Ça fait 10 ans que je publie sur la Toile…
À l’échelle du Net, cela parait énorme, à l’échelle de la vie, c’est comme si c’était hier.
En tout cas, je n’ai aucune nostalgie du modem 14400 bps, des connexions capricieuses, de mon vieux Macintosh IIci, de NCSA Mosaic et des monstrueuses factures téléphoniques…
Ce soir, j’étais invité à la première du premier film d’un jeune cinéaste, et j’en profite pour le remercier de m’avoir convié à cette cérémonie intime, d’avoir pensé à moi. Cela se passait à la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son), située dans les anciens studios Pathé de la rue Francœur. Lieu chargé d’histoire cinématographique, où la Madone hanta les Sleepings en 1927, où Jean Renoir tourna La Marseillaise, et où, surtout, le plus grand film du cinéma français à mes yeux fut en partie tourné : Les Enfants du Paradis.
Juste avant la projection, le jeune homme a pris le micro pour nous présenter son œuvre. D’abord assez assuré, il commencé à se déliter face à l’assistance, fébrile, il tremblait, le ventre comme saisi de spasmes indépendants de sa volonté, s’agrippant à son micro comme le naufragé à une perche. C’était incroyablement touchant. Et quand, pour conclure, il invita les gens à éteindre leurs téléphones, car la moindre sonnerie le ferait mourir immédiatement, toute l’assistance n’en douta pas un instant. Ce moment était tellement chargé d’émotion, je sentis tant l’enjeu et la prise de risque qu’il y a à se livrer ainsi, soi et son univers, que le film me paru presque fade par rapport à cet instant si dense d’émotions. Et, j’en avais les larmes aux yeux. J’aurais voulu me précipiter et le serrer dans mes bras, ou tout du moins lui tenir la main, mais ce ne sont pas le genre de choses qui se font en cette occasion.
Pour parler un peu du film, il est weird comme on dit au Québec. Je savais déjà, à le lire, que M. Coco avait un certain potentiel, et ce court-métrage me renforça dans mon sentiment. Au générique de fin, je pensais “freaky” (et la suite de la soirée m’a appris que je ne pouvais songer à meilleur qualificatif).
Sinon, l’homme en lui même est absolument charmant, et j’espère qu’il me fera l’honneur d’un prochain rendez-vous. Il faut croire que je suis tombé en amour. Cette soirée fut également marquée par ma première rencontre avec un certain M. Roncier, mais, j’avais l’impression de déjà le connaître et de retrouver un vieil ami. Car, par blogue interposé, nous nous étions déjà rencontrés.
Voilà, merci encore M. Maxime, de m’avoir convié à ce palpitant accouchement. Maintenant, on attend le résultat des prochaines grossesses.
Damien B
Il y a dix ans je n’etais jamais alle sur le Web. C’est fou l’avance qu’ils ont sur nous les vieux.
Lithium
Ah c’était toi bloguait avec un Commodore ? J’y suis…
Laurent
Ces petits jeunes, aucun respect…
(Non, sur mon Commodore, j’avais un BBS en vidéotex…)
eprouveze
Ha, j’en parlais justement ici hier : la première trace que j’ai laissée sur internet était aussi il y a 10 ans, en 1995 (un message sur un newsgroup).
Je ne regrette pas non plus les modems lents, les connections aléatoires, les problèmes de compatibilité, etc.
Bon, ceci dit, si l’on en croit ce que dit Andy Grove d’Intel qui a toujours voulu une loi à son nom à l’image de la loi de Moore, “Technology will always win. You can delay technology by legal interference, but technology will flow around legal barriers.”
Voilà où se situeront les enjeux technologiques pour les 10 prochaines années : s’imposer malgré les lois. Les adeptes du P2P doivent se régaler d’avance…
CC
Laurent, c’est un peu notre Jeanne Calment - avec une pipe.
Ali Baba
Tiens, ça fait aussi dix ans que Chirac est à l’Élysée…
P… c’est dingue, une éternité en informatique, un instant en politique.
Lunar
Merde.. pareil.
Je suis vraiment un vieux con, en fait.
Damien B
Enfonçons le clou dans la chair des loques… j’ai du commencer le net vers 1997, sur PC, avec Netscape Communicator et directement branché sur RENATER. J’ai été contraint et forcé d’utiliser régulièrement un modem pour la première fois en 2000, et encore c’était un ISDN bi-canal. Bientôt Papy Bonhomme va nous raconter sa première expérience en Morse :-)
François Granger
Lunar> Je suis vraiment un vieux con, en fait.
Oui…
;-)
Guillermito
Copieur !
Laurent
Nous partageons la nostalgie du “avant que les marchands débarquent”…
François Granger
Est-ce que les BBS ça compte ?
http://www.fgranger.com/…
loic
ce n’est pas “avant que les marchands débarquent” ou alors correction “juste avant”, je lançais mes premier sites web de marque, Brut de Fabergé et une campagne de bannières de pub Opel, aux alentours de fevrier 1996, pas si loin de 1995 il me semble. Il faudra que je cherche les archives tiens. “Juste avant” serait plus correct. J’ai aussi trafiqué avec Compuserve en 1994 et un modem 14.4 alors arretez un peu les embrumés…
Damien B
Le web en 1995, en-dehors des universitaires et des BBS, c’est d’abord pour ceux qui ont les moyens de se payer l’ordinateur, l’abonnement et le modem, la plèbe étant elle sur 3615 surtaxe. D’un point de vue publicitaire, la cible en terme de revenus est là, mais ça n’est pas encore suffisant. Lancer un site institutionnel d’accord, mais le temps n’est pas encore vraiment à la publicité (quelle année pour le grand décollage ? 1998 ?).
La où les marchands du temple ont pris un coup de retard, c’est dans l’évaluation du temps de passage à l’internet de masse, aidés en cela par le charismatique visionnaire William Henry III.
De plus, cela tient aussi du lieu sur le net. Les sites Web d’accord, mais quelle pauvreté, quelle faible interactivité. Combien d’années a-t’il fallu attendre pour que les sites sortent de leur bastion du statisme ? Et les premiers utilisateurs créatifs de ces développements restent quand même les marchands. Des beaux sites tout en Flash inaccessible, les pop-under, les iframe, les cookies, les diverses “astuces” javascript : tout y passe. Et pendant ce temps, les bastions traditionnels et désuets du net restent relativement épargnés par la pub : IRC, Usenet, Gopher (non, je rigole là)… tandis que les nouveaux se sont construits avec la pub : messagerie instantanée, pair-à-pair.
C’est vraiment n’importe quoi mon commentaire… euh… concluons… “Avant que les marchands débarquent” ne référence pas l’arrivée des entreprises sur internet, et plus particulièrement sur le web, mais représente le point dans le temps où l’on est passé d’un espace de contenus à un support mercantile global. Le point culminant est d’ailleurs aujourd’hui non plus sur la toile, mais dans les courriels, où l’on constate que plus la publicité est économique à produire, moins il y a de rétension à en faire et cela dans une orgie improductive.
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moi, j’ai commence en 1988 sur Internet. Internet est arrive a cette date en France via les reseaux bitnet et la mise en place de renater… j’ai continue en 1989 quand j’ai commence une these dans un labo du CNRS. On avait acces a Internet en mode ligne de commandes sans DNS du style ftp 123.456.789.986 depuis les premires stations Sun 68020 ! Ah le bon vieux temps. Le web, tel que l’on connait ca a ete en 1993 avec le navigateur NCSA. Mon premier serveur web, c’etait l’originel du CERN en 1995 !!! Depuis, je suis passe a Apache avec tomcat mod_jk… que de parcours !
Blah ? Touitter !