arabe. Il est vrai que les choses ont évolué au XXe siècle de telle sorte que d’autres grilles y trouvent une certaine vraisemblance : rassemblement de Juifs en Israël (Alya), forte immigration juive, quasi-absence des Juifs dans le monde arabe, expulsions, exterminations (Shoa), tout cela fausse les perspectives. D’où les tentations, comme chez Esther Benbassa, de rapprocher judéité et arabité en mettant l’accent sur des facteurs contingents. Or, tant que le monde arabe n’aura pas compris que les Juifs peuvent s’assimiler dans tout pays et vivre selon les valeurs de tout pays, qu’ils ne sont ni à la solde d’Israël, ni même prisonniers d’une pratique religieuse, tout en étant conscients d’être une population distincte par sa fonction, par son rôle, au service des sociétés au sein desquelles ils s’inscrivent, il ne pourra y avoir que méfiance envers eux. On le voit bien avec l’affaire des implantations juives en Palestine : pourquoi ces Juifs installés dans cette région ne pourraient-ils y rester, dans un autre cadre que celui qui était le leur auparavant ? [Jacques Halbronn.]

Au lieu de pleurer sur celui qui refuse à l’âge de 14 ans de jamais remettre les pieds dans une synagogue, au lieu de gémir sur celui qui a tourné le dos à la Saga de son peuple, versez des larmes sur vous-mêmes, créatures pathétiques - qu’attendez-vous - toujours à sucer, sucer ces aigres raisins de la religion ! Juifs, juifs, juifs, juifs, juifs ! Elle me sort déjà des oreilles, la Saga douloureuse des juifs ! Rends-moi un service, mon peuple, et ton douloureux héritage, fous-le-toi dans ton cul douloureux - Il se trouve que je suis également un être humain ! [Philip Roth, Portnoy et son complexe.]

Je suis un juif ! Un juif n’a-t-il pas des yeux ? Un juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions? N’est-il pas nourri de la même nourriture, blessé des mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes moyens, échauffé et refroidi par le même été et le même hiver qu’un chrétien ? Si vous nous piquez, est-ce que nous ne saignons pas? Si vous nous chatouillez, est-ce que nous ne rions pas ? Si vous nous empoisonnez, est-ce que nous ne mourrons pas ? [William Shakespeare, Le marchand de Venise.]

Juif français, né en France d’une longue suite d’aïeux français, ne parlant que la langue de mon pays, nourri principalement de sa culture, m’étant refusé à la quitter à l’heure même où je courais le plus de dangers, je participe cependant de toute mon âme à l’effort admirable - miraculeusement transporté du plan du rêve au plan de la réalité historique - qui assure désormais une patrie digne, égale et libre à tous les juifs qui n’ont pas eu comme moi la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal. [Léon Blum, Lettre au président israélien Chaïm Weizmann.]

“Les juifs sont le thermomètre d’humanité de l’humanité”. Franz Kafka.

Moi je crois que les juifs sont des gens comme les autres, mais il ne faut pas leur en vouloir. [Romain Gary, La vie devant soi.]

“God does not exist and we are his chosen people.” Woody Allen.

À lire également :

1. Le 20 février 2005,
Houssein

Excellente analyse Laurent. Merci pour ce travail concis mais bien étayé de références et de pistes de réflexions.

La thèse que tu défends rejoint mes propres réflexions sur la question de l’identité arabe. Etre arabe c’est de se prévaloir d’une langue, c’est le seul point commun qui définit l’appartenance à cette communauté. Mais avec les différences de dialectes ce pillier de l’identité arabe est devenu très flou. Au fait, je crois que de même que pour la notion de juif, celle d’arabe n’existe que par un sentiment de victimisation. La preuve en est que l’identité arabe est un pur subterfuge politique né du conflit avec Israel, l’identité arabe n’exitait pas du temps de l’age d’or de l’empire musulman.

Je crois qu’on peut généraliser ces idées à la notion d’identité en général…

2. Le 21 février 2005,
chris waigl

Un texte beaucoup plus intéressant que le premier ; je te remercie.

Juste quelques remarques, sans aucun désaccord.

Vendredi dernier, je croyais tenir un début de pensée originale, et je découvre aujourd’hui que tout avait déjà été écrit en 1946…

Justement, cela a été écrit en 1946. Et même si Sartre se distancie d’une vision axée uniquement sur les persecutions toutes récentes, le texte se situe dans une époque et un contexte bien précises.

Dans tout ce que j’ai lu, la réponse qui m’a le plus touché est celle apportée par Marek Halter, l’écrivain d’origine polonaise : “On ne naît pas juif, on le devient”.

De très belles citations de lui, toutes en lumière. La phrase n’est peut-être pas aussi fracassante que dans l’original auquel il fait référence, mais, à mon avis, vaut pour toutes les étiquettes collées sur des appartenances identitaires.

Qui n’ont d’ailleurs, dans la plupart des cas, que très peu d’importance dans un contexte (inter-)national, car — comme celles que tu cites — la majorité ne sont pas problématiques.

Et j’ai toujours mon t-shirt qui dit “Dieu est une lesbienne noire.” :)

3. Le 21 février 2005,
Daniel Glazman

Comme promis, je reviens plus longuement sur tes deux articles, très intéressants, mais un peu capillotractés. Au fait, Marek Halter, qui est malgré son talent d’écrivain - sa “Mémoire d’Abraham” reste un bon souvenir - est quelqu’un qui fera et dira n’importe quoi ou presque pour se trouver devant une caméra. Rares sont ceux chez qui cela n’influe pas le propos…

Toute caractéristique, humaine ou pas, peut varier selon le point de vue. Les nazis par exemple faisaient remonter leurs “études en pureté raciale” jusqu’à la 5ème génération en arrière. Mon fils serait donc génocidé, malgré qu’il soit physiquement très scandinave, et que personne depuis son arrière-arrière-grand-père ne soit religieux dans la famille. D’un autre côté, il est encore beaucoup trop petit pour comprendre la question “es-tu juif?”. C’est pour cela que j’ai toujours pensé que “celui qui dit, celui qui est”. A lui de répondre, quand il sera en âge de le faire.

Je suis 0% religieux. Je l’ai déjà dit et je le redis, je considère l’idée même de Dieu et la religion comme deux oblitérations de l’esprit, une survivance moyen-âgeuse prouvant que l’Humanité est encore loin la sagesse. A chaque fois que j’entend “merci mon Dieu”, que j’entends une grenouille de bénitier gloser sur la dernière messe de Lustiger, un rabin tergiverser sur l’heure de début du shabbat dans l’espace intersidéral, ou que je lis “In God we trust”, j’ai un hoquet. Mon avis ne vaut donc que pour moi, et nombreux sont les juifs religieux qui seront en opposition avec moi. J’ai d’ailleurs déjà eu plusieurs fois affaire à des “ultras” me disant que je n’étais pas juif puisque pas religieux… Je les laisse à leur connerie. Un Séfarade non religieux ne sera peut-être pas plus d’accord avec moi, parce que son histoire familiale divergera trop d’avec la mienne au cours disons des trois cent dernières années.

Pour moi, être juif c’est

  • une éducation axée sur la culture générale, le livre, la connaissance, le savoir, les sciences. Tout cela est fondamentalement un héritage à la fois de la religion, et des persécutions: la représentation de l’être humain dans la religion juive est rare, puisque l’homme est à l’image de dieu, que l’on ne peut représenter. L’apprentissage de la religion passe donc depuis près de quatre mille ans par celui de la lecture… Un héritage des persécutions ensuite: puisqu’il y avait restriction sur les métiers accessibles aux juifs et ce presque depuis l’empereur Constantin, il a bien fallu focaliser sur ce qui était possible. Ce qui était possible avait trait au savoir, et à l’argent. En cela, les juifs sont différents.
  • une langue, le yiddish, extrêmement riche, qui est la langue maternelle de mes parents, celle dont mes oreilles ont été bercées depuis l’enfance, celle que j’ai pratiqué dans mes faibles mesures avec mes grand-parents. Je suis un émigré de seconde génération, le premier né en France.
  • une cuisine… Je peux traverser tout Paris pour des bons gehackte leibeler, visiter tout New York pour des vrais baigele.
  • une histoire de pauvreté, qui fait qu’encore aujourd’hui un sou est un sou et on éteint la lumière en quittant une pièce, on ne claque pas la sueur de son front dans un casino et on évite de frimer quand on a accumulé deux sous et surtout, surtout, on en garde une bonne partie de côté “au cas où”.
  • une histoire familiale qui fait que les non-juifs dans la liste de mes ancêtres depuis deux mille ans doivent se compter sur les doigts d’une seule main, et encore. Sur les six cent dernières années, il doit y en avoir un seul, un haut dignitaire de la Cour de l’Empereur de Mongolie qui a pas mal violé au cours de ses voyages.
  • une forme de détachement de la propriété foncière profondément ancrée dans ma tradition familiale et s’expliquant certainement par les nombreuses migrations. Il faut pouvoir partir demain si nécessaire.
  • une méfiance profonde vis-à-vis du pouvoir en place, résultant tout d’abord de l’ensemble des persécutions, la Shoah étant la grande dernière mais certainement pas la seule, et ensuite du fait que les juifs n’ont pas d’Etat centralisé, et n’ont pas détenu de pouvoir temporel ni d’armée depuis l’an 70 autre qu’épisodiquement (des conseillers des califats de Cordoue et autres, ou des rois européens, un premier ministre anglais).
  • un humour tout à fait typique, résultant de tout ce qui précède et d’une auto-dérision qui est la marque vraie de ceux qui s’en sont pris plein la tronche pour survivre.

En terminale C, un connard profond snobinard du nom (si mes souvenirs sont bons) d’Alain d’Aubert m’avait laissé pantois en me demandant tout d’un coup si je me sentais plus juif ou plus français. Un copain lui avait répondu en lui demandant s’il se sentait plus imbécile ou plus heureux. Contrairement à Halter, je n’ai jamais “décidé” de me définir comme juif. Je le suis de la dernière rognure d’ongle du petit orteil droit à la pointe de mes cheveux, je l’ai toujours été, je ne suis jamais posé la question.

Je suis juif parce que le suis, parce que je le dis, parce que je le vis. Je ne suis donc pas d’accord avec ton “Juif ne veut pas dire grand chose”, et surtout pas avec Sartre “Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif”.

Ah un dernier détail important : ce qui se passe en Israël me touche disons distraitement. Je ne suis ni sioniste ni israëlophile. Je suis choqué quand un Itzak Rabbin se fait assassiner mais aussi quand un Sharon initie, volontairement, la seconde intifada. A ceux qui nous emmerdent ici en nous rabachant avec Israël, je leur dis d’y aller puisqu’ils trouvent ça tellement bien. Moi, je ne veux pas vivre dans un état militaire où ça pète tout le temps de tous les côtés.

4. Le 21 février 2005,
ccil

Que pensez vous de la remarque de Monsieur Hanin : “Il faudrait que les juifs pardonnent la shoah” ?

5. Le 21 février 2005,
Laurent

J’avoue que plus j’approfondis, plus je suis perplexe… Avec mon parcours dans de nombreux textes tout ce week-end, j’ai vu que je n’étais pas le premier ni le dernier à m’arracher les cheveux sur la question qui a déjà fait couler beaucoup, beaucoup d’encre.

Quelques remarques, en vrac, qui m’ont traversé l’esprit :

Quand je dis “Juif ne veut pas dire grand chose”, je dis qu’à la fois il est impossible de donner une définition précise de ce terme (une dans laquelle tous les juifs se reconnaîtraient…), d’autre part que beaucoup mettent tout et n’importe quoi dans ce terme, ce qui est source de malentendus, voire pire. Et je conclue sur l’idée de “à chacun d’être juif à sa façon” (un peu “bateau”, j’en conviens, mais j’ai rien trouvé de mieux pour l’instant).

De fait, il est difficile de sortir des généralités sur “les juifs”, seuls les antisémites se le permettent sans vergogne. (Ça, c’est mon idée de départ, qui s’est révélée ensuite être très sartrienne.) Et les juifs eux mêmes n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une identité juive (sauf les ultra-religieux qui ont toujours des réponses à tout, c.à.d. un Juif c’est celui qui vit le Judaïsme, les autres s’excluant eux-mêmes de la judéité, de la communauté, du peuple élu).

Quand tu dis : “Un héritage des persécutions ensuite: puisqu’il y avait restriction sur les métiers accessibles aux juifs et ce presque depuis l’empereur Constantin, il a bien fallu focaliser sur ce qui était possible. Ce qui était possible avait trait au savoir, et à l’argent. En cela, les juifs sont différents.” C’est là justement la “fabrication” du Juif par des éléments exogènes. J’ai tendance à croire que cette différence là se dilue avec le temps, et même très rapidement de nos jours.

À lire ton ton témoignage, il m’est venu à l’esprit que tu étais avant tout ashkenaze… si cette expression peut avoir du sens. Empreint de culture ashkenaze : le yiddish (ciment de cette culture), la cuisine (hmmm… miam), la modestie et l’expérience de l’impécuniosité, la méfiance, le tout étant accentué par une famille culturellement très homogène sur des générations. Alors, oui, bien sûr, ashkenaze implique juif.

Je ne connais pas le personnage médiatique Marek Halter, mais j’ai apprécié le ton de ce que j’ai lu de lui. Il dit aussi de belles choses sur la culture du livre et de l’écrit qui ne sont pas éloignées de tes propos.

En tout cas, il est sûr que pour beaucoup d’excités, tu es un “mauvais juif”… ;-)

Et merci pour ton témoignage, intime et chaleureux. J’ai le sentiment de savoir plus ce que “juif” veut dire pour toi, mais je ne sais toujours pas ce que “juif” tout court veut dire. Tu m’en as donné une facette.

> ccil : je ne pense rien de la remarque de M. Hanin, je ne connais pas son contexte et je ne sais pas ce qu’il a voulu dire. Ensuite “la Shoah est-elle excusable”, ça fait devoir de philo un peu rébarbatif. Le pardon et l’excuse, vaste sujet.

6. Le 21 février 2005,
Laurent

Finalement, je vais me ranger pour le moment du côté de Ferry : “En quoi, d’ailleurs, la judaïté entre aujourd’hui dans le lot commun : notre appartenance nationale elle-même, cela qui nous fait être citoyens d’une République française, n’est pas d’une autre nature : un composé mixte de passé et de choix, de patrimoine imposé et de décision libre.”

7. Le 22 février 2005,
Kate

Aboutie ici par hasard, je suis restée à lire toute la page avec intérêt. Je ne suis pas juive, je n’ai pas de passé juif, d’Histoire juive. Je ne peux pas commenter sur la judaïté. Cependant, vos commentaires et ceux de vos collègues m’amènent cette question: pourquoi être “juif, arabe, palestinien, etc.”? Pourquoi qualifier l’Être? Oui, vous êtes sans doute ce que vous êtes (et non pas qui vous êtes) à cause de. Mais pourquoi tant chercher une (votre?) appartenance dans ces particules d’histoire, de culture, de religion s’il en est? Pourquoi tenter d’expliquer ce qui est. Aucun de nous ne peut changer son bagage socio-historico-culturo-religieux. Cela est. Ce n’est pas le fait de lire juif, de manger thaïlandais, de voyager français qui doive être significatif. Alors, pourquoi la “question juive” est-elle, doit-elle être débattue, encore?

8. Le 22 février 2005,
Benoît

Après tout ça, il ne reste plusqu’à rédiger un bel article pour Wikipédia ;)

http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Juif&redirect=no

9. Le 23 février 2005,
Le Raleur

Idem que Kate, j’ai lu l’intégralité du post,(et c’est très long) avec grand intérêt puisque j’imaginais faire un post sur les facéties de Dieudonné sur les juifs. Bref très intéressant.

10. Le 23 février 2005,
Nicolas

Dans la même situation que Kate, j’ai peur de n’apporter que du bruit dans cette conversation qui m’aura appris beaucoup (je suis donc “goy” et je ne le savais pas !) et m’inspire beaucoup de commentaires ; je ne réagirai qu’à ce qui m’a interpellé le plus. Le commentaire 14 du billet précédent de Laurent le résume bien:

> […] je dis que l’identité “juif” ne veut pas dire > grand chose, si ce n’est dans l’esprit des > antisémites.

> Alors, c’est quoi, être juif ? J’attends une > définition. C’est quoi, être juif ?

Je trouve très inquiétant que des gens ne puissent se définir qu’au travers de leurs ennemis ; sartrienne ou pas, la démarche me semble bougrement paranoïde.

Je crois avoir bien saisi pourquoi personne ne s’accorde sur une définition par compréhension du terme ’juif’. Mais on peut tout aussi bien définir le terme par extension : en disant “les juifs sont l’ensemble des gens qui se sentent juifs”, on fait une définition par extension du terme juif parfaitement valide. Et voilà tout ! Si Daniel Glazman dit qu’il se sent juif “des pieds à la tête”, eh bien c’est qu’il est juif, avec une telle définition.

Je suis peut-être naïf, mais ça me paraît aussi simple que ça. J’ai même la conviction, après vous avoir lu, qu’on ne puisse jamais définir ’juif’ que par extension.

Et comme la motivation de Laurent et des autres est une recherche identitaire, la tentation est grande de se chercher des signes, des critères d’appartenance, ce qui revient à chercher une définition par compréhension, et par là à exclure de l’ensemble des juifs des gens qui pourraient légitimement y appartenir.

11. Le 23 février 2005,
Laurent

Pour répondre à Kate, qui dit “pourquoi tenter d’expliquer ce qui est ?” : Pour tenter de comprendre l’autre. Par intérêt pour le sujet. Pour approfondir ma culture personnelle. Je suis d’ailleurs effaré de voir l’inculture de nombre de gens sur le fait juif. Mais vous êtes libre de trouver ça sans intérêt.

Ceci n’est pas un article qui se veut définitif. C’est la simple retranscription du cheminement de ma pensée. Suite à l’actualité récente, je me suis posé la question “comment peut-on être antisémite quand on ne sait pas ce que juif veut dire”, et je me suis dit à moi-même que je ne savais finalement pas trop bien ce qu’était un Juif. Alors, j’ai creusé la question avec mes modestes moyens. Rien de plus.

Et quand je lis “Alors, pourquoi la ’question juive’ est-elle, doit-elle être débattue, encore?”, je réponds qu’il n’y aurait pas vraiment d’actualité à la question juive s’il n’y avait pas d’antisémitisme. Parce qu’être juif, c’est aussi l’être aussi dans le regard de l’autre. Et il se trouve que l’antisémitisme est toujours bien vivant.

Nicolas dit : “En disant ’les juifs sont l’ensemble des gens qui se sentent juifs’, on fait une définition par extension du terme juif parfaitement valide”. Dans l’absolu, oui, sans doute, mais pas dans le réel. Entre l’antisémite et le rabbin extrémiste qui nous parle de l’”holocauste silencieux”, il y a toute une gamme.

Il n’y a pas de définition unique de l’être-juif. J’espère que ce qui ressort de mon billet.

“Je trouve très inquiétant que des gens ne puissent se définir qu’au travers de leurs ennemis”. Je n’ai pas vraiment dit ça, ni Sartre d’ailleurs. C’est plus subtil que cela, peut-être n’ai-je pas su le retranscrire avec justesse.

“Et comme la motivation de Laurent et des autres est une recherche identitaire, la tentation est grande de se chercher des signes, des critères d’appartenance, ce qui revient à chercher une définition par compréhension, et par là à exclure de l’ensemble des juifs des gens qui pourraient légitimement y appartenir.”

Ce n’est pas mon objectif (“exclure de l’ensemble des juifs des gens qui pourraient légitimement y appartenir”), je veux juste mieux comprendre ce qu’est un Juif et monter la stupidité de l’antisémitisme. Quand je reprend à mon compte la proposition de Ferry (“…un composé mixte de passé et de choix, de patrimoine imposé et de décision libre”), je n’ai pas le sentiment d’exclure qui que ce soit. Au contraire, c’est une conception complètement ouverte, et même “floue”. Mais elle est déjà loin d’être partagée.

12. Le 24 février 2005,
Kate

Laurent, Selon votre proposition, je comprends mieux votre démarche: ne cherchons-nous pas à comprendre non seulement “qui” nous sommes mais ce “que” nous sommes? Curieuse coïncidence que je tombe sur votre post presque en même temps que celui d’Emery qui m’a fait comprendre combien “la question juive” est d’actualité (peut-être plus en Europe (?) que pour moi au Québec). Voir sur son blog (http://www.mry.blogs.com) sa note sur la bêtise humaine qui inclut une video (c’est le moins que je puisse dire) surprenante. Je ne crois pas avoir entendu de tels propos de toute ma vie. P.S.: J’avais omis de le mentionner dans mon premier post, mais la note est bien documentée.

13. Le 25 février 2005,
Jay

Bonjour, j’espère ne pas passer pour un “connard profond” ni pour un “goy qui ne sais pas de quoi il parle”.

Voici, en résumé (au risque de sombrer dans le simplisme), de l’idée que j’ai de la définition du juif:

C’est une personne née de parents juifs, mais elle peut aussi avoir été éduquée “à la manière juive”, c’est-à-dire baignée dans la culture juive (passé, cuisine, religion…). Je n’ai que trop peu de connaissances sur l’origine des juifs, mais je pense qu’il est normal depuis la fin d’un état que la culture diverge sur certains points. A mes yeux, ça reste un peuple, une nation, qui a un passé commun, plus ou moins les mêmes traditions, coutumes, façons de vivre, de penser. Je dis nation en espérant ne choquer personne, je dis ça en pensant à toutes les nations qui n’ont plus d’état, en ce moment on parle des basques ou des corses. Si les juifs n’ont pas d’état, je crois qu’ils ont toutes les caractéristiques qu’une nation peut avoir. Et si certaines personnes sont athées tout en se sentant juives, je ne vois pas d’incohérence là-dedans. La religion fait parti de la culture, mais on a le droit de ne pas croire… En espérant ne pas faire une comparaison trop décalée (je crois que c’est fichu), il y a des britanniques qui ne sont pas protestants, cela dit le protestantisme est caractéristique de la culture britannique, tout comme l’est la monarchie parlementaire.

Au début de ce commentaire, j’écrivais espérer ne pas passer pour un “connard profond”, parce qu’en fait je ne vois pas en quoi cet Alain d’Aubert a gaffé. Si vous, monsieur Daniel Glazman avez été élevé par des parents juifs et que vous vivez en France, vous devez connaître les deux cultures, je pense que la question de votre camarade de terminale vous demandait laquelle de ces religions vous vous sentiez le plus proche. Il est possible qu’il n’y ait pas de réponse, en tout cas je trouve ça dommage de n’avoir pas (d’après ce que vous avez écrit) tenté de lui expliquer en quoi ses propos étaient déplacés ou stupides.

PS: c’est bien dommage de devoir s’inscrire à Typekey pour pouvoir commenter ce billet très intéressant. Ou alors je n’ai pas compris comment m’y prendre ?

14. Le 25 février 2005,
Laurent

L’identification Typekey est tout à fait facultative.

15. Le 27 février 2005,
benoît

2 brefs points :

1 - est-ce que tu n’oublies pas, dans ta sincère et “naïve” analyse comparée (j’espère que le “naïve sera pris pour compliment !)une différence radicale : ton groupe est un groupe dominant ; le groupe des juifs un groupe minoritaire. En fréquentant les protestants, je me suis rendu compte à quel point ça forge l’identité ! 2 - un livre très stimulant : les Juifs, le monde et l’argent (J Attali) : une superbe description de ce rôle de “passeurs” (Y C d’argent) assumé par les juifs depuis si longtemps.

bravo pour l’intensité de ces réflexions !

16. Le 27 février 2005,
Jay

benoît: je ne comprend pas bien ? Je voulais simplement dire qu’on pouvait être une nation sans être attaché à la religion représentative de cette nation.

17. Le 31 mars 2005,
zit

Ma mêre est bretone (de parents catholiques) , mon père est juif absolument non pratiquant (de parents juifs très modérément pratiquants), mon nom est celui d’un batard de Jacob et je suis circoncis (je t’assure, laurent que je prends mon pied régulierement;o) : pour un rabin, sans hésitation, je suis un goy. Et pourtant, agnostique et violemment anticlérical, viscéralement “antinationaliste”, je me sent juif, je regrète même de n’avoir pas fait circoncire mon fils quand il était temps! Peut-être est-ce l’humour: ta citation de Woody Allen m’a fait hurler de rire. Je n’y pense pas tous les jours, mais quand j’entends ou que je lis le mot “juif”, je me sent concerné. L’annecdote que rapporte Daniel Glazman sur la question “si je me sentais plus juif ou plus français”, je la comprends sans que l’on doive me faire un dessin et je ne saurais pas mieux y répondre que son copain. Je ne suis pas sûr d’avoir fait beaucoup avancer le shmilblik, mais souhaitais juste témoigner, en augmentant peut-être la confusion.

18. Le 1 juin 2005,
Alice

A lire tous ces débats fort intéressants, il me vien l’envie d’écrire un essai que je pourrais intituler “Réflexion sur la question goy”. lol

Trève de plaisanterie. L’un des “mystères insondables” de l’identité juive se trouve peut-être dans la formule suivante : Le juif, c’est celui qui n’a pas besoin de l’Autre pour définir son identité, mais dont l’identité est toute entière tournée vers l’Autre.

Je vous laisse digérer cela avec une tranche de gefilte fish ;-)

19. Le 27 février 2006,
nicosna

mais amis moi je suis athee , et je dit , la religion c’est bien , mais etre lucide c’ est mieux , combien de temps va ton se voiler la face , combien de temps va t’ on continuer a s’ entre tuer pour des mensonge , les livre saint, de toute religion , sont en gros de la mitonerie pour les personne qui on peur d’ aceptte d’ etre se qu’ il sont vraiment , leur propre dieu , vu qu’ il sont responsable de leur destin et de leur vie , c’est pas dieu qui tire les fisel , nous tirons nos ficels en bien ou en mal . DESOLER, malgre tout ca croiyer le ou pas j’ ai un profond respect pour les juif, parais tres meme que mon arriere grand mere etais de confesion juif , de plus j’ai fumer le calumait de la paix et je suis pas tres sur que mes propo soit coerent ? , bref amis juif musulment cretien , nous somme des homme avant tout , nous somme pareille pas dessu tout alors peace and love et un monde de paix est possible ciao

20. Le 27 février 2006,
nicosna

voila un exemple de goy ; alice , lit mes propo redicule , voici le goy ,je suis le goy mes moi je vous respect et vous ???

peut’ on vivre ensemble ???

snaaa23@hotmail.com , aucun de mais propo ne sont raciste , je suis la paix a moi seul , je suis l’ amour de l’ etre , reagiser a mes phrase redicule en m’ ecrivent dans le respect car ’j en fait preuve pour vous , merci ami isralite et que la paix soit avec toi

21. Le 28 mars 2006,
valérian

J’ai lu ton texte avec grand intérêt Laurent, je me permets d’apporter mon point de vue. De mère juive et de père non juif je pense m’être toujours senti juif de manière implicite, je n’ai pu l’expliciter qu’après une grande introspection personnelle. Ma mère est ce qu’on appelle une “baalé téchouva” c’est à dire une juive qui est revenue à la religion. En effet de famille juive ashkénaze laïque (d’obédience communiste :)) cette ancienne soixantehuitarde a décidé après ma naissance de revenir à un respect strict de la religion, un peu comme Benny Levy le secrétaire de Sartre qui est passé du maoïsme à l’étude de la kabbalah sans pour autant se fermer au monde non juif. Pour ma part je ne me suis jamais senti de fibre religieuse malgrès le fait que j’ai été durant deux ans dans une école juive loubavitch, que j’ai aussi fréquenté pendant 6 mois une école juive américaine bref que j’aie toute une partie de ma vie baigné dans la religion. la question de dieu ne m’intéresse tout simplement pas je me considère donc comme agnostique. Après mon passage à l’école loubavitch à l’âge de 9-10 ans qui enseigne un judaïsme pour le moins fondamentaliste j’ai développé un rejet profond de tout ce qui avait trait au judaïsme, j’ai décidé de ne fréquenter que des non-juifs,peut être même suis je devenu antisémite. Et puis quand je me suis retrouvé à l’école publique (sur mon insistance) j’ai découvert que malgré mon application à ne pas être juif, à manger des cochonailles à tout va, à insister pour aller en classe même le jour de Yom Kippour c’était comme d’essayer de gommer une tache d’encre, plus tu gommes plus tu diffuses l’encre ,La je vais rejoindre ton analyse sur le non juif qui fait le juif, il se trouve que c’est les autres qui m’ont fait sentir différent, juif. D’abord ma gueule, pas vraiment aryenne, “et toi tu viens d’où? …Heu, j’ai des origines en Europe de l’est! _Oui mais encore? _écoute mes ancêtres ont habité l’Ukraine comme la Roumanie ou la Hongrie _ha bon mais ta mère a un nom allemand! ……oui c’est que…. nous sommes d’origine juive” et puis aussi le fait que je ne sache pas trop quoi répondre quand on me demandait ce que j’avais reçu à Noël, et que je ne puisse pas partager ma joie avec eux le jour de roch hachanna le nouvel an juif occasion où on se gave de pomme et de miel avec toute la famille réunie. J’ai donc vécu une bonne partie de mon enfance dans une sorte de schizophrénie qui devait un peu être celle des marranes, goy à l’exterieur, juif à l’interieur avec pour compliquer le fait que j’aie réellement un héritage non juif bien qu’il n’aie en moi jamais eu une importance comparable à ma judéité. Dés que j’en ai eu la possibilité j’ai refusé d’aller à la choule (la synagogue) je n’ai même pas fait ma bar mitsvah malgré les cadeaux qu’on me faisait miroiter. L’affirmation de mon judaïsme c’est fait en deux temps, tout d’abord en réaction des quolibets antisémites que l’on m’a jeté à partir du CM2 et jusqu’à la fin du collège, souvent d’ailleurs par des garçons qui subissaient eux aussi le racisme… Cela c’est exactement ce que dit Sartre, l’antisémite fait le juif. Ensuite, et de manière beaucoup plus positive quand après le bac je suis parti un an en Catalogne et que je me suis aperçu que là bas existaient des gens qui se revendiquaient passionnément d’une identité (toute aussi floue) sans pour autant être des cul terreux xénophobes, sans pour autant être d’affreux extrémistes. Dont les traditions étaient attachantes et qui tout comme les juifs craignaient qu’elles ne se dissolvent sous le poids de la culture dominante. A mon retour en France, j’ai rattrapé les années perdues, je me suis imprégné de cette culture juive dont j’avais eu si honte dans mon enfance , j’ai avalé les livres par dizaines, sur l’histoire juive, sur la religion juive, … je n’en suis pas pour autant devenu religieux ou fanatiquement identitaire mais j’ai trouvé certaines réponses à mes questions sur qu’est ce que cela signifie être juif pour moi. Tout d’abord mon amour des livres qui est une tradition juive par excellence, ma passion pour les controverses, le pilpoul comme on dit en hébreu l’archétype de la controverse est sans doute les multiples débats qui agitaient Hillel et Chamaï deux grands sages de l’antiquité, plus tard se furent les responsa des rabbins sépharades face au clergé catholique espagnol, aujourd’hui encore on en retrouve la trace dans les débats politiques bien plus agités qu’en France qui existent en Israel, mon gout pour les voyages aussi, vieille tradition diasporique, mon désintéret pour la propriété foncière, le sentiment de ne pouvoir vivre qu’en ville, on sait que très tôt et à quelques exceptions près le judaïsme ne se développa qu’en milieu urbain, mon ouverture sur les autres cultures, sur les langues étrangères, les juifs ont souvent été des passeurs, traducteurs du temps de Al Andalus puisqu’ils connaissaient aussi bien l’arabe que le castillan en sus de l’hébreu, on oublie aussi souvent de rappeler qu’à l’époque moderne les juifs furent de brillants islamologues à une époque où la conflit juifs-musulmans était loin d’être évident.
Voilà ou j’en suis, à 23 ans je ne sais pas si j’aurais éclairé ta lanterne Laurent, comme tu le vois l’identité juive n’a rien de simple, pour les non juifs comme et surtout pour les juifs;)

22. Le 19 décembre 2006,
Stéphane Deschamps

Pour la petite histoire, le mot de Marek Halter semble dérivé d’un mot de Simone de Beauvoir (le monde est petit, tu cites Sartre et Beauvoir apparaît) : « On ne naît pas femme, on le devient » qui stigmatisait la position de la femme dans la société. En gros si j’ai bien tout compris, elle soulignait qu’on n’est soumis que parce qu’on apprend à l’être. (ce qui, d’une certaine manière, nous rapproche du sujet, sans que je puisse dire en quoi).

23. Le 20 décembre 2006,
Pierre Saslawsky

Historiquement, tout était plus simple. L’intersection de l’ensemble des Juifs désignés par ceux qui se proclamaient non-Juifs, et de l’ensemble des non-Juifs désignés par ceux qui se proclamaient Juifs était presque nulle… de même que leur réunion composait un ensemble plutôt universel. De nos jours, tout est beaucoup plus compliqué mais paradoxalement, c’est par l’élimination des vieux axiomes que se résolvent les problèmes.

(Il y a un article de Wikipedia en anglais sur la question “Who is a Jew?” qui reprend certains thèmes abordés ici)

24. Le 20 décembre 2006,
olivier

bonjour laurent.

merci de t’être posé la question et d’avoir ouvert le débat. je trouve les interventions pour la plupart respectueuses (presque politiquement correct) et parfois fort pertinentes. sans doute est-il méritoire de vouloir se définir par rapport à une identité elle même difficile à cerner (que l’on cherche à savoir s’il on peut se considérer comme juif ou comme goy au demeurant). aussi mon avis aurait tendence à rejoindre celui de Marek Halter qui dit qu’on ne nait pas juif mais qu’on le devient. même si cela choque daniel glazmann, je ne vois pas pourquoi il estime se sentir quasiment prisonnier de son identité et ne pas avoir le choix. j’en déduit donc qu’il ne voit pas de raison valable de ne pas se reconnaitre dans cette identité et qu’il fait le choix d’adhérer à celle ci. dire le contraire est à mon avis un pas de plus dans le sens de la victimisation d’un “peuple” qui, non content d’avoir subit les outrages de l’histoire, devrait en plus subir la “pression interne de la communauté” et/ou de la société dans laquelle on vit (genre :”mais bordel, bien sûr que si tu es juif… avec un nom pareil”… ou toute autre ineptie où l’on pourrait remplacer “juif” par “breton” comme laurent l’a si bien démontré).

ceci étant, kate dit :

Laurent, Selon votre proposition, je comprends mieux votre démarche: ne cherchons-nous pas à comprendre non seulement “qui” nous sommes mais ce “que” nous sommes?

en tant qu’agnostique, citoyen du monde, humaniste et pragmatique, je pense que nous pouvons nous définir tout simplement par nos actes plus que par nos histoires héritées. c’est ce que nous faisons et la façon dont nous le faisons qui nous définissent beaucoup plus sûrement qu’une histoire de gênes, de culture familiale, de religion, de langue ou de persécution (ou non) de nos généalogies respectives. on peut chercher à comprendre son histoire, ses origines, ses racines et la façon dont vivent les autres hommes et femmes qui se disent de telle ou telle etnie ou religion ou sexualité ou origine culturelle où l’on pourrait soi même se retrouver.

“on ne nait pas juif, on le devient”…

cette phrase, qui va à l’encontre de la “politique d’élargissement du peuple juif” (visiblement assez restrictive) me semble pouvoir coller à un grand nombre de situation. aussi on peut remplacer le mot “juif” par “français” (je connais assez d’africains sans papiers qui adhèrent plus au pacte républicain que certains connards de mes voisins pourtant bien français de souche depuis longtemps) “breton”, “palestinien”, “commerçant” ou “philosophe”. le jeu est d’adhérer ou non à une somme de concepts qui sont sensé définir quelques traits commun de la catégorie à laquelle on s’identifie et de faire le CHOIX d’y adhérer, pas d’en être la victime. je connais des catho “de naissance” qui, l’âge avançant, font la démarche de se faire débaptiser… même s’il est vrai que la démarche semble plus facile que de se faire regreffer un bout dont on a été amputé à la naissance, la démarche demande une certaine forme de courage de décision et de gros efforts pédagogique auprès de la famille quitte à se retrouver honnis de tous. chacun de nous est multiple, la somme de notre cadre de naissance mais aussi de nos expérience, de nos rencontre et de nos choix. dire le contraire est, à mon avis, le symptome d’une crise d’adolescence mal gérée au cours de laquelle nous n’aurions pas “tué le père”, passage hélas obligé pour devenir un Homme (ou une femme).

merci à tous pour vos interventions qui ont éveillé en moi un grand intérêt. continuez car même si je “détourne” le débat, toute réflexion est saine et bienvenue dans cette civilisation où l’obscurantisme gagne du terrain à l’approche d’échéance electorale.

25. Le 20 décembre 2006,
edgar

à voir en DVD, le très beau “tango des rashevski”, de Sam Garbarski. Toutes tes interrogations y sont, avec des réponses, … à voir.

26. Le 21 décembre 2006,
Daniel Glazman

olivier : j’ai dit que je me sentais prisonnier de mon identité et que je n’avais pas le choix ??? Première nouvelle !

27. Le 21 décembre 2006,
Eolas

@Daniel Glazman : Pourtant, je vous assure que vous n’avez pas le choix, vous êtes Daniel Glazman et êtes prisonnier de cette identité.

28. Le 21 décembre 2006,
Philippe

Chapeau bas Monsieur Daniel Glazman. J’ai beaucoup apprécié votre texte “Pour moi, être juif c’est (…)”.

29. Le 21 décembre 2006,
olivier

@daniel glazman

heu… au temps pour moi, dans les cohue des posts j’ai du me mélanger les pinceaux. j’espère ne pas vous avoir froissé.

je ne retrouve plus qui disait, dans un des nombreux posts, qu’il se sentait juif depuis “la plus petite rognure d’ongle d’orteil jusqu’à la pointe des cheveux” (ou quelque que chose du genre…)

je ne sais quel vilain démon de l’inattention m’a fait associer votre nom à ce post haut en couleur.

erratum donc

en plus j’ai authentiquement la flemme de tout relire pour recoller les bons morceaux donc je laisse à ceux qui le désirent le soin de faire la correction qui s’impose.

bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous.

30. Le 14 novembre 2007,
Shaban

Être juif ? c’est trouvé dans le Judaïsme ce que l’on cherchait , c’est ne pas rejetée un héritage de famille , un devoir de mémoire en la Shoa et nos ancêtre qui ont tellement souffert !! Être juif c’est beaucoup de chose mais pourquoi cette question là on peut faire de même avec tout le monde Être tzigane , Être arabe , Être français ..

PITTOYABLE !!!

31. Le 7 février 2008,
cabaleb

salut

te triture pas la cervelle comme ca… pour un juif, être juif, c’est tout, pour un non juif ca n’a aucune signification… et je ne vois pas l’intérêt qu’il y en est une d’ailleurs; ca peut même devenir dangereux

c’est quand on cherche a définir les gens, à les catégoriser, que les problèmes se créent

un bon exemple: les chrétiens. les chretiens paiens, pas les chretiens juifs, ou pour plus de clarté, l’eglise romaine, pas la secte juive reformiste de l’an 0. ils ont tellement cherché à definir les juifs lorsqu’ils les ont rencontrés qu’ils ont finalement adopté, et adapté, leur liturgie. je dis adapté car le concept trinitaire est l’exemple par excellence de la fusion du paganisme polytheiste et du monotheisme juifs, crée ou immaginé pour faciliter la transition des populations. bref. ils se sont donc tellement projeté sur le judaisme que lorsqu’ils ont cru pourvoir le definir, et donc le juger, car le jugement vient juste après la definition “subjective”, est venue l’ère des persecutions.

bref, réellement, tout ces debats ne servent à rien. c’est quoi être juif? c’est comme tout: c’est une partie de l’identité d’une personne, tantot insignifiante, tanto prépondérante, mais en tous cas, parmi bien d’autres. un juif n’est jamais qu’un juif, comme un breton n’est jamsis qu’un breton… et je peux t’en parler, je suis et juif et breton, ou mi-juif mi-breton, comme tu voudras. toujours est il que je ne suis pas que juif ni breton, je suis aussi francais,francophone, hebraicophone, algérien, israélite, celte, monotheiste, graphiste, beau (héhéhé), blond, humain, développeur, célibataire, pas bon en grammaire (ca c’etait juste pour la rime), capitalo-communiste, eclectique, anarcho-liberal anti-altermondialistes, dresseur de plancton, escaladeur de building et j’en passe… bref tout ce qui fait de nous des hommes

certes les croyances religieuses, l’appartenance communautaire, le rattachement à un peuple et ce genre de chose sont plus ou moins présente parmis les préoccupations de chacun selon son niveau d’occupation, et s’il est vrai que cette partie de nous est importante à un titre personnel (car elle constitue en partie ce que l’on est - metaphysiquement parlant) elle ne vaut pas la peine que l’on se bastonne pour comprendre ou changer ca… chacun est ce qu’il est, ca ne regarde que lui et éventuellement son entourage, point barre

j’adopte ici encore un ton affirmatif, comme d’habitude, mais ca n’est qu’une théorie parmi tant d’autre, la mienne, si tant est que l’on puisse appeler ces divagations une théorie

chalom alek’hem

32. Le 11 février 2008,
lorca

pourquoi ??? aux yeux des juifs je ne suis qu’une goy alors que je les aiment que je suis emplie de tout ce qui les touchent que je fais chabbat les fêtes et je vais à la syna pourquoi suis je méprisé pourquoi l’homme que j’aime décide (juif israélien) décide au bout de six ans de me quitter alors qu’il dit être fou de moi mais envisage de se trouver une juive pour lui faire un enfant et venir me retrouver après car je suis stérile et il veut un enfant juif tout d’un coup alors que si j’aurai pu en avoir il m’en aurait fait un mais qu’est ce que c’est que cette douleur ce projet démoniaque jamais je n’accepterais un dessein pareil on s’aime comment peut il me quitter pour faire naître un enfant conçu sur un tel mensonge mentir à une autre femme et moi dans l’ombre à supporter çà quel horreur il a une bonne réputation au sein de sa communauté et à peur de la perdre en fait il leur cache son vrai visage il fait même parti d’une loge alors qu’il mange même pas cacher et même du porc je n’y comprend plus rien j’ai trop mal au coeur !!!

Blah ?