Journal de bord

jeudi 3 avril 2003

Monsieur Richard Martineau

[Ce billet est en toute mauvaise foi un procès d’intention, et j’assume.]

C’est qui ce Richard Martineau ? C’est qui ce grand dadais qui joue le bon gars québécois, gentil mais un peu niaiseux ? Qui jongle entre démagogie et provocation ?

Je le cite : “Et vous savez quoi? Je ne suis pas plus avancé. Je suis mêlé comme au tout début. Chaque fois que je me sens pro-guerre, je tombe sur une entrevue qui me sensibilise sur les dangers d’une attaque unilatérale. Et chaque fois que je me sens anti-guerre, je tombe sur une Grande Gueule d’une jeune Irakienne révoltée qui me fait sentir hyper-cheap de la laisser mariner dans son sang.”

Maintenant je traduis : c’est le dernier qui a parlé qui a raison, je suis pas mal influençable, je suis une vraie girouette. En plus, je me laisse manipuler par les approximations publiées par mon propre journal.

Mais c’est étonnant, je n’arrive pas à vous croire aussi dénué de sens critique. Vous nous avouez lire Thomas Friedman, Noam Chomsky, Christopher Hitchens, le New York Times, Libération, Le Nouvel Observateur, Marie-Anne et Harper’s Magazine. Avec tant de bonne littérature, vous n’arrivez pas à vous faire une opinion ? Vous n’êtes pas avare en opinions d’ordinaire…

Vous poursuivez un paragraphe plus loin : “Les pacifistes, par exemple. Je vous regarde marcher fièrement dans la rue avec vos écriteaux colorés dénonçant la guerre impérialiste des Américains. Vous ne doutez jamais de vos opinions? Que ressentez-vous lorsque vous lisez la lettre ouverte d’une jeune Irakienne qui supplie l’Occident de libérer son peuple du dictateur sanguinaire qui le terrorise? Ça ne vous ébranle pas? Vous ne vous sentez pas égoïstes?” Décidément, M. Martineau, vous dites lire beaucoup de médias, mais pour justifier cette guerre, vous faites toujours appel à ce seul témoignage de cette fameuse “jeune irakienne”, publié dans les colonnes de votre propre journal, avec la rigueur journalistique que l’on sait.

“Pour certains pacifistes, la situation est claire: les pro-guerre couchent à droite, et les anti-guerre couchent à gauche. Désolé, mes amis, mais nous sommes en 2003, pas en 1935. Le paysage idéologique est beaucoup plus morcelé. Bernard Kouchner, de Médecins sans frontières, est pour une intervention armée en Irak. (…) et Alain Finkielkraut, l’une des figures les plus importantes de la gauche française.”

Vous opérez par magistrales simplifications. Vous mettez en avant ce que vous appelez les “gauchistes anti-guerre” en les stigmatisant comme aux idées arrêtées en 1935 (pensez-vous “staliniens” ?). Vous avez raison quand vous dites que le paysage politique est morcelé, mais vous omettez de préciser qu’il y a beaucoup de gens de droite qui sont contre cette guerre. Ainsi, en France, il n’y a pas de différence entre les gens de gauche et de droite sur la question de la guerre. Quant à “Alain Finkielkraut, l’une des figures les plus importantes de la gauche française”, j’en ris encore. Vous êtes un petit comique, M. Martineau. Et pour Kouchner, il est tout à fait marginal et n’est représentatif que de lui-même.

“La gauche est divisée, déchirée, éventrée. Les gauchistes n’étaient-ils pas internationalistes, dans les années 30-40? N’était-ce pas dans la tradition de la gauche de lutter militairement contre la dictature et le fascisme ?” La gauche n’est nullement divisée, déchirée, éventrée, en tout cas pas sur cette question. Ce sont vos fantasmes que vous énoncez M. Martineau, mais en rien la réalité. Mais peut-être votre vision de la politique se limite-t-elle au paysage états-unien ? Quant à votre caricature de la gauche avec des références à peine voilée au stalinisme, elle est non seulement éculée mais aussi insultante. Cela est assez révélateur de votre idéologie personnelle.

“Il y a autant de bonnes raisons d’attaquer l’Irak que de ne pas l’attaquer. La situation est extrêmement complexe, et il faut se méfier comme de la peste des gens qui croient posséder la vérité.
Vous avez toutes les informations vous permettant de prendre parti? Vous avez lu les rapports top secrets des services de renseignements, vous savez tout ce qui se trame, vous connaissez tous les jeux de coulisse?”

Si l’on vous suivait, M. Martineau, personne n’aurait d’opinion sur aucun sujet et ce serait la fin de la vie politique, la fin de la démocratie. Je trouve votre papier assez puant. Je n’arrive pas à croire ce que vous dites, ce serait faire insulte à votre intelligence, je pense au contraire que vous êtes un démagogue manipulateur, avide de provocation à peu de frais. Ou alors, je me trompe, peut-être que vous n’êtes finalement qu’un idiot.

M. Martineau, votre onde de choc est celle d’un étron tombé dans le bol.

[ M. Richard Martineau est à lire dans Voir, et nulle par ailleurs (j’espère) ]

1. Le 3 avril 2003,
Martine

Je pense que je vais enregistrer quelques émissions des francs-tireurs et t’envoyer la cassette, cher Laurent. Je pense que ton opinion sur monsieur Martineau ne changera pas du tout même quand tu auras l’occasion de le voir et de l’entendre plutôt que de le lire!

http://www.telequebec.qc.ca/lesfrancstireurs/

2. Le 4 avril 2003,
jc

non mais franchement tu sors de ou toé pour etre sans dessin comme ca il exprime un sentiment qui lui apartient , il dit que avec tout ces informations contradictoire il ne sait plus quoi et qui croire mais surtout pas ceux qui invente leurs veritées. je crois que cest toi qui est un ostie de con qui se trompe d’orifice quand il parle si tu n’as rien de mieux a ecrire abstient toi donc (excuse l”orthografe mais tu me fais suer et j”ai pas envie de m’appliquer pour toé) jc

3. Le 4 avril 2003,
Laurent

J’ignorais que Martineau sévissait aussi à la télé, en plus sur Télé Québec…

Quant à JC, rassure-toi, j’ai beaucoup mieux à écrire encore sur M. Martineau.

4. Le 5 avril 2003,
Matthieu

Tu peux aussi l’entendre sur la Première chaîne à la radio de Radio-Canada à l’émission Indicatif Présent tous les jeudis (9h à 11h, heure de Montréal): http://radio-canada.ca/radio/indicatifpresent/ . Ensuite, le lire dans le mensuel Infopresse (version papier). Personnellement, je crois que Martineau aime provoquer la réaction… même s’il est parfois maladroit pour le faire.

5. Le 5 avril 2003,
Laurent

Au secours, il est partout ! ;-)

6. Le 9 mai 2003,
Une québécoise à New York

Ahhhh! Enfin! Merci merci merci! Encore une fois, je me branche ce matin sur voir.ca, certaine de commencer la journée sur une mauvaise note en lisant l’éditorial de Richard Martineau. Juste comme ça, pour me faire chier. C’est du masochisme, faut croire. Chapeau pour son édito de cette semaine (8 mai), tellement moche qu’on aurait envie de l’encadrer. La palme va au lien qu’il nous sert pour appuyer son argumentation; croyez-moi, ça vaut le détour. Parce que bon, cette semaine il a tout écrit seul comme un grand, Richard: pas de citations, pas de guillemets, pas de collages d’opinions empruntées à d’autres, alors il lui fallait bien un petit lien pour appuyer son texte. Un petit barbu qui fait du grand journalisme et qui nous sert comme sources des adresses de sites web perso de madames zé de monsieurs (tous américains, bien sûr) fâchés fâchés fâchés contre M. Michael Moore. Bra-vo. Encore personne n’a répondu à l’éditorial. Tous paralysés par ce chef-d’oeuvre d’idiotie ou tout simplement tous cons de base?

7. Le 10 mai 2003,
Anne Onyme

JC ressemble énormément à M. Martineau, car il lui aussi est de ceux qui ont un esprit confus. Ces gens mélangent tout. Je m’explique.

Lorsqu’un plombier termine sa réparation, il faut que la fuite cesse. Sinon il n’est pas vraiment professionnel. Dans le cas d’un individu qui gagne sa vie en écrivant comme chroniqueur ou comme journaliste, il se doit de soigner ses propos, de tenter d’être rigoureux et d’atteindre un minimum d’objectivité. Dans le cas contraire, il est comme le plombier, il n’est pas compétant.

Ce qui pose ici un problème c’est que notre premier travailleur va perdre sa clientèle, alors que notre pseudo-chroniqueur va continuer à gagner sa vie avec des propos insipides et malgré une incompétence flagrante. Donc le sentiment de M. Martineau, ce sentiment qui lui appartient, ne doit pas transparaître dans tous ces textes. Ses sentiments, ses états d’âmes sont une chose personnelle, et ils ont aucunement lieux d’apparaître sur la place publique.

Ce qui nous amène à un diagnostique fâcheux. Si M. Martineau à un auditoire aussi nombreux, c’est que des gens ont besoin de lui pour ce faire une opinion. Si ses lecteurs avaient un peu d’instruction, de connaissance et de culture, ils sauraient quoi penser et n’auraient aucunement besoin de ces services de piètre qualité. Ce type de médias populaire et simpliste exploite un infantilisme chronique d’une part des populations. Des gens atteignent des niveaux de scolarisation élevés, mais ont une formation extrêmement faible. J’entends par cela le fait qu’ils doivent s’informer/déformer au lieu de ce former. Qu’ils passent leur vie sans jamais ouvrir un livre ou ce familiariser avec des œuvres sérieuses et rigoureuses. Bien au contraire, la machine de mise en marché des produits culturels de consommations leur suggère quoi lire, quoi voir ou entendre. À ce titre, le phénomène des best-selers, sera pour les anthropologues et sociologues du futur, un terreau fertile pour la compréhension de notre société contemporaine. Je tiens à mentionner que ce phénomène est amplement documenté, et, par le fait même, que ses propos ne son pas mes opinions, car on en à rien à faire de celles-ci.

Si ce qui est avancé précédemment ne vous ennuis pas trop, vous pouvez continuer à fouiller les informations et les quelques hypothèses qui se rattachent à ce sujet sur le site http://sauvage.blogspot.com

En terminant, sur une note quasi-optimiste, si l’on a les médias que l’on mérite, il n’en demeure pas moins, que, grâce à la communauté virtuelle, nous pourrons tous ensemble, selon nos divers talents, parvenir à transcender notre état d’ignorance et combler le défaut, la piètre qualité, et la ligne de pensée des monopôles médiatiques, qui sont tous, ou presque, finalement, anti-démocratique. Ainsi l’ignorance ne sera pas la force. À moins que ?

Tory

8. Le 29 septembre 2003,
Ben

A chacun son métier et ses intérêts, malheureusement la vie est trop courte pour parcourir tous les sujets, n’est ce pas pour cette raison que nous vivons en société, afin de s’entraider? Le plombier connaît beaucoup tous les aspects de la plomberie, lorsque le plombier ouvre un éditorial pour s’informer, il est bien sur qu’il est moins informé que le journaliste, en sens contraire le journaliste n’a pas toutes les connaissances du plombier. Ensemble pour s’entraider, celui qui est ignare n’est pas nécessairement le plombier, à vos yeux de journaliste peut être, mais a ces yeux vous représentez des personnes sans instruction dans le domaine de la plomberie… Soyez modeste SVP et prenez votre précieux temps pour aider les gens qui vous entoure. Merci

9. Le 3 décembre 2003,
Jocelyne

Cher Laurent et autres adeptes de l’anti-connerie pseudo-journalistique à la Martineau, je vous invite à lire la rubrique suivante http://pages.infinit.net/commune/textediatribejournaleux.html

“Martineau est un puits sahélien de bêtise sans fond. La légitimité ignare dont il essaie de se faire le digne représentant lui va aussi bien qu’un gant de satin à un cachalot.”

Blah ? Touitter !

Get over it

Et cela, cette nouvelle paix américaine, durera jusqu’à ce qu’un nouveau groupe de militants extrémistes de quelque part trouve un autre, un nouveau moyen de semer la terreur parmi ces sociétés qui ont substitué l’abrutissement des sens moraux par la consommation facile pour la vérité, la légalité et le respect des droits de l’homme. Et le cycle de guerre de représailles recommencera.

Un billet percutant, à lire, mais au réalisme un peu déprimant, chez Sale Bête.