Il y a dans le monde de plus en plus de gens qui quittent leur pays pour aller vivre dans un autre où ils deviennent autres, eux aussi. Enfin ils essaient. Quel que soit le modèle d’intégration, républicain en France, communautaire au Canada ou en Angleterre, melting-pot aux États-Unis, au fond ça change rien. C’est difficile partout d’être immigrant, je voulais dire plutôt de ne plus l’être.
L’altérité se bute toujours à la culture quotidienne, à la tradition. Plus la culture du pays hôte est béton, plus l’autre se pète le front dessus. J’y reviendrai à la fin.
Pour tout de suite, je reviens place de Poulies à Saint-Denis, en banlieue nord de Paris où je cause avec Wallid. Il tient le kiosque à journaux en plein milieu de la place. Devant son kiosque, la grande épicerie Carrefour que les émeutiers ont tenté de brûler l’avant-veille. (…)
Au fait, Wallid est tunisien, pas algérien.
“— Je suis français, je vous dis! Je suis né ici à Saint-Denis, j’ai été à l’école ici, je n’ai jamais été en Tunisie de ma vie.”
“— C’est ça, vous êtes français mais les Français ne le savent pas.”
Il rit. Le Turc en train de payer son journal turc rit aussi.
Blah ? Touitter !