LLM et le logiciel libre
Tout le monde devrait savoir que Loïc Le Meur utilise Firefox.
—
Ajouté bien plus tard, pour archive :
Alors j’ai laissé mon esprit dériver loin de ces préoccupations habituelles et voilà mes petits neurones qui se sont attaqués à un sujet amusant en tentant de répondre à la question suivante : pourquoi LLM a-t-il aussi mauvaise presse/réputation au sein de la blogosphère ?
Je ne vais pas essayer ici de vous expliquer à quel point LLM est un con, un fumier, un salaud, un escroc, un p’tit malin, un profiteur, un tireur de couverture à soi, un empêcheur de bloguer en rond, un odieux capitaliste, un madelliniste écervelé n’ayant foi qu’en le Capital, car ça ne serait pas juste, pour deux raisons :
1. Je n’ai pas moi même rencontré LLM, et je suis à peu près certain qu’il est sympathique de visu ;
2. On est tous le con/le fumier/le salaud/l’escroc (etc.) de quelqu’un.
Aussi, je ne vais même pas vous dire ce que je pense de lui, mais plutôt tenter de pointer les raisons pour lesquelles il hérisse le poil de nombre de blogueurs ; si je n’ai pas rencontré LLM, j’ai par contre croisé le chemin d’un nombre impressionnant de personnes disant du mal de Loïc.
Continuons dans la métaphore du procès et passons donc en revue les griefs attribués au gaillard (Maître Eolas et les autres juristes dans la salle me pardonneront, je l’espère, les inexactitudes juridiques que je pourrais commettre : je ne suis guère versé dans la chose…). Au passage, je m’efforcerais de jouer l’avocat du diable et de défendre Loïc Le Meur. (Voyez à quel point je suis prêt à tous les compromis pour faire de l’audience !)
[…] Voilà peut-être le vrai problème. Loïc exprime sa vision des choses avec une certaine candeur, et a tendance à se faire prendre en photo avec n’importe quel personne à peu près connue (de Michael Dell à DSK), ce qui lui a valu le surnom de Forrest Gump (qui m’a fait hurler de rire, je le reconnais).
Mais finalement, ce qu’on peut reprocher à Loïc Le Meur, c’est sa vision mercantile et utltra-libérale du monde. Prenons un exemple : quand Loïc veut s’attaquer à la pauvreté dans le monde, il va à Davos et prend des notes, et ça fait froid dans le dos. A propos des pays en voie de développement et de leurs habitants, sa conclusion est sans appel : “Comment pouvons-nous leur rendre leur dignité ? Pas en leur disant ce qu’il devraient posséder, mais en leur donnant le pouvoir en tant qu’entrepreneurs et consommateurs.”
Il y a un proverbe américain que j’aime beaucoup :
“Quand on a un marteau en main, tous les problèmes ressemblent à des clous.”
Le marteau de Loïc, c’est le libéralisme.
Est-ce que ça fait de Loïc quelqu’un d’insupportable et de non fréquentable ? Je n’en sais rien. Il est sûr que je n’ai pas la même vision du monde que lui, et alors ? Il est vrai aussi que c’est presque rafraîchissant de voir quelqu’un avec des idées aussi tranchées et aussi peu à la mode (surtout dans la blogosphère), s’exprimer avec autant de candeur. Ca rappellerait presque du Patrick Le Lay, dans le genre candide…
Bon, Loïc a des idées que certains trouvent nauséabondes, mais il les exprime avec une certaine constance, assortie de franchise. C’est déjà pas mal, si ?
CERTAINS DISENT QUE LOIC RÉCUPÈRE LA BLOGOSPHÈRE POUR FAIRE DU FRIC
Bon, là, il faut être très clair : il se présente comme entrepreneur, sourire Ultra-Brite sur des dents rayant le parquet, chemise à col ouvert sous le costume. Son boulot, c’est de faire parler de lui et de Six-Apart, et il l’a déjà reconnu à deux reprises (un et deux), d’un coté, ça n’est pas beaucoup, d’un autre, c’est déjà pas mal.
Son plan, tel que je l’imagine, est après avoir noté que la blogosphère était prometteuse, se débrouiller pour y prendre un strapontin (en s’offrant U-Blog pour pas cher) de transformer ce strapontin en fauteuil (via le rachat d’U-Blog par Six-Apart) et parier qu’un gros portail va essayer de rattraper son retard dans les blogs en rachetant Six-Apart et enrichir les actionnaires de la société.
Bon, bien sûr, c’est une stratégie moins ambitieuse que de d’inventer un truc, mais souvenons-nous que Loïc a fait HEC, et que le système le pousse à faire ce qu’il fait : le financier et le commercial gagnent plus que le créateur, l’artiste, le poête ou le visionnaire. On peut regretter cela, on peut essayer de changer cela (croyez-moi, c’est épuisant) ou on peut, comme Loïc, être un marchand de soupe et fier de l’être. Etre heureux de ce qu’on est, de ce que l’on fait et de la place qu’on occupe, (MAJ : et de l’état du monde et de la direction qu’il prend) c’est déjà énorme. S’il y a bien une chose chez Loïc que j’envie, c’est celle-ci. […]
CERTAINS DISENT QUE LLM FAIT DU BLOG UNE MARCHANDISE…
…Et du coup, il ne fait que la promotion du blog commercial.
Oui, c’est indiscutable, et l’absence flagrante de solutions Libres au bidule du Sénat est révélatrice. Et alors ? Loïc est biaisé dans son approche, et ceux qui connaissent la blogosphère le savent bien.
Mais au fond, la question est plutôt : la marchandisation des blogs est-elle inévitable ? Est-elle néfaste ? Elle est probablement inévitable. Elle n’est pas forcément totalement néfaste. Le Web a connu une forte croissance grâce aux entreprises et n’en serait pas là si des Yahoo, Google, eBay, Netscape, AOL et Amazon n’avaient pas été là.
Dans tous les cas, si Loïc n’avait pas été là, ça n’aurait pas empêché Pierre Bellanger, Monsieur Skyblog, de devenir la locomotive commerciale des blogs, avec 1.670.383 blogs au moment où j’écris ces lignes, et près de 700.000 articles postés ce jour. A coté de ça, Six-Apart en France, soyons lucides, c’est vraiment négligeable. N’essayons donc pas de faire porter à Loïc le chapeau de la marchandisation des blogs.
CONCLUSION
Au final, je comprends bien que les blogueurs pionniers, qui ont contribué (et contribuent toujours) à façonner la notion de blog, vivent mal l’arrivée d’un entrepreneur, piètre blogueur, qui vient rafler la mise.
Mais la mise, si elle est bien raflée (et elle le sera très probablement), n’est que financière. LLM va toucher quelques millions en revendant ses parts à un portail commercial, et alors ?
Il ne faudrait pas que cette perspective rende jaloux (et aveugles) les véritables artisans de la blogosphère, ceux qui, chaque jour, inventent le média, ses usages, ses outils, sans en tirer un véritable avantage financier. Car ce qu’ils en tirent, c’est une immense satisfaction, celle d’avoir choisi la créativité à la rentabilité, et ça n’a pas de prix.
Tristan
Ah, je savais bien que j’avais des points communs avec cet homme !
Laurent
Si on cherche, on doit en trouver d’autres ;-)
Loic
pas celui de s’exprimer sans insultes en tout cas (même lorsque l’on prétend se contenter de “ne pas dire ce que l’on a entendu ailleurs” tout en l’écrivant noir sur blanc).
Nicolas
Les méfaits de la lecture rapide…
Veuve Tarquine
Oui… j’avais lu benoîtement qu’il s’agissait de mauvaises motifs de détestations… j’avais donc eu tort !
lolosquared
Ca se saurait si l’gars Loïc était un vrai ultra-libéral… Depuis que j’ai un “commerçant” à la maison, j’ai revu certaines de mes convictions gauchos à la baisse. Et ouais les gars, la bouffe, ça ne tombe pas du ciel.
Blah ? Touitter !