Journal de bord

Hier, avec mon lapin, nous sommes allés à la FNAC. Et oui, nous ne sommes pas allés manifester… mais que voulez-vous, je suis agoraphobe et manifester pour un principe déjà défendu par mon gouvernement et partagé par plus de 80 % de la population de mon pays, c’est forcément moins motivant. Alors que les Espagnols, les Italiens et les Britanniques, eux, ils ont de vraiment bonnes raisons de manifester contre leurs gouvernements anti-démocratiques respectifs.

Non, nous sommes allés faire notre magasinage culturel du mois. Je me suis même dit, je l’avoue : pourvu que beaucoup de monde aille manifester, comme cela, il y a aura moins de monde à la FNAC. Comme d’habitude, à chaque fois que je vais dans ce genre de magasin, je suis pris d’une frénésie dépensière et j’ai encore pété le budget.

Nous avons pris trois DVD, deux films que j’aime et que je souhaite faire découvrir à mon lapin : Sunset Boulevard, de Billy Wilder, avec Gloria Swanson (inoubliable), William Holden et Erich Von Stronheim (1950), Belle de jour de Luis Bunuel, avec Catherine Deneuve (inoubliable), Jean Sorel et Michel Piccoli (1967), et enfin le DVD de l’une des émissions de télévision parmi les plus intelligentes, l’émission de géopolitique de Jean-Christophe Victor, Le dessous des cartes, produite par l’irremplaçable Arte (la chaîne culturelle franco-allemande). Côté musique, nous nous sommes acheté le dernier album de Diane Dufresne, Merci. Et, côté livres, Québec, espace et sentiment, ouvrage collectif aux éditions Autrement, et enfin, le livre que je me suis précipité de lire (j’en suis déjà à la page 110), Mike contre-attaque, la version française du Stupid White Men de mon américain préféré (heu, après George Clooney, bien sûr) Michael Moore. Je m’étonne qu’un homme qui parle du grand timonier américain comme d’un ivrogne, voleur, criminel, déserteur, fils à papa pleurnichard et putschiste, qui parle d’un pays de crétins qui a élu à sa tête un crétin, ne soit pas encore mort “accidentellement”. Je ne sais pas pourquoi ce livre est classé au rayon humour aux États-Unis, ce livre ne me fait pas rire, je trouve qu’il est même vraiment effrayant. Mais que Michael Moore se rassure, son livre est ici dans le rayon histoire, actualité et sciences politiques. Et il a l’air de pas mal se vendre (bon, pas autant que le torchon acrimonieux sur Le Monde qui figurait partout en piles généreuses). Si ce n’est pas encore déjà fait, lisez Moore, même si le livre date de 2001, il devient ces temps-ci presque visionnaire.

J’ai fait involontairement une BA (bonne action) ces derniers jours, grâce à moi, une Américaine complètement déprimée (l’actualité internationale ne l’aide pas ces temps-ci) a eu quelque réconfort en découvrant sur mon blogue qu’il existait d’autres Américains comme elle, et des sites qui sont une bouffée rafraîchissante d’intelligence et de culture au milieu d’un océan d’ignorance, d’acculturation et de stupidité (Insta qui vous avez, et blogs-like).

C’est complètement trivial, et cela n’a rien à voir avec ce qui précède, mais nous avons acheté au supermarché un gel douche de la marque Axe (groupe Lever-Fabergé), d’un joli vert fluo, parfum “lendemain difficile” (oui, oui, vous avez bien lu, la créativité du marketing n’a de cesse de nous étonner). Au dos du flacon, on peut aussi lire “Axe au Mg-O2 est un gel douche miracle qui sauve votre matinée et vous ramène à la vie même après une nuit courte et agitée”. Je vais tester cela pour vous dès ce matin, après l’écriture de ce billet, et je vous en donnerai des nouvelles (même si ma nuit ne fut pas courte et agitée, tout le contraire en fait, une nuit longue et douce). Et oui, chers lecteurs des États stupides d’Amérique, certains Français prennent quotidiennement des douches et se lavent les dents plusieurs fois par jour…

Bon, trêve de bavardage, à la douche !

Encore un blogue qui mérite la visite : Pierre Carion, un expatrié qui a l’air d’avoir bien du fun à San Diego. (Il m’a d’ailleurs brûlé la politesse en écrivant un excellent billet à propos d’une désinformation du site Pave France, billet que j’aurais souhaité écrire moi-même).

Ça devient crevant tous ces blogues de qualité, tant de choses passionnantes à lire, tant d’hyperliens proposés vers des destinations captivantes, et ce, tous les matins. Quel esclavage numérique ! Je suis accroc ! Au secours ! Arrêtez de produire quotidiennement tous ces contenus de qualité, vive les Skyblogs, laissez-moi vivre une vraie vie ! Et, de plus, ça écorche mon ego de découvrir qu’il y a une tripotée de gens qui sont au moins aussi intéressants que moi, voir beaucoup plus…

Et puis, chuis tanné qu’on me prenne encore pour un cr*** de Nord-Américain d’expression francophone, un tab*** de Canadien du Québec, je ne suis pas un Canadien-Québécois, je ne suis pas un Français Canadien français, un Amaricain du Nord français, un francophone Québécois-Canadien, un Québécois d’expression canadienne-française française ni même un Canadien, Américain, francophone d’Amérique du Nord, ou encore Franco-québécois, pas plus que Franco-canadien du Québec. Tout le monde semble me prendre pour un Québécois. Dmoz / weblogs en français : “Du Québec, réflexions et humeurs de Laurent au fil de ses pensées ou de l’actualité.”

Enfin, je blague, je suis même presque flatté que l’on me prenne pour un Québécois alors que je ne suis qu’un misérable petit maudit Français de France (vous savez le petit pays des belettes et des fromages qui puent). Enfin, ils ont des circonstances atténuantes, qui d’autre qu’un Québécois pourrait s’intéresser à l’actualité de ces quelques arpents de sloche perdus au nord de ce grand continent américain? Peut-être bien que je deviens Québécois de coeur? Bon vite, à la douche, avant de dire encore plus de niaiseries.