Journal de bord

dimanche 21 novembre 2004

Greasy Spoon

Hier après-midi, histoire de communier avec les racines profondes de l’âme du pays, j’ai traîné mon lapin au Green Spot, (3041, rue Notre-Dame Ouest), un “greasy spoon” du côté du marché Atwater. Car, qui a-t-il de mieux que d’adopter la nourriture locale pour comprendre les gens du cru ? Que de faire de l’anthropologie avec le ventre afin d’approcher la vérité des coeurs ?

J’ai le nez fin pour dénicher ces endroits improbables, hors du temps, mais tellement authentiques. Le Green Spot est sans doute un monument historique à l’échelle du quartier Saint-Henri puisqu’il ouvre ses portes aux affamés depuis pas moins de 63 ans, ce qui représente beaucoup dans le Nouveau Monde.

Un couple avec cinq enfants (il est bon de voir des gens qui ont encore à coeur l’avenir de la Belle Province), non loin de notre table, nous offre le spectacle réconfortant de lardons le sourire et les fils de mozzarella fondu aux lèvres. Nous porterons donc notre choix sur ce plat si typiquement canadien, la pizza 12 pouces “all dressed”. Par crainte de manquer, nous y rajoutons de bon coeur un Pogo et une assiette de frites, le tout arrosé de Sprite et de d’orangeade.

Hummm, c’était bon en tarbarnac. Et l’avantage avec le pepperoni, c’est que vous profitez encore de votre pizza pendant toute la journée, au gré de renvois stomacaux mêlés de la décapante et chimique boisson appelée “orangeade”. Et je ne vous parle pas du mythique Pogo et des frites confites dans la graisse qui fondent dans la bouche… Inutile de vous dire que nous ne laissâmes pas une miette dans nos assiettes.

L’homme préposé aux fritures, profitant d’un calme dans l’achalandage, vint donner un coup de balai de notre côté, souci sanitaire bienvenu qui me permit de détailler sa chemise empesée des marques d’au moins une semaine de plats du jour. Mon lapin, qui a du nez, me précisa qu’il y avait aussi l’odeur qui allait avec.

Pour terminer, un passage aux toilettes m’a fait bénir mon intuition pratique de ne m’y être pas rendu avant de déjeuner. L’urinoir, réceptacle de chewing-gums et de mégots, la cuvette et la chasse d’eau, ornées d’un genre de Jackson Pollock fait de projections de chiasse, et le lavabo, qui n’a pas connu une éponge depuis le dernier référendum sur la souveraineté, ont, de leur concert d’odeurs, failli avoir les effets physiologiques que les tempêtes hivernales de l’Atlantique Nord n’ont pas réussi à provoquer.

Nous sommes sortis repus, le coeur au bord des lèvres, mais heureux de vivre, dans l’air vivifiant et bénéfique… en nous promettant de revenir essayer les autres restaurants de ce quartier de haute gastronomie.

1. Le 21 novembre 2004,
Le lapin

Mon premier choix était La Belle Province à un coin de rue de là. Même madames qui assurent le service, même menu mais un peu trop propre ou un peu trop moderne peut-être pour le Capitaine qui aime les lieux «vrais».

P.-S. Les frites maison étaient bien!

2. Le 21 novembre 2004,
karl

Pour donner un peu plus de contexte, le fameux Green Spot ou G Spot ?

3. Le 21 novembre 2004,
Hoedic

Avec la photo, ça donne encore plus envie !!! miam ;)

4. Le 21 novembre 2004,
Guillermito

Je n’ai jamais vraiment aimé Pollock, mais là, c’est clair, je vais penser à ton article à chaque fois que je verrai une de ses toiles :)

5. Le 21 novembre 2004,
Eve

Aussi très bon et très québecois :

Restaurant Green Stop 6150 Monk, je crois sur le coin de Jolicoeur…

À essayer!

6. Le 21 novembre 2004,
Laurent

Merci pour la photo Karl !

7. Le 22 novembre 2004,
Martine

“Hummm, c’était bon en tarbarnac.”

TaRbarnac?

Laurent, je te fais pratiquer tes sacres, c’est promis.

8. Le 22 novembre 2004,
Fogara

Maintenant que les émotions semblent remises en place, tu peux nous raconter la tempête que ton navire à frapper lors de ta traversé ? J’aime beaucoup lorsque tu racontes les histoires.

Blah ? Touitter !