Rico, victime d’intimidation ?
[…] Le coup, c’est celui du on-débarque-en-gang-devant-chez-vous-pour-manifester. Chez-vous, comme dans chez-vous, chez toi, devant ta maison.
C’est le coup que Rico — mon coanimateur des Francs tireurs — s’est fait faire, la semaine dernière. En gang, des étudiants se sont pointés chez lui, jeudi soir dernier, dans une de leurs manifestations nocturnes. En gang ? Ils étaient des centaines !
Ils ont manifesté, ils ont chahuté. Ils ont le droit, ce n’est pas illégal. Cependant, c’est vil, infect, laid, abject, nauséabond, lâche, petit et j’en passe.
[…] Mais aller relancer devant chez lui l’auteur d’une parole qu’on n’aime pas, désolé, ce n’est plus de la liberté d’expression. Aller relancer chez lui un journaliste, alors qu’on est des centaines — Dieu qu’on est braves, en troupeau ! —, ce n’est plus de la liberté d’expression, c’est autre chose et ça porte un nom : intimidation.
Et, de grâce, ne me dites pas que Richard récolte ce qu’il sème par la virulence de son propos, par ses choix de mots. Il émet des opinions. Il n’envoie personne manifester devant les résidences personnelles des leaders étudiants, à ce que je sache.
La Presse, Patrick Lagacé : “Richard Martineau, la liberté d’expression et l’intimidation”.
Richard Martineau journaliste ? Ciel, nous en apprenons tous les jours…
Plus largement, la manif qui a fait une escale chez Richard — rapportée sur LaPresse.ca, avec le nom de la rue, ce qui a déclenché la colère de Martineau, ce week-end — devrait inciter les médias à réfléchir à une question: quand une manif s’arrête devant la résidence personnelle de quelqu’un, est-ce que le droit du public à l’information serait fatalement desservi si on ne mentionnait pas la rue en question ? On le fait, comme médias, sans trop se poser de questions, calibrés que nous sommes à révéler le plus de détails possible sur un événement. On l’a fait dans le passé pour des manifs chez le maire Tremblay, le PM Charest, l’ex-ministre Gagliano. Je pense personnellement que ça n’ajoute rien à la qualité de l’info. Je pense qu’on devrait y réfléchir.
Ibid.
Les étudiants contre la hausse des droits de scolarité ont créé tout un imbroglio, jeudi soir, alors qu’ils se sont trompés de maison en allant crier et lancer des pétards sur la rue S####t, à Outremont, où vivent le maire de Montréal et le chroniqueur Richard Martineau, dans le cadre de leur traditionnelle manifestation nocturne.
Ce n’est pas clair lequel des deux était leur cible. Une chose est sûre, ils ne l’ont pas atteinte. Si le compte Twitter du SPVM affirmait que les protestataires avaient fait halte devant la maison et que des slogans « anti-Martineau » étaient scandés par le groupe, c’est sur le domicile de la Dr Vania Jimenez et sa famille, qui n’ont rien à voir dans le conflit à part le fait qu’une des filles du médecin, comme des dizaines de milliers d’autres, est actuellement en grève, qu’ils ont jette leur dévolu.
« Ma fille de 25 ans était seule à la maison avec le chien, raconte Dr Jimenez. Elle a été réveillée par le bruit. » En pleine nuit, par la fenêtre, la jeune femme a aperçu une cinquantaine de policiers qui ceinturaient sa maison, située à un jet de pierre de celles de Gérald Tremblay et de Richard Martineau. Dans la rue : 3000 manifestants en colère. Surprise, elle est sortie sur le balcon avant pour comprendre ce qui arrivait. « Elle a automatiquement été huée et les policiers lui ont dit de rentrer en vitesse ou elle allait se faire lancer des roches », dit Vania Jimenez.
[…] « J’ai juste hâte que ça se règle, dit-elle. Nous sommes tous pris dans ça. Plus ça dure et plus il y a des risques d’erreurs qui peuvent causer du tort. Il n’y a rien eu chez nous, mais ça aurait pu être différent. Il y aurait pu avoir des dégâts. »
La Presse, Gabrielle Duchaine, 4 mai 2012 : “Manifestation nocturne: les étudiants ont attaqué la mauvaise maison”.
(Message privé à l’attention de Gabrielle Duchaine : “qu’ils ont jeté”, c’est mieux…)
L’adresse du domicile du maire de Montréal est loin d’être un secret d’état. Et celle de Richard Martineau non plus, puisque les étudiants savaient qu’il habitait à côté du maire avant le papier de Gabrielle Duchaine.
Ainsi, il y a fort à parier que quiconque ayant des intentions criminelles à l’égard de Richard Martineau n’avait pas besoin d’attendre cet article pour savoir où le trouver.
Il semble clair que le chroniqueur a saisi au passage une excellente occasion de taper sur La Presse.
Cette manifestation nocturne, forte de 3000 personnes, a emprunté plusieurs artères du centre-ville en omettant à quelques reprises de respecter les consignes émises par la police. Une trentaine de participants habillés en noir et cagoulés ont été aperçus en tête de la manifestation, et des pièces pyrotechniques ont été lancées en cours de soirée.
À 22 h 50, la manifestation a été déclarée illégale devant la maison du maire Gérald Tremblay, sur la rue Stuart, dans l’arrondissement d’Outremont.
Le Journal de Montréal, Mélanie Colleu, 5 mai 2012 : “Vers une vague d’abandons”.
À part quelques cônes renversés et l’usage de pétards et de feux d’artifice, le début de marche s’est bien déroulé. Mais une fois sur la rue Stuart dans Outremont, celle de Gérald Tremblay, les choses ont vite dégénérées. Des manifestants ont fait éclater des pétards devant une résidence et lancé des projectiles aux policiers. Selon plusieurs sources, les marcheurs se seraient trompés de maison. Celle devant laquelle ils se sont arrêtés était pourtant protégée par près de 50 agents de la paix.
La Presse, Gabrielle Duchaine, 3 mai 2012 : “La 10e manifestation nocturne s’arrête sur la rue du maire”.
(Message privé à l’attention de Gabrielle Duchaine : “les choses ont vite dégénéré”, c’est mieux…)
Il me paraît effectivement critiquable d’aller manifester devant des domiciles privés. Vous n’aimez pas le maire Tremblay ou le polémiste Martineau ? Allez donc manifester devant la mairie de Montréal, le siège de Québecor et/ou du Journal de Montréal.
Méfions-nous aussi de l’indignation à géométrie variable, au seul bénéfice des riches et des puissants.
(Et vous aurez bien compris que ce qui me choque le plus dans le travail de la journaliste incriminée, c’est bien son total dédain de la grammaire française.)
Blah ? Touitter !