Flic
Ma rencontre avec ce livre tient de la magie sociale de la blogosphère… Dans une vie ordinaire, à moins d’être par exemple justiciable, je n’aurai eu que peu d’occasions de connaître des policiers, des juges ou des avocats. Mais, par le moyen du blogue, nous sommes amenés à sortir de nos sphères habituelles, à côtoyer d’autres réalités, d’autres milieux socio-professionnels, des jeunes et des vieux, des pauvres et des riches, des anonymes et des vedettes, des escrocs comme des saints, et ce, à l’échelle de la planète. Je ne compte plus les enrichissantes rencontres qui j’y ai fait et les nouveaux horizons offerts à moi. Le blogue est un accélérateur de particules qui provoque moult insolites collisions.
C’est donc dans la taverne d’une rue glauque de l’Est parisien, un estaminet bien nommé “L’assassin”, au milieu d’un rassemblement interlope de blogueurs, que mon destin à croisé le chemin de Bénédicte Desforges, profession flic et écrivain. Avant même de connaître son sacerdoce, j’ai perçu cet ineffable machin qui auréole les gens qui sortent de l’ordinaire, un je ne sais quoi d’humanité qui transpire, un genre de supplément d’âme… Après avoir lu son livre, je comprends mieux.
Ce livre, donc, c’est un recueil de courtes nouvelles, 86 exactement. 86 petits et grands moments de la vie d’un flic ordinaire et autant de claques dans la gueule du lecteur qui, dès qu’il a commencé à le lire, se trouve comme en garde à vue jusqu’à la dernière page. Impossible d’en sortir avant la page 201.
Car, le style de Bénédicte Desforges est simple, direct : elle arrive, vous fait un grand sourire, et vous donne un grand coup de poing dans le ventre, vous laissant plié en deux de douleur. Cela doit être l’écriture façon flic. Elle ne sort pas son stylo pour faire dans la fioriture décorative, elle dégaine. Et à force de stand de tir dans le réel, elle fait mouche à quasiment tous les coups. La subtile différence avec le littérateur de salon, c’est que c’est du réel, c’est irrigué de vie, de sang, de crachat, de pourriture, de merde, de coups… Parce que Madame Desforges est une maîtresse du sado-masochisme, elle vous en fout plein la gueule, et vous dites “encore”. Et qu’elle le fait avec une qualité d’écriture qui n’a rien à envier aux meilleurs, sans compter un degré d’humanité que l’on ne peut rencontrer que chez ceux qui s’occupent des poubelles de notre société et qui sont trop souvent enjoints au devoir de réserve.
Ça vient de sortir en collection de poche, ça coûte 5 euros et 60 centimes, et je vous rembourse si vous n’aimez pas. Et, croyez-moi, vous ne regarderez plus jamais un flic comme avant. (Mais quel préjudice public que les meilleurs soient presque invariablement condamnés à demeurer “en disponibilité”.)
Sinon, Bénédicte Desforges est actuellement célibataire, à la recherche d’un “homme beau, riche, intelligent, outrageusement musclé, fidèle, attentif, cultivé, pour sortir les poubelles”. Contactez la rédaction qui fera suivre.
[Ce billet n’est pas sponsorisé, mais l’écrivain est autorisé à m’offrir une bière lors du prochain Paris Carnet.]
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Bénédicte Desforges : Flic. Chroniques de la police ordinaire.
Éditions J’ai lu, 2007. Diffusion Flammarion.
ISBN : 978-2-29000631-3.
208 pages. Prix public : 5,60 €.
ovomaltin
voilà la discrimination pour plaire à une femme flic il est nécessaire d’être musclé! est-ce rédhibitoire?
romu
ensuite voir ce film
Laurent
Je vais sans doute l’acheter d’ici Noel. Mais auparavant j’ai une bonne dizaine de bouquins de 400 pages à lire sur la police. Etudes obliges …
bénédicte
Ben dis, Laurent… wwouuuf… mon petit FLiC t’a plu alors. Mille fois merci pour ce superbe coup de flash, je suis très très touchée. Et merci d’avoir relayé mon avis de recherche aussi, mais il faut rajouter “et pour jouer au scrabble si affinités.” L’auteur s’engage formellement ici-même à t’offrir une bière voire deux ou trois, à l’Assassin le bien nommé. Je t’embrasse :o)
Bob Marcel
je ne suis ni beau, ni riche, ni intelligent, ni outrageusement musclé, ni attentif, ni cultivé, et je ne sors pas les poubelles. Et puis je n’ai pas de blog. En revanche je suis fidele et j’ai un gros pot de nutella. ..
Boris
J’ai aussi beaucoup aimé. Maintenant je m’arrange pour que tous mes proches y jettent un oeil, avec plus ou moins de succès. En tout cas c’est un autre regard que je porte désormais sur les forces de l’ordre.
Au passage, Bénédicte peut se permettre d’être exigente, elle a ses atouts.
Mélina LOUPIA
Je le reçois demain, c’est amazon en personn qui me l’a dit ce matin. Je me tiens plus. des bizettes
Brad-Pitt Deuchfalh
Y’a vraiment des gens qui imposent le respect.
pas perdus
Dans le genre authentique, je ne peux que conseiller cet ovni littéraire : “social killer, m,n, crime exemplaire de Franck Burns.
gvgvsse
j ai pas aimé du tout. tu m’envoies un cheque? je dois produire le ticket de caisse?
Laurent Gloaguen
C’est normal Gugusse, vous n’avez pas de cœur. (J’admire que vous ayez lu ce livre dans la journée. Envoyez-le moi, je vous le rembourse.)
Nichevo
Gugusse a du apprendre à lire avec la méthode semi globale. Benedicte “donne du sens” dans son “Flic”, du sens à ce métier, toujours méconnu, du sens aux inconnus, aux imbéciles ,aux salauds lumineux, aux bourreaux et aux victimes, du sens au lecteur qui cette fois ne regardera pas ailleurs mais finira le bouquin tellement il est bien écrit; Enfin du sens à la vie car, Benedicte parle souvent des autres, rarement d’elle même;
Pourtant c’est un beau brin de fille, avec un sacré sourire et un poing solide si elle veut vous mettre une beigne. Contrairement à Laurent, je préfère le sourire à la beigne…
Brimbelle
J’avais déjà entendu parlé de ce livre mais c’est ce billet qui m’a décidé à l’acheter cet après-midi. Je l’ai dévoré en une heure, et j’ai fini avec des larmes aux coins des yeux, nées de ce sentiment d’impuissance que l’on a parfois. Et aussi de ce rappel que parfois, souvent, on est lâche dans notre quotidien, face à la détresse des personnes autour de nous. Merci en tout cas de m’avoir incité à l’acheté et bravo à l’auteur.
Christophe Ginisty
Et je rappelle que l’auteur a gagné le premier prix dans la catégorie littérature du Festival de Romans.
Docteur Peuplu
Bien, une idée de cadeau pour un ami, je sais que ça lui plaira. Est-il édité au Québec ? Je verrai bien, merci. :)
Felipe
Billet écrit le 22, forcément :) Et billet qui donne envie d’acheter et lire ce bouquin!
Anne Onyme
“Parce que Madame Desforges est une maîtresse du sado-masochisme, elle vous en fout plein la gueule, et vous dites “encore”.”
Avis aux amatrices : lors du prochain Paris-Carnet, munissez-vous d’une matraque et d’une paire de menottes, ça fera plaisir à Laurent…
Hé, hé.
Le Petit Nicolas (mais en Plus Grand)
C’est une chance que ce ne soit pas le cas , mais j’ai été assez étonné que Mlle Benedicte n’ait pas eu d’emmerdes avec son blog , encore moins avec son livre , contrairement à cet inspecteur du travail qui a du fermer manu-militari son blog sous peine de sanctions disciplinaires , dont nous ne saurons d’ailleurs jamais s’il en a été au final la victime ou pas .
La tolérance poindrait-elle dans l’administration ?
Le Petit Nicolas (mais en Plus Grand) http://www.grandnicolas.com
Docteur Peuplu
Argh non!!! J’ai vérifié. Ils ne l’ont pas chez mon libraire. :’(
Je vais devoir patienter de rentrer en France. :/
thierry
Du livre, point obligé de parler, tu n’es. Que par plaisir, éventuellement, tu le feras. Désolé mon fieul m’a bloqué en mode Starwars, à force me faire jouer le Jedi. Bon vent je te souhaite, en tout cas, je vais lire celui-là.
Tietie007
J’aime bien sortir les poubelles mais je suis chauve, fauché et j’ai une sale ganache …tu crois qu’il peut y avoir une ouverture ?
arno
Salut à tous C’est vrai Bénédicte a su parfaitement coucher sur le papier tous ces moments tragi-comiques qui font notre quotidien. Esperons que le lecteur sera capable d’assez d’empathie pour avoir un peu d’indulgence envers nous, nous qui devons à la fois, protéger la veuve et l’orphelin, réprimer le mauvais conducteur, resocialiser le sauvageon, faire tampon entre les belligerants, arrêter les voleurs équipés de chaussures de courses plus légères que les nôtres, manger quand on en a le temps, offrir une oreille attentive au désespéré, découvrir des cadravres, garder les portes des gens “importants” et toujours si possible avec respect et dignité … et enfin rentrer à la maison et trouver l’énergie necessaire pour gérer nos petits tracas. Merci Béné pour tout ce que tu fais pour nous.
Pistol
Joli papier qui donne envie d’acheter le livre, j’aurais malheureusement oublié demain et c’est dommage pour cette auteur que ma mémoire ne retienne plus rien à force d’être sollicitée par des milliers d’histoires. Pourtant, il y a un ton dans l’article qui a vaincu mes suspicions. Oui, on dirait que vous avez aimé et que vous avez lu. Pourtant c’était très improbable comme rencontre, je veux dire, entre vous le bloggeur et ce livre dont vous parlez aujourd’hui parce que vous avez croisé l’auteur. Alors je vous adresse un petit salut tardif (il est 03h48) de la part d’un matelot un peu éméché et qui repassera.
Laurent Gloaguen
Non seulement j’ai lu, mais j’ai aimé. Et dans le cadre de la blogosphère, tout est fait de rencontres improbables, c’est ce qui en fait le sel.
pistol
Je serai assez curieux d’obtenir l’URL ou l’adresse IP d’un saint, puisque tu dis en avoir croisé sur le net… Alors ?
Majortom
Bravo à la dame. Grace à elle, la littérature hexagonale est sauvée!
Fanette
Elle est excellente et divine, elle le sait ;-) J’ai ce livre depuis sa sortie et l’ai offert à une amie prof qui l’utilise au collège, à suivre donc. Une plume rare dans la blogosphère !
Guillermito
J’ai acheté le bouquin a Roissy pour les sept heures d’avion (merci Embruns, je ne cherchais rien en particulier, j’ai vu la couverture du poche et je me suis rappelé de ton billet). C’est en effet une bonne surprise, des petites histoires efficaces du quotidien de flic de base, écrites avec une plume très humaine. Ca équilibre l’image traditionnelle polarisée que l’on a du policier : ni héros invincible, ni pourri semi-fasciste, mais un simple fonctionnaire en contact direct avec des réalités et des souffrances parfois atroces que l’on préfère ignorer. Un livre positif, donc.
Mes Doc Martens ont bien apprécié le remerciement final :)
Blah ?