L’attaque des clones
Un jeune et charmant lecteur m’a demandé comment j’avais réalisé ces photos, où mon moi se démultiplie :
En fait, ces montages sont très faciles à réaliser.
Matériel nécessaire
- Un appareil photo disposant d’un mode “manuel” (et d’un retardateur de pose si vous êtes seul).
- Un pied photographique.
- Un logiciel de traitement d’images.
Le secret, la prise de vue
Toutes les photos nécessaires à votre montage doivent être réalisées dans les mêmes conditions de prise de vue (cadrage, lumière, exposition et mise au point).
- Cadrage. Cela paraît évident et c’est là que le pied d’appareil photo est indispensable. Si vous bougez, même un peu, la perspective va changer et rendra difficile le montage ultérieur, et parfois même impossible avec un résultat crédible.
- Lumière. Les conditions de lumière doivent être constantes. Évitez donc les photos à l’extérieur par temps nuageux et venteux… Avec les nuages qui passent, la luminosité varie très rapidement, non seulement en puissance, mais aussi en température de couleur. Cela vous obligerait à de longs et pénibles travaux de ré-équilibrage dans votre logiciel de traitement d’images, réglages qui demandent un certain talent technique. Pour les mêmes raisons, en lumière naturelle, ne prenez pas trop de temps pour prendre toutes vos photos…
- Exposition et mise au point. Pour que toutes vos prises de vue aient le même rendu, il faut aussi que les conditions d’exposition (ouverture et vitesse) soient les mêmes. La méthode la plus simple est de se mettre d’abord en mode “priorité à l’ouverture”, avec l’autofocus activé. Cadrez votre scène vide (en anticipant le futur placement des clones). Choisissez votre ouverture de diaphragme (c’est là que vous réglez votre profondeur de champ). Si vous voulez être sûr d’avoir tous vos clones nets, optez pour une petite ouverture (genre f.8/f.10 en grand-angle). Vous pouvez aussi jouer avec la profondeur de champ avec un objectif à grande ouverture (avec des clones flous dans le fond et/ou au premier plan par exemple — c’est le moment d’être créatif). Notez ensuite la vitesse que vous donne automatiquement la cellule de votre appareil (ex. 1/200e de seconde) avec l’ouverture choisie. Si nécessaire, surtout en mesure à pondération centrale, décadrez provisoirement pour pointer à l’endroit du clone qui sera en position la plus médiane (en termes d’espace et/ou de lumière). Faites enfin la mise au point à l’aide de l’autofocus (à l’endroit où vous souhaitez avoir au moins un clone net). Débrayez l’autofocus (la mise au point ne doit plus changer). Passez en mode “manuel” et réglez selon le couple ouverture/vitesse que vous avez noté. Vérifiez votre cadrage et voilà… vous êtes prêt à photographier. Les conditions de prises de vue seront rigoureusement identiques entre tous vos clichés. (C’est long à expliquer, mais tout ça se fait en moins d’une minute… et encore plus vite pour un photographe averti.)
Plus vous êtez rigoureux au moment de la prise de vue, plus votre travail en post-production sera facilité.
Un truc : si votre appareil le permet, utilisez le format RAW qui offre une plus grande latitude de correction d’exposition après coup.
Un petit truc en extérieur : s’il y a du soleil, préférez les heures proches de midi, vous vous ferez moins embêter par les ombres…
L’assemblage
Vous vous retrouvez donc avec une série de photographies, toutes réalisées dans les mêmes conditions :
Ouvrez-les dans votre logiciel de traitement d’images.
(Si vous êtes en RAW avec PhotoShop et que vous devez faire des corrections de chromie/luminosité, utilisez la fonction “Synchronize” de Camera Raw qui permet de répercuter les corrections effectuées sur une photo à l’ensemble des photos.)
Assemblez toutes les photos dans un document multicalques (un calque par photo). Il ne vous reste plus qu’à effectuer des effacements sélectifs sur chaque calque à l’aide du lasso (mettez un léger contour progressif). Seul le calque du fond (ou “arrière-plan”) ne sera pas touché, c’est lui qui fournit le décor global de la scène en plus du premier clone.
Ci-dessus, le document multicalques (avec 4 photos, soit 4 clones).
Découpage au lasso d’un clone sur un calque (avec contour légérement flouté). Comme vous pouvez l’observer, ce détourage peut être très grossier, fait en moins de 10 secondes.
Le résultat est tout se suite très propre (même si j’aurai pu passer 10 secondes de plus sur l’ombre du clone de gauche…).
Les superpositions
Le début des emmerdes. Si vous avez deux clones qui se superposent, vous ne pourrez faire l’économie d’un véritable détourage. Si vous ne maîtrisez pas la technique du détourage/incrustation, vous préférerez sans doute éviter ce cas de figure lors de la prise de vue.
La première photo de cet article, avec 12 clones autour d’une table, a demandé pas mal de travail de détourage…
Bien sûr, vous n’êtes pas obligés de détourer la totalité du clone, seule la ligne de contact entre les deux clones.
Ci-dessus, petit recouvrement entre deux clones.
Le détourage fin est effectué uniquement sur la zone de contact.
Résultat
Un homme seul :
10 minutes dans Photoshop, et voilà un homme bien accompagné :
J’ai réalisé ce visuel cet après-midi très rapidement pour les besoins de ce tutoriel. Le résultat final n’est pas terrible (profondeur de champ trop grande qui ne met pas dans le flou l’arrière plan fort laid, positionnements discutables, pas d’interactions entre les clones, triste lumière d’hiver). Mais avec un peu de préparation, de scénarisation et de créativité, il est possible d’obtenir avec cette technique des images très fortes. À vos appareils !
Alex
Tuto très intéréssant, je manipule souvent Photoshop mais je n’exploite pas le logiciel entièrement, donc voilà une idée sympathique à essayer d’urgence.
Syl
Ben écoutes, je trouve ca très sympa comme idée! Bravo pour ce tutoriel!
Damdam
Hey, cool le tuto :-)
Ep Grobert
Pis on n’a plus le rude-boy en page d’accueil. On va pouvoir ouvrir la page d’embruns de façon ’safe’. Enfin, pour un temps … ;-)
alchymi
Dommage que tu n’est pas mis les raccourcis clavier pour effectuer les opération répétitives..
Outil Lasso : L Créer un calque par copier : CTRL + J
Pour les opés de détourages.. Le nouveau lasso “”magnétique”” apparue dans toshop 7, et très performant.
@Grobert Pour le rude boy c’est dommage ..
Henrick
Tout simplement g-é-n-i-a-l ! Je ne regrette pas de te suivre dans Twitter. Du pur, du beau, de l’utile et du futile. Ainsi donc on peut faire comme dans Matrix ? Et en mode animation t’as un truc ? Bravo.
Jujupiter
Faciiiiiiile! (<— Bouh, i’fait son craneur!)
Au moins, on voit un peu de chair embrunesque.
koz
T’as plus d’boulot ?
Ouinon
Héhé ;-) Je tiens à préciser que j’ai moi aussi posé cette question à Laurent il y a quelques mois et qu’il m’a gentiment envoyé un mail avec toutes les explications détaillées, en toute discrétion, alors qu’on ne se connait pas beaucoup… sympa ! En ce qui me concerne, je suis habitué à manipuler Photoshop mais pensais bêtement que cela était fait à l’aide d’un plugin que je ne connaissais pas… Avec cette surabondance de technologie, on devient fainéant. Depuis, j’ai fait l’expérience sur 3 ou 4 photos qui ont eu leur petit succès familial et transmis le secret de fabrication à deux autres amis qui trouvaient le principe fort sympathique. C’est effectivement assez rapide à faire et à la rigueur, c’est la prise de vues qui demande le plus de temps si on veut quelque chose de sympa.
Donc, encore une fois, et en public cette fois, merci Laurent.
koz
Ah bon. Moi, c’était juste une boutade, hein, lolo. Inutile de m’envoyer un mail avec toutes les explications détaillées, en toute discrétion. Tu fais ce que tu veux de tes journées et j’admire tout à fait l’assurance qui te permet de prendre la pose à plusieurs reprises dans un lieu public seul face à un appareil photo sans être submergé par un bien dérisoire sentiment de ridicule. Ca, c’est du photographe.
Pascale
Faudrait que tu donnes des cours à l’ UMP d’Ile-de-France …
Ouinon
@ koz : je « parlais » de cette question écrite au début du billet : « Un jeune et charmant lecteur m’a demandé comment j’avais réalisé ces photos, où mon moi se démultiplie ».
Laurent Gloaguen
@Alchymi : je ne voulais pas trop rentrer dans les détails techniques, ce n’est pas un cours Photoshop. Et puis je me serai fait engueuler par les fanas du GIMP… ;-)
@Jujupiter : tu sais que tu peux en voir beaucoup plus ailleurs, si tu veux. (Qui cherche, trouve…)
@Ouinon : oui, on a parfois tendance à chercher midi à quatorze heures alors que la meilleures solution est très simple.
@Koz : effectivement, je n’ai plus de boulot, j’ai démissionné. J’attends mon visa de résidant permanent au Canada, un pays plus accueillant et ouvert d’esprit que la France. Sinon, pour le ridicule, les années passant m’ont appris qu’il ne tue pas, et que savoir le mépriser pouvait faire avancer dans la vie. T’es pas un peu coincé toi ? ;-)
Briscard
Mmmmmmm….. Je m’aime et j’aime ça…. Ma foi, pourquoi pas… Comme disait W. Allen: “Don’t knock masturbation, it’s sex with someone I love”. Quand même: les photoshopeurs, c’est vraiment des branleurs…
romu
Sans totoshop
il y a aussi l option de l openflash qui consiste a laisser le boitier en pose tres lente et de balancer un eclair pour figer le personnage ca demande de l entrainement mais je dois a mon grand regret avouer que le numerique aide…
koz
Ouinon, j’avais bien saisi ;-)
Laurent : c’est seulement que, m’adonnant moi-même de temps à autre à la photographie, il m’est arrivé plus d’une fois de me retrouver dans des situations “insolites” dans lesquelles il est préférable de ne pas être hanté par le ridicule. Je pense notamment à cette photo du Negresco : il s’agit d’un reflet dans ce qui m’avait tout à fait l’air d’être une sortie d’eaux pluviales (pour ne pas dire d’égout). Je suis resté probablement 1/2 heure (beh oui, s’il y a du vent, le reflet est trouble) face à la promenade des anglais, avec mon monopode, à photographier un reflet que, par hypothèse, les promeneurs de ladite promenade ne pouvaient pas voir de là où ils étaient. Manifestement, pour eux, je prenais en photo des galets dans l’eau de nuit et sans flash, ce qui suscitait une certaine incrédulité.
M’est arrivé aussi de prendre une photo quasiment couché en pleine rue, pour essayer d’avoir un point de vue un peu différent…
Norman
Intéressant… Je vais essayer de m’y coller un de ces jours…
OlivierJ
Encore un billet qui montre ton perfectionnisme et ton efficacité ; tu dois faire un excellent professeur. Je le dis ici mais c’est suite à la lecture de nombre de tes billets. Certains lecteurs, s’ils te découvrent via un billet polémique ou provocateur dont tu as le secret, doivent passer à côté du vrai Laurent, plus fin qu’il n’y paraît.
Au passage, je réalise que je ne lis que la partie “blog” (URL en “/logbook”) et que je dois passer à côté de pas mal de tes écrits comme celui-ci.
ALLAIN JULES C@MMUNICATION
Ce commentaire est considéré comme non pertinent et a été effacé.
FleX
super bien expliqué :)
Ouinon
Cela me rappelle cette vidéo, vue sur Bienbienbien, ou 3 étudiants anglais ont réussi à se cloner en video (avec une technique similaire je pense) pour récréer une scène du débarquement de Normandie à la Spielberg. Costaud.
Anne Onyme
J’ai vu que tu as modéré mon commentaire. Désolé si il t’a géné.
Xavier
J’veux pas dire, mais le mec derrière le banc a perdu ses pieds dans l’opération ;)
Ah, et super au taff, la seconde photo NSFW à l’ouverture de l’article. Typical :)
Laurent Gloaguen
@Xavier : et tu es le seul qui a vu ça ;-) Je corrige…
mry
C’est aussi pour ce genre de post que je t’aime mon Laurent. Merci, je vais pouvoir jouer !
Vicnent
Mon tout premier clonage sexuel.
Alacon
Les jours où on ne se supporte pas, ça doit être d’un pratique… ;-)
Vinvin
Bah dis donc t’es bien gaulé mon cochon!!! :-)
greg
J’savais pas que tu donnais dans le tuto, j’adore la photo en slop :)
Mossieur Resse
Ressepect! grace à toi, 4 mry pour le prix d’un.
stricto
Laurent, c’est très bien toussa. Mais ce qui serait vraiment magique, et aucun besoin de technologie pour ça, ce serait de sourire sur les photos. Ce serait tellement magique ;-)
PS (Private joke): 185+1 ? Vraiment ? Mais où est l’outil de recherche sur les commentaires sur ce blog?
Alain-Pierre
Je vous recommande d’aller jeter un oeil sur cette petite application en gestation : http://grail.cs.washington.edu/projects/photomontage/
En gros, avec elle, l’opération de montage décrite dans ce billet est beaucoup plus rapide car c’est l’application qui elle même effectue la fusion de l’image de départ avec une zone grossièrement sélectionnée dans une image secondaire. Jetez un oeil à la vidéo qui démontre tout ce que cette application peut faire : c’est bluffant !
PetrifiedEyes
Avec une trentaine de bloggueurs on a usé le filon l’année dernière (Ici ), ça m’a même permis de gagner un concours chez mry, comme quoi, les effets les plus simples. :)
L-tz
Merci pour le tuto, je vais mettre ça de côté et m’amuser un peu avec…
Nico
Tiens, une idée amusante à essayer !
krysalia
le tuto est très bon, mais pour plus de versatilité et de subtilité, il faudrait plutôt travailler avec des masques de fusion qu’avec le détourage direct sur le calque. Enfin cette methode sans masques à l’interêt d’être accessible à n’importe quel débutant tandis que les masques demandent un peu de maîtrise.
Laurent Gloaguen
Les masques de fusion demandent effectivement plus de maîtrise. Dans Photoshop, il y a souvent plusieurs chemins pour arriver au même résultat.
Pierre T.
Bonjour,
Félicitations, pour ces images très réussies, avec leur côté assez intrigant.
J’aime beaucoup ce genre de procédé : personnellement, il m’a ouvert les portes d’une nouvelle forme de chronophotographie (par exemple sur Charivari etc.).
Bonne continuation.
Christophe
Salut Laurent,
ça faisait longtemps que je ne t’avais vu. Autant de Laurents, par photo, ça m’a fait marrer. Je vois que tu continues à officier depuis le Canada et qu’Embruns est toujours aussi commenté! ça me ferait plaisir d’avoir des news. Bises et à + ch (pour t’aider à m’identifier, mon ancienne ligne directe fut aussi le… 68)
Charles Nepote
Découvert par hasard, une fille qui apprécie aussi le clonage photographique (attention capitaine, elle est à moitié nue…).
Blah ?