Trentenaires décérébrés
[…] Et puis, la procrastination.
Finalement, c’est ce qui nous a le plus déçu, particulièrement celle des trentenaires que nous aimons pourtant tellement. Ces hommes et ces femmes qui nous lisent et qui contribuent parfois mais qui n’arrivent pas à suivre. La fin de Minorités est aussi l’énervement face à cette hésitation de la part d’une génération qui perd les plus belles heures de sa maturité sur les réseaux sociaux ou les sites de drague et qui ne parvient plus à s’exprimer d’une manière constructive. Ils font des choses, c’est certain, mais ils sont incapables d’en écrire le sens. Et ça, nous ne pouvons pas l’accepter. Cette génération perdue, qui part vivre à l’étranger (on les encourage, d’ailleurs), qui n’a jamais été aussi stylée et sexy n’arrive pas à se décrire pour contribuer à un débat inter-générationnel. À la rigueur, les kids de 20 ans ont moins de réticence à se lâcher, d’ailleurs ils n’ont rien à perdre. Mais la procrastination frappe de plein fouet une génération qui se perd dans ses occupations journalières. Elle oublie d’écrire. Elle oublie de s’engager. Elle se mord les doigts en admettant ses limites et ses scrupules. […]
Minorités, Didier Lestrade : “Minorités, c’est bientôt fini”.
Mazaurette
Aouch.
Krysalia
il y a 10 ans : ah, cette génération qui écrit dans des blogs au lieu d’écrire dans le journal, ils ne savent plus exprimer leurs idées ! ils sont démotivés !
il y a 30 ans : ah, cette génération qui écrit dans un journal par paresse intellectuelle, alors que la mienne change le monde dans des émissions à la télé ! ils sont démotivés !
il y a 50 ans : ah, cette génération qui ose débattre dans des émissions de télé au lieu de s’atteler à un vrai travail intellectuel, en écrivant des essais, des critiques, des romans !
il y a cent ans : ah, cette génération qui ose lire la pensée des hommes politiques alors que la mienne se déplace pour les voir en meetings, nous agissons, ils sont passifs !
il y a 600 ans : ah, cette génération du tout, tout de suite, qui ose vouloir un accès à trop de culture qu’ils ne peuvent digérer ! nous, nous lisons des livres soigneusement copiés A LA MAIN et nous prenons une vie pour en saisir la substance ! ils vont trop vite, ils perdent de la profondeur de réflexion !
… … …
Il y a 30 000 ans : ah, cette génération qui ne sait plus exprimer ses idées autrement qu’en gribouillant sur des murs avec de la pierre en poudre et de la graisse de mammouth ! nous au moins, on sait gueuler ce qu’on a à dire, la haut sur le surplomb rocheux, ça fait passer autrement les idées qu’en s’enfermant dans une grotte comme un lâche ! ils ne sont plus courageux !
quand je lis ce genre de passage dans un texte, je me dis ça va, c’est cool, rien ne change. et cette stabilité me réjouit :D.
AlSquire
+1
Blah ? Touitter !