Journal de bord

mercredi 25 mai 2011

Genderless Child

Un expérience parentale tout à fait remarquable.

Quand le bien nommé Storm est né, il y a 4 mois, ses parents ont envoyé un courriel à leurs proches : « Parce que nous vivons dans une société pleine de contraintes et que nous chérissons la liberté, nous avons décidé de ne pas révéler le sexe de Storm pour l’instant. »

Kathy Witterick, la mère, souhaite que son enfant ne s’embarrasse pas de ces conventions qui « l’obligent à choisir des coupes de cheveux, des vêtements et des couleurs qui sont réputés convenir à un sexe en particulier ».

D’ailleurs, les deux aînés choisissent eux-mêmes leurs vêtements, de sorte que celui de 5 ans porte volontiers des robes (de préférence roses, sa couleur préférée) et les cheveux longs.

Quand on leur demande combien de temps encore ils refuseront de dire si Storm est un garçon ou une fille, les parents disent qu’ils mettront fin au mystère « quand nous vivrons dans un monde où les gens seront libres de leurs choix ».

Ça pourrait donc être un peu long…

La Presse, Louise Leduc : “Pas question de révéler le sexe de bébé”.

Toronto Star, Jayme Poisson: “Parents keep child’s gender secret”.

Toronto Star, Jayme Poisson: “Star readers rage about couple raising ‘genderless’ infant”.

Remarquables sont également les réactions virulentes d’une bonne partie du public. De même nature que celles que l’on a du pouvoir lire quand certains parents ont décidé que leurs filles avaient aussi le droit à la même instruction que les garçons, ou quand d’autres ont dit que ça ne leur posait pas de problèmes d’avoir des écoles mixtes (et en Amérique, que ce n’était pas non plus un grave danger de mélanger les enfants blancs avec des noirs).

Les questions de genre suscitent souvent la peur et parfois la haine, surtout dans les sociétés machistes. Ces parents de Toronto tentent d’avoir des enfants qui sortent des logiques de boîtes. C’est courageux et inspirant.

1. Le 25 mai 2011,
niemand

Hippies.

2. Le 25 mai 2011,
Yaume

Cela m’a fait penser à un reportage sur l’intersexualité que j’ai vu il y a quelques années déjà, des parents expliquaient qu’il était assez compliqué de dire à son entourage que l’enfant est né, mais qu’on ne connait pas son genre, ce qui ajoutait finalement une difficulté supplémentaire. Si ça devenait une mode de ne pas donner le genre de son nouveau-né, ça soulagerait peut-être quelques parents d’intersexuels :D

3. Le 25 mai 2011,
vanch'

C’est juste des couilles molles. Propositions pour aller au bout de leur logique libérale et individualiste : - pas de prénom : les enfants décident, changent quand et comment ils veulent - pas d’horaires imposés : lever, dejeuner, coucher. Ils font qd et comment ils veulent. - pas de jouets, ni de télé, ni d’ipad & cie “imposés” : ils se débrouillent avec ce que la nature leur offre. - poss. et liberté éventuellement de “greffer” un 2eme sexe si l’enfant souhaite avoir aussi celui de sa soeur et/ou son frère (ou son chien) : pas de jaloux, ne surtout rien imposer…

4. Le 25 mai 2011,
MB

J’avais lu dans Courrier international, il y a quelques années, un article qui m’avait passionné sur une Suédoise qui avait tenté l’aventure avec son enfant. Je n’ai pas retrouvé l’article mais je pense qu’il s’agissait en fait de ces parents-ci. J’aimerais bien savoir ce qu’a donné l’expérience parce que, si sur le plan théorique je trouve cela très intéressant, je n’oserais pas tenter un truc pareil avec mes enfants sans de sérieux précédents (de toute façon, la mère ne serait pas d’accord, mais bon…).

5. Le 26 mai 2011,
Bashô

Je crois qu’il y a une certaine confusion entre le sexe biologique et le genre ( en très gros la façon dont on exprime son sexe et sa sexualité dans une société). Ne pas imposer aux enfants que la place des filles est dans la cuisine et celle des garçons ailleurs est louable, mais de là à dénier totalement les données biologiques… Par ailleurs, on apprend un langage au sens large du terme aux enfants, c’est-à-dire comment communiquer et comment partager une culture commune. C’est quelque chose qu’un enfant ne peut construire seul, sous peine de sequelles gravissimes. Au XVIIIème siècle, il y eut un débat sur l’origine des langues. Un prince allemand décida de faire élever un nourisson par des serviteurs ayant une interdiction totale de communiquer (langage, geste etc) afin de savoir si un langage pouvait naître spontanément. Je vous laisse deviner la suite….

6. Le 26 mai 2011,
Cedric

Salut.

Une formulation de toi que je ne saisis pas, cher Laurent, et 2 contradictions chez ces personnes :

  • la formulation : “expérience parentale”. En effet, une expérience, sur 2 mineurs. Considères-tu que tes parents ont eux-même expérimenté avec toi comme cobaye ? Penses-tu que ce sont eux qui t’ont fait qui tu es, y compris au niveau de tes orientations amoureuses (donc sexuelles) ? Jusqu’où irais-tu avec tes propres enfants ? Penses-tu que des hétéros comme moi interdisent à leur fils de mettre des robes ou de jouer avec des poupées ? Etc.

  • les 2 contradictions chez ces 2 débiles : ça me fait hurler de rire leur discours sur la liberté de choix alors qu’ils ne se déterminent que par rapport aux autres, et combattre des normes avec méthode et rigueur, ben c’est de la norme. Ah ah ah.

Toutes ces histoires manquent d’humour. Presque tout le temps.

(ro, c’est la première fois que j’arrive à faire des puces ici)

7. Le 26 mai 2011,
Laurent Gloaguen

@Cedric :

De fait, tous les parents expérimentent plus ou moins avec leurs enfants. L’élevage n’est pas une science infuse, et connaît des modalités fort variées. Nous sommes tous en partie le résultat des expérimentations plus ou moins foireuses de nos parents (pas vous ?).

Ensuite, s’il n’y avait pas d’expérimentations mais la seule reproduction stricte d’un modèle hérité, on n’évoluerait jamais. Nous serions comme des Amish.

“Penses-tu que des hétéros comme moi interdisent à leur fils de mettre des robes ou de jouer avec des poupées”. Je n’en sais rien, je ne connais pas assez les “hétéros comme vous,” c’est à vous de répondre à cette question.

8. Le 23 février 2013,
mint

Je ne vois vraiment pas en quoi ça concerne le reste du monde. Les réactions que ça suscite … whoooah ! Ce bébé a autre chose à s’occuper pour l’instant que de savoir si c’est un garçon ou une fille. Pour ce qui est de l’éducation, ça me parait effectivement très difficile d’appliquer cela à long terme. de toute façon d’ici à se qu’il aille à l’école il saura parler et pourra dire à ses parents qu’il veut aller en cours avec les autres enfant et que leur délire ne l’amuse plus. Visiblement ses parents sont libertaires, ils ne pourront pas lui refuser cela juste pour leur expérience et leurs croyances. Je viens d’avoir un bébé (1 an), c’est une question qui me travaille, je ne veut pas empêcher mon fils de jouer avec de la dinette ou d’aimer le rose. Je ne veut pas l’aiguiller vers des choses genrées. Mais ce que je refuse plus que tout c’est de le couper du monde qui l’entoure. L’Homme est un être social.

Blah ? Touitter !

Courriel du jour

Je tiens à vous faire part de mon profond désaccord avec le traitement réservé à Mitterrand dans le Monde. Cet article immonde, à charge, digne d’un brûlot d’extrême droite est une honte qui n’aurait jamais dû être publiée. Il rappelle le temps de Plenel/Gattegno et de la “chambre du président’”. Je le prends en outre comme un acte anti-Bergé pour marquer l’indépendance du journal vis-à-vis d’un actionnaire.

Je regrette de m’être embarqué dans cette aventure. Payer sans avoir de pouvoirs est une drôle de formule à laquelle j’aurais du réfléchir ! Je considère que contrairement à ce que j’ai VOULU et à ce qu’ils prétendent, les journalistes du Monde ne sont pas libres mais prisonniers de leurs idéologies, de leurs règlements de compte, et de leur mauvaise foi.

Tout cela est très grave.

Attentivement.

Pierre.

[Via Electron Libre.]

1. Le 25 mai 2011,
Maître Cheveu

Serge Dassault, 86 ans. Pierre Bergé, 81 ans.

Laissons la nature faire son œuvre. Sans bruit.

2. Le 26 mai 2011,
âne

Jeu : parler d’un mail critique du travail d’un ou de journalistes sans utiliser les mots “insultant” et “agression”. Electron libre : vous avez perdu !

3. Le 26 mai 2011,
Maître Cheveu

âne, il y a assez de corporatisme dans le journalisme pour ne pas en chercher où, pour une fois, l’attaque est visible, indigne et sans doute possible.

Blah ? Touitter !