Le nègre d’Obama
J’ai toujours été fasciné par l’art du discours politique, par les grands orateurs. En écoutant l’intervention de Barack Obama hier à Berlin, je suis une nouvelle fois tombé sous le charme. Un bon orateur, c’est la conjonction d’une écriture et d’une diction, de mots et d’un homme… Incontestablement, Obama possède la formule magique, et il doit beaucoup de sa carrière récente à son talent oratoire.
Pendant la campagne des élections présidentielles françaises, les discours de Nicolas Sarkozy étaient écrits par Henri Guaino. Barack Obama a également sa plume, Jon Favreau (à ne pas confondre avec l’acteur…). Le “nègre” est une nécessité compréhensible, il est quasi-impossible pour un candidat en campagne de trouver le temps d’écrire ses discours. (La différence avec Nicolas Sarkozy étant que le candidat américain est réputé avoir un vrai talent d’écriture.)
À l’image de tout le staff de campagne, Jon Favreau est jeune, il a 26 ans. Il est cependant loin de manquer d’expérience politique. En 2003, dès la fin de ses études au collège catholique de la Sainte-Croix à Worcester dans le Massachusetts, il trouve un emploi de petite main au service de communication du bureau sénatorial de John Kerry, aux côtés de l’attaché de presse Robert Gibbs. C’est ainsi qu’il participe à la campagne de 2004, et c’est à cette occasion que Jon Favreau débute comme “speechwriter”. La campagne de Kerry se transformait en débâcle, il fallait un nouveau rédacteur, mais personne ne voulait embarquer à bord de ce navire proche du naufrage. Jon a dit “moi, je peux essayer”.
C’est Robert Gibbs, devenu directeur de communication du sénateur Obama, qui a l’idée en 2005 d’embaucher son ancien assistant chez Kerry en tant que rédacteur. Après un court entretien avec Barack Obama dans la cafétéria du Sénat, Jon Favreau est embauché comme plume du sénateur et commence à travailler avec le futur candidat à la présidentielle : “Ce que je fais, c’est que je m’assieds avec lui pendant une demi-heure, il parle et je saisis tout ce qu’il dit. Je remets en forme, j’écris. Il écrit, remet en forme. C’est comme ça que nous arrivons au produit fini.”
Derrière les productions audiovisuelles américaines, il y a souvent un pool de scénaristes, en politique, il en va de même. Ainsi, pour cette campagne, Jon Favreau n’est plus seul et s’est adjoint deux rédacteurs, Adam Frankel, 26 ans, Ben Rhodes, 30 ans. C’est à ce trio que nous devons, par exemple, le fameux discours de Philadelphie, le 18 mars dernier.
Ce qui m’impressionne dans le travail de John Favreau, c’est combien il s’est imprégné du style, du personnage d’Obama. Favreau fait du Obama, plus vrai que nature, Guaino faisait… du Guaino. Cela tient sans doute aussi de la technique d’écriture, qui est un vrai travail collaboratif avec le candidat.
Dans le bulletin de l’école de la Sainte-Croix, Jon Favreau confie qu’il se voit bien travailler plusieurs années à la Maison Blanche…
Notons que Jon Favreau est célibataire. ;-)
—
Pour suivre les élections américaines, vous avez l’excellent blogue de Nathalie Mattheiem, correspondante du Soir à New-York : “Americana”.
On peut redécouvrir, avec intérêt rétrospectif, le discours d’Obama lors de la Convention démocrate de juillet 2004 à Boston, “The Audacity of Hope”.
Reportage télévisé sur Jon Favreau : Boston’s WBZ-TV, “Behind Obama’s Inspiring Speeches” (colonne de droite).
Assez surprenant, les remarques, conseil et critiques des blogueurs de My.barackobama.com adressées directement à Jon Favreau :
“Dear Mr. Favreau, I know your time is valuable, but please take a moment to read the following remarks I urgently suggest Senator Obama consider.” — Andrew Long.
“I’ve been very impressed by the speechwriting skills of Senator Obama’s young team led by Jon Favreau. But lately I’ve noticed that the rhetoric is growing a bit stale.” — Abe.
“You, my friend, and you fellow writers are to be commended on the speeches that you have prepared for the Senator, but after witnessing the recent Nevada popular vote defeat I think that it is time that stump speech moves in a different direction.” — Eric-ubermensch-James.
(Merci à mon lapin pour le titre de ce billet.)
GreG
J’aime bien ta comparaison entre Favreau et Guaino… Favreau travaille avec Obama, chacun alliant son talent (rédacteur/orateur) à celui de l’autre, et chacun respecte la place de l’autre. Il y a donc une sincérité je pense dans leur relation, une complicité évidente, et une compréhension mutuelle qui ne peut que faire mouche.
Henri Guaino, lui, travaille pour Sarkozy et la nuance est de taille. Ce n’est pas le même rapport à l’autre, chacun reste de son côté avant la relecture finale, et surtout chacun sert avant tout ses propres intérêts personnels…
machin
Célibataire … et charmant ;-)
What would Obama Say ? NY Times
Laurent Gloaguen
@machin : j’avais hésité à le préciser. Ne manquez pas non plus la vidéo liée dans ce billet.
Mussipont
Je vais être un peu hors sujet, je vous prie de m’excuser :
Quand, sur le blog d’Eolas, quelqu’un écrit “Moi je suis pour la peine de mort y compris pour les violeurs d’enfants même s’ils n’ont pas tué leur victime”, il se prend un Troll Detector illico presto dans la face.
Obama, lui, a osé proféré cette insanité suite à la décision de la Cour Suprême (pourtant à majorité républicaine, je crois) d’interdire cela.
Alors Obama n’est qu’un gros réac de plus, quelles que soient les qualités et le charme que l’on puisse trouver à ses speechwriter.
Laurent Gloaguen
@Mussipont : je vous saurai gré de continuer vos activités chez Eolas seulement.
Mussipont
Cher Laurent, promis juré je retourne pourrir le blog d’Eolas mais à une condition : donnez moi, ne serait ce qu’en quelques mots, votre avis sur cette déclaration d’Obama.
Sinon, je fais de votre blog un site de drague hétéro! ;)
Laurent Gloaguen
Barack Obama a dit que la décision de la loi de Louisiane ne violait pas, à son avis, la Constitution, contrairement à la décision Kennedy v. Louisiana. Après, il est déjà noir, il ne va pas en plus être contre la peine de mort… N’oubliez pas qu’il souhaite devenir Président des États-Unis d’Amérique, dans une fédération où les trois quarts des habitants sont pour.
fakesegolene
Euh nawak GreG On voit que tu n’as pas lu de bouquins sur la campagne présidentielle française. Guaino et Sarkozy discutaient de longs moments ensembles sur le discours et le remaniaient ensemble. J’aime ce côté obsessionnel de trouver des différences entre Sarkozy et Obama, pour faire encore en interne du “bashing anti-sarkozyen”. Ce qui est incroyable avec Sarkozy c’est que même ses détracteurs, fascinés jusqu’à l’obsession, ces derniers ne peuvent s’empêcher de le mêler à n’importe quel moment sur n’importe quel sujet.
Et il ne faut pas oublier que démocrate et républicain ne signifie pas gauche et droite européenne. C’était plutôt l’inverse à l’origine de chacun de ces partis. Par exemple, Abraham Lincoln (dont Obama s’inspire et Martin Luther King s’inspirait aussi) était un républicain. L’opposition méchant républicain et gentil démocrate est vraiment une myopie d’Européen, qui croit qu’il n’existe aucun fossé culturel entre les deux côtés de l’Atlantique.
fakesegolene
Sur l’histoire de la peine de mort pour les violeurs d’enfants, en fait Obama s’est montré extrêmement libéral (à la limite libertarien).
Bien que n’étant pas favorable à la peine de mort, il note que si la Louisiane encadre correctement sa loi et ne pêche pas contre la Constitution, la Cour Suprême n’a aucun droit d’interdire ni de corriger.
C’est dans le même sens que son grand discours sur le racisme. Il ne faut pas que les opinions (même et surtout celles de bon droit) soient la base de rejet et de sectarisme ou de mise à l’écart d’un tel ou d’un autre.
L’idée est qu’une société avance ensemble, malgré les imperfections de chacun.
Et que la haine ou l’ostracisme de n’importe quel endroit que cela vienne, ne doivent pas se transformer en point de focalisation.
C’est sûr qu’on est très très loin du comportement d’une certaine gauche française. On se propose d’avancer avec tout le monde, car sur l’ensemble du spectre politique, personne ne peut se réclamer propriétaire des idéaux ou principes d’une démocratie.
GreG
@ fakesegolene : Apprenez à lire avant de déblatérer aveuglément des réponses à la con, tout comme je vous saurais gré de ne pas m’attribuer une quelconque étiquette politique sans me connaître, merci.
Il s’agissait de comparer Jon Favreau et Henri Guaino, pas d’ma faute si ce dernier a écrit des discours pour Sarkozy, mais là n’était pas le sujet de mon commentaire, ni même de ce billet.
…”bashing anti-sarkozien” : Complètement off topic, n’importe nawak (c’est comme ça qu’on dit)
Sinon, bien évidemment que Guaino et Sarko devaient s’entretenir pour préparer les discours, cela tombe sous le sens, mais à “mon” avis il ne devait pas y avoir entre eux une relation d’égal à égal ou même fusionnelle oserais-je dire, genre on travaille la main dans la main. Bref ce n’est pas le même rapport d’homme à homme, pas les mêmes objectifs personnels.
Quant à votre dernier paragraphe sur les démocrates versus républicains, désolé mais je ne vois pas non plus à quel billet vous faites allusion.
Enfin bref…
GreG
… Sinon je confirme : je n’ai pas lu de bouquins sur la campagne présidentielle française.
Et alors ?
Cela me prive-t-il de donner mon sentiment ou mon opinion ?
Raveline
La pratique du “nègre politique” n’est en effet pas nouvelle, plusieurs orateurs de la Révolution en avaient, notamment un Mirabeau, réputé pour ses discours. (Voilà, j’ai fait ma minute pédante. Pardon.)
fakesegolene
“Sinon, bien évidemment que Guaino et Sarko devaient s’entretenir pour préparer les discours, cela tombe sous le sens, mais à “mon” avis il ne devait pas y avoir entre eux une relation d’égal à égal ou même fusionnelle oserais-je dire, genre on travaille la main dans la main. Bref ce n’est pas le même rapport d’homme à homme, pas les mêmes objectifs personnels.”
Reportez-vous au livre de Yasmina Reza “L’aube le soir ou la nuit”, et vous verrez que vous êtes à côté de la réalité dans votre jugement sur le tandem “Sarko/Guaino” lors de la campagne.
C’est vrai, le dernier paragraphe ne vous concernait pas, et était plus à but préventif, des fois que je tombe sur un autre gars dans un commentaire qui me dise :
Obama=démocrate=gauche=socialiste=Royal
ou
McCain=républicain=droite=UMP=Sarkozy
Les préjugés vont vite sur le Web et des fois il faut se prémunir… :-)
Désolé donc, pour ce dernier paragraphe.
Mussipont
@fakesegolene(9) “Bien que n’étant pas favorable à la peine de mort” : Aurais je été victime de maljournalisme de la part du Monde ?
“le candidat démocrate à la présidentielle a répété qu’il pense que la peine de mort est justifiée “dans des circonstances très étroites pour les crimes les plus haineux” et que le viol d’un enfant de 6 ou 8 ans fait partie de ces crimes.”
Dans http://www.lemonde.fr/…
fakesegolene
“I am not a cheerleader for the death penalty, I think it has to be reserved for the most hainous crimes”
lien, ici
Oui, c’est très étroit comme conception d’application, ce n’est pas un point de vue favorable à la peine de mort. Je dirais même plus qu’hésitant, car le cadre juridique de cette peine, d’après lui, devrait être complètement revu.
C’est là qu’on voit un véritable “démocrate” s’expliquer, il n’est pas là pour parler systématiquement à la place de la communauté globale (tradition moraliste/dirigiste française), mais aussi pour écouter et encadrer ses prises de position. C’est aussi cela s’insérer dans un débat et prendre les gens pour des adultes.
Evidemment, en France, on a trop longtemps rejeté des gens derrière des barrières d’opinions infranchissables (ostracisme dont je parle plus haut), pour avoir à présent une oreille pour écouter les nuances de position, sans même parler des contextes. C’est à dire pour voir et entendre ce qui est une position mesurée qui tient compte de la réalité qui représente forcément des abus et des aveuglements de part et d’autre.
Pour moi, c’est de l’intelligence en action, évidemment pour les autres c’est idiot, car soit ce n’est pas clairement d’un côté, soit c’est trop clairement de ce côté.
Mussipont
mouais mouais mouais…
On peut dire aussi qu’il cherche à rassurer l’aile progressiste du Parti Démocrate tout en rassurant le texan moyen sur la pérennité de la peine de mort.
C’est peut être ça aussi “l’intelligence en action” ?
palpatine
@Raveline: d’un autre côté, si Mirabeau a été viré du Panthéon, ce n’est pas pour rien non plus (je veux dire, le mec était toujours un peu louche, la real politik d’époque). Quid des vrais grands : Robespierre, St-Just, Vergniaud ? Ça c’était de vrais discours ! (on peut les retrouver quelque part, d’ailleurs ? J’avais des versions papier-volant…) Nègre ou pas, le niveau intellectuel est vraiment bas, depuis, en comparaison (et même dans l’absolu).
fakesegolene
“On peut dire aussi qu’il cherche à rassurer l’aile progressiste du Parti Démocrate tout en rassurant le texan moyen sur la pérennité de la peine de mort.”
Ce genre de grille d’analyse :
progressiste démocrate vs. texan moyen
est, au bas mot, incomplète et ethno-centrée.
Mussipont
@fakesegolene : ok, alors disons qu’il ménage la chèvre et le choux. Ca va comme ça? :)
Jean-Baptiste Ingold
Pas vu la vidéo lié à l’article de NYT. Quelqu’un à l’adresse ?
Je trouve trés intéressant les commentaires du http://my.barackobama.com J’ai eu la curiosité de regardé s’il y répondait. La réponse est sans doute non, en tout cas pas en commentaire.
http://my.barackobama.com/page/community/post/along/CG5Ts/commentary sur les http://my.barackobama.com/page/community/post/abrahamnemon/gGCRMK/commentary http://my.barackobama.com/page/community/post/ericjames/CGxjN/commentary
mickeyom
Personnellement je ne l’ai pas trouvé si bon que ça. Il a a passé son discours à lire ses prompteurs, il semblait fatigué et a fait plusieurs erreurs de diction (qu’il a parfaitement rattrapé il est vrai).
Allain Jules
Ce commentaire est considéré comme non pertinent et a été effacé.
laurent
merci pour cet article très instructif ton blog est varié, informatif, drôle et excellemment renseigné c’est suffisamment rare sur le net pour le souligner
ceriselibertaire
Un nègre est l’auteur anonyme d’un texte signé par une autre personne.
Pourquoi utiliser ce terme alors que l’auteur des discours n’est pas anonyme?
Pour faire un mauvais titre certainement. Je dis mauvais mais vous le trouvez certainement excellent. Dans le courrier des lecteurs de Télérama on a eu aussi faut-il repeindre la maison blanche ?
En anglais on utilise “ghostwriter”, « écrivain fantôme ». Donc en plus le terme de nègre n’est pas utilisé aux USA.
Dans le domaine politique, on parle de « plume » pour celui qui écrit les discours. Donc en plus le terme de nègre n’est pas utilisé en politique.
GreG
@ ceriselibertaire : Il s’agissait juste d’un “jeu de mots” en rapport avec la couleur de peau du candidat à la Maison Blanche, au cas où cela vous aurait échappé :))
Sinon moi je veux bien répondre aux lecteurs de Télérama :”Oui il faut repeindre la Maison Blanche, ce qui doit arriver assez souvent je pense, pourvu qu’elle reste bien blanche…”
ceriselibertaire
@greg : merci mais je ne suis pas débile. La question que je te pose est : tu trouves ça drôle de faire des jeux de mots sur la couleur des gens ?
fakesegolene
Attention, les accusations de racisme ne vont pas tarder à s’abattre du haut d’une conscience morale irréprochable. D’ailleurs être libertaire, cela donne le droit à toutes les indignations sans en souffrir aucune.
Non, franchement, on peut reprocher tout à cet espace de commentaires, mais pas ce que tu insinues cerise.
D’ailleurs, je te conseillerais presque de bien écouter ouu réécouter le discours de Philadelphie d’Obama. C’est assez puissant pour tordre le cou à pas mal de positions ringardes sur le racisme et chercher à voir où se trouve les vraies valeurs des gens et pas seulement les cataloguer en surface, sur un simple jeu de mots.
Yogi
@cerise : Vous avez tout à fait raison, le terme de “nègre” au sens de “plume” est ici impropre car l’auteur n’est pas anonyme. Mais, vu la quantité de travail fournie par Jon Favreau, je pense qu’on peut conserver ce titre avec le sens de “bosser comme un nègre”. Cela vous convient-il mieux ?
GreG
@ ceriselibertaire : Oh lala… encore une qui crée des problèmes là où il n’y en a pas.
D’abord je me demande pourquoi tu n’as pas été plus directe dans ton premier commentaire. Au lieu de tourner autour du pot en nous sortant la définition exacte d’un nègre de littérature, pourquoi ne pas nous avoir clairement dit que ce jeu de mot là te choquait ?
Un jeu de mot n’est pas forcément “drôle”, et en l’occurrence celui-là ne l’est pas, il s’agit juste d’une subtile finesse de l’esprit (couleur de peau - plume - esclavage - relation patron/employé, etc…), rien de plus.
Oui Barack Obama est un homme de couleur, cela ne me choque aucunement, bien au contraire… si l’on prend en compte l’histoire que les Etats-Unis ont entretenu avec ces peuples d’Afrique, je considère même que c’est un symbole très fort et qu’il serait très hypocrite de l’ignorer ou d’en faire un sujet “tabou”.
Maintenant, ne nous fais pas dire ce que nous n’avons pas dit, personne ici n’a jamais traité de “nègre” le candidat à la Maison Blanche.
Pour ce qui est du mot “nègre”, j’avoue que pour moi il a une connotation péjorative lorsqu’on l’attribue directement à une personne de couleur noire (même s’il paraît qu’aux Antilles il est très utilisé) mais dans ce billet Laurent parlait bien d’un nègre de littérature, d’une “plume”, en l’occurrence le très talentueux Jon Favreau.
xave
J’ai pour ma part en tête que la connotation péjorative de “nègre” n’est rien d’autre qu’une trace du mépris généralisé qu’ont avait pour “ces gens là” à l’époque où il était d’usage courant. Alors pour se faire croire qu’on avait évolué on s’est mis à dire “noir”, mais en pensant quand même un peu quelque part que c’était des mal blanchis un peu sales. Et quand on a voulu se dédouaner de cette manière de penser, on a plutôt dit “black”, c’est in, c’est fun, c’est pas raciste pour un sou, pour un peu, on aurait un peu l’air de dire qu’ils sont presque comme nous. Ah merde, on est encore méprisant, là ? Si on disait “personne de couleur” ou “afro-américain” ?
Enfin bref. “Nègre”, c’est aussi insultant que “Pédé”, c’est à dire que c’est aussi insultant que l’idée qu’on a derrière la tête en le prononçant.
(@GreG: je n’attaque pas ton utilisation de “homme de couleur”, je comprends très bien que le bagage de tous ces mots là imposent des précautions oratoires. Je n’utilise moi-même le mot “nègre” qu’avec mes amis nègres, comme je n’utilise le mot “pédé” qu’avec mes amis pédés. Dieu m’ai en sa très sainte garde, je n’ai heureusement pas d’ami pédé nègre, ouf. :p)
Daniel Glazman
Ceci est malheureusement un commentaire sur les commentaires, et pas sur l’article d’origine… Vous emmerdez le monde avec votre politiquement correct. A quand des articles contre les religieuses au café, les congolais ou les pets de nonne ? Ou le surnom du nerf du bras “le petit juif” ?
Eolas
En tant que président du Club des Culs-Serrés (que j’ai rejoins uniquement pour que tu comprennes que tous tes espoirs sont vains), j’approuve Cerise. Le libre usage par chacun des mots qu’il souhaite est une dérive pernicieuse et intolérable de notre société, et il est bon que des gens comme elle, qui n’ont rien d’utile à faire de leurs dimanches, puissent s’autoproclamer sycophante à temps perdu, et viennent de leur bouche en cul de poule (ceci dit avec un énorme respect envers les poules) donner des leçons de penser-correct chez le roi du coussin péteur.
Maintenant, allons exiger le retrait du mot nègre des œuvres de ces racistes de Césaire ou Senghor.
Laurent Gloaguen
@Cerise Libertaire :
Vous trouvez mon titre bien mauvais ? Soit. Je le trouve pour ma part amusant, mais il est vrai que je me contente parfois de peu, que la facilité ne m’est point étrangère. J’espère que personne d’autre que vous ne s’offusquera que “nigger” n’ait pas ce sens là en anglais.
Il semblerait que j’ai heurté votre sensibilité et votre bon goût, et vous m’en voyez sincèrement désolé.
Bien respectueusement.
xave
J’ai eu peur un instant, j’ai cru que j’étais d’accord avec Daniel. Mais à la relecture, force m’est d’avouer qu’il prône des libertés que je refuse : la religieuse au café, beurk. Je la préfère au chocolat.
dagrouik
Bon, je me frite avec Laurent de temps en temps, il nous moque et on se moque de lui. Il a un humour féroce, mais je ne pense pas qu’il soit raciste. Il a fait un bon mot pour son titre, comme il le fait souvent d’ailleurs.
Un seul regret, qu’il n’ait pas mis la photo de la belle plume dans le billet (juste un lien, zut).
Eolas
Non, sans blague ? Quelle puissance intellectuelle, quelle faculté de déduction. Ça vous arrive pas souvent, mais quand vous vous mettez à penser, vous avez de ces fulgurances…
ceriselibertaire
@Laurent : toujours aussi poli @Yogi : et bosser comme un arabe ça vous va @Greg : rien ne me choque sauf la bêtise “subtile finesse de l’esprit” tu déconnes là. “Oui Barack Obama est un homme de couleur, cela ne me choque aucunement” et là c’est pas nullissime comme phrase. @Daniel Glazman : politiquement correct _ on sort de l’histoire de siné et vous me parlez de politiquement correct @Eolas : soit plus respectueux - tiens il est 1h-20 et je n’ai rien d’autres à faire cela t’évitera un commentaire.
Laurent, je n’ai à aucun moment pensez que ton titre était raciste, mais oubliez la couleur de peau des gens, leurs orientations sexuels, leurs sexes, leurs origines et leurs croyances religieuses de temps en temps. C’est si difficile ? C’est quand même à pleurer.
GreG
@ cerise : eh dis donc faut arrêter les Mon Chéri, ça ne te réussis pas la liqueur et j’ai vraiment beaucoup de mal à te suivre.
Oui un “jeu de mots” ou un “bon mot” est pour moi une subtile finesse de l’esprit, voir même un art qui n’est pas donné à tout le monde et dans lequel des humoristes comme Raymond Devos étaient passés maîtres.
Pour ce qui est de ma phrase : “”Oui Barack Obama est un homme de couleur, cela ne me choque aucunement (…)”, elle ne faisait que répondre à tes suspicions inavouées de racisme envers nous, et je ne vois pas en quoi elle est “nullisime”. J’ai cru bon de (te) le préciser vu qu’il y en a beaucoup qui doivent trouver choquant qu’un homme de couleur noir puisse devenir le prochain Président des Etats Unis d’Amérique…
“Laurent, je n’ai à aucun moment pensez que ton titre était raciste” : Ah bon ? bah merde alors fallait le dire, moi j’comprends plus rien là… enfin bref, beaucoup de bruit pour pas grand chose…
Anne Onyme
@xave “Enfin bref. “Nègre”, c’est aussi insultant que “Pédé”, c’est à dire que c’est aussi insultant que l’idée qu’on a derrière la tête en le prononçant.”
Hahaha. Ben voyons, c’est nouveau ça. Étant noir moi même (et pire, antillais), et connaissant donc plusieurs centaines de personnes noires, je peine à trouver qui se trouverais offusqué de ce terme.
Conversation typique: xave: tu es nègre ? xyz: bah oui xave: ah.
Un mot est associé à une culture, et tu sembles ne pas savoir que Nègre (fr) est différent de Negro (en) qui est aussi différent de Nigger (en).
Le mot est simplement démodé et remplacé par son équivalent “national”: Black (ou african-american, qui prendra son temps, mais disparaîtra) en anglais/américain et Noir en france.
Christophe
“Oups”. Le dernier commentaire est de moi.
Christophe
Je rajouterais, pour préciser ma pensée, que si toi tu le vois comme une insulte quand tu l’utilises, oui, ça ne regarde que toi.
Quoi qu’en dise Wikipedia, Nègre est un mot étymologiquement représentatif (negro (espagnol) = noir), et son appropriation par Césaire et autres le libère de toute connotation raciste.
xave
Euh, Christophe, relis moi, mais “n’est une insulte que lorsqu’on le prononce comme une insulte”, c’est à peu près exactement ce que je disais, hein ? :)
Christophe
Oh my. Sincères excuses. Après un coup d’oeil ce que tu as voulu dire était clair effectivement.
Pour ma défense, je n’ai pas encore dormi cette nuit (fact) … Allez j’y vais, désolé pour le dérangement :-)
Eolas
@Cerise : J’ai pourtant bien insisté sur l’immense respect que j’avais pour les poules.
ceriselibertaire
@Eolas : oui mais vous avez eu plus de respect pour les poules que pour moi. Bien à vous.
Damien B
Depuis quand on doit du respect aux libertariens ? Ca n’est pas dans les droits qu’ils défendent.
Daniel Glazman
@ceriselibertaire: vous vous rendez ridicule à un point que cela en est pathétique.
karl, La Grange
Disons que tout le monde est ridicule. Car il serait en effet bien ridicule de penser que tout le monde pense pareil. Internet englobant tout, et ne permettant que très peu les îlots, l’opinion aura toujours un contradicteur.
Damien B
Tu mens karl, il existe un îlot homogène au milieu d’internet, un espace de contradicteurs mais sans contradiction interne.
GreG
“Je suis le fils d’un noir du Kenya et d’une blanche du Kansas. J’ai été élevé par un grand-père qui a survécu à la Dépression et qui s’est engagé dans l’armée de Patton pendant la deuxième Guerre Mondiale, et une grand-mère blanche qui était ouvrière à la chaîne dans une usine de bombardiers quand son mari était en Europe.
J’ai fréquenté les meilleures écoles d’Amérique et vécu dans un des pays les plus pauvres du monde. J’ai épousé une noire américaine qui porte en elle le sang des esclaves et de leurs maîtres, un héritage que nous avons transmis à nos deux chères filles.
J’ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux des oncles et des cousins, de toute race et de toute teinte, dispersés sur trois continents, et tant que je serai en vie, je n’oublierai jamais que mon histoire est inconcevable dans aucun autre pays.”
Extrait de la traduction d’un discours de Barack Obama.
kuro.myopenid.com
Merci pour cet article, il est très intéressant de se pencher sur comment se créent ces mots qui restent. Ne change ce titre délicieux pour rien au monde.
Elisabeth
Comme me le disait un ami antillais : “mais pourquoi dit-t’on qu’Obama est noir alors qu’il est blanc ?”
Guy
C’est vrai qu’il est bon, ton lapin, pour fournir des titres. Il m’a donné celui de mon prochain roman!
Nathanaël
Moi qui était super heureux de poster un billet et remercier l’auteur pour m’avoir éclairé sur les co-auteurs des discours du sénateurs Obama, je tombe en pleine polémique sur l’utilisation du mot nègre, qui en bon français n’est pas péjorative, c’est l’utilisation qui en a été faite qui l’est devenue. Pour exemple on parlait de l’art nègre, de la civilisation nègre…etc. Il y a un amalgame entre le mot nègre et le mot nigger qu’on a voulu rapporter l’un à l’autre. Malheureusement, ici aussi, le terme “Nigger” initialement ne s’appliquait pas aux noirs, mais aux personnes des classes sociales les plus défavorises, les plus incultes. Et ce n’est qu’après qu’on a “coller” définitivement cette insulte aux esclaves noirs.
Pour en revenir à nos moutons, je trouve les discours non seulement bien “dits” mais aussi efficace en termes de construction intellectuelle. Ces discours ont le mérite de toucher toutes les sphères de la psychologie humaine. Ces discours méritent d’être étudiés… tiens ça me donne l’idée d’en faire un livre…
Yogi
@Nathanaël : Hmmm … j’étais persuadé que l’étymologie de “nigger” était “negro”, c’est à dire “noir de peau”. Vous auriez des sources sur l’application initiale du terme “non aux noirs, mais aux personnes des classes sociales les plus défavorisées” ?
Beurgeois
Je suis curieux de voir comment Obama va gérer le conflit des communautés lorsqu’il dit : we’re still locked in this notion that if you appeal to white folks then there must be something wrong. Obama est donc assaillit de tous cotés : d’une part par les WASP, qui pensent qu’il ne va s’occuper que des minorités, et d’autre part par les minorités qui se méfient du fait qu’il plaise aux WASP.
Damien B
@Yogi : le Merriam Webster confirme partiellement le sens de “classe défavorisée”, mais c’est assez restreint et seulement dans le cas où le sens principal ne peut pas être sous-entendu.
Eolas
@ Cerise : Jalouse ?
Yogi
@Damien B : Et surtout c’est par dérivation du sens initial qui est “noir”, et non l’inverse comme le prétend Nathanaël.
GreG
Un matin
Un lapin
A tué un blogueuuur,
C’était un lapin
Qui
Avait un zizi…
ceriselibertaire
Oui eolas je suis un peu jalouse cela me rend soupe au lait. Je m’excuse auprès de monsieur lapin je n’avais pas vu que c’était lui qui avait écris le titre. Merci à Greg pour sa chanson maintenant je fredonne depuis ce matin et merci pour son lien vers la traduction du discours. Y a-t-il d’autres sites sur les discours traduits de Barack ? Un peu con mais sensuel la cerise.
Christophe
Excellent blog, article passionnant ! Merci ! Jon Favreau prête son excellente plume à Barack Obama, mais son rôle auprès du candidat démocrate demeure selon moi largement moins déterminant que celui du stratège et patron de la campagne, David Axelrod. Un petit article sur David Axelrod : l’homme le plus influent de l’année
Frère Joël
Vos “carnets web”, que je découvre grâce à Édouard le New-Yorkais, semblent vraiment très intéressants. Pour cet article, j’avoue avoir beaucoup ri à cette phrase : “Favreau fait du Obama, plus vrai que nature, Guaino faisait… du Guaino.” D’un certain côté, cette phrase me fait penser, presque malgré moi, à certains passages de l’oeuvre de José Luis Borgès.
À bientôt de vous lire
Kuzey Güney
Oui eolas je suis un peu jalouse cela me rend soupe au lait. Je m’excuse auprès de monsieur lapin je n’avais pas vu que c’était lui qui avait écris le titre. Merci à Greg pour sa chanson maintenant je fredonne depuis ce matin et merci pour son lien vers la traduction du discours. Y a-t-il d’autres sites sur les discours traduits de Barack ? Un peu con mais sensuel la cerise. grande
Adını Feriha Koydum
Comme me le disait un ami antillais : “mais pourquoi dit-t’on qu’Obama est noir alors qu’il est blanc ?”
Blah ?