Journal de bord

mardi 8 mai 2012

Rico, victime d’intimidation ?

[…] Le coup, c’est celui du on-débarque-en-gang-devant-chez-vous-pour-manifester. Chez-vous, comme dans chez-vous, chez toi, devant ta maison.

C’est le coup que Rico — mon coanimateur des Francs tireurs — s’est fait faire, la semaine dernière. En gang, des étudiants se sont pointés chez lui, jeudi soir dernier, dans une de leurs manifestations nocturnes. En gang ? Ils étaient des centaines !

Ils ont manifesté, ils ont chahuté. Ils ont le droit, ce n’est pas illégal. Cependant, c’est vil, infect, laid, abject, nauséabond, lâche, petit et j’en passe.

[…] Mais aller relancer devant chez lui l’auteur d’une parole qu’on n’aime pas, désolé, ce n’est plus de la liberté d’expression. Aller relancer chez lui un journaliste, alors qu’on est des centaines — Dieu qu’on est braves, en troupeau ! —, ce n’est plus de la liberté d’expression, c’est autre chose et ça porte un nom : intimidation.

Et, de grâce, ne me dites pas que Richard récolte ce qu’il sème par la virulence de son propos, par ses choix de mots. Il émet des opinions. Il n’envoie personne manifester devant les résidences personnelles des leaders étudiants, à ce que je sache.

La Presse, Patrick Lagacé : “Richard Martineau, la liberté d’expression et l’intimidation”.

Richard Martineau journaliste ? Ciel, nous en apprenons tous les jours…

Plus largement, la manif qui a fait une escale chez Richard — rapportée sur LaPresse.ca, avec le nom de la rue, ce qui a déclenché la colère de Martineau, ce week-end — devrait inciter les médias à réfléchir à une question: quand une manif s’arrête devant la résidence personnelle de quelqu’un, est-ce que le droit du public à l’information serait fatalement desservi si on ne mentionnait pas la rue en question ? On le fait, comme médias, sans trop se poser de questions, calibrés que nous sommes à révéler le plus de détails possible sur un événement. On l’a fait dans le passé pour des manifs chez le maire Tremblay, le PM Charest, l’ex-ministre Gagliano. Je pense personnellement que ça n’ajoute rien à la qualité de l’info. Je pense qu’on devrait y réfléchir.

Ibid.

tweets-martineau-duchaine-2012.gif

Les étudiants contre la hausse des droits de scolarité ont créé tout un imbroglio, jeudi soir, alors qu’ils se sont trompés de maison en allant crier et lancer des pétards sur la rue S####t, à Outremont, où vivent le maire de Montréal et le chroniqueur Richard Martineau, dans le cadre de leur traditionnelle manifestation nocturne.

Ce n’est pas clair lequel des deux était leur cible. Une chose est sûre, ils ne l’ont pas atteinte. Si le compte Twitter du SPVM affirmait que les protestataires avaient fait halte devant la maison et que des slogans « anti-Martineau » étaient scandés par le groupe, c’est sur le domicile de la Dr Vania Jimenez et sa famille, qui n’ont rien à voir dans le conflit à part le fait qu’une des filles du médecin, comme des dizaines de milliers d’autres, est actuellement en grève, qu’ils ont jette leur dévolu.

« Ma fille de 25 ans était seule à la maison avec le chien, raconte Dr Jimenez. Elle a été réveillée par le bruit. » En pleine nuit, par la fenêtre, la jeune femme a aperçu une cinquantaine de policiers qui ceinturaient sa maison, située à un jet de pierre de celles de Gérald Tremblay et de Richard Martineau. Dans la rue : 3000 manifestants en colère. Surprise, elle est sortie sur le balcon avant pour comprendre ce qui arrivait. « Elle a automatiquement été huée et les policiers lui ont dit de rentrer en vitesse ou elle allait se faire lancer des roches », dit Vania Jimenez.

[…] « J’ai juste hâte que ça se règle, dit-elle. Nous sommes tous pris dans ça. Plus ça dure et plus il y a des risques d’erreurs qui peuvent causer du tort. Il n’y a rien eu chez nous, mais ça aurait pu être différent. Il y aurait pu avoir des dégâts. »

La Presse, Gabrielle Duchaine, 4 mai 2012 : “Manifestation nocturne: les étudiants ont attaqué la mauvaise maison”.

(Message privé à l’attention de Gabrielle Duchaine : “qu’ils ont jeté”, c’est mieux…)

L’adresse du domicile du maire de Montréal est loin d’être un secret d’état. Et celle de Richard Martineau non plus, puisque les étudiants savaient qu’il habitait à côté du maire avant le papier de Gabrielle Duchaine.

Ainsi, il y a fort à parier que quiconque ayant des intentions criminelles à l’égard de Richard Martineau n’avait pas besoin d’attendre cet article pour savoir où le trouver.

Il semble clair que le chroniqueur a saisi au passage une excellente occasion de taper sur La Presse.

Cette manifestation nocturne, forte de 3000 personnes, a emprunté plusieurs artères du centre-ville en omettant à quelques reprises de respecter les consignes émises par la police. Une trentaine de participants habillés en noir et cagoulés ont été aperçus en tête de la manifestation, et des pièces pyrotechniques ont été lancées en cours de soirée.

À 22 h 50, la manifestation a été déclarée illégale devant la maison du maire Gérald Tremblay, sur la rue Stuart, dans l’arrondissement d’Outremont.

Le Journal de Montréal, Mélanie Colleu, 5 mai 2012 : “Vers une vague d’abandons”.

À part quelques cônes renversés et l’usage de pétards et de feux d’artifice, le début de marche s’est bien déroulé. Mais une fois sur la rue Stuart dans Outremont, celle de Gérald Tremblay, les choses ont vite dégénérées. Des manifestants ont fait éclater des pétards devant une résidence et lancé des projectiles aux policiers. Selon plusieurs sources, les marcheurs se seraient trompés de maison. Celle devant laquelle ils se sont arrêtés était pourtant protégée par près de 50 agents de la paix.

La Presse, Gabrielle Duchaine, 3 mai 2012 : “La 10e manifestation nocturne s’arrête sur la rue du maire”.

(Message privé à l’attention de Gabrielle Duchaine : “les choses ont vite dégénéré”, c’est mieux…)

Il me paraît effectivement critiquable d’aller manifester devant des domiciles privés. Vous n’aimez pas le maire Tremblay ou le polémiste Martineau ? Allez donc manifester devant la mairie de Montréal, le siège de Québecor et/ou du Journal de Montréal.

Méfions-nous aussi de l’indignation à géométrie variable, au seul bénéfice des riches et des puissants.

(Et vous aurez bien compris que ce qui me choque le plus dans le travail de la journaliste incriminée, c’est bien son total dédain de la grammaire française.)

EDDJ-06 Viola riviniana ‘purpurea’

En direct du jardin… aujourd’hui, la Viola riviniana ‘purpurea group’ (violette Rivinus).

Viola riviniana ‘purpurea’

Viola riviniana ‘purpurea’

Comme souvent en Amérique du Nord, cette violette m’a été vendue sous le nom incorrect de Viola labradorica ‘purpurea’. On trouvera sur le site de l’USDA de vraies photos de Viola labradorica, plante qui n’est pas commercialisée à ma connaissance.

Jeunes feuilles d’érable Shirasawanum (Acer shirasawanum ‘Jordan’) :

Acer shirasawanum

À 7 heures, 14,5° C. Pluie.

Lanterne japonaise

Lanterne japonaise

Je suis resté longtemps en admiration devant tes violettes. J’en ai rapportées de chez mes parents pour mon minuscule rebord de fenêtre. Elles ne sont pas encore fleuries mais je les attends ^^

Blah ? Touitter !

Autosatisfaction à l’AFP

On ne peut que sourire à lire ce monument d’autocongratulation sous la plume de Roland de Courson, une glorification de l’agence, la tension dramatique en prime :

flash-afp-2012.jpg

La tension est à son comble au service politique de l’AFP, dimanche 6 mai. Le journaliste Vincent Drouin (assis, au centre) et la chef du service politique Sylvie Maligorne (à sa droite) se préparent à envoyer le “flash” qui annoncera aux clients de l’AFP la victoire de François Hollande. Sentiraient-ils comme une certaine pression sur leurs épaules ? Dans leur dos, les principaux responsables de l’agence n’en ratent pas une miette : la rédactrice en chef centrale Florence Biedermann (debout, au centre), le directeur de l’information Philippe Massonnet (debout, au premier plan) et le PDG Emmanuel Hoog (debout, tout à droite)… et même un étudiant en sociologie qui est là pour étudier l’événement d’un point de vue anthropologique. Moment historique

Le résultat du second tour d’une élection présidentielle en France est un des moments les plus forts dans la vie de l’AFP. Etre celui ou celle qui appuie sur le bouton pour envoyer le “flash” - un format de dépêche réservé aux événements capitaux, du genre de ceux qui font s’interrompre les programmes à la radio dans le monde entier pour un bulletin spécial - est un privilège rarissime.

Au cours de toutes les élections présidentielles dans le passé, l’AFP a sagement attendu 20h00 pour envoyer son flash. La loi électorale française impose en effet aux médias le silence radio jusqu’à l’heure de la fermeture des derniers bureaux de vote. Et ce alors même que la plupart des rédactions disposent généralement, dès 18h30 environ, d’estimations suffisamment fiables pour connaître à coup sûr le résultat final.

Mais pour cette présidentielle 2012, le tabou tombe. Dimanche 6 mai, l’AFP annonce à ses abonnés l’élection de Hollande à 18h53, après leur avoir bien précisé que “la diffusion de ces informations auprès du grand public est de (leur) seule responsabilité”. Elle avait fait de même lors du premier tour : l’information donnant Hollande en tête devant Nicolas Sarkozy était passée sur les fils à 18h46. C’était la première fois de son histoire que l’AFP brisait le silence avant 20h00.

Pourquoi une telle décision ? Parce que dès 18h30, ce dimanche 6 mai, plusieurs médias belges et suisses ont publié des estimations du résultat du second tour. L’information s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Quiconque, en France, possède une connexion internet peut connaître le résultat de la présidentielle en quelques secondes, en consultant Twitter ou en regardant la télévision belge, alors même que tous les médias français sont obligés de rester muets. Face à cette situation, l’AFP, qui dispose d’estimations concordantes, basées sur les premiers dépouillements et fournies par ses propres sources, doit-elle rester silencieuse ? L’agence, qui dispose de 3.500 clients à l’étranger, restera-t-elle crédible si, au moment le plus fort de la vie politique française, elle se fait doubler par les agences concurrentes anglo-saxonnes comme ce fut le cas en 2007 ?

A 18h53, la décision est donc prise de diffuser le flash donnant Hollande président. Sylvie Maligorne prend sa respiration et appuie sur le bouton

Un petit brouhaha s’en suit. Des applaudissements pour fêter l’envoi du flash. Quelques sourires modestes, quelques cris de satisfaction, et puis chacun retourne à son travail.

Agence France Presse, Making-Of, Roland de Courson : “FLASH ! A 18h53, Hollande président”.

Je veux bien que ce soit un “moment historique” en interne pour l’agence, mais quand tu diffuses une info qui a déjà fait plusieurs fois le tour de la planète…

1. Le 8 mai 2012,
Joachim

C’est nouveau et intéressant, les thèmes… est-ce que tu vas rétrothématiser tes archives?

2. Le 8 mai 2012,
Laurent Gloaguen

Non, récupérer 10 années, trop de boulot. Mais j’ai pris la bonne résolution de dorénavant catégoriser systématiquement. (C’était très occasionnel avant).

Blah ? Touitter !

Monsieur Caramel Pudding

Oui, forcément, Flanby, c’est difficile à traduire en anglais.

Dans un souci louable de couvrir ce nouveau concept de politique internationale, le Wikipédia anglo-saxon a créé la page Flanby pas plus tard qu’aujourd’hui, remplaçant ainsi un malheureux “#REDIRECT [[François Hollande]]”.

On explique dorénavant que :

Flanby (often misspelled “Flamby”) is a trademark of French caramel custard (Creme Caramel) marketed by Lactalis Nestlé Produits Frais, a joint venture between Nestlé and Lactalis agribusiness, and sold in plastic pots.

French president François Hollande is pejoratively nicknamed Flanby.

Les grands médias américains ont trouvé la solution, à l’image de MSNBC, le nouveau président français sera “Monsieur Caramel Pudding”.

mr-caramel-pudding-2012.