Sodomie de diptères
Qu’un média tel qu’Internet poursuive cette diffusion par une accessibilité étendue et domiciliaire ne porte donc nullement atteinte au statut de ces images. […]
Si l’entreprise semble donc louable, sa mise en oeuvre interroge cependant. Au-delà du fait que Google avance d’une case dans sa conquête de l’ubiquité et qu’il peut paraître incongru de voir ces images, anciennes pour la plupart, estampillées d’un “Hosted by Google” (abrité par Google) qui rappelle la tendance de ce dernier à héberger l’histoire du monde et à s’y immiscer progressivement (mais n’avons-nous pas déjà l’habitude de voir associer aux reportages télévisés les sigles des chaînes qui les diffusent, puis celui de l’INA qui les collectionne ?), c’est la possibilité offerte aux internautes d’évaluer les images qui retient notre attention. […]
Le regard sur le passé se réduit-il à la délivrance d’étoiles appréciatives ? Nous pouvons supposer que des Etats n’aient pas intérêt à encourager les échanges face à certaines de ces images, et que Google ne veuille pas s’aventurer à forcer cette liberté (il s’est d’ailleurs déjà illustré dans la censure gouvernementale). Mais qu’il comble cette privation par l’introduction d’un système de notation n’en reste pas moins de mauvais augure.
Car la substitution du discours libre par l’évaluation muette est une tendance qui semble s’emparer de nos médias. L’esthétisation de la politique que Walter Benjamin dénonçait en 1935 trouverait alors son pendant moderne : en donnant ici à l’internaute le pouvoir de noter tout en lui retirant celui de commenter, on opère un glissement de l’événement photographié, qui pourrait être discuté, à la photographie d’événement qui ne peut être qu’évaluée. Par cette dérivation de l’individu-commentateur en internaute-évaluateur, l’histoire passe du domaine politique au domaine esthétique, c’est-à-dire un domaine dans lequel le jugement n’est plus à craindre.
[Le Monde, Augustin Besnier, enseignant-chercheur en philosophie de l’art à Paris-I-Panthéon-Sorbonne : “Quand Google juge l’histoire par un clic”.
Au fond, cet article est révélateur par son sous-titre, plus honnête que le reste : “La mise en ligne récente de millions de photos d’actualité pose le problème de leur évaluation par les internautes.” Si j’étais aussi paranoïaque que l’auteur de l’article, je dirais que se manifeste ici la peur typique des médias en place de perdre leur monopole sur l’évaluation et le jugement, et que la prétendue défense de notre “verbe critique” n’est qu’une farce. Mais je ne crois même pas que c’est de cela qu’il s’agit. Ce qui se passe, ici, c’est tout simplement l’un des épisodes d’une guerre futile menées entre anciens et nouveaux médias, par philosophe interposés en la matière. Une guerre qui se nourrit, non de noirs et obscurs desseins, mais de réflexes sots, d’une dénonciation de l’adversaire dans tout ce qu’il a de différent - souvent assorti d’une certaine dose d’ignorance de cet adversaire.
[Raveline : “Noter les images, ne pas les commenter : la menace Google selon le Monde”.]
sirop indien
…
Thabanne
Je dois être fatigué, j’ai eu du mal à comprendre le billet, et encore plus le commentaire en dessous…
eustazio
Effectivement quitte a ne pas laisser la possibilite de commenter, c’est un peu concon le systeme d’etoiles. On peut pas juger la qualite d’une photo prise en 1860 de la meme maniere qu’une photo moderne.
Blah ? Touitter !