Journal de bord

vendredi 4 janvier 2008

Jeunesse française

Hyperconformistes, résignés, sans guère d’espoir de changer la société, ni même de maîtriser leur avenir personnel… Le portrait des jeunes Français publié aujourd’hui par la Fondation pour l’innovation politique (www.fondapol.org), sur la base d’un sondage international mené par Kairos Future, fait froid dans le dos. «Quarante ans après mai 1968, les jeunes Français ne semblent avoir réussi à gagner que l’autonomie sexuelle et quelques stations de radios qui leur sont dédiées», commente Anna Stellinger, directrice de recherche à la Fondapol.

[…] Seuls les jeunes Russes les surpassent sur ce terrain-là. La société française apparaît ainsi bien plus contraignante que l’américaine ou celle des pays scandinaves. La jeunesse française est aussi la plus pessimiste. À peine un quart des 16-29 ans juge l’avenir «prometteur», contre près de 60% au Danemark et 54% aux États-Unis ou même 36% en Allemagne. Bien moins de la moitié (39%) pensent que «les gens peuvent changer la société». Et seuls 22% estiment qu’ils ont «une liberté et un contrôle total sur leur avenir». Plus de la moitié des Américains en sont pourtant persuadés.

[Le Figaro : “Les jeunes Français broient du noir”.]

1. Le 4 janvier 2008,
gasper

allez, pour vous remontez le moral, une revue de belles geules socialistes ici: http://longuevue.blog.lemonde.fr/

2. Le 4 janvier 2008,
OX

Je suis encore compris dans cette “jeunesse” (vu les limites d’âge citées).

Je suis assez d’accord. D’autant que j’ai vécu en Angleterre pendant 2 ans, et j’ai constaté que le sentiment latent d’inutilité et d’impuissance est beaucoup plus répandu (et très peu contesté) en France.

Ce qui explique, selon moi, le succès des organisations pseudo-révolutionnaires dans les lycées et les facultés français. L’idée que la société telle qu’elle est ne permet pas à la jeunesse de s’exprimer et surtout qu’il est inutile de vouloir la changer, est un terreau idéal pour des envies révolutionnaires, considérées par certains comme normales à nos âges.

Mais c’est céder à la facilité. Il est certainement beaucoup plus difficile de faire évoluer une société (dans laquelle on ne vit pas si mal), que de tout détruire.

3. Le 4 janvier 2008,
Jujupiter

C’est Sego qui nous a degoutes avec ses “desirs d’avenir”.

4. Le 4 janvier 2008,
Jujupiter

(Decidemment, je trouverai vraiment tous les pretextes et j’userai de toutes les ouvertures possibles contre Sego.)

5. Le 4 janvier 2008,
Dominique

Cela devient plus compréhensible lorsque l’on sait que la fondation pour l’innovation politique est juste une succursale à faux-nez de l’UMP. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fondationpourl’innovation_politique Etudes ou analyses = zéro. Propagande et infiltration des médias = tout.

6. Le 4 janvier 2008,
William

C’est plutôt bon signe.

[…] une société (dans laquelle on ne vit pas si mal) […]

Chaque jour des rencontres, des histoires et des lectures infirment à mes yeux ce postulat.

7. Le 4 janvier 2008,
Raveline

@OX : “Ce qui explique, selon moi, le succès des organisations pseudo-révolutionnaires dans les lycées et les facultés français.”

Je ne suis pas d’accord; votre lecture semble présupposer que les courants révolutionnaires dans les lycées et universités sont une apparition récente, ce qui me paraît faux. Au contraire, c’est la disparition du caractère crédible et organisé des mouvements d’extrême-gauche, qui ont joué un rôle prépondérant dans la formation des jeunes en France, qui nous ont amené à cette situation. Avant, quand tout allait mal, les gens pouvaient encore “espérer” dans le millénarisme marxiste. Aujourd’hui, son affaiblissement, sa décrédibilisation a détruit cette espèce de soupape de sécurité. Dans les autres pays, les soupapes étaient probablement ailleurs et ont mieux tenues. Le communisme, ou le marxisme, offrait une initiation à la politique. On y restait rarement. Et tout cela ne concerne qu’une faible partie de la population.

8. Le 4 janvier 2008,
Antoine

On touche le fond avec l’Express :

Que reste-t-il de Mai 68 ? A coup sûr, cette question sera le leitmotiv de l’année 2008. Sans attendre le 40e anniversaire des barricades du Quartier latin, L’Express est en mesure d’y répondre par quatre lettres : rien. Telle est, en substance, la conclusion de l’étude comparative de la Fondation pour l’innovation politique, réalisée auprès de 20 000 jeunes en Europe, aux Etats- Unis, en Chine, en Inde, en Russie, à Taïwan et au Japon (interrogés par l’institut de sondages Kairos Future).

Pas étonnant, avec de tels médias, que les “jeunes” fasse la gueule…

9. Le 4 janvier 2008,
guilbator

Le pessimisme des français est aussi très culturel : tout va toujours mal parce que l’on aspire à mieux. Mieux vaut ça qu’un conformisme ou un optimisme béat qui anihile tout esprit critique.

10. Le 4 janvier 2008,
Antoine

Toutes mes confuses : fassent (voilà de la matière pour la Fondation pour l’innovation politique : les jeunes et l’orthographe).

11. Le 4 janvier 2008,
OX

@Raveline: oui, j’aurais dû préciser, dans mon commentaire, que cela expliquait, en partie, le succès de l’extrême-gauche dans les lycées et les facs’. Mais vous dites qu’avant, “quand tout allait mal”, les gens pouvaient se raccrocher au marxisme. Je ne pense pas que l’on puisse dire qu’aujourd’hui, objectivement, tout va mal. Or, c’est pourtant ce qui ressort de cette étude, et que j’ai aussi ressenti au contact de mes camarades. Je pense qu’il s’agit plus d’une fausse croyance pessimiste que d’une réalité. Un peu comme la baisse du pouvoir d’achat. Et, à mon sens, les organisations d’extrême gauche prospèrent sur ce terrain. Mais sinon, je suis d’accord avec vous: la disparition des partis d’extrême gauche est également favorable à la prospérité des mouvements autonomes d’extrême-gauche.

@William: Je ne vois pas en quoi c’est un bon signe. Et, pour la deuxième partie de votre commentaire: si je ne regardais que les histoires malheureuses autour de moi, je pourrais aussi me laisser aller au pessimisme. Mais, sans nier qu’il y ait des problèmes graves et/ou récurrents, le bilan dans mon champ d’activité quotidien (et il est large) me laisse penser que nous vivons dans une société assez agréable. Je maintiens qu’il est nécessaire d’améliorer à la marge, mais que notre société fonctionne globalement dans le bon sens. Ceci dit, je ne détiens pas la vérité, j’en suis conscient. Vous pouvez avoir un autre ressenti.

@Dominique: à supposer que ce think tank soit un faux-nez de l’UMP (ce qui ne démontre pas forcément l’ineptie de ses conclusions d’ailleurs), je ne vois pas pourquoi l’UMP sponsoriserait ce genre d’études, pas spécialement valorisantes pour les gouvernements de droite majoritairement au pouvoir depuis 1995?

12. Le 4 janvier 2008,
Dominique

OX, le propre du sarkozysme est de faire passer tout ce qui le précède depuis trente ans comme étant socialiste, donc le bilan de l’ancien ministre de l’Intérieur et des Finances n’est pas à verser au compte de l’UMP mais à celui des années socialistes, y compris celles où Jacques Chirac était président et où notre magnifique Conducator était en poste. Parce que c’est comme s’il n’avait jamais été vraiment au pouvoir : cela se nomme la rupture. Ou le mensonge, quand on veut parler dans le langage de tout le monde et non en langue de bois.

13. Le 4 janvier 2008,
OX

@Dominique: ok, why not… En passant, j’ai jeté un oeil sur la liste des membres, il y en a quand même pas mal qu’on ne peut pas taxer de sarkozysme aigü (depardon, taguieff, stéphane courtois, kaspar et d’autres assez neutres: wyplosz, de lumley…).

14. Le 4 janvier 2008,
Antoine

Dominique, ce n’est peut-être pas seulement l’enquête qui est contestable, mais la manière dont le Figaro et l’Express l’utilise.

15. Le 4 janvier 2008,
Manu

“À peine un quart des 16-29 ans juge l’avenir «prometteur», contre près de 60% au Danemark et 54% aux États-Unis “

Si vous vous demandiez quels sont les résultats de 25 ans de socialisme en France, et bien voilà, vous avez la réponse : une société où les jeunes sont dépressifs et à peu près aussi heureux que les jeunes russes sous le système soviétique…

16. Le 4 janvier 2008,
Dominique

Manu, sur les 25 ans de socialisme, il y en a eu 11 avec une majorité parlementaire de droite sous ses diverses étiquettes : RPR, UDF, UMP et Nouveau Centre. Les cinq dernières années ont-elles été socialistes ? Nicolas Sarkozy comme ministre de l’Intérieur et des Finances était-il socialiste ?

17. Le 5 janvier 2008,
marie-hélène

Quand j’avais 20 ans, je croyais dur comme fer qu’en votant socialiste, nous allions changer le monde, j’aimais passionnément, passant du bonheur quasi extatique au désespoir absolu. Au même âge, l’une de mes filles a une vision popotissime du couple et l’autre furieusement esthétisante(ensemble pour progresser en culture, raffinement, harmonie, etc…). Quant à la politique, elles sont totalement désabusées. Position sociale et comfort de vie : l’une espère ne pas trop régresser et l’autre compte bien progresser, ça fait une moyenne…

18. Le 5 janvier 2008,
AlSquire (26 ans)

Tout ça, ça me rapelle la baffe prise par Chirac lors de son plateau télé “ton président t’explique la constitution européenne”, face à un public de djeunz venu se plaindre. Et je ne parle pas du chanteur Saez… moi ce sont les jeunes qui me dépriment.

19. Le 5 janvier 2008,
Pada

C’est énervant cette manie de vouloir tout politiser.

Ce qui me fait peur, c’est que certains considèrent “l’obéissance” comme une qualité préférable à “l’indépendance” chez un enfant. Après, de gauche ou de droite, là n’est pas la question imho, il faudrait arrêter un peu cette pseudo-chasse aux sorcières stérile.

20. Le 5 janvier 2008,
Je est un autre

Que dire du peu de réactions aux propos de Sarkozy, lors de son voyage en Chine… Rappelez-vous, celui-ci voulait, tout bonnement, proposer son fils aux autorités chinoises, car celui-ci manquait d’autorité ! Hallucinant !

21. Le 5 janvier 2008,
Manu

Dominique, Chirac n’a fait qu’une politique de centre gauche toutes ces années. Il a été élu sur la fracture sociale, n’a jamais touché au 35 heures, etc. Oui, la France est baigné par une culture étatiste, socialiste, depuis trop longtemps. Et aujourd’hui les jeunes sont déprimés, parce qu’ils se rendent compte que l’Etat ne leur garantit pas une vie heureux et facile comme dans les désirs socialistes. Non, c’est aux jeunes de se bouger le cul pour se faire une vie qui leur plaise, c’est à eux de se battre pour trouver un bon boulot, etc. Sauf qu’ils sont nés dans un pays d’assistés et qu’ils ne savent plus se débrouiller seuls aujourd’hui. Le socialisme, l’assistanat, c’est fini. Bienvenue dans la vraie vie les jeunes !

22. Le 5 janvier 2008,
Maxime

Miam, j’adore lire de tels poncifs sur cette soi-disant culture de l’assistanat, toujours soi-disant véhiculée par les socialistes. “Chirac n’a fait qu’une politique de centre gauche toutes ces années” Le Contrat Première Embauche est le fruit d’une politique de centre-gauche, je présume? Le CNE aussi? Sans oublier la politique de Chirac à partir de 1986, également de centre-gauche, hmm? Si Chirac n’a pas touché aux 35 heures, c’est parce qu’il se rendait compte que quoi qu’ils en disent, les Français n’en étaient pas mécontents, surtout vu le nombre d’emplois que les 35 heures ont créé, quand la “monétisation” des RTT n’en créé aucun, strictement aucun. “Non, c’est aux jeunes de se bouger le cul pour se faire une vie qui leur plaise, c’est à eux de se battre pour trouver un bon boulot, etc.” Bien sûr, en faisant des études avec maximum 417€/mois pendant 9 mois, pour peu qu’ils soient boursiers échelon 5. Rassure-toi, ils bossent, ils n’ont pas attendu la politique “de centre-gauche” de Chirac, et aucune politique de Sarkozy ne les concerne pour le moment, alors que ce dernier déclarait la jeunesse comme une priorité. Ses priorités sont longues à venir… Avant de trouver un job, ils aimeraient bien faire les études dans des conditions décentes. Pas besoin d’être assistés, juste d’un coup de main. Toi qui fustiges tant l’assistanat, Manu, tu dois évidemment hurler contre les 15 milliards de cadeaux fiscaux à nos concitoyens les plus riches, qui deviennent des assistés aux frais des moins aisés, alors qu’ils n’en ont pas besoin!

23. Le 5 janvier 2008,
Dagrouik

@Maxime: bien vu, ceux qui considèrent les mandats de Chirac comme Socialistes sont en général proche de la droite extrême, avec discours lénifiant du genre “la vraie vie”, “les vrais gens”, comme si une partie des gens étaient faux ou mort-vivants.

En fouillant un peu, j’ai trouvé un autre .pdf sur la jeunesse française avec d’autres sources et d’autres informations pertinente. Mais cela n’a pas été diffusé par Le Figaro. Je le porte donc à la connaissance de Laurent, il sera content le lien n’est pas chez moi: “une jeunesse difficile”

http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS6.pdf">http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS6.pdf”>http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS6.pdf

On y trouve par exemple des chiffres sur les héritages, les inégalités frappant les jeunes plus que d’autres et autres constats.

D’ailleurs sur le document pointé par Laurent, personne n’a constaté que * la valeur travail était aussi respectée en France qu’ailleurs.* étonnant? Pourtant on nous a bassiné avec cette intox pendant des mois.

24. Le 7 janvier 2008,
Baptiste

Ben forcément qu’on broie du noir, on se fait taper par des CRS quand on essaie de prendre la parole.

25. Le 8 janvier 2008,
William

@OX: Venez donc un mercredi après-midi à la permanence droits sociaux et/ou étrangers d’Act Up-Paris, voir non pas globalement mais par le menu comment notre agréable société broie des vies.

Histoire de digresser encore un peu (et de m’enfoncer toujours davantage dans des rapprochements scabreux, hmm…), hier je suis allé à l’exposition “Allemagne, les années noires” au musée Maillol (dont la scéno est plutôt médiocre, mais peu importe). J’ai été assommé par la force et l’actualité de la série de lithos de Grosz intitulée Les Brigands (1922). Je vous la conseille!

26. Le 8 janvier 2008,
OX

@William: je ne pense pas accepter votre invitation. Mon métier me prend beaucoup de temps: il est difficile, je vois, moi aussi, des gens brisés. C’est même mon métier de m’occuper des vies brisées des Hommes, et je fais aussi des permanences. J’arrive pourtant à prendre du recul, à lever les yeux. Je vois que ceux que je rencontre dans mon activité professionnelle sont une minorité. Leur souffrance est toujours intolérable, elle m’est insupportable parfois. Mais pour un qui souffre, j’en vois neuf qui vivent bien. Inutile d’ailleurs de vous emporter, ou de vouloir me donner une leçon de vie. Nous sommes d’accord sur le fond. Si vous êtes engagés auprès d’Act-Up, vous oeuvrez à ce que ces gens qui souffent aillent mieux, non? Moi aussi. Tout en restant optimiste. Amicalement, OX

Blah ? Touitter !