Sous forme d’une déclaration interreligieuse tout à fait inédite en France, la quasi-totalité des responsables religieux de Lyon (catholique, luthérien, évangélique, anglican, orthodoxe, juif, musulman, arménien) vient de condamner le mariage civil homosexuel. Parmi les signataires, on compte le cardinal Philippe Barbarin dont on connaît la raideur sur les sujets de société mais aussi le grand rabbin Richard Wertenschlag et Azzedine Gaci, président du Centre régional du culte musulman Rhône-Alpes et membre de l’Union des Organisations Islamiques de France que nous sommes allés questionner.
[…] La déclaration interreligieuse lyonnaise est particulièrement dramatisante sur les effets qu’engendrerait l’autorisation d’un mariage civil entre homosexuel(le)s. Elle fait des parallèles particulièrement violents : “L’expérience montre ce qu’il nous en coûte aujourd’hui d’avoir laisser saccager la nature. N’allons pas maintenant déstructurer l’humanité, qui est le cœur de la création !” affirment les religieux. Le pasteur Guillaume de Clermont qui représente la plus grande branche des protestants à Lyon est le seul à avoir refusé de signer ce texte :“Dans le protestantisme, nous sommes très attachés à la séparation des pouvoirs. Le mariage civil homosexuel se déroulerait dans le cadre républicain de la loi. Je ne vois pas en quoi les religions devraient intervenir. Nous ne nous reconnaissons pas dans ce type de démarche, ni dans ce texte, excessif”. Le Pasteur ajoute : “Ce n’est pas le rôle des religieux de prendre en otage les candidats et aussi un sujet qui mérite un débat sérieux”. Mais la voix du Pasteur est bien isolée chez les responsables religieux.
Pour le grand rabbin de Lyon Richard Wertenschlag, le mariage civil homosexuel doit être fermement combattu. “Les homosexuels ont des problèmes médicaux de type génétique ou des problèmes de pulsions. Il faut donc mettre des parapets, des limites, ou alors on devient une société décadente avec des zoophiles et des pédophiles. L’homosexualité est contraire aux codes voulus par Dieu” nous a-t-il confié, “il ne faut pas aller plus loin que le Pacs qui est déjà une grande concession !” Pour lui, “les homos n’ont pas de respect pour les croyants puisqu’ils voulaient faire une gay-pride à Jérusalem. Pourquoi pas sur la Place Saint-Pierre ou à la Mecque ?” Le grand rabbin commente aussi l’attitude des protestants : “Ils ont des pasteurs homosexuels, c’est pour ça qu’ils n’ont pas signé. Ils ne voulaient pas créer des mouvements à l’intérieur de leur communauté”.
Azzedine Gaci, le représentant musulman est moins brutal dans la forme. […] Pour lui, “chacun fait ce qu’il veut dans sa vie privée mais si on commence par le mariage homo, on finit par l’homoparentalité. Et il faut penser aux générations futures. Nous avons suffisamment fait de dégâts avec la nature”.
[Lyon Capitale : “Les propos tenus par grand rabbin Wertenschlag dans Lyon Capitale font scandale”.]
AlbertD
Révoltant. Mais no soucy : ce monsieur n’est pas une buse, et saura se défendre comme il se doit.
Pascale
@AlbertD : Vous êtes bien sûr de vous. Garfieldd non plus n’était pas une buse, cela ne l’a pas empêché de se faire laminer !
Mais où est notre sacro-sainte liberté d’expression ? Cherche t-on à nous faire tous fermer nos blogs ?
Si je dis que Sarko me fait peur, les RG vont-ils me mettre sur écoute ?
Si je dis qu’il pleut toujours en Normandie, vais-je avoir tous les intégristes normands sur le dos ? (bon, si c’est Karl, j’accepte ;) )
Damien B
“Mais où est notre sacro-sainte liberté d’expression ?”
Nous sommes dans une république laïque, y’a plus rien de sacro-saint dans le coin :-)
G
Je pense que garfieldd l’accueillerait avec plaisir. Parce qu’il aime les profs impliqués.
karl, La Grange
Hmmm… c’est toujours difficile de prendre position sans connaître tous les éléments.
Le devoir de réserve est normal dans un milieu professionnel, quelque soit la nature du milieu professionnel. Parler de liberté d’expression totale c’est plus facile quand cette expression n’est pas à notre propos.
Imaginez que votre médecin de famille commence à raconter ce qui se passe dans son cabinet avec vous et raconte l’idiot que vous êtes, vos angoisses, etc. Bien sûr, il aura utilisé des pseudos, anonymisé tout cela. Mais pas de pot, vous voyez bien que c’est de vous qu’il parle. Oh et vous êtes aussi certain qu’il y a suffisamment d’éléments pour que votre collègue X vous reconnaisse aussi.
Ce n’est pas simple, vraiment pas simple. Et puis est-ce utile de parler des dysfonctionnements sur un carnet Web, plutôt qu’aux autorités compétences, à l’administration de tutelle dans ce cas, avec le même risque de se faire virer ou exclure mais au moins avec la possibilité, certes infime, de faire bouger les choses.
Liberté d’expression, oui, devoir de réserve professionnelle, oui aussi. C’est une phase d’apprentissage de l’expression publique.
Jo
Personnellement je trouve ça très choquant également. J’en ai aprlé sur mon blog pas plus tard qu’hier.
Je lisais son blog au quotidien. Rien ne me semble porter atteinte au devoir de réserve. Ou alors les profs et autres fonctionnaires ne bénéficient pas de l’une des libertés fondamentales de notre pays et de toute démocratie: la liberté d’expression.
stella_dc
karl, La Grange >
je connais un blog d’un médecin de famille à la “maladie de Sachs”. Bon, désolée, je ne mets pas de lien (que j’ai perdu de toute façon). Je ne sais pas s’il est encore ouvert.
C’est vrai que je me posais pas mal de questions sur le devoir de réserve d’un médecin à l’époque où je le lisais. Et difficile de savoir à quel point un blog est “romancé” pour protéger l’anonymat des différents protagonistes…
Je suis d’accord avec toi, le problème n’est pas simple du tout.
Pascale
@Karl : évidemment les propos qui vont suivre sont partisans, je peux difficilement être neutre face à ce genre d’affaire ;)
Pour le lecteur lambda, il était vraiment impossible de savoir de quel collège il s’agissait, et dans quel coin de France il se situait. Mais il y apparait une évidence : si le principal a engagé une procédure disciplinaire, c’est qu’il y a reconnu son collège…
Cela dit, il est quand même bien question de notre liberté d’expression.
Nous avons un métier difficile, qui peut apporter de grands joies (comme celles de cette superbe journée que nous avons passée ensemble avec la meilleure promo de MVA que je n’ai jamais eue ;) ), mais qui peut aussi être très dur (2 agressions en ce qui me concerne l’an dernier…).
Pouvoir en parler sur un blog, c’est comme une thérapie. C’est aussi et surtout pour faire connaître notre métier à toutes ces personnes qui se permettent des jugements à l’emporte pièce et qui nous dénigrent sans arrêt (fainéasses, corporatistes, trop payés, toujours en grève, incompétents, etc).
Certes la diffamation est un délit (mais dans ce cas, je ne crois pas qu’il y ait eu diffamation), mais la liberté d’expression est un droit !
Ce n’est pas le premier blog qui ferme ainsi soudainement parce que ça commençait à sentir le roussi. Pour éviter cela, je ne raconte plus rien sur le mien. Comme ça, je n’ai plus de lecteurs (même pas toi :-( ), c’est plus simple. Cela ne m’a pas empêchée une fois d’avoir un beau retour de bâton parce que j’avais osé critiqué l’IUFM sur une liste de discussion.
Voilà, faut pas dire que ça va mal, faut pas dire où est l’incompétence. Profs, fermez-la. C’est tout. Circulez, y’a rien à voir !
karl, La Grange
Le lieu approprié
non. :) Il s’agit de la liberté de chacun. Quand une parole est dite dans la société, elle est régit par la frontière du groupe avec les conséquences que cela puisse avoir. Il n’y a pas une unique liberté d’expression universelle. Cette liberté n’est pas la même en fonction de la personne, des circonstances de la vie sociale, etc. Tu peux dire par exemple, « J’ai envie de te faire l’amour. » à un adulte consentant. Cela devient un peu plus difficile dans le cadre du travail avec une relation hiérarchique, et impossible à un enfant jeune.
La liberté d’expression sans contexte, cela n’existe pas.
Et tu le dis toi même.
Et bien une thérapie se fait habituellement dans un cabinet médical sous justement le devoir de réserve du médecin. Je sais bien que tu emploies une expression, mais elle est révélatrice. Un carnet Web public n’est pas une communication d’ordre privée. En parler dans ton cercle familial, dans le cabinet d’un médecin ou un ami proche n’a strictement rien à voir que d’en parler en public, même anonymement.
Finalement, la liberté d’expression et la censure pour un professionnel sont en danger quand une personne est sanctionnée professionnellement pour un aspect de sa vie hors-professionnelle qui déplairait à l’employeur. Une personne dirait sur son carnet Web qu’elle adore les images érotiques de nains de jardin et ce se ferait virer ou rappeler à l’ordre pour cela. Là, il y a clairement faute de l’employeur.
karl, La Grange
s/régit/régie/
Pascale
Au nain près, ça rappelle bizarrement l’affaire Garfieldd ça ;-) Tient, autre bizarrerie, l’employeur c’était l’EN.
Bon, Grand Maître, tu sais bien que je ne suis qu’un misérable scarabée et que je me prosterne devant ta sagesse. Mais ….
Quel est donc le lieu approprié pour un enseignant pour raconter son quotidien ? Je dis un enseignant, mais cela est valable pour n’importe quel autre métier d’ailleurs, à partir du moment ou il suscite la curiosité, la méfiance, la défiance ou l’admiration des gens.
Quand je dis “thérapie”, oui, c’est bien une expression. Notre métier n’est pas une maladie tout de même ! :-D Ou alors, elle est incurable et je suis gravement atteinte ;)
Par contre, on peut certainement s’interroger sur les raisons qui nous poussent à raconter ce qui se passe dans les alcoves de nos établissements scolaires. Peut-être que si nous nous sentions moins méprisés, nous aurions moins envie de raconter ce que nous vivons ?
Mais enfin, quand même, est-ce que nous allons tous devoir fermer nos carnets ? Ou nous interdire de raconter quoi que ce soit de professionnel ? Dans ce cas, il va falloir étendre la définition de “Grande Muette” …
Mode troll on : Et puis merde : à quoi ça sert le ouaib 2 si on ne peut pas l’utiliser ;-p Mode troll off
Oui, bon, ok : tu me parles de liberté en général, et je ramène tout aux profs. Misérable scarabée a encore besoin d’apprendre l’humilité ;)
Mario Asselin
D’abord merci à Pascale et à Karl de vos réparties qui me ravissent.
J’aurais le goût de «faire du pouce» sur la question «Quel est donc le lieu approprié pour un enseignant pour raconter son quotidien ?»
Nous avons besoin (plus ou moins que les autres???) de raconter notre quotidien pour ventiler et pour mieux faire avec. Parfois, on se déverse et on ne s’aide pas toujours. Souvent on réfléchit tout haut et du génie en sort. Enfin, en de rares occasions, je l’admets.
Votre affirmation me fait penser chère Pascale à ces discussions que j’avais avec des profs sur ce que j’entendais dans la salle réservée aux membres du personnel d’une des écoles que je dirigeais. Vous avez de ces lieux où les profs se défoulent au gré de leurs humeurs? Personnellement, j’ai toujours été frappé de cette propension que nous avons en éducation à confondre «liberté d’expression» et «besoin d’exprimer des «trop-pleins» qui n’en peuvent plus de me ronger». Le deuxième, de préférence en groupe.
Quand j’intervenais sur l’inconvenance de certaines sorties des profs au retour d’une classe houleuse (ou en d’autres occasions), je me faisais balancer presque toujours qu’ils étaient chez eux dans la salle des profs et que les oreilles chastes n’avaient qu’à se tenir loin… Souvent dans mon bureau (ou ailleurs), les gens étaient prêts à dire qu’il était vrai que les règles élémentaires de bon goût et de confidentialité sont souvent dépassées par les profs à ces moments, mais que «ça fait tellement de bien d’évacuer de cette façon…».
Je me dis qu’il y a un besoin, certes, pour la multiplication de blogues de profs devenant l’extension de ces salles de profs des écoles… Mais s’ils s’en approchent [du style «on dit tout ce qu’on a sur le coeur»], qu’on sache qu’il n’y a pas que des oreilles de profs qui passent par là. Les étudiants, les parents, les autorités et monsieur/madame tout le monde fréquentent la blogosphère. Il faudra s’habituer à faire la différence entre la salle-de-prof-défouloir-d’occasion-protégée-par-l’immunité-institutionnelle et les-blogues-régit-par-les-règles-normales-entourant-les-conversations-publiques. En tous les cas, si on choisit l’anonymat (est-ce que ça existe vraiment l’anonymat sur le Web?), il faudra être conscient de la déinhibition qui l’accompagne souvent. N.B. Mme Mammouthland, je vous trouve sévère quand vous affirmez que vous «ne raconte[z] plus rien sur» votre blogue. Vous faites encore partie de ces pionnières qu’on aime lire… même si on ne commente pas.
Mario Asselin
Oh… J’oubliais… Que ce soit bien clair. Je ne connaissais pas le blogue du «prof en ZEP». Je n’ai jamais eu la chance de le parcourir. Je me désole de ce qui arrive avec ce blogue, tout comme j’ai été chaviré à chaque fois que j’ai entendu un cas semblable. Loin de moi, l’idée d’associer les propos du «prof en ZEP» avec la salle des profs que je décrivais. Juste au cas.
karl, La Grange
Pascale,
Mario répond en partie. Il y a un lieu approprié et des interlocuteurs appropriés. Parler de la profession d’enseignants et de ses difficultés est tout à fait normal. Il s’agit là d’échanger sur la pratique professionnelle. Mais parler de ce qui se passe dans l’enceinte d’un établissement sur la place publique n’est pas forcément le bon endroit.
Il y a le syndicat, la salle des professeurs, l’inspection du travail, l’ami de confidence, le partenaire dans le couple, il y a beaucoup de possibilités de s’exprimer sans avoir à utiliser les carnets Web pour cela. Un carnet Web public est une publication accessible à tous.
Il en va de même pour toutes les pratiques professionnelles. La mienne y comprise. ;)
PS: Pour ce qui est de AJAX et du Web 2.0, comme on dirait au Québec, ce n’est qu’une grosse baloune.
janu
C’est aussi un peu qu’il y a ceux qui ont besoin de s’exprimer, et ceux qui n’ont surtout pas envie de savoir…
Pascale
@Janu : j’ajouterais : et ceux qui ne veulent qu’on sache.
@Mario : Il est tout à fait exact que la salle des profs ou des commençaux sont parfois le lieu de plaisanteries de mauvais goût, surtout en fin de trimestre lorsque la fatigue et la tension se font sentir. Oui, c’est une soupape, et quand notre hiérarchie y participe, c’est encore meilleur. Mais est-ce que c’est différent ailleurs ? Qui n’a pas persiflé sur un(e) collègue ou sur un chef dans une salle de repos ou dans une cantine ? Je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit d’exceptionnel ou de véritablement choquant là-dedans. ;)
Mais revenons à notre collègue de ZEP. Pour confirmer vos dires, son blog n’était effectivement pas le lieu de persiflages ou de plaisanteries de mauvais goût. Il ne faisait que raconter son quotidien et ses interrogations. Certes, en mettant souvent le doigt là où ça faisait mal. En montrant les dysfonctionnements du système, les abbérations, les contradictions, les impuissances.
De tous les blogs d’enseignants que je connaisse, pas un seul n’est le siège de propos vulgaires.
Alors pourquoi veut-on les interdire ?
Je vais recopier ici les propos de quelqu’un qui j’espère me pardonnera de le faire. Mes ces propos sont tellement justes, qu’on ne peut mieux dire pour tenter d’apporter une réponse :
Karl, je comprends parfaitement tes arguments. Et d’ailleurs, je les applique pour moi même. Mais plus par lâcheté que par devoir, il faut bien l’avouer. Non, le cercle familial, la salle des profs, les réunions syndicales et l’inspection (pas du travail, tu sais bien que ça n’existe pas à l’EN ;) ) ne suffisent pas pour parler de notre quotidien. On est toujours entre-nous, on se regarde le nombril, on prêche pour des convaincus.
L’école est le certainement le lieu le plus observé et le plus vilipendé actuellement. On n’arrête pas de nous parler de l’ouverture des établissements scolaires vers l’extérieur, vers les entreprises, vers les parents. Et lorsque des profs soulèvent un coin du voile on leur dit de la fermer ! (Non, ce n’est pas de la mauvaise foi, c’est du ras-le-bol)
Pour finir quand même sur une bonne note : pour ma part, cette année j’ai des élèves a-do-ra-bles. On rigole comme des fous avec notre proviseur adjoint, et il n’y a eu qu’un coup de boule aujourd’hui à déplorer.
Voilà, vous pouvez maintenant éteindre vos ordinateurs et reprendre une activité normale.
PS : Laurent, ta liste est vraiment chiche, tu devrais lire plus de blogs de profs ;-p
Marvin Flynn
Salut à tous !
Je constate que le débat fait rage ici aussi autour de la fermeture de ce blog enseignant, BlogProf, qui vient d’être retiré du web dans l’attente de la décision de justice correspondante ; une pétition de soutien en faveur de la réouverture de BlogProf vient d’être lancée par la Révolution en Charentaises, je vous invite à venir nombreux pour la signer !
Blah ? Touitter !