De l’art du brocard juridique
Émilie et Léo sont deux intrépides aventuriers de la médiatisation télévisée ayant illustré les meilleures heures du programme de téléréalité intitulé par antiphrase “Secret Story” (saison 3) où il n’y a ni secret ni histoire, mais cependant une observation des faits et des gestes des jeunes gens qui y participent sous l’œil des caméras, où le téléspectateur finit par s’attacher aux créatures qu’il contemple, comme l’entomologiste à l’insecte, l’émission ne cessant que lorsque l’ennui l’emporte, ce qui advient inéluctablement, comme une audience qui baisse.
Mais “Un seul être vous manque et tout est dépeuplé”, alors, sevrés du programme télé qui s’achève, les aficionados se ruent sur les gazettes, sûrs qu’elles sauront entretenir aussi durablement que possible le feuilleton du rien, passion toujours inassouvie des sociétés contemporaines. Les cobayes, trop heureux de voire quelques flashs qui crépitent encore, et désormais adeptes de l’exposition de soi, courent de l’une à l’autre, comme un canard sans tête, accordant interviews ou posant pour des photos.
Les publications que de telles mœurs font vivre s’en offusquent quand le ciel menace, et dénoncent quelquefois la règle du jeu, comme des enfants qui ergotent pour ne jamais se séparer.
C’est ainsi que le magazine Entrevue a publié dans son numéro 216 daté de juillet 2010 un dossier intitulé “Comment Émilie et Léo vendent leur vie privée” abondamment illustré par des images extraites d’une vidéo montrant les ébats intimes des deux intéressés, avec pour sous-titre : “Émilie et Léo réduits à faire une sex-tape”.
L’indignation fut à son comble.
Extrait d’une ordonnance de référé rendue le 1er juin 2011 par Joël Boyer, vice-président du Tribunal de grande instance de Paris, trouvée chez Authueil.
Karl, La Grange
Blah ? Touitter !