Route vers la présidentielle (1)
Il y a environ 262 968 heures…
J’adore la nouvelle chanson de Jean Ferrat “L’amour est cerise”. Ferrat, sa voix, sa moustache, son regard, qui peut y être insensible ? “Je perds ma semence dans ton sexe roux”… Voilà de quoi exciter quelque chroniqueur du Figaro Magazine et autres grenouilles de bénitier. Jean Ferrat, le charme coquin à la française, grande classe. On ne peut que saluer son retour sur l’avant-scène après cinq ans de discrétion.
Yves Navarre a reçu le prix Goncourt pour Le Jardin d’acclimatation. Encore de quoi faire pérorer au Figaro Magazine (même si l’on y connaît un certain nombre de pédales). Une folle moustachue au Goncourt ! Décidément, entre Ferrat et Navarre, c’est la journée de la moustache et de la polissonnerie. En tout cas, voilà bien deux hommes inestimables qui posent des mots inoubliables sur l’amour.
En parlant de livres, nous ne pouvons qu’être inquiets de la libéralisation du prix du livre due à René Monory. Le best-seller Fort Saganne à 39 francs au supermarché ou a 55 francs en librairie, ça fait réfléchir. Librairie n’est clairement pas un métier d’avenir. L’avenir de la littérature française, c’est chez Mammouth.
Pour ma part, je suis très alarmé du projet du Garde des Sceaux Alain Peyrefitte “Sécurité et liberté” qui est au Sénat. La garde à vue portée de 2 à 4 jours sans présence de l’avocat, réduction des sursis, pouvoirs policiers renforcés, contrôles d’identité, des atteintes intolérables aux droits de la défense… Peyrefitte n’a qu’un mot à la bouche “la sécurité, la sécurité”, au mépris de nos libertés ? Voilà bien en œuvre les forces réactionnaires qui nous promettent un État policier, sur le modèle des Américains. À vomir. “La sécurité est la première des libertés”, quel sophisme, surtout quand l’on pond des textes les restreignant au prétexte de les défendre. Mais tout le monde sait qu’Alain Peyrefitte est une sombre chiure. N’oubliez pas qu’il était ministre de l’Éducation en 1968. Nous vivons encore dans une France qui recycle un personnel politique usé jusqu’à la corde aux idées complètement moisies. Ce climat est étouffant et délétère.
J’espère bien que la prochaine élection présidentielle nous débarrassera de cette clique pestilentielle. Encore six mois à attendre. Mais les sondages donnent VGE vainqueur à 58% contre Mitterrand, voilà qui n’est pas enthousiasmant. Alain Duhamel, un analyste politique que j’estime beaucoup, dit que les jeux ne sont pas faits, j’aimerai pouvoir le croire.
Le philosophe marxiste Louis Althusser a étranglé sa femme. Nous nous empêcherons de conclure sur les effets domestiques d’une lecture assidue et monomaniaque des écrits de Karl. Peut-être qu’il s’agissait simplement d’une emmerdeuse de première classe.
Le 17 novembre 1980.
padawan
Soit il y a 30 ans. Qu’est-ce que les choses changent en 30 ans, dis-donc.
Raveline
Oh, même le style y est (encore qu’un peu caricatural par moment) ! Chapeau !
Karl, La Grange
Un marx et ça repart !
RomainB
Tiens, il y en a un qui a fait un tour sur Dailymotion hier. On a vu le même.
user.von
c’est beau même cassé ?
user.von
special @Karl : La frite de l’agitation, les épinards de nouilles
ossobuco
Vertigineux! Ferrat : mort. Yves Navarre : mort. René Monory : mort. Mammouth : mort (après avoir été racheté par Auchan). Peyrefitte, Althusser, Mitterrand : mort, mort, morts. Alain Duhamel : VIVANT. C’est prouvé, le journalisme ça conserve comme le vinaigre blanc les cornichons. Ou les lipides la mortadelle (la mortadelle sur le tranchoir du charcutier me fait toujours penser à Duhamel le samedi matin et Aphatie au chorizo) (PS : je suis un peu lent, donc je ne comprends pas si vous avez écrit ça à l’époque, mais où alors?)
Laurent Gloaguen
@ossobuco : je l’ai écrit hier en tentant de retrouver le parfum de l’époque.
Laurent Gloaguen
D’ailleurs, je me demande si je vais pas bloguer comme ça jusqu’aux élections présidentielles de 1981.
user.von
celles que VGE a gagnées, c’est bien ça Capitaine ?
Laurent Gloaguen
Je crains que Mitterand n’ai aucune chance encore une fois.
user.von
“Allons, capitaine, encore un petit effort !” Ne perdez pas espoir, dans quelques mois/années nous aurons quitté cette époque sombre… ;-D
Karl, La Grange
/1981. Je me souviens du soir des résultats dans les rues de Caudebec-les-Elbeuf. La 2CV orange de mes parents avec la capote ouverte et le bonheur, l’espoir sur de nombreux visages. :)
Laurent Gloaguen
Je me souviens de la distribution de roses à l’entrée du lycée le lundi 11 mai 1981. Je me souviens de la pluie la veille au soir, de la joie, de l’ivresse, de l’insouciance des lendemains. La grisaille était hier. Le rose était aujourd’hui.
Stéphane Deschamps
Merci Laurent. Ça remet des trucs en perspective qu’on avait oublié.
(moi je dis que VGE a encore de beaux jours devant lui… les volcans se taisent mais restent là)
Blah ? Touitter !