Débats manipulés
Quand je lis les débats sur le foulard ou la burqa (d’ailleurs peu importe les nuances, il s’agit visiblement de “trucs de musulmans”), j’ai souvent une petite contraction inconsciente des mâchoires et le sentiment qu’on est obligé de surnager dans une pensée de type “plat préparé”, qui semble avoir fait un tour de trop dans le four à micro-ondes. J’ai également l’impression de revivre les “débats” sur l’insécurité. On retrouve les mêmes ficelles :
On donne le sentiment d’avoir levé un lièvre via un fait divers quelconque (merci l’effet loupe) → on pousse des cris d’orfraie à droite → la gauche se dandine mal à l’aise → “on” est obligé de se positionner sous peine d’être taxé d’angélisme/d’être des couilles molles/crétins.
Les Entrailles de Mademoiselle : “Les figures imposées”.
« Je voudrais dire aux socialistes, qui ont eu le premier réflexe de se réjouir de l’avis du Conseil d’État, que ça ne les fera pas jouer à cache-cache avec leurs responsabilités, parce que 70% des Français sont favorables à l’interdiction générale. » — Jean-François Copé.
Je suis dans le camp des 30 %. Comme, j’imagine, toute personne soucieuse de libertés individuelles.
(Et si le député communiste André Gerin se prononce lui aussi pour une “interdiction générale”, souvenez-vous des rapports qu’a toujours entretenu le communisme avec le concept de liberté individuelle.)
« Les Français nous demandent de remettre les choses à l’endroit. » — Jean-François Copé.
Quelle arrogance. Je suis intimement convaincu que les Français attendent que l’on remette “les choses à l’endroit” dans bien des domaines plus prioritaires que la mode islamique, je suis persuadé que les Français n’ont jamais rien demandé sur le sujet si ce n’est des députés UMP, je suis certain que 99,8 % des Français n’ont jamais croisé une femme en burka dans la rue. Ce débat est une fabrication des politiques et des journalistes.
S’il y a définitivement une chose à remettre à son endroit dans ce pays, c’est Sarkozy dans l’opposition.
« Il existe déjà dans notre pays des interdictions générales et absolues. Par exemple, on n’a pas le droit de se promener tout nu dans la rue, sinon on est sanctionné. » — Jean-François Copé.
Justement, interdiction que j’ai toujours trouvée fort regrettable.
samantdi
Pourquoi en paler si c’est un débat imposé blablabla dont il ne faut parler sinon pour en dire que c’est un débat imposé dont il ne faut pas parler blablabla ?
Laurent Gloaguen
@Samantdi : c’est bien la perversité, une fois le débat dans l’arène législative, il n’y a hélas plus le choix d’éluder le débat politique.
Eolas
Les nudistes ont des camps naturistes. Faudra-t-il faire des camps salafistes ?
Nicolas B.
@Eolas : Je propose de lancer une expérimentation place Vendôme.
Copé
(s’adressant à samantdi) La burqa, pourquoi empaler?
Père Ubu
Au pal! Avec des petits bouts de bois dans les oneilles.
Jacques Lacan
La chaire est triste Éolas et j’ai bu tous les litres!
Guy Birenbaum
Y’a plus minable et plus débile comme question ???
Embruns
(effondré) C’est quoi ce souk? Ça va pas recommencer?
VieuxMoutard
C’est trop inzuste.
William Réjault
(à l’époque où il écrivait pas encore au Figaro) DTC, connard!
Copé
Mry Emery, au secours ils sont devenus fous.
Laurent Gloaguen
Inutile de préciser que les commentaires n°5 à 12 sont des usurpations d’identité…
Nicolas B.
Je ne suis pas tout à fait sûr pour le 10 quand même.
Gruikya
Diantre ! Que ça fait du bien de lire des choses pareilles ; j’applaudis des deux mains (en même temps, on a l’air con en applaudissant d’une seule). Mais sans vouloir tomber dans l’anti-franchouillardise primaire, le camp des personnes soucieuses des libertés individuelles me semble bien être une minorité. Quand a-t-on entendu, pour la dernière fois, parler de celles-ci dans un débat public ?
À ce sujet, je trouve intéressante la manière dont Copé assène qu’il est interdit de se promener nu, comme exemple justifiant le principe d’une interdiction absolue d’une quelconque tenue vestimentaire. C’est normal. C’est du bon sens, pas besoin d’argumenter.
Mais que faire face à quelqu’un qui refuse de s’y soumettre ?
http://en.wikipedia.org/wiki/Stephen_Gough
Raveline
Wow, c’est vraiment le souk, ici !
Laurent Gloaguen
@Gruikya : La façon dont se comporte la société face à Stephen Gough est exemplaire de ses insuffisances, ses archaïsmes et son totalitarisme.
Ubu
On m’usurpe? à la trappe. (@Nicolas B. : qqu’un qui aime Au Revoir Simone ne peut pas être complètement mauvais. Quid de Cat Power?)
J. Lacan
C’est nettement de l’usurpation : c’est clair le net ment. Mais je regrette d’être mort trop tôt pour connaître ça. Moi j’aurais plutôt écrit : La chère est triste Eolas et j’ai bu tous les litres.
padawan
« La façon dont se comporte la société face à Stephen Gough est exemplaire de ses insuffisances, ses archaïsmes et son totalitarisme. »
Tu veux qu’on parle des changements vestimentaires chez les Kanak et de l’évolution de leur mentalité sur la nudité, depuis que les curés sont arrivés sur le Caillou ? Parce que c’est assez drôle et ça en dit long sur l’hypocrisie des hommes (enfin, ceux qui pensent que la chair est triste :p).
Laurent Gloaguen
Je n’avais pas pensé aux Kanaks, mais c’est le même phénomène d’oppression.
LeChat
Interdire le port d’un vêtement me semble anticonstitutionnel. Si l’on interdit le foulard ou la burqa aujourd’hui, pourquoi pas le jean demain ? La seule chose à s’assurer est que ceux qui portent leur vêtement le fasse en toute liberté de choix.
Karl, La Grange
D’ailleurs, légende urbaine ou pas, les femmes ont elles le droit de porter le pantalon ?
padawan
L’hypocrisie est partagée et l’oppression est parfois volontairement intégrée, dans le cas des Kanak (il n’y a jamais de s au pluriel, un particularisme identitaire) en particulier puisqu’avant que les religieux ne les obligent à s’habiller(*) ils se baladaient avec juste ce qu’il faut sous un climat qui permet d’être à poil onze mois sur douze. Mais aujourd’hui, question pudibonderie, ils sont plus royalistes que le roi, et le kanak moyen porte trois couches de vêtements en toute saison.
(*) La robe mission est l’un des apports les plus emblématiques, et les mieux enracinés, des missionnaires chrétiens à la culture mélanésienne. La burqa locale, en quelque sorte. ;-p
Anne Onyme
“parce que 70% des Français sont favorables à l’interdiction générale.” : je ne comprend pas qu’avec le débat qu’il y a eu il y a trente ans sur l’interdiction de la peine de mort, un politique puisse encore avoir ce genre d’arguments…
Blah ? Touitter !