Journal de bord

Du .NET pour de l’embarqué, c’est très con, je croyais que seul Thales pouvait sortir des stupidités pareilles. Apparemment, la RATP s’est encore bien fait embobiner, mais avec des guichets automatiques et des tourniquets sous windaubes (ah, que c’est drôle de voir débarquer un technicien, brancher un écran sur la tour contenue dans le gros machin gris, et voir un BSOD…), il fallait se douter que ça ne va toujours pas chercher bien loin chez eux (quelques unes de mes bonnes connaissances — XIII devrait savoir de qui il s’agit — m’avait raconté combien les formations en Ada était rock’n’roll chez eux).

Bref, c’est con, parce que déjà, ça oblige à mettre du windaube, pas de portabilité et dépendance à un fournisseur ; Mono, c’est bien, mais à un niveau industriel, ça reste à voir. Ensuite, parce que la consommation CPU et mémoire est indécente, pour faire de l’embarqué (c’est-à-dire que lorsque l’on est pas dans la situation de l’utilisateur neuneu lobotomisé qui en cas de plantage — mémoire pleine par exemple — se penche sur le PC et appuie sur “reset”, en pensant que c’est tout à fait normal), c’est tout à fait ce qu’il ne faut pas employer, java a assez fait de ravages comme ça, et c’est de la rigolade à côté de .Net (même chose pour XUL, ou du Perl, etc). Finalement, parce qu’un ingénieur “embarqué” spécialisé en .Net est extrêmement rare : ils vont tous faire de la finance, où ça paie beaucoup plus. Et choisir une techno où la maintenance ne sera pas assurée faute d’humain comptétent derrière (sachant que ce n’est jamais le concepteur qui fera le job, magie des SSII et du turn over), c’est se tirer une balle dans le pied. Dans tous les cas, un PC104 est très largement suffisant, ou une solution sur ARM ou MIPS, mais certainement un vieux PC obsolète rafistolé (je suspecte en fait l’utilisation de proc semblables à ceux des mini-serveurs qui sortent chez HP par exemple ; retenir tout simplement : le x86 est un processeur stupide, gourmant, chauffant, à éviter comme la peste)

On a donc : système “semi-enfoui”, temps de réaction attendu acceptable (y’a pas de vie humaine en jeu, mais c’est relou le temps de réaction des bornes habituelles, une à deux bonnes secondes à chaque appui sur l’écran), temps réel (très) mou, avec interface graphique complète, et en réseau. Ce qui donne d’entrée : UNIX-like (on a dit : réseau, donc une vraie pile TCP/IP, pas un machin mal copié d’un BSD antédiluvien, et patché dans tous les mauvais sens), soit QNX, HP-UX, Solaris, *BSD ou Linux. Les deux premiers sont payants, les autres non. HP-UX est une merde, vivement que ça disparaisse (IRIX a disparu, d’ailleurs, c’est pour ça qu’il n’est pas dans la liste) ; Solaris, la dernière version à la rigueur (sous GPL, gratuit), mais niveau GTK/Qt, c’est un peu la misère (surtout GTK, mais apparemment ça passe beaucoup mieux depuis un certain temps). Il est plus facile à l’heure actuelle de trouver un dev Linux que BSD. Sans compter la préemption kernel, et tout un tas d’autre chose qui le rend bien supérieur en version 2.6 au démon ; mais gare aux licences en cas de développement kernel.

En l’occurrence, niveau dev kernel, y’a rien à faire, en toute rigueur. Les périphériques sont débiles, genre écran tactile et compagnie, il suffit de bien choisir le matos à la base, et de se faire livrer le driver par le constructeur si ce n’est pas déjà dans le kernel vanilla (ce qui serait étonnant, pour ce type de matos). Y’a un lecteur de carte, c’est vrai, à voir si ça marche comme un tty, et la quantité de code à écrire ; écrire un driver sous windaube est bien plus la misère que l’écrire sous nunux, donc il ne devrait pas y avoir de problème (il faut savoir que le codage kernel sous la daube se fait à coup de BSOD, il n’y a pas d’autres moyens… Sous Linux, il est à présent possible de relancer le kernel sans rebooter la machine, tout un monde entre les deux…).

Côté serveur, mettre un windaube est évidemment la pire crétinerie que l’on puisse faire (d’ailleurs, le programme d’IBM, il tourne sous quel OS ? AIX ? Ce n’est pas dit dans l’article de Bertrand Lemaire). À l’heure actuelle, Linux tient largement le haut du pavé, même ceux qui ont du fric à claquer (c’est bien connu, quand on a une enveloppe, faut dépenser jusqu’au dernier centime, sinon pas de reconduction) sont bien obligés de se rendre à l’évidence : aller sur kernel.org gratuitement est bien plus efficace qu’un AIX tout pourri (m’enfin, y’en a encore pour le défendre, chez IBM…). Mais comme on a du fric à claquer et qu’on veut un truc tout beau qui marche avec du support, on se prend par la main et on va chez Oracle, ils ont du serveur rapide déjà monté sur du Linux (mais pour l’instant, RedHat a perdu peu de terrain), y’a plus qu’à rajouter un brique logicielle tellement ridicule qu’un stagiaire pourrait la coder (faut rester sérieux : il s’agit de compter des vélos, et pondre des factures, hein).

À la place, évidemment, ils nous on pondu (ou plutôt, ont sous-trainté une pondaison) une usine à gaz ; encore une. Ils n’ont clairement pas eu affaire à des gars qui font de l’embarqué, XP embedded, pour rappel, c’est XP tout court avec très peu de modif, et un changement de licence n’imposant plus l’usage obligatoire d’un clavier et d’une souris (non, c’est pas une blague…) ; rien à voir avec Win CE (qui gère les interfaces graphiques ; moches, il est vrai ; mais je connais quelques entreprises qui dépensent des millions pour le faire marcher, sans succès pour le moment, ça donne à bouffer à beaucoup de SSII ; du tri postal comme appli, par exemple, mais j’vous ai rien dit, hein).

La morale de l’histoire, Laurent, c’est que lorsque je disais qu’il n’y avait pas de soucis à se faire concernant la violation de vie privée via le pass navigo, parce que de toute façon ils n’en avait pas les moyens techniques et intellectuels, ce n’était pas pour rire…