La fin du mâle
C’est un petit muridé, aussi à l’aise dans nos villes que dans les champs, prompt à déclencher la preste ascension de mobilier par certaines de nos femelles. Et c’est par ce menu rongeur que la révolution biologique de l’espèce humaine arrive : la fin du mâle.
Des scientifiques japonais et sud-coréens, étudiant la parthénogenèse, ont réussi à donner vie à une souris sans papa, à partir des gènes de deux mères. L’héroïne de cette histoire, publiée hier dans Nature, a été baptisée Kaguya.
Grâce à cette découverte, qui, nul n’en doute, sera bientôt déclinée à d’autres mammifères, le mâle se voit dépourvu de toute utilité biologique. Nous savions déjà qu’il ne servait pas à grand chose (penser vaisselle, lessive, ménage, élevage de la progéniture, etc.), sinon à s’engager dans des activités futiles, voire périlleuses (regarder le foot à la télé ou faire la guerre), ou encore condamnables (battre sa femme car “elle le vaut bien”). Sa principale fonction étant de féconder la femelle, son appendice devenant superflu à l’avenir de l’espèce, le mâle n’a plus d’autre valeur que décorative, et quelques femmes mal intentionnées pourraient déjà ourdir le complot qui traduirait inutilité en disparition. Vêtues de blouses blanches, armées de chromatographes en phase gazeuse, les nouvelles Amazones vont préparer la nouvelle Humanité, exclusivement féminine, enfin débarrassée de tant de vulgarité superflue.
N’oublions jamais Kaguya, c’est par elle que la vraie révolution est arrivée (et Dolly peut aller se rhabiller, paix à son âme). Des souris et des hommes…
[Photo Tomohiro Kono.]
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Nature : Mouse created without father.
At present, the procedure used by Japanese scientists to produce fatherless mice could not be used on women. Like human cloning, scientists almost universally condemn this idea, saying that the method is technically laborious, unreliable and unsafe.
But in future, experts say it is possible that the technique might be made safer and more efficient, and that this might make its way into fertility clinics. “There will be a few patients who want to go down this route,” predicts Simon Fishel of the Centre for Assisted Reproduction in Nottingham, UK.
Two homosexual women, for example, might want to combine their eggs to create children that were genetically related to both. This is distinct from human reproductive cloning, in which children born would be genetically identical to their parent.
Even before such safety adjustments, some predict that rogue fertility doctors might attempt human parthenogenesis just like they have pursued human cloning. “You have a lunatic fringe who will grab it and go with it,” says Azim Surani, an expert in developmental biology the University of Cambridge, UK.
turnover
Je me souviens pas du titre mais j’ai lu un livre il y a quelques années ou cela parlait de la même chose. Cela racontait comment suite à des manipulations les femmes pouvaient avoir des enfants sans les hommes. Mais au bout d’un certain temps, l’évolution avait rendu inéfficace le procédé et malheureusement pour elles, il ne restait que quelques hommes dans le monde. Elles avaient alors décidé de les placer dans de grandes machines qui les maintenaient en vie tout en leur pompant (c’est le mot ;)) leur spermatozoïdes. Sur le coup, cela m’a fait rigoler mais maintenant …
Damelon Kimbrough
Le mal est fait à ce sujet. La question n’est pas si, mais quand. Au diable l’éthique dans un monde dominé par l’argent.
loïc
Je ne dirais pas que le mal est fait. Les explosifs peuvent être très utiles sur des chantiers, ils peuvent aussi servir à tuer. Limiter la recherche est contre productif, trouver un équilibre dans l’application des résultats est, selon moi, le défi.
Chaque culture a sa propre définition de l’Humanité avec ses propres inconscients collectifs. Travailler sur la “vie” via le système de reproduction et une boite à outils génétique touche des points sensibles car il ouvre un débat qui peut-être nous dépasse un peu, où les meilleurs arguments du monde sont renvoyés dans les cordes par un simple : “Je suis contre/pour.”
Bien plus proche de nous, posez la question de l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, ici aussi, il faut respecter que le vécu des uns et des autres puissent amener une réponse tranchée quelque soient les arguments.
Il n’y a pas de règle pour l’éthique.
Damelon Kimbrough
I will respond to this in English as my use of French in my comment was apparently ineffective. When I looked for an expression that equated to « the genie is out of the bottle » en français, what I found was « le mal est fait. »
It seems as if I must have completely botched my attempt in this regard as « loïc » seems to have not considered my point beyond the word “mal”.
The entirety of my point is this. Money, not ethics will ultimately decide this question. My apologies if that was not clear.
loïc
:o) Désolé c’est un petit peu de ma faute, ce que tu as écrit est très vrai, mais ce fut aussi le point de départ d’autres idées pour moi, d’où une belle dérive.
François Granger
Damelon,
ta réponse était excellents. Mais j’ai la faiblesse de croire que nous (l’humanité) réussirons à être raisonable. Mais ce genre de sujet est effectivement délicat.
Damelon Kimbrough
J’espérerais le meilleur, mais je ne suis pas étonné quand je suis témoin du pire.
Et tandis que je progresse avec le français écrit, il est difficile de faire de bons arguments avec tellement peu de mots.
karl
Est-ce que c’est un problème ?
Je parle d’un monde sans mâles. On ne parle pas là de votre castration. Vous êtes vivants en ce moment tout mâle que vous êtes. Ce n’est pas non plus une campagne d’élimination du mâle, personne ne vient frapper à votre porte pour vous tuer. :)
Non, il s’agit de la définition d’un autre mode de reproduction où l’homme n’est plus nécessaire et si on imagine le futur disparait petit à petit sans violence. Pourquoi une société sans mâle fonctionnerait-elle moins bien qu’avec ? On n’a aucun critère de jugements là-dessus. D’autre part, il y a de nombreuses micro-communautés dans le monde où c’est le cas et cela semble bien fonctionner.
Donc ce n’est pas l’élimination du mâle qui est en question mais le mode de reproduction. Quelle différence fait-on entre ce mode de reproduction et celui d’un bébé éprouvette, plus moral ? moins moral ? Qu’est-ce que la reproduction ?
C’est une question éthique difficile, mais la disparition du mâle en tant que tel n’est pas le problème majeur de la question.
Neige & Flocon
Beau sujet que la souris, mais ce n’est pas demain la veille. Un centre de recherche d’Edinburgh (Roslin Institute) améliore d’année en année la croissance d’embryons humains issus de la parthénogénèse (une cellule souche féminine qui fertilise l’oeuf). Y a encore beaucoup à faire sur le plan technique (mais on sait déjà que c’est parfaitement possible), et plus encore pour que l’humanité s’en trouve un jour changée. Ce que ça soulève comme discussion du point de vue éthique est toutefois passionnant. Imaginons dès maintenant un monde nouveau, que des femmes sachant se reproduire entres elles. Peut-on alors croire à moins de violence, à la fin des guerres dures, à plus de douceur et d’entraide ? - Personnellement je n’y crois pas, pas avec la technologie et les connaissances actuelles ou futures, pas avec le bagage accumulé depuis l’origine de l’homme sur terre. Car vivre est un combat; à quelque niveau que se soit, c’est une lutte pour le pouvoir. Ça l’a toujours été et ça le restera. Le mâle et sa testostérone ont servi ce combat depuis toujours. La femelle et la testostérone, ou une autre hormone ou conditionnement similaire le serviraient dans un monde complètement féminin, si jamais il survenait.
karl
Neige is back à la fin de l’hiver…. super !!!!
Laurent
Oui, ça fait plaisir de relire Neige.
Axonn
@ turnover
Il y avait aussi une nouvelle décrivant cela dans le S&V junior spécial corps humain. Finalement un commando volait les stocks de sperme congelé et les mettait dans les préparations in vitro.
De toute manière, dans tous les mondes de SF où tous les humains sont produits par clonage, ils pourraient s’ils le voulaient ne faire que des femmes (la Guerre éternelle, le Meilleur des Mondes…). D’ailleurs dans la Guerre éternelle ils programment tous les humains pour être homos, comme ça personne ne fabrique d’humain hors des labos.
Par contre ici la souris a DEUX mères au lieu d’une mère clonique. On conserve le brassage génétique de la reproduction sexuée.
Deflep
A quand la fin d’utilité des femmes ??? Avec l’aide la science pourquoi ce ne serait pas nous qui accoucherions ou alors que les enfants soient créés dans des bulles ???? A quoi servent les femmes vraiment ?
Réflexion machiste me direz -vous ? Et je répondrai oui.
Elle ne reflète cependant pas ma pensée mais je voulais prendre le contre pied de ce qui est présenté pour en montrer un peu plus la bêtise…..de cambrai. lol
Blah ?