Travail parlementaire
M. le président. Dans la série d’amendements identiques n° 968 et suivants, la parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement n° 3830.
Mme Marie-Christine Dalloz. Il est défendu.
M. le président. La parole est à Mme Laure de La Raudière, pour soutenir l’amendement n° 1159.
Mme Laure de La Raudière. J’allais vous demander un rappel au règlement, monsieur le président, mais je vais plutôt m’exprimer sur mon amendement.
Je prie mes collègues de bien vouloir m’excuser pour la réaction que j’ai eue tout à l’heure. Je me suis un peu emportée contre M. Emmanuelli : j’ai été énervée, car M. Emmanuelli, critiquait à voix basse M. de Mazières.
Pour me calmer, je suis allée prendre l’air sur l’esplanade des Invalides. Cela m’a permis de voir comment se passait le sit-in organisé par les manifestants.
Le sit-in était très calme, les forces de l’ordre beaucoup moins. Je peux en témoigner, Marc Le Fur était à mes côtés et s’exprimera peut-être par la suite : le déploiement des forces de l’ordre est totalement disproportionné au regard du nombre de manifestants. D’ailleurs, je me suis fait la réflexion que, si les forces de l’ordre avaient quitté les lieux tranquillement, tous ces jeunes assis, rassemblés et chantant, m’a-t-il semblé, des cantiques (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC), seraient gentiment partis sans faire preuve de la moindre violence. Leur attitude était exclusivement pacifique.
Je suis profondément choquée de voir qu’en France, en République, on traite ces manifestants comme des délinquants.
M. Charles de La Verpillière. Ils ont peur du peuple !
Mme Laure de La Raudière. Environ quatre-vingts d’entre eux ont été embarqués dans deux cars ; les autres ont été dispersés. J’ai vu des jeunes filles de dix-sept ou dix-huit ans, traînées par terre…
M. Philippe Meunier. C’est d’une violence inouïe !
M. Yann Galut. Elles n’étaient pas à la maison à cette heure-là ?
Mme Laure de La Raudière. C’est totalement disproportionné et je voulais en témoigner devant vous pour vous dire combien je suis choquée par ce que j’ai vu aujourd’hui en France. Ces ordres sont donnés par M. Valls, le ministre de l’intérieur.
M. Charles de La Verpillière. Le fascisme est en marche !
Mme Laure de La Raudière. Naturellement, les CRS, les policiers et les gendarmes ne sont pas en cause puisqu’ils reçoivent des ordres. Mais je suis profondément choquée de ce que j’ai vu. Cela ne m’a malheureusement pas du tout calmée. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Étienne Blanc. C’est le début de la dictature !
M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?
M. Erwann Binet, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. Même avis.
M. le président. La parole est à M. Marc Le Fur.
M. Marc Le Fur. Pardonnez-moi, monsieur le président, mais le temps n’est pas aux sourires, il est à l’émotion. Avec Laure de la Raudière et d’autres collègues nous étions aux Invalides. L’un d’entre nous, Nicolas Dhuicq, y est resté parce que l’un des manifestants a été violemment frappé à la gorge…
Mme Laure de La Raudière. Matraqué !
M. Marc Le Fur. …matraqué, et notre collègue utilise ses compétences de médecin pour l’accompagner et le soigner. Voilà ce qu’il se passe,…
Mme Claude Greff. Cela devrait vous choquer !
M. Philippe Meunier. C’est honteux !
M. Marc Le Fur. …non pas à l’extrémité orientale de l’Europe, non pas à Sarajevo, mais ici, aux Invalides, à nos portes. De qui s’agissait-il ? Contre qui s’exerçait cette violence ? Contre des jeunes gens et plus encore de jeunes filles. J’ai vu passer une jeune fille à lunettes, traînée par trois policiers casqués, bottés et armés. J’ai vu des déploiements de force inimaginables.
Mme Claude Greff. C’est la gauche qui est responsable de tout ça !
M. Yann Galut. C’est vous les responsables !
M. Marc Le Fur. Dans nos campagnes, quand on demande un gendarme, on ne l’a pas ; dans nos banlieues, quand on demande des policiers, on ne les a pas. Et là, tout se rassemble dans des proportions inadmissibles.
Monsieur le président, au nom de ceux qui ont été les témoins, il y a quelques instants, de ce qui s’est passé aux Invalides, je demande au ministre de l’intérieur de cesser…
M. Hervé Mariton. Mais enfin, vous avez vu ? C’est inadmissible ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP, dont plusieurs députés se lèvent et se dirigent vers le banc du Gouvernement.)
M. Christian Jacob. Rappel au règlement, monsieur le président !
M. Marc Le Fur. Que se passe-t-il ?
M. le président. La séance est suspendue !
(La séance, suspendue le vendredi 19 avril 2013 à zéro heure cinquante, est reprise à une heure vingt.)
Assemblée nationale, XIVe législature. Troisième séance du jeudi 18 avril 2013.
JMU
Le compte-rendu qui précède la photo n’est pas nécessaire, à mon avis. Il y a bien pire en termes de mauvaise foi dans la fin de la séance, quand on passe à l’abattage des amendements et que l’UMP décide d’en retirer certains dans l’unique but de ralentir le vote. Ou encore ce splendide rappel au règlement de Christian Jacob, qui se passe de commentaire : http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2012-2013/20130223.asp#INTER_45
Blah ? Touitter !