Embrasse-moi
— T’as pas faim ?
— Non, j’ai envie de rien, je suis bien.
— C’est vrai ? T’es bien avec moi ?
— Oh, vous pouvez pas savoir comme je suis bien quand je suis avec vous. Je respire. Je suis vivante. Ça doit être comme ça quand on est heureux.
— Héhé, tout ce que tu dis, ça tient pas en l’air, tu dirais ça à un autre que moi, je trouverais ça idiot mais… Qu’tu me le dises comme ça à moi, bien… c’est marrant, ça me fait plaisir. T’as de beaux yeux tu sais.
— Embrasse-moi.
— Nelly…
— Embrasse-moi encore.
— Vous comprenez ?
— Oh, bien sûr, va, c’est pas difficile à comprendre tout ça, c’est… c’est la vie, la vacherie, quoi.
— C’était tellement sinistre chez Zabel. J’ai tout fait. Oh, j’serais allée n’importe où. Oh, au Petit Tabarin, tout le monde dansait, tout le monde riait. Et puis Maurice était doux avec moi. Il disait qu’il m’aimait. Alors… moi aussi, je lui disais que je l’aimais… Mais c’était pas vrai. Personne ne dansait vraiment. Personne ne riait. Personne ne s’aimait. Tout le monde faisait semblant.
— Allons, allons, quoi, tu vas pas pleurer, hein? Nelly !
— Quand vous m’appelez comme ça, Nelly, c’est comme si vous veniez me chercher de très loin quand j’étais petite.
— Ahaha, oh, t’es pas tellement grande, tu sais.
— Si, j’ai… j’ai grandi trop vite, puis, j’ai vu trop de choses alors… alors, je suis abîmée.
— Ohoho, abîmée, abîmée, t’es folle, oui, t’es la fille la plus fraîche que j’ai jamais rencontré. Qu’est-ce tu veux, quand une fille est belle, qu’elle est jeune, et puis qu’elle veut vivre, et bien, c’est comme un homme qui essaye d’être libre. Tout le monde est contre. Comme une meute.
— C’est difficile de vivre.
— Oui. On est seul. Pourtant des fois, tu vois, on rencontre des gens qu’on connaît à peine, qu’on reverra peut-être jamais, puis ils vous rendent service. On sait pas pourquoi. C’est marrant.
— C’est parce que les gens s’aiment.
— Non. Et on s’aime pas, ils n’ont pas le temps.
— Moi, je vous aime Jean.
— Tais-toi, va, tu causes comme une enfant.
— Si, je suis sûre que je vous aime vraiment…
— Allons…
— Faut pas me laisser… Sans vous, qu’est-ce que je deviendrais. Je veux pas retourner chez Zabel, c’est fini. Je peux plus vivre comme ça, en ayant peur tout le temps. Vous allez bien rester encore quelques jours ?
— Qu’est-ce qui t’as dit que j’allais partir ?
— Oh, je ne sais pas, quand je vous ai vu en civil comme ça, tout d’un coup, j’ai pensé que… ah, mais, qu’es-ce que ça peut faire ? Si vous partez, peut-être que vous m’emmènerez.
— T’as envie ?
— Je vous plais pas ? Ah, faut me garder.
Martine
Ah, les yeux de Michèle… Et ce petit nez, et cette bouche délicate! Il faudrait que je loue ce film, que je n’ai jamais vu en entier.
aqb
C’est malin de donner envie de revoir ce très beau film de Marcel Carné. ;)
Houssein
Il faudra absolument que je regarde ce film!
Matoo
Oui c’est magnifique !!!
cossaw
Qu’est-ce qu’elle était belle cette femme quand elle était jeune. Elel garde un peu de son charme, de nos jours… Je me rappelle d’elle dans un film tiré de Gide… elle jouait une aveugle qui recouvrait la vue après être tombée amoureuse d’un pasteur… la symphonie pastorale ?
cedric
Qu’est ce qu’elle était belle ! Des jeunes filles pareille il n’y en à plus et j’avoue que quand on la regarde on aurait peine à voir ce qu’il reste comme “femme” à l’époque…
Son regard on pourrait s’y noyer et s’y perdre d’ailleurs notre cher Gabin s’y est noyé, et la guerre à mis fin à cette merveilleuse histoire…
c’est une femme qu’on ne peut qu’aimer et être séduit même en la voyant a l’écran on en est charmé!!! et pourtant elle n’est pas du style des filles de mon époque car je n’ai a ce jour que 20 ans donc ;)
Blah ?