Journal de bord

vendredi 10 janvier 2003

Where are YOU blogging from?

Martine, dans son Blogue bilingue en quête d’identité, a lancé une idée que je trouve toute simple et magique :

Where are YOU blogging from?

In a previous post, I talked about a project I had in mind of gathering photos of the favorite blogging spots of bloggers. There is something telling and sometimes touching about a personal working space and the things that surround it. I also like the idea of seeing these “blogging spots” through the eyes of the bloggers themselves, who had to step back for a moment to take the photo.

Anyway, since “une image vaut mille mots”, I thought I would give this little project a start with the photos people have sent me this week. Maybe it will inspire you, dear readers and accidental surfers, to take a step back and photograph that desk or favorite blogging spot of yours. (Bilingual version to come soon.)

Je me suis donc empressé de faire des photos de mon environnement de travail. Je blogue plutôt au bureau, pendant l’heure de midi ou tard le soir.

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Première impression, ce n’est pas très bien rangé, mais dites-vous que normalement, c’est bien pire… et que là, je considère que c’est très bien rangé ! On distingue sur les photos mon précieux G4 bi-processeur, ma pipe, ma lecture du moment Cascading Style Sheets, The Definitive Guide, un disque dur éventré, un DVD de West Side Story (je l’avais prêté à un collègue qui vient de me le rapporter), ma montre (je n’arrive pas à travailler avec une montre au poignet) et puis pas mal de papiers, des factures à contrôler, des cahiers des charges, des appels d’offres, des documentations techniques. L’autre G4, c’est le serveur de l’entreprise dont j’ai la responsabilité. Enfin, le tapis de souris Amazon.fr, c’est vraiment pas pour faire de la publicité… j’aurai dû mettre la souris de façon qu’on ne puisse pas le lire… mais cela aurait été un début de mise en scène et trahirait donc peut-être un peu l’idée de départ de Martine. Voilà ! Ultime précision, la scène se passe à Paris en France, dans le 8e arrondissement.

1. Le 10 janvier 2003,
Martine

Génial, merci Laurent! J’ai ajouté vos photos à mon petit diaporama. J’aime bien vos commentaires et la description des objets dans votre espace de travail.

J’ai bien apprécié l’histoire d’amour aussi! Mais on en veut plus! Comment tout cela s’est-il “terminé” à Paris plutôt qu’à Montréal? C’est votre visite au Québec en plein mois de février qui vous a fait peur? Et notre accent, vous le comprenez mieux maintenant? ;-)

Blah ? Touitter !

Mon lapin à moi

Vous vous demandez peut-être qui est ce “lapin” qui partage ma vie et auquel je fais parfois allusion ici. Mon lapin, et bien c’est mon chum !

Récit de notre rencontre, écrit en 1998 :

Maudit Internet… Non content d’occuper mes nuits et d’alourdir considérablement ma facture téléphonique, voilà que tu bouleverses ma vie et mon cœur…

Et oui, cela devait arriver… après quatre ans de solitude, meurtri par le deuil, voilà qu’il m’arrive ce que je n’espérais plus : l’amour. Je me pensais déjà chanceux de l’avoir connu avec tant de force une fois dans ma vie, que cela n’était déjà pas donné à tout le monde… Et voilà que cela m’arrive de nouveau, l’amour fou, l’envie de donner, de tout partager.

Seul un petit obstacle matériel pour troubler cette belle histoire, l’élu de mon cœur se trouve à 6500 kilomètres de chez moi… Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ;-) Mais avec Internet, notre planète est devenue singulièrement plus petite…

Bourse de Montréal

Tout cela a commencé le 22 octobre 97, sur un réflecteur CU-SeeMe. Charles, un montréalais avec qui j’avais déjà eu l’occasion de “jaser”, me présente son meilleur ami, Yves. Et avec Yves, cela a tout de suite marché, une qualité de contact, de communication, rare et que peut-être seul le Net permet. Nous nous sommes racontés nos vies respectives, nous avons partagé nos doutes, nos angoisses, nos joies. Et au bout d’un mois de longues conversations à bâtons rompus, je devais me mettre clairement à l’évidence : Yves occupait désormais une place majeure dans ma vie et j’étais en train de tomber amoureux.

Yves

Mon cœur vibrait pour lui, je m’inquiétais de lui, la fameuse tempête de verglas sur le Québec qui me priva quelques jours de sa présence me fut insupportable… Nous vivions des moments forts, chargés d’émotions, par le réseau interposé.

Mais tomber amoureux a distance comme cela, même si nous avions l’image animée, ce n’était pas très raisonnable. N’étais-je pas en fait amoureux d’une image, d’une construction de mon esprit, d’un être virtuel peut-être fort différent dans le monde du réel ? Je me posais bien des questions mais les faits étaient là, je ne pouvais plus passer un jour sans voir Yves et passer plusieurs heures en sa compagnie. Je ne parlais que de lui à tout le monde.

Montreal

Nous envisagions tous les deux avec un peu d’angoisse ce fameux test de la réalité, de la rencontre physique, que nous avions planifié pour début avril.

Mais fin janvier, alors que je m’apprêtais à déménager de Paris pour la Bretagne, voilà qu’il me prend un coup de folie. Tellement envie d’en avoir le cœur net. Tellement envie de le serrer dans mes bras. D’autant plus que pour lui, cela ne va pas très fort, il est en train de quitter l’homme avec qui il vit depuis dix ans après un amer constat d’échec. Je passe devant une agence de voyage, je ne réfléchis pas beaucoup, je pousse la porte d’un air décidé et je dis à une charmante jeune femme du nom de Samantha que je désire partir au plus vite à Montréal, que peu m’importe la date du moment qu’elle est proche. Et Samantha, après moins d’une minute, me trouve un vol à un prix dérisoire. Je suis sur un nuage, j’aurais envie de lui faire la bise. Je n’ai plus qu’à courir à la mairie faire un passeport…

Bien sûr Yves m’a dit que j’étais complètement fou mais à voir son grand sourire (qui me fait craquer) je voyais bien qu’il n’était pas mécontent. Seulement un peu effrayé par la soudaine proximité de la grande rencontre. Et moi aussi, un peu angoissé…

Vieux Port

Me voilà donc en vol pour Montréal le 5 février… Mes bagages s’égarent à London Heathrow où; je transite (merci British Airways) mais quelle importance… Les paysages enneigés commence à défiler, l’avion se pose à Dorval. Mon cœur se serre. De longs couloirs, le contrôle des passeports, une annonce me prie de me mettre en contact avec un agent BA pour me confirmer l’égarement de mon bagage, des papiers a remplir, la douane, puis une grande double porte qui s’ouvre… Une foule compacte derrière une barrière, des regards dans l’attente, des petits panneaux brandis, et en moins de quelques secondes je localise, un peu en retrait, près d’un pilier, mon cœur s’arrête. Je ne contrôle plus grand chose. Il m’écrase dans ses bras. Il m’entraîne vers la sortie, je lui propose d’aller prendre un café. Je ne sais plus ce que l’on s’est dit, nous étions fébriles, sous le choc.

Il a loué une chambre de charme, un petit nid d’amour dans un B & B du Village (Ruta Bagage). Impossible d’aller chez lui où; il vit encore avec son ex.

La nuit tombant, il m’embarque dans une promenade sur le vieux port, brrr… qu’il fait froid…

Place d’Armes

Montréal est une grande ville américaine, tout est américain ici, le tracé au cordeau de la ville, les rues qui font des kilomètres en ligne droite, les voitures, la signalisation, l’architecture, sauf une anomalie : ici on parle français. Enfin un français assez diffèrent, avec ses tournures, expressions et mots qui lui sont propres. J’ai même parfois l’impression que pour chaque mot nous n’avons pas le même univers sémantique associé. étrange. La communication n’est donc pas très aisée. D’autant plus qu’il y a l’accent, je ne comprends pas la moitié des gens et je suis souvent obligé de faire répéter Yves deux ou trois fois. Et le pire, c’est que personne ne semble me comprendre. Mon accent ne passe pas avec les québécois… drôle de sensation de se sentir ainsi autant étranger.

Que dire ce ces quelques jours… Je les ai vécus avec une intensité rare. J’ai l’impression que tout cela a duré un mois tant c’était riche. Oui, même dans le réel, dans le concret, le physique, j’aime Yves, avec passion. Ce n’était pas un artefact du net, pas une tromperie… J’en suis sous le choc, je m’abandonne, je me laisse porter…

Que de souvenirs… Que de moments forts…

Il me faudrait des pages et des pages sans arriver à vraiment les circonscrire…

Je devais rentrer lundi soir mais mon avion fut annulé (merci British Airways…). Je suis donc parti mardi soir à 21 h 25, l’aéroport de Dorval était désert. J’étais tout chaviré. On s’est étreint, fort, on a pleuré. Notre destin est désormais scellé. Plus l’un sans l’autre. Je me suis retourné une dernière fois pour un signe de la main, un sourire embrumé de larmes. Et puis les longs couloirs déserts, l’embarquement, l’abattement. Le retour vers la vieille Europe…

Et depuis je vis dans le manque. Je n’ai qu’une envie, de retourner à Montréal et de le serrer bien fort dans mes bras.

Yves, tu me rends fou…

Yves, tu me manques… terriblement.

Charles

Charles, celui par qui tout a commencé,
notre petit Cupidon à nous.

Yves

Yves au parc Lafontaine.

Laurent

Laurent au vieux port.

Photos de Montréal provenant du site :

Montreal Cam

En savoir plus sur Montréal :

Ville de Montréal

Rutabagage
Rutabagage
1345, rue Sainte-Rose - H2L 2J7 Montréal - 514-598-1586

Post-scriptum, 10 janvier 2003 :
Beaucoup d’émotion à relire ce déjà vieux texte. Et cette belle histoire continue… aujourd’hui, Yves partage ma vie à Paris et je crois que cette histoire à encore beaucoup de chapitres à venir.