Journal de bord

lundi 9 janvier 2012

Droitisation des esprits

Je ne comprends pas ce qui s’est passé, mais j’en ai une petite idée. La droite a gagné sur le plan idéologique, et plus particulièrement sur l’idée qui veut que les gens soient responsables de ce qui leur arrive – ou pire, que cela résulte d’un ordre naturel. Dans les années 80, les pauvres étaient vus comme un effet secondaire négatif du système économique. Maintenant, on admet facilement que si les pauvres sont pauvres, c’est soit parce que ces feignasses ne se bougent pas assez le cul, soit parce qu’ils sont naturellement inadaptés à notre monde, et dans ce cas on ne peut rien pour eux. Idem pour les étrangers. Oh, bien sûr, on ne leur reproche pas leur couleur de peau ou leur lieu de naissance, ça, même la droite a conscience que ce serait idiot ; mais on leur reproche de ne pas vouloir vraiment s’intégrer, de ne pas oublier leur culture pour adhérer pleinement à la nôtre, on leur reproche de vouloir pratiquer une religion pas catholique, de ne pas faire assez d’effort pour parler parfaitement notre langue, etc. En fait, on leur reproche de faire exprès d’être différents, tout comme on reproche aux pauvres de faire exprès d’être pauvres.

Les débats sur l’identité nationale, la loi sur le voile, les propos racistes de nos ministres ou du chef de l’État, ça peut paraître n’être que des mots, mais de l’autre côté du téléviseur, il y a des gens qui les encaissent. La grossièreté des flics avec tout ce qui est basané, les tracasseries administratives délirantes pour tout ce qui n’est pas né dans l’hexagone, les délits de faciès permanents, ça peut paraître n’être que des brèves dans les journaux, mais ce sont de vrais gens qui les encaissent.

Ad Virgilium : “Victoire idéologique”.

1. Le 9 janvier 2012,
Raveline

Mais bien sûr. Le racisme, c’est une “droitisation des esprits”. La droite, c’est le racisme. D’ailleurs, ça n’est pas du tout une pensée dogmatique et systématique de dire ça. Et bien sûr, dans les années 1980, le racisme, ça n’existait pas. Ce n’est pas une victoire idéologique de la droite, c’est une défaite idéologique de la gauche, à force d’être incapable de faire preuve de nuance.

2. Le 9 janvier 2012,
Virgile

@Raveline “le racisme, c’est la droite” : Ben oui. Tu as regardé la télé récemment ? Je n’ai pas l’impression que ce soit des politiciens de gauche qui insultent les arabes et les rroms à coup de petites phrases et/ou de politique du chiffre depuis 5 ans, ni que ce soit des ministres de gauche qui aient été condamnés par la justice pour propos racistes, ni que ce soit un gouvernement de gauche qui ait été sanctionné à plusieurs reprises par la CEDH. Après, si les électeurs de droite ne sont pas racistes et qu’ils condamnent les propos de ces ministres, hein, va falloir le crier plus fort parce que pour l’instant ce n’est pas très audible.

“le racisme n’existait pas dans les années 80” : Il va falloir me montrer où j’ai écrit ça, parce que je n’ai jamais dit une chose pareille. En fait, je pense même le contraire, c’est à dire que les agressions racistes sont plutôt en diminution et qu’elles étaient plus nombreuses dans les années 80. Ce que je dis, c’est que le racisme était à l’époque perçu très négativement, comme une chose vraiment inacceptable, qui mobilisait les foules et les associations. Alors qu’on y est globalement plus indifférent aujourd’hui.

3. Le 9 janvier 2012,
Jean
4. Le 10 janvier 2012,
Marie-Aude

Le racisme n’est malheureusement pas l’apanage de la droite, il faut le reconnaître. Les régimes communistes et une certaine extrême gauche arrivent par un chemin tout à fait différent, celui d’une uniformisation “internationale et prolétaire”, exactement au même résultat que les dérives droitières. La Russie communiste a développé des thèses racistes, pan slavistes qui s’épanouissent sous Poutine. Et il y a des tas de gens qui se considèrent de gauche, et qui sont quand même un peu - moyen - beaucoup racistes, envers une catégorie de gens.

De la même façon, il existe de nombreuses personnes de droites qui ne sont pas racistes, y compris dans les hommes politiques, et leur reprocher de ne pas crier assez fort est un argument très pervers et très fallacieux, exactement le même que celui employés par les islamophobes qui reprochent aux musulmans de ne pas s’exprimer “assez fort” contre les attentats, etc.

Les agressions racistes étaient elles plus nombreuses dans les années 80 ? En France je n’en sais rien, je n’en ai pas vraiment l’impression. ça dépend si on regarde au nombre de morts, ou si on inclus dans ce genre d’agressions les profanations de cimetières, etc. Elles étaient en revanche nettement moins banalisées, elles avaient beaucoup moins droit de cité.

Ce qui est exact, c’est que le quinquennat Sarkozy a été celui d’une utilisation éhontée des thématiques d’extrême droite, et de la banalisation des thèses racistes. C’est la première fois depuis très longtemps qu’on a vu un gouvernement se positionner de cette façon, en faisant feu de tout bois pour faire oublier ses échecs économiques et pointer un bouc émissaire facile. En ce sens, le racisme des années 2000 est très certainement de droite.

Blah ? Touitter !

Filouteries dionysiaques

Ces fêtes de fin d’année sont en réalité une occasion rêvée pour vous débarrasser de flacons dont vous ne savez plus quoi faire. Pourquoi ? Mais parce que vous êtes entouré de nombreux membres de famille que vous ne voyez, fort heureusement, qu’une fois par an. Mais aussi parce que une bonne partie de cet assemblée (en gros les adultes) est trop “gavée” pour se rendre compte de ce qu’elle boit la plupart du temps. Quelques exemples  

Vous avez un vin rouge en cave qui a nettement passé sa date optimale de consommation. Vous allez le servir quand même en employant une bonne vieille technique mise au point par des marchands de vin britanniques depuis des siècles. Commencez par prendre une belle carafe (…). Rincez-la avec un vin muté rouge (Porto, Banyuls, Maury, peu importe…) en laissant dans le carafe les 3 ou 4 centilitres utilisés pour le rinçage. Cela va correspondre à environ 5% du volume du votre vieux vin rouge que vous allez verser dans la carafe, sans la vider. Goûtez le résultat. Si c’est buvable, le tour est joué. Sinon, insistez avec le Porto, et pas la peine de gâcher une bouteille de vintage pour l’occasion: un ruby reserve fera très bien l’affaire. Si on vous demande l’identité du vin servi, improvisez, en précisant qu’il s’agit d’un cadeau de quelqu’un qui vous est très cher (au cas où la qualité de la chose perçue par vos invités n’est pas au top et pour préserver votre honneur).

Les 5 du vin, David Cobbold : “Des vins pour les fêtes, “canal historique” ou face Nord ?”.

J’avais déjà entendu parler du coup de la cuillère de porto dans la carafe de vin rouge. À essayer avec un rouge ordinaire mais de bonne facture, et faire un test, en aveugle bien sûr… Si vous avez de vieilles bouteilles vides du genre Petrus, plutôt vieux pour justifier la légère madérisation, n’hésitez pas à sortir l’entonnoir.

Si vous venez à la maison et que je sers un vin déjà carafé, méfiez-vous :-)

Et pour ce qui est du prix du vin, souvenez-vous qu’un Bordeaux supérieur “Grand vin de Reignac” à 15 euros peut être jugé meilleur par un panel d’experts qu’un Latour, un Ausone, un Petrus ou un Margaux…

1. Le 10 janvier 2012,
juli1

D’ailleurs, pour les amateurs et ceux qui veulent trouver un bon vin tout en bouquinant, le manga les Gouttes de Dieu est très bien fait et permet de montrer que dans le domaine, prix élevé ne s’accorde pas toujours avec qualité …

Blah ? Touitter !