Désirs d’embrouilles
Le pire n’est jamais sûr. Avec les socialistes, il devient chaque jour un peu plus probable. À observer tout ce qui oppose désormais Ségolène Royal et François Hollande, on comprend qu’il y avait bien urgence à ce que le couple officialise sa séparation. L’opposition est réduite à l’état de cendres, le « peuple de gauche » déprime et le PS sombre dans le tout-à-l’ego. À peine subie une troisième raclée présidentielle, ses leaders n’ont d’yeux que pour la prochaine. Les caciques s’insurgent, à raison, de l’attitude de Ségolène Royal. Celle-ci s’absout de toute autocritique, snobe un parti qu’elle prétend conquérir et abuse de recettes de communication éculées pour afficher sa singularité. Elle récuse même certaines de ses promesses de campagne et pose en martyre dès qu’on lui demande des comptes. L’individualisme forcené d’une femme qui se croit habitée d’une mission peut inquiéter. La violence de ceux qui se coalisent pour lui faire barrage n’a rien de rassurant. [Libération, éditorial de Renaud Dely.]
Quand elle affirme qu’elle était absente du Conseil National du PS parce qu’elle « se devait à sa région » pas de question sur le miracle qui la rend libre et transportée jusque sur le plateau de télévision où elle se trouve. Le plus stupéfiant est de l’entendre mettre sur le compte de la partialité des médias au service de Sarkozy l’échec de l’élection présidentielle sans un mot de réplique de quelqu’un qui anime une émission sur la campagne depuis le début de celle-ci ! Dans ses conditions à quoi bon faire des interviews ? Pourquoi ne pas lire des communiqués à l’antenne ?
Je jette un oeil navré sur tout cet épisode. Quel cauchemard. De la pure novlangue, comme dans Orwell. Transparence: mentir pendant la campagne sur les principaux mots d’ordre proposés. Nouvelle façon de faire de la politique: élire le candidat avant d’avoir écrit le programme et lui donner tous les pouvoirs. Et ainsi de suite. Les mots ne veulent plus rien dire de ce qu’ils énoncent et bien heureux quand ils se contentent d’annoncer seulement le contraire de ce qu’ils disent.
[Jean-Luc Mélenchon, “Un samedi tranquille”.]
Ce qui m’a le plus frappé, tout au long de cette séquence électorale, c’est la manière dont la dérive droitière du Parti socialiste a produit des effets dans l’ensemble de la gauche et jusqu’à la gauche radicale.
En effet, pendant que la calamiteuse candidate socialiste, dont les conditions de désignation avaient déjà traduit l’état de délabrement politique et intellectuel de son parti, menait campagne sur des voies douteuses, pour ne pas dire dangereuses, au gré de ses pulsions conservatrices (une sorte de conservatisme compassionnel, du sarkozysme avec des larmes), on a vu une partie de la gauche radicale (notamment chez les intellectuels) la soutenir sans conditions et sans distance critique, et souvent même dès le premier tour, au nom des nécessités du vote utile.
Ce qui a permis ensuite au PS de faire comme s’il avait réellement réuni 26% des suffrages au premier tour et que les autres courants de la gauche avaient effectivement quasiment disparu. Par conséquent, là où il y avait un espace possible pour réfléchir à ce que peut être la gauche aujourd’hui (ou à la manière dont les différentes gauches peuvent se rejoindre le temps d’une élection); on a renoncé à penser et à élaborer des réponses de gauche aux questions, anciennes ou nouvelles, qui appelaient une réflexion d’ensemble, et on s’est laissé aspirer par une sorte de logique électorale qui enjoignait de taire les critiques et les divergences pour ne pas nuire à la candidate. Avec le merveilleux résultat que l’on sait! A l’évidence, ce n’était pas ainsi que pouvait se créer une dynamique de gauche.
[Rue 89, entretien avec Didier Eribon.]
CSP
“on a vu une partie de la gauche radicale (notamment chez les intellectuels) la soutenir sans conditions et sans distance critique, et souvent même dès le premier tour, au nom des nécessités du vote utile.” Oué. tutafé. On a vu des têtes qu’on pensait mieux arrimées sur leurs épaules (Loïc Wacquant…)tourner casaque avec un enthousiasme consternant. Et tout ça pour quoi ? Ce vote n’a été “utile” qu’à Royal: il n’a servi qu’à donner les moyens de ses ambitions à une arriviste. Tiens, je sens que je vais culpabiliser quelques personnes qui ont voté “utile” aujourd’hui, moi…
Eolas
@CSP : Ne soyez pas méchant. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir voté inutile.
âne
cet océan de médiocrité va-t-il permettre à de nouvelles têtes d’émerger ?
CSP
Inutile: genre Bayrou ? Mouahahaha.
Simon
Il fallait s’abstenir utile…
Irène
Sous les embruns, rien de nouveau. Bof, bof.
Laurent
Sous la plume d’Irène Delse, rien de nouveau… Ségolâtrie incurable. ;-)
Eolas
Laurent, ne clique pas le lien sur le commentaire d’Irène : c’est un piège !
Laurent
Merci de la mise en garde. Quelle perfidie ;-)
Simon
je fus eu.
Irène
@ Laurent (commentaire 7) : Eh non, encore du roman. Ou un réflexe simplificateur, du genre tiers exclus.
Critiquer l’insuffisance des “arguments” (ou plus souvent des râleries) déployés par les adversaires de Royal, rappeler que ceux qui la descendent en flamme aujourd’hui n’ont pas fait mieux, ce n’est pas non plus de l’admiration béate.
Ce serait trop simple.
Dagrouik
@CSP : enfin une bonne nouvelle aujourd’hui, vais-je devoir une nouvelle fois te répondre Tovarich ?
CSP
@ dagrouik : gné? Quelle bonne nouvelle ? Euh, je sais pas si je vais avoir le temps, aujourd’hui…
Simon
“rappeler que ceux qui la descendent en flamme aujourd’hui n’ont pas fait mieux”
Ah pardon, en 73…
héhé
Anne Onyme
Jean luc Mélenchon: » Quel cauchemard.
Rhaaâa.
» De la pure novlangue
Pas mieux.
Vic
Hélas ils n’ont pas fait mieux ,c’est juste !
Bon je vais attendre un peu pour revendre mes teeshirts ” Demain ne se fera pas sans toi “
Simon
adaptez-vous, cher ami
Vic
Des fois que les enchères remontent ! peu de chances , ça fiche le cafard ces règlements de comptes ! Et Ségo sur le bûcher , en couverture de Libé ,ohhhhh
GPH
Garde des les Vic, dans 5 ans ils seront peut-être collector (ou pas).
Blah ? Touitter !