Pensée unique version Québec
Je suis choqué par les propos de Claude Jasmin publiés dans Le Devoir. Et encore plus atterré par le niveau de débat atteint par Victor-Lévy Beaulieu :
« Quel trou de cul ! Plus moumoune que ça, tu meurs ! s’exclame-t-il. Son succès lui est venu en décrivant la misère sociale, la pauvreté culturelle, et à partir du moment où il devient riche, il se vire de bord et dit que l’indépendance n’est plus nécessaire. »
Contrairement à ce que disent ces deux messieurs prompts à dégainer, je ne vois nulle trace d’abandon de la souveraineté, aucune ombre de fédéralisme dans les propos de Michel Tremblay. L’immense écrivain nous a déclaré que la souveraineté s’était aujourd’hui vidée de sa substance (comme bien d’autres idées politiques par ailleurs…). À force de discours technocratiques et économiques, le souverainisme politique a perdu sa part de rêve, et, oserais-je dire, d’ambition. Qui peut prétendre le contraire ? Qu’est-ce qu’il y a aujourd’hui dans le projet ? Où est la passion ?
Et avec le PQ, hétéroclite équipage conduit le morveux Boisclair (“diplômé” de Harvard), ça ne risque pas de changer.
Les attaques subies par Tremblay, et dans une moindre mesure par Robert Lepage, sont celles d’une meute de chiens animés par la pensée unique. Le projet souverainiste n’est pas critiquable, c’est un monolithe sans faille sur lequel les vérités du parti sont gravées pour l’éternité. Que le plus brillant représentant de la culture québécoise ose émettre un doute, un questionnement, le voilà immédiatement cloué au pilori par les gardiens de la pensée correcte, de l’orthodoxie du mythe, par les doctrinaires de la Sainte-Mère-l’Indépendance habitués des excommunications. Qu’en plus cet artiste touche au plus près de l’affect québécois par son œuvre, par ses mots, par sa gang de personnages mondialement connus, l’outrage n’en est que plus sévère, et les minables d’esprit n’auront plus que le beau jeu d’ironiser vulgairement sur la retraite au soleil de l’artiste…
J’ai une énorme admiration pour l’œuvre Michel Tremblay et je trouve dégueulasse le procès qu’on semble faire à cette figure du Québec contemporain. J’ose espérer qu’il ne s’agit que d’une vision déformée par la distance et les médias, d’un effet de loupe sur les propos abjects, et clairement homophobes, d’un écrivaillon aigri et jaloux.
Quant à la débilité des paroles de Bernard Landry (“il n’achètera plus les livres de Tremblay”), j’ai peine à croire que cet homme fut choisi comme chef du Parti québécois… ou ne serait-ce que pour démontrer la médiocrité désormais inhérente à ce parti.
(Je sais, je suis en colère, ça doit se sentir… mais rien ne m’est plus précieux que ma capacité d’indignation, c’est elle qui me donne le sentiment de vivre. Et le premier qui dit “c’est quoi ce maudit français qui se permet de donner son avis sur un débat québéco-québécois entre canadiens français pure laine — comme les moutons — il prend la porte.)
(D’ailleurs, je devrais commencer à m’interroger sur mon intérêt excessif sur les questions québécoises…)
Francois M.
Je te rejoins.
Rémi
Pareil pour moi.
Gwenaëlle
Bien que je ne partage pas l’opinion de Michel Tremblay (toujours souverainiste !) mais que je peux comprendre, j’ai été également choquée par les propos bêtes et vulgaire subies à ces deux artistes qui ne font que exprimer leurs points de vue comme tout autre citoyen.
Thierry Bélanger Clermont
Je ne partage pas l’opinion de Michel Tremblay mais je suis en parfait désacord avec les propos des deux auteurs.
Ces soit disant “vrais indépendistes” me font bien rire. À force de rejeter les autres, ils ne seront plus que 4-5 à partager “la cause”.
P.-S.: Il y a vraiment quelqu’un qui porte un réel intérêt pour VLB?
C’est Raoul
On voit un peu la guéguerre qui se livre dans le milieu littéraire dans les propos de Jasmin, et qui n’ont pas tellement a voir avec le débat.
J’si trouvé l’opinion de Claude Piché assez intéressante. http://www.cyberpresse.ca/article/20060411/CPACTUALITES/60411052/5757/CPARTS
Je pense que Tremblay a eu le mérite de lancer le débat. Faudrait vraiment que Boisclair rebondisse la dessus. C’est l’occasion de relancer le débat.
En 10 ans, ya eu un demi million de nouveaux arrivants, un million de jeunes sont arrivés en age de voter. C’est pas tout le monde qui a connu le dernier référendum, les raisons de la séparation, etc.
L’indépendance, c’est quoi? pourquoi? La place du PQ a pouvoir a aussi bcp noyer et mélanger le projet. C’est le temps de au moins remettre la table propre, de relancer sinon le projet, au moins les discussions, pour voir si c’est encore valable et si on y tient encore. Pour mobiliser la population, il faut la toucher.
Espérons que Boisclair rebondisse la dessus. Si ca tombe dans l’oubli, c’est hyper révélateur que la démobilisation ne s’arrête pas juste a Tremblay!
Hoedic
Plusieurs personnes ont clairement eu une réaction épidermique aux propos de Tremblay. C’est une attaque dirigée contre le PQ (et le Bloc) qui est perçu par beaucoup comme le seul moteur vers la un Québec-nation. Quelque soit la couleur de la souveraineté proposée par le PQ, c’est la souveraineté, c’est le plus important. Même s’il dit assez clairement qu’il n’a pas abandonné l’idée de souveraineté (au contraire en fait), c’est tout comme.
Ça fait penser aux critiques contre Québec Solidaire (parti pro-souveraineté mais avant tout de gauche), accusé de diluer le vote souverainiste. Mais avec 22% des voix à l’élection partielle qui vient d’avoir lieu à Montréal, les électeurs ont montré qu’il y avait pas mal de personne favorable à une vision différente.
Quant à Boisclair, il a surement été le plus habile en disant comprendre Tremlay mais est bien évidemment le plus mal placé (en tant que diplomé de Harvard et surtout avec ses dents éguisées) pour inverser la tendance !
David Latapie
C’est quoi ce maudit français qui se permet de donner son avis sur un débat québéco-québécois entre canadiens français pure laine — comme les moutons ?
Je suis déjà dehors.
Hoedic
David, as-tu bien pensé à prendre la porte avec toi en sortant ?
Ton article génère vraiment des publicités intéressantes sur Google, notamment un vers le site de Stéphane Bergeron sur le Mont Orford…
magoua
Faux débat dit Tremblay ce matin à RDI.
Lancé évidemment par La Presse, un quotidien aux idées (?) connues. Cela dit, autant les réactions des nationaleux purs et durs comme VLB ou Jasmin ou encore les atermoiements de ce qui tient de lieu de gauche au Québec (le fameux projet de société) m’exaspèrent depuis 25 ans. Dans les deux cas, cela sent trop la chapelle, comme si on n’était pas tout à fait débarassé du cléricalisme dans les esprits. Diviser pour règner est une vieille tradition britannique.
Et cela ne m’empêche pas de savourer Le coeur éclaté dudit Tremblay que je lis en ce moment.
mbayisyen
Le Québec montre son vrai visage dans des histoires comme cela. Quoique né sur cette terre et partageant beaucop du point de vue culturel, je ne saurais jamais rejoindre un projet surrané et ethnocentrique telle que la souveraineté du Québec. Mais bon, j’aime Montréal pour ce mélange de joual,de mauvais anglais, d’arabe et d’italien, enrobé d’accents créoles et vietnamiens que l’on entend dans les rues de Montréal. Je suis pour un Montréal souverain! Vive Montréal libre!
magoua
Tout à fait d’accord, la souveraineté est quelque chose d’ethnocentriste et de surranné. D’ailleurs, les 191 pays du monde devraient tous devenir des provinces canadiennes.
Hoedic
Hmmm, pas con. Ceci dit ça rendrait la péréquation pas facile !
AB
Oui c’est vrai, pourquoi cet intérêt ? Parce que l’on nous promet aussi des lendemains uniques en 2007 ?
Dalton
Dommage de voir de la division au sein des partisans d’un Québec indépendant, bien francophone, bien catholique et surtout bien blanc. Parce que si le projet était remis aujourd’hui sur le tapis, je suis certain qu’avec l’impopularité de la péréquation, le RoC appuierait sans réserve la cause souverainiste, ne serait-ce que pour se débarrasser de la plus grosse province pauvre du Canada…
[/troll]
papillon
Pareil
Henri-Pierre
Pauvres nuits sans Princes charmants… La faculté d’indignation et la colère sont les seuls moteurs de survie intellectuelle qui nous restent.
Blah ?