Le goût de chiottes des masses
Ne nous restait plus qu’à attendre le 4 novembre 1984 pour connaître le premier numéro 1. Michael Jackson ? Téléphone ? Gainsbarre ? Ce fut Besoin de rien, envie de toi, de Peter et Sloane. Comme un malheur n’arrive jamais seul, cela dura onze semaines. […]
Pendant les années que cette émission [Le Top 50] allait durer, le goût de chiotte de nos compatriotes en matière de chanson fut largement mis en valeur, le record de durée étant battu en 1992 par un autre chef-d’œuvre inoubliable Dur, dur, d’être un bébé par l’innocent Jordy, treize semaines numéro 1 !
Cela me décida à mettre fin à cette émission dont le succès ne s’était jamais infléchi, mais qui donnait, à l’antenne de Canal +, une tonalité que je ne pouvais plus supporter. J’ai tiré de cette aventure qu’il ne fallait jamais prendre de pari sur le goût du plus grand nombre. J’en conclus également que, pour moi, un flop n’a pas le même sens que pour mes confrères de TF1, M6, Direct8, TMC, NRJ12 & co…
[Alain de Greef, ancien directeur des programmes de Canal +, cité par Écrans.]
erwan
Pour TF1, le goût de la masse se compte en “temps de cerveau humain disponible” ..
Patrick Le Lay, PDG de TF1, interrogé parmi d’autres patrons dans un ouvrage intitulé “Les dirigeants face au changement” (Editions du Huitième jour), livre sa conception de la télévision et estime que le métier de TF1 est d’”aider Coca Cola à vendre son produit”.
“Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective +business+, soyons réaliste: à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit”.
“Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible: c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible”.
“Rien n’est plus difficile, poursuit-il, que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise”.
“La télévision, c’est une activité sans mémoire. Si l’on compare cette industrie à celle de l’automobile, par exemple, pour un constructeur d’autos, le processus de création est bien plus lent; et si son véhicule est un succès il aura au moins le loisir de le savourer. Nous, nous n’en aurons même pas le temps !”
“Tout se joue chaque jour, sur les chiffres d’audience. Nous sommes le seul produit au monde où l’on +connaît+ ses clients à la seconde, après un délai de 24 H.”
Les associés d’EIM, société de conseil opérationnel, ont interrogé une vingtaine d’autres dirigeants, outre M. Le Lay, notamment Michel Bon (ex-France Télécom), Robert-Louis Dreyfus (LD Com), Michel Pebereau (BNP-Paribas), Henri de Castries (Axa). EIM souhaitait “prendre le pouls” de l’entreprise française “face à ses nouveaux défis”. Le livre, préfacé par le président du Medef Ernest-Antoine Seillière, a été publié en 2004.
© AFP
Mox Folder
De Gref s’entendrait surement bien avec Steve Jobs…
Nicolas
Cela me décida à mettre fin aux retransmissions du championnat de France de football dont le succès ne s’était jamais infléchi, mais qui donnait, à l’antenne de Canal +, une tonalité que je ne pouvais plus supporter.
krstv
Le meilleur papier du jour.
frankie vincent - le faux
“besoin de soleil envie de chaleur…” mon nouveau tube!
Gilles
Le TOP50, c’est comme le catholicisme : on en veut ou pas, mais ça a basé une partie de notre culture :) Sinon bien vu pour la réécriture avec le sport…
François
Il l’avait déjà raconté pour Graffiti 80, en moins détaillé (du moins après montage), mais avec l’expression sur son visage ;)
Blah ? Touitter !