La vie, la vie : premières impressions
Mon lapin m’a rapporté de Montréal le coffret DVD de la série télévisée La vie, La vie.
De tous les DVD qu’il m’a offerts, c’est celui que nous avons (enfin plutôt moi) choisi de regarder en premier.
J’ai tout de suite commencé par faire mon chialeux de petit français :
Moi - Hey, coudon, y a même pas de sous-titrage français sur c’te DVD. Quel mépris pour les sourds, les malentendants et le ROF (Rest Of the Francophonie) ! [Ce disant, en sachant pertinemment que je serai probablement l’unique français, le premier et le dernier, à regarder les DVD de La vie la vie dans l’Hexagone…]
Lapin - C’est peut-être fait à l’économie…
Moi - Ouais, tu parles, à l’économie ! T’as pas vu les sérigraphies sur les disques et le cartonnage…
Lapin - Y paraît qu’ils ont fait une version doublée en français.
Moi - Tiens donc, diffusée sur TV5 le lundi à 14 heures ? Audience 15 personnes, dont dix petites vieilles assoupies ?
Notre soirée télévisuelle démarrait très fort.
Étant donné que nous n’avons regardé que trois épisodes (enfin 2,5 pour moi), je ne peux livrer que des premières impressions. Déjà, un truc très agaçant : ils ont conservé sur le DVD les coupures publicitaires (!) en les remplaçant par un intertitre. Comme pour les souligner : “Hey, regarde là, hein qu’on est fort au niveau du scénario pis du montage”. En parlant du montage, la série fait un recours excessif aux afféteries des trucages numériques, tout pour donner mal aux yeux et à la tête, et purement gratuitement, sans rien ajouter à la compréhension de l’histoire, “Hey, regarde là, on s’est acheté une couple de plug-ins pour Final Cut Pro, pis nous autres, on sait s’en servir.” Et, comme on est dans le vent, la caméra, faut qu’elle bouge… Quant à l’illustration sonore et musicale, elle est tonitruante, mais pas mal faite (elle accompagne bien l’action). Et la photographie, c’est à l’américaine, bien léchée et sursaturée.
Mis à part cette forme très “mode”, la série est un genre de “Friends” dramatique à la québécoise. On suit un groupe de trentenaires individualistes dont une bonne moitié d’encore-célibataires (le coeur de cible marketing de la série, c’est clairement les trentenaires). Il y a même un genre de Central Perk avec le bar du gai de la gang où les personnages se croisent souvent.
J’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, il n’y en a que deux qui ressortent du lot. En premier lieu, Vincent, le rôle le mieux écrit et très bien joué par Normand Daneau, et Claire (Macha Limonchik), la célibataire gaffeuse. J’ai trouvé pas mal de charme à Julie McClemens qui joue Marie. Les autres personnages sont nettement plus ternes. Et ils sont tous navrants à des degrés divers. Sans doute le reflet d’une génération.
Un gros accent est porté sur le monde du travail, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas montré comme épanouissant. C’est plutôt un asservissement qui se fait au détriment du reste de la vie et du bonheur. J’espère que ce n’est pas que ça au Québec…
Mon lapin est “tombé sous le charme” de la série. Moi, je me suis endormi au milieu du troisième épisode. Mais j’aurais quand même le goût de voir la suite, car on a plus d’une occasion de sourire. Et les premiers épisodes d’une série sont rarement les meilleurs, il faut installer les personnages. Et enfin, peut-être n’étais-je pas dans le mood pour regarder cette affaire-là… Pis faut que je fasse attention avec les téléromans du Québec, mon français, y tourne tout croche…
Martine
Laurent, tu dis vraiment “coudon” dans la vie de tous les jours? Cool…
C’est difficile pour moi de croire que tu vis avec un québécois et que tu as besoin de sous-titre sur La Vie la Vie.
Je pense que la série est nettement au-dessus des Friends et autres platitudes de ce genre. On s’attache davantage aux personnages, la direction d’acteur est meilleure et la mise en scène beaucoup plus originale. Essaye quelques épisodes de plus (même s’ils ne sont pas tous bons et le réalisateur en a trop fait dans la finale) mais n’en regarde pas plus de 3 à la fois! N’importe quelle émission conçue pour la télé deviendrait moche regardée à ce rythme.
Laurent
Effectivement Martine, après plusieurs stages linguistiques en immersion totale au Québec, et après avoir importé un specimen d’Homo Quebecus dans ma vie, je n’ai plus vraiment besoin de sous-titrage. Mais la compréhension de ce genre de téléroman me demande souvent un surcroît d’attention. Il me reste d’ailleurs du travail à faire : comprendre La petite vie…
Non, je ne dis pas couramment coudon. Si je le fais, comme de sacrer, c’est pour niaiser. Y-a-t-il plus ridicule qu’un Français qui singe la parlure québécoise ? Par contre, il est vrai que je me suis imprégné de pas mal de vocabulaire et de tournures. Pour faire rager mon lapin, je lui dis que mon beau français est pollué à cause de lui… Enfin, c’est pas pire…
Quant à La vie la vie, je ferai mon bilan quand j’aurai tout vu.
Martine
Comprendre la P’tite Vie? Même moi, j’en perds des bouts!
Laurent
Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir d’entendre ça… Je me sens moins seul. Si même une pure laine peut si perdre, cela m’exonère du sentiment d’être un handicapé à vie.
Blah ? Touitter !