Matin du dernier jour

S’il ne restait qu’un jour
De ces jours gris à l’aube
Qu’entre deux toits des lambeaux se partagent.

Le vent
A déjà fait cent pas,
Sur les quais du matin, à l’angle pâle des rues.
L’heure, éperdue, regagne les trottoirs
Se glisse dans les bars quand le jour se fait froid
Et à tous, passants qui vous pressez,
Elle vante sa vertu et revend des retards.
La pluie vient elle aussi !
Qu’elle tienne compagnie aux enfants des écoles,
Qu’à leur pied vagabond elle dépose des flaques
Remplies d’un ciel qu’un peu de boue tourmente
Et qu’ils s’en éclaboussent.

J’irais jusqu’en moi-même
À l’amont des mots, où il se font obscurs.
Tout ce que je saurais n’aurait plus rien d’utile
Et au jour qu’il me resterait
J’insufflerais la nuit, et sa fureur, et ses ulcères.

Hiver 1982.